Certains s'en souviennent peut-être, la mini série Holcauste créa l'évènement lors de sa diffusion à la fin des années soixante-dix. Peinture du génocide nazi à travers le destin d'une famille juive, il s'agissait de la première tentative pour traiter de front le sujet selon les canons hollywoodiens les plus traditionnels. La médiocrité artistique du résultat peut être considérée comme un aveu d'impuissance de la fiction; aveu d'impuissance sans doute salutaire.

Il n'en reste aujourd'hui que la découverte de Meryl Streep et la partition de Morton Gould.


Morton Gould (1913-1996), compositeur et chef d'orchestre fut l'une des figures majeures de la musique américaine du vingtième siècle. A l'image de ses pairs, il a imprimé sa marque aux genres les plus divers qui tous contribuent à l'identité musicale étatsunienne (de Broadway à Hollywood, en passant par le ballet, les oeuvres symphoniques, les concertos, etc..). Il laisse aussi derrière lui discographie de référence comme chef d'orchestre, notamment pour le label audiophile Mercury.

Pour Holocauste, il a su donner à la tragédie la présence que lui déniait le film; ce qui est bien la marque des grands compositeurs de l'écran, exprimer par la musique ce que les images ne peuvent nous dire. Au-delà de l'anedocte, il témoigne de l'Histoire, fait exister ses victimes et perpétue leur mémoire.

Si l'on excepte le trente-trois-tours paru à l'époque, il ne reste comme trace discographique conséquente de cette oeuvre qu'une suite figurant sur l'enregistrement suivant:


En voici, le thème principal.

Merci pour cette info Emissary, toujours là pour nous rappeler les références de première classe
Etonnant qu'FSM ne se soit pas encore penché sur cet Holocaust.
Je verrais bien ce label s'en charger, avec le sérieux et le professionalisme qu'on lui connaît.

Quantum Of Solace (David Arnold)

Je n'ai jamais vu cette mini-série, mais pour posséder une copie du LP, je confirme que la partition de Morton Gould est en effet tout à fait magnifique.

Emissary a écrit :Certains s'en souviennent peut-être, la mini série Holcauste créa l'évènement lors de sa diffusion à la fin des années soixante-dix. Peinture du génocide nazi à travers le destin d'une famille juive, il s'agissait de la première tentative pour traiter de front le sujet selon les canons hollywoodiens les plus traditionnels. La médiocrité artistique du résultat peut être considérée comme un aveu d'impuissance de la fiction; aveu d'impuissance sans doute salutaire.

Après avoir lu ce texte avec un vif intérêt, je brûle d'envie de te demander, Emissary, si tu as déjà entendu parler de la fameuse saga des Eighties The Winds of War/War and Remembrance. Un authentique monument de la télévision américaine (rarement aura-t-on vu la petite lucarne générer un projet d'une ampleur et d'une ambition aussi insensées), qui porte la signature du grand Dan Curtis, pourtant plus accoutumé au fantastique dont il est un illustre représentant. Si les exactions perpétrées contre les Juifs ne constituent qu'une partie de cette gigantesque série, qui illustre plus globalement le Conflit mondial, de ses prémisses jusqu'à la victoire finale, l'Holocauste n'en est pas moins traité avec une sidérante crudité, Curtis s'autorisant ce que Steven Spielberg n'a plus tard jamais envisagé pour Schindler's List : montrer face caméra, sans que le moindre détail ne soit épargné au spectateur horrifié, le sort des malheureux parqués par dizaines dans les chambres à gaz.

Malgré les chapelets de récompenses qui ont couronné cette série unique, des débats enflammés n'ont bien sûr pas manqué de faire rage autour de son jusqu'au-boutisme estomaquant : Curtis n'avait-il fait que pousser dans leurs derniers retranchements ses aspirations artistiques, ou n'était-il parvenu, au contraire, qu'à se vautrer avec un cynisme révoltant dans l'exploitation la plus crapoteuse ?

Il n'en reste aujourd'hui que la découverte de Meryl Streep et la partition de Morton Gould.

faudra que je ressorte le bon vieux vinyl ! De Morton Gould bien sûr les Spirituals for orchestra sont un classique (merci à L'Armée des Ombres)

Walden a écrit :
faudra que je ressorte le bon vieux vinyl ! De Morton Gould bien sûr les Spirituals for orchestra sont un classique (merci à L'Armée des Ombres)

Et Aux Dossiers de l'Ecran.

Ce qui me fait penser à une autre série ayant bercé ma jeunesse, et dont la musique m'avait marqué à l'époque :

COLDITZ : http://www.coucoucircus.org/series/generique.php?id=407

Thème bouleversant, comme la série d'ailleurs.

