J'écoute donc je suis

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Walden
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J'écoute donc je suis

Message non lu par Walden »

Janus a écrit :
Wyatt Earp a écrit :
Jofrenge a écrit :Pan ! dans la g... !
Je n'ai sans doute que ce que je mérite !
Ce n'était pas aussi "méchant" que ça en a l'air mais tant pis pour moi...
J'aurais dû suivre ma première idée et mettre "écoutes" entre guillemets.
Mille excuses, je ne voulais pas t'offenser :oops:
Qui a encore le temps de se poser pour écouter un album?
Moi. :mrgreen: Mais bon, je n'écoute pas beaucoup de musique par jour, deux heures environ en deux fois, l'équivalent de deux cd pas davantage, à des moments choisis, quand je suis seul ou au casque. Je déteste écouter de la musique pendant les transports ou en lisant... ou alors en TGV ou en avion sur un long trajet...Dans le métro, je préfère lire. Ecouter m'est inconcevable
je créé une nouvelle branche à partir d'un topic antérieur où l'on aborde ce qui me semble être un vrai sujet : celui de l'écoute

au sein de ce sujet, plusieurs questions m’intéressent dans vos échanges :

LE TEMPS consacré à l'écoute :
on en a souvent parlé dans ce forum, avec la multiplication des éditions, un phénomène que l'on ne connaissait pas dans les années 70, 80 ou 90 : le temps consacré à l'écoute des albums de musique de film n'est plus le même. C'est purement mécanique : en ce qui me concerne, multiplication d'éditions + moins de temps pour écouter ce que j'acquière (avec le boulot, la vie de famille,...) = amoindrissement possible de l'attache émotionnelle d'un score.
Il y a donc ceux que je connais par cœur pour les avoir écoutés, digérés, autour de l'adolescence (avant, pendant, un peu après). Et ceux que je découvre depuis l'explosion des niches d'éditeurs spécialisés. Pour vraiment apprécier un score aujourd'hui il faut donc se créer du temps et des moments d'isolement...pas évident. On n'arrive avec ma femme à se créer des moments "à soi" (en musique, on a des goûts tellement différents que ça ne pose aucun problème !). Avec ma vie actuelle d'expatrié, on a la chance d'avoir une nounou pour s'occuper du petit. Ça aide...et quand mon fils vient me voir pendant une écoute, j'ai le plaisir secret de l' "exposer" à des sonorités souvent très différentes ! :D

Les conditions d'écoute :
c'est mon côté vieux jeu et un peu puriste, je privilégie toujours les CD, à écouter autant que possible dans de bonnes conditions, avec une chaîne hi-fi (je rêve d'un ensemble audiophile mais ça coûte la peau du c... :shock: ) ou à la rigueur un casque. Pour m'imprégner d'un score, je dois me concentrer sur l'écoute et ne pas être dans un environnent que je considère comme totalement impropre à la découverte "intellectuelle" et...l’imprégnation émotionnelle, justement. Seule exception : en voiