DarkCat a écrit :Sam Lowry a écrit :(en cause, pour moi, la qualité des films progressivement à la baisse et la marge de manœuvre créatrice laissée aux compositeurs qui se réduit comme peau de chagrin).
Je pourrai éventuellement être d'accord avec toi pour la marge de manœuvre réduite (et encore, ça prête sérieusement à discussion
), par contre je ne le suis pas du tout en ce qui concerne l'influence de la qualité des films. Tout le monde sait que de très très mauvais films ont engendré de très grandes BOF et vice-versa (un topic traite même de ce thème).
Mais bon, certaines choses ne changent heureusement pas : Chuck continue à faire de mauvais scores pour de mauvais films...
Aïe ! Edern, arrête de me taper, tu sais que j'ai raison.
En fait j'ai développé une sorte de théorie au sujet de l'évolution de la musique de film à travers les âges. Et ce qui est marrant à constater c'est qu'à chaque étape il se passe globalement la même chose, à peu près en même temps, en Amérique, en Europe et en Asie.
En gros, à la base il y a la génération de compositeurs (sur les trois continents évoqués) qui a plus ou moins
inventé la musique de film, durant l'âge d'or. Évidemment, ces compositeurs sont presque tous issus du milieu de la musique classique (certains y sont même extrêmement populaires) et c'est à partir de cet héritage que les fondements de la BO se mettent en place.
Suite à cela une nouvelle génération émerge (encore une fois à peu près en même temps sur les trois continents). Des musiciens qui commencent à livrer leurs premiers chefs d'oeuvre dans les années 60/70. Cette école là entretient encore de très solides liens avec le milieu de la musique savante (classique, jazz, etc,...) puisque bon nombre d'entre ces compositeurs mène en parallèle une carrière dans la musique de concert (plus ou moins abondante selon les personnages). Tout leur labeur consiste à
déployer la musique de film, en poursuivant l'oeuvre de leurs prédécesseurs, mais en l'étendant considérablement, entre-autres via le recours aux langages savants les plus divers de l'époque (notamment l'avant-gardisme, évidemment).
L'étape suivante, ce sont les compositeurs qui émergent et se font connaître dans les années 80 (en gros les Silvestri, Poledouris, Yared, Petit, Hisaishi et les très nombreux autres). À cette époque, la musique de film dispose alors d'un patrimoine de plusieurs décennies maintenant, et il semble que globalement ces nouveaux compositeurs n'entretiennent plus tant de liens que ça en dehors de la musique de film (exception faite de quelques uns d'entre eux, issus de la pop, et qui continuent à y exercer un peu).
En gros, il me semble qu'à cette époque la musique de film commence à en référer à la musique de film (une sorte de repli sur soi d'une certaine façon)... et que les nouveaux compositeurs du moments
imitent la musique de film (avec un talent variable selon les cas et les oeuvres, certains se révélant éminemment intéressants, d'autres beaucoup moins).
Dernière phase en date, les compositeurs qui émergent et atteignent le devant de la scène depuis 10-15 ans. Je crois que cette nouvelle génération pousse plus loin la logique de la précédente, avec la malheureuse conséquence, plus ou moins inévitable de cette mécanique: ils
caricaturent la musique de film... D'où cette fameuse ère du sound-design ou encore des masses sonores plus ou moins informes (aussi bien dans le synthético-orchestral que dans l'orchestral brut...).
Évidemment, il s'agit là de l'exposé d'une mécanique très globale, donc qui ignore les exceptions et autres cas particuliers les plus brillants. Il ne prend pas non plus en compte le fait que certains compositeurs de l'âge d'or vécurent et continuèrent à être prolifique jusque dans les années 70/80, et qu'aujourd'hui, un certains nombre des personnages qui émergèrent dans les années 60 sont encore en vie et en activité. C'est peut être d'ailleurs pour cette raison que durant les années 80 il fut plus ou moins imperceptible de se rendre compte de la mécanique qui se mettait tout doucement en marche, puisque certains compositeurs des 60/70 étaient encore en plein état de grâce, délivrant parmi leurs chefs d'oeuvre les plus majeurs...
Toute la question qui demeure c'est : quelle est la prochaine étape