Doubt

[Walden]

oeuvre de théâtre adaptée et réalisée par son auteur, mise en scène classique, avec quelques choix d'angles particuliers, un goût pour les contre plongées ou des plans de travers

le thème du doute, oui, de l'ambiguité, avec un casting de rêve, le jeu de Philip Seymour Hoffman est tellement maîtrisé que l'on a du mal à se faire un avis définitif et tranché, Meryl Streep joue le rôle d'une vraie sorcière déguisée en bonne soeur mais arrive à donner de l'humanité à son personnage, elle n'est jamais caricaturale

Amy Adams joue si bien les innocentes depuis Catch me if you can

oeuvre dramatiquement riche, superbement traitée, un peu de religion, un peu de sexualité, enfance maltraitée, racisme, c'est tout ça à la fois sans que le film ne se cantonne de traiter un sujet en particulier, car tout tourne autour de la confrontation entre deux visions de l'humanité, celle de Hoffman, celle de Streep, tempérées par les personnages secondaires
la musique a un rôle minime, on remarque à peine les quelques passages d'Howard Shore, on se demande aussi ce qu'aurait pu donner Phillip Glass là dessus (trop mécanique, trop systématique pour un film sur le doute ?)

[Isaius]

Plutôt d'accord avec Walden.
Un film qui va au bout de son propos. J'en suis sortie un peu déstabilisée car je ne m'attendais pas vraiment à ça.
J'y allais surtout pour ce magnifique casting en me disant que la mise en scène tiendrait probablement la route (sans attendre des miracles non plus car j'avais un peu peur du côté théâtre filmé) mais je n'espérais pas grand chose du scénario.
Et puis finalement, la mise en scène était plutôt intéressante (angles, importance des couleurs notamment) et j'ai trouvé le scénar plutôt subtile. La bande annonce et la façon dont c'était vendu laissait présager une sorte de conflit concernant une histoire de pédophilie. Mais le film dépasse rapidement cette affaire qui n'est qu'un point de départ pour une réflexion plus approfondie sur la nature humaine.
Quant à la musique c'est vrai qu'on ne l'entend pas vraiment et qu'il y en a fort peu. Mais finalement fallait-il autre chose ? Ca fonctionne bien ainsi.

[Walden]

Quant à la musique c'est vrai qu'on ne l'entend pas vraiment et qu'il y en a fort peu. Mais finalement fallait-il autre chose ? Ca fonctionne bien ainsi.

tu as raison, ça fonctionne très bien aussi, je pense que le cahier des charges pour Howard Shore était la plus grande discrétion possible, apporter un supplément d'âme pour la complexité psychologique mais ne pas se mettre entre la superbe performance des interprètes d'un texte aussi riche et le public

plus j'y pense plus je me dis que, peut être, le style de Glass était trop reconnaissable et ne correspondait pas / plus aux intentions de l'auteur

[Isaius]

Je pense qu'il fallait ici une musique quasi effacée afin qu'elle ne prenne pas le dessus sur tout le reste. Glass aurait été limite "trop envahissant".
Je ne sais pas trop en fait. Sans aller aussi loin que Mishima ou la trilogie des Quatsi (qui sont vraiment des oeuvres à part et qui ont une prétention "différente"), on peut écouter ce qu'il a fait par exemple sur Cassandra's Dream (le film de W. Allen). Sa musique s'inscrit là encore dans une spirale infernale entetante, mais ça reste cohérent avec le propos du film (les deux protagonistes sont véritablement dans une spirale infernale). Pour Doubt, c'est moins clair que ça. Y'a pas cette idée de "voie sans issue", de destruction finale ; les deux personnages principaux ont tout deux des idées bien arrêtées sur la vie qui ne sont absolument pas compatibles, mais eux-mêmes ne savent pas vraiment où cela va les mener, si ce n'est au doute éternel. L'un considérant le doute comme une bénédiction (d'ailleurs le film commence là dessus), et l'autre ayant peur du doute.
Bref, Shore s'en sort bien du coup, car il n'impose pas au film une dimension qui aurait été hors-sujet.

En relisant ce que je viens d'écrire, je me rends compte que cela n'a ni queue ni tête...

[Walden]

Je pense qu'il fallait ici une musique quasi effacée afin qu'elle ne prenne pas le dessus sur tout le reste. Glass aurait été limite "trop envahissant".
Je ne sais pas trop en fait. Sans aller aussi loin que Mishima ou la trilogie des Quatsi (qui sont vraiment des oeuvres à part et qui ont une prétention "différente"), on peut écouter ce qu'il a fait par exemple sur Cassandra's Dream (le film de W. Allen). Sa musique s'inscrit là encore dans une spirale infernale entetante, mais ça reste cohérent avec le propos du film (les deux protagonistes sont véritablement dans une spirale infernale). Pour Doubt, c'est moins clair que ça. Y'a pas cette idée de "voie sans issue", de destruction finale ; les deux personnages principaux ont tout deux des idées bien arrêtées sur la vie qui ne sont absolument pas compatibles, mais eux-mêmes ne savent pas vraiment où cela va les mener, si ce n'est au doute éternel. L'un considérant le doute comme une bénédiction (d'ailleurs le film commence là dessus), et l'autre ayant peur du doute.
Bref, Shore s'en sort bien du coup, car il n'impose pas au film une dimension qui aurait été hors-sujet.

En relisant ce que je viens d'écrire, je me rends compte que cela n'a ni queue ni tête...

meeeuh non Isaius, tout cela est bien sûr carrément bien vu, diantre !

tu remarqueras que Phil Glass, malgré ce style si identifiable (maniéré diront certains !), écrit une musique en retenu pour ses projets récents (No reservations, notes on a scandal) même le sublime et flamboyant The Illusionist ne sonne pas comme Mishima ou les Qatsi (ou là, il se lâche !)
pas vu Cassandra's dream mais hâte de le voir !

donc sur Doubt l'effacement de Shore tel que tu le décris est cohérent

[Isaius]

Oui, c'est vrai The Illusionnist est un bon exemple de "retenue". J'avais trouvé ce film assez inabouti (scénario tellement prévisible, vraiment dommage) ; mais dans les choses à sauver, on peut citer la photo et la BO (ainsi que Norton et Giamatti évidemment !). La musique de Glass donne un certain rythme au film. Mais là encore, il y a une espèce de tension qui s'installe tout du long et qui nous mène doucement vers quelque chose... on se sait pas quoi, on espère être surpris, émerveillé ou désespéré, bref sous le choc. Dans ce cas précis, malheureusement, c'est sans surprise. La musique nous laisse espérer quelque chose qu'on n'aura pas.

Plus j'y pense finalement et plus je me dis que sur Doubt, Glass aurait été un mauvais choix, pas assez neutre. Pourtant, on ne peut pas dire que Shore nous avait jusqu'ici habitué à la neutralité. Quelque part, c'est peut-être un peu dommage d'avoir choisi Shore du coup. En même temps... étant donné le ton du film... qui d'autre ?

[Walden]

Plus j'y pense finalement et plus je me dis que sur Doubt, Glass aurait été un mauvais choix, pas assez neutre. Pourtant, on ne peut pas dire que Shore nous avait jusqu'ici habitué à la neutralité. Quelque part, c'est peut-être un peu dommage d'avoir choisi Shore du coup. En même temps... étant donné le ton du film... qui d'autre ?

Carter Burwell, mais il devait déjà être bien occupé sur Twilight !

[Walden]

pour écouter John Patrick Shanley en vo :

http://www.bbc.co.uk/radio4/arts/filmpr ... 0206.shtml