Je remonte ce vieux post des profondeurs lugubres d'Underscores, où il croupissait depuis près d'une décennie pour annoncer l'édition cd de la série qui vient enfin de paraître chez NoteforNote Music !

J'ai vu cette série lors de sa première diffusion sur une chaîne française et j'en garde un souvenir marquant.
Je voyais Meryl Streep pour la première fois sans savoir évidemment qu'elle était au tout début d'une immense carrière cinématographique.
Très heureux d'apprendre la parution de ce CD !

Pareil. La pochette (qui est celle du LP je pense) a réveillé le souvenir enterré d'un vieux bac de la FNAC.

jubilatoire nouvelle ! Les splendides extraits à portée de clic sur le site de Notefornote devraient, en toute logique, extorquer de l'estomac criant sans cesse famine des gentils béophiles quelques gargouillis sonores.

Commandé ! Le cd n’est pas cher par contre les fdp c’est autant que le CD
Enfin bon cette édition CD c’est quand même un souhait de plusieurs décennies. Même s’il existait déjà un CD Koch avec une vingtaine de minutes.

Même si je n'étais pas bien grand quand j'ai vu cette série pour la première fois, elle m'a marqué profondément. En revanche, je n'ai aucun souvenir de la musique. Il faudra que j'écoute les extraits mis à disposition pour voir si un achat s'impose...

Emissary le premier (qu'es-tu donc devenu, aristocratique compagnon de route ?), Morty plus récemment, et pas mal d'autres braves avaient raison, cela je peux vous l'assurer, la main solennellement posée sur mon coeur encore palpitant d'émotion. Holocaust n'est pas un score mélo de plus, une de ces flétrissures lacrymales qui, pour inonder les chaumières d'un tsunami de larmes, n'abdiquent face à aucune entourloupe de peu d'intégrité, mais un joyau de sensibilité à fleur de peau. Morton Gould, dans une forme somptueuse, exécute un remarquable numéro de funambule, ses orteils dansant et voltigeant sur un fil ténu au point d'en être presque invisible, et que la grâce musicale fait osciller sans le moindre à-coup entre la pudeur la plus délicate et une expressivité ravageuse. Apparemment, les producteurs de la mini-série, plus frileux que ce qu'eût pu laisser entendre le choix de son très ambitieux sujet, s'en effarouchèrent tant et si bien qu'une partie non négligeable du superbe labeur de Gould resta sur le carreau. Une autre excellente raison de se repaître d'un si bel album, qui, sous la houlette du compositeur lui-même, confie au National Philharmonic Orchestra la mission de sauver des eaux plusieurs de ces musiques sacrifiées. Les blancs, hélas, demeurent nombreux, et peut-être le resteront-ils toujours. Mais le ravissement des esgourdes l'emporte in fine sur la frustration.

Je n'ai pas vu la série, mais cet album est en effet superbe, peut-être un peu court mais au moins il a le mérite de ne pas être trop long - ça c'est de l'info ! Les créateurs de la série ont à l'évidence limité la musique dans le montage final pour éviter au maximum le pathos, rester autant que possible dans un équilibre entre force émotionnelle et sobriété "réaliste". Vu le sujet c'était prudent, ce qui n'a pas empêché la série d'être pas mal critiquée à son époque, il me semble. Comme Spielberg plus tard, pour des raisons souvent similaires (reproches liés au traitement fictionnel, à l’atténuation de la réalité, et aussi - malgré tout - à la présence de musique dramatique, de pathos...) Difficile de satisfaire tout le monde quand on traite ce sujet.

Dans l'Underscorma de février (ou mars ??) j'avais donné un 4,5/5... C'est un superbe score et un excellent cd !

Et moi je l’ai mis dans mon Top 2018. J’étais d’ailleurs le seul !

C'est effectivement une excellente musique.
Hélas, j'ai tellement de CD à écouter, que je préfère finalement attendre la sortie d'une version longue.

DarkCat a écrit :Hélas, j'ai tellement de CD à écouter, que je préfère finalement attendre la sortie d'une version longue.

Tu as grand tort de te bercer de tant d'illusions par trop chimériques, mon pauvre chat du Cheshire. En effet, je doute même que tu aies suffisamment de tes neuf vies pour goûter un jour aux délices de cette intégrale sans doute condamnée à demeurer fantôme.

Bon, ma faiblesse légendaire a encore dicté mes achats et j'ai donc fini par commander ce trop court CD.
Je ne le regrette évidemment nullement. Un mot : SUPERBE !!