Il est difficile d'être un dieu
Publié : lun. 16 févr. 2015 12:17
Ce film est le sixième et dernier du cinéaste Russe Alexei Guerman dont la filmographie comporte des titres comme "Mon ami Ivan Lapchine", "Kroustaliov, ma voiture","20 jours sans guerre"….
Il y aura consacré 13 ans de sa vie et mourra en 2013 avant même de l'avoir totalement achevé. C'est son fils qui le finalisera, et le film qui est proposé dans 3 salles Parisiennes, fait suite à la rétrospective que la cinémathèque de Bercy lui consacre.
Sur la planète Arkanar ou règne un régime féodal , a été envoyé un terrien afin qu'il d'étudie les possibilités d'inversion du totalitarisme. Entre conciliation, répression, séduction de la toute puissance, il s'interroge sur les "bienfaits de l'interventionnisme", ce questionnement étant porté par le titre même du film.
J'attendais beaucoup de ce film tellement j'avais été impressionné il y a une trentaine d'années par la lecture du roman des frères Strougatski.
Certes j'imaginais bien qu'Alexei Guerman allait utiliser le roman comme un tremplin à l'expression de sa fantasmagorie visuelle au détriment du récit, mais il est vrai que si je m'étais gratté l'oreille durant les 4 secondes d'exposition de l'intrigue, je n'aurais absolument rien reconnu de l'oeuvre originale. C'est d'ailleurs fou comme les frères Strougatski peuvent se faire maltraiter au cinéma. Déjà "Pique nique au bord du chemin" que Tarkovski avait adopté sous le titre de "Stalker" avait subi quelques outrages, même si le résultat cinématographique était fascinant.
Pour en revenir au film de Guerman, on est plongé durant 3 heures dans un opéra visqueux de merde, de boue, de sang, de viscères, de crasse épaisse, mais on est à la fois écoeuré et subjugué par la beauté des plans évolutifs, des cadres en devenir , des situations dramatiques et ironiques. Je n'ai jamais eu autant l'impression que si l'enfer existe, il devait ressembler à cette planète Arkana, ou les "raisonneurs" sont noyés dans des latrines, ou les pendus sont oints d'écailles de poissons pour accélérer leur désorbitation , ou les putains sont éventrés par d'énormes phallus en bois…..Malheureusement, cette fascination n' agit qu'un certain temps, et faute d'un minimum d'explicitation scénaristique, l'exercice Boschien tourne à vide. J'avoue avoir été stupidement incapable de démêler les gris des noirs, l'ordre des intellectuels, et n'avoir plus été en mesure que d'étalonner les décamètres de boyaux complaisamment exhibés.
Il n'en demeure pas moins que cet exercice cinématographique plein de "bruit" et de fureur nourrira plus d'un bestiaire cinéphilique, et qu' indélébilement alors que les sons et images accumulés par d'autres films s'annulent , la petite planète d'Alexis Guerman continuera à graviter mentalement.
Il y aura consacré 13 ans de sa vie et mourra en 2013 avant même de l'avoir totalement achevé. C'est son fils qui le finalisera, et le film qui est proposé dans 3 salles Parisiennes, fait suite à la rétrospective que la cinémathèque de Bercy lui consacre.
Sur la planète Arkanar ou règne un régime féodal , a été envoyé un terrien afin qu'il d'étudie les possibilités d'inversion du totalitarisme. Entre conciliation, répression, séduction de la toute puissance, il s'interroge sur les "bienfaits de l'interventionnisme", ce questionnement étant porté par le titre même du film.
J'attendais beaucoup de ce film tellement j'avais été impressionné il y a une trentaine d'années par la lecture du roman des frères Strougatski.
Certes j'imaginais bien qu'Alexei Guerman allait utiliser le roman comme un tremplin à l'expression de sa fantasmagorie visuelle au détriment du récit, mais il est vrai que si je m'étais gratté l'oreille durant les 4 secondes d'exposition de l'intrigue, je n'aurais absolument rien reconnu de l'oeuvre originale. C'est d'ailleurs fou comme les frères Strougatski peuvent se faire maltraiter au cinéma. Déjà "Pique nique au bord du chemin" que Tarkovski avait adopté sous le titre de "Stalker" avait subi quelques outrages, même si le résultat cinématographique était fascinant.
Pour en revenir au film de Guerman, on est plongé durant 3 heures dans un opéra visqueux de merde, de boue, de sang, de viscères, de crasse épaisse, mais on est à la fois écoeuré et subjugué par la beauté des plans évolutifs, des cadres en devenir , des situations dramatiques et ironiques. Je n'ai jamais eu autant l'impression que si l'enfer existe, il devait ressembler à cette planète Arkana, ou les "raisonneurs" sont noyés dans des latrines, ou les pendus sont oints d'écailles de poissons pour accélérer leur désorbitation , ou les putains sont éventrés par d'énormes phallus en bois…..Malheureusement, cette fascination n' agit qu'un certain temps, et faute d'un minimum d'explicitation scénaristique, l'exercice Boschien tourne à vide. J'avoue avoir été stupidement incapable de démêler les gris des noirs, l'ordre des intellectuels, et n'avoir plus été en mesure que d'étalonner les décamètres de boyaux complaisamment exhibés.
Il n'en demeure pas moins que cet exercice cinématographique plein de "bruit" et de fureur nourrira plus d'un bestiaire cinéphilique, et qu' indélébilement alors que les sons et images accumulés par d'autres films s'annulent , la petite planète d'Alexis Guerman continuera à graviter mentalement.