Ma rencontre musicale avec
Dario Marianelli s'est effectuée sur quelques mesures, quelques notes. Ce devrait être généralement le cas mais c'est devenu assez rare que je focalise toute mon émotion sur un rapport musique/image. C'est pourtant ce qui m'est arrivé le jour où j'ai regardé
Beyond the Gates de
Michael Caton-Jones. Ca s'est passé dès l'ouverture du film, pour ceux qui l'ont vu et s'en rappelle, lorsque l'on voit les pieds nus d'une jeune fille qui court, n'arrête pas de courir, c'est d'ailleurs cette remarquable aptitude à la course qui lui sauvera la vie. Au moment où on voit les pieds de la fille qui court, il y a une musique très minimaliste, très économe en effets, qui illustre cette scène. A ce stade, je ne sais rien du film, il n'y a aucune anticipation émotionnelle sur la tragédie humaine qu'il renferme et la musique de
Dario Marianelli ne joue absolument pas la carte du sentiment ou du pathos. Ce sont juste quelques notes qui s'appuient sur le rythme constant des pas mais avec ce quelque-chose d'indicible qui me l'a rendue bouleversante...à un point que cette scène me hanta longtemps après la vision du film. ces quelques notes de Marianelli me marquèrent au fer rouge et, quand je tombai par hasard sur le cd, je n'hésitai pas une seconde. J'étais si heureux de pouvoir redécouvrir cette musique hors de son contexte: je n'ai pas été déçu. Il m'arrive parfois d'être déçu par une musique de film lorsque je la redécouvre sur cd alors qu'elle m'avait bien plu à l'image. Ce ne fut pas le cas avec
Beyond the Gates qui demeure ma partition fétiche du compositeur.
En revanche, je ne suis pas sûr d'aimer autant que vous
Brothers Grimm et
Agora qui semblent faire l'unanimité ici. En même temps, je n'ai pas d'avis définitif car je ne leur ai consacrés qu'une écoute partielle et approximative. Les autres musiques de
Dario Marianelli que je possède et aime écouter sont
Pride & Prejudice, bien qu'un brin trop classieux pour me satisfaire complètement (mais fait avec tellement de sensibilité en même temps),
Goodbye Bafana, B.O. aux orchestrations solaires réalisées en collaboration de
Benjamin Wallfisch. Le générique-début est superbe et très approprié au film de
Bille August qui relate la vie de Nelson Mandela. Il y a une très belle luminosité timbrale dans cette partition. C'est frappant! Une autre composition de Marianelli qui me plait beaucoup, peut-être ma préférée avec
Beyond the Gates; celle qu'il composa pour
Happy now, d'un genre intimiste, inventif et d'une singulière poétique. Ce qui est dit plus haut sur son
Jane Eyre m'interpelle fortement. Dire que j'ai laissé passer la chose à trois €uros!

Sinon, en conclusion, je dirais que je suis loin d'avoir tout écouter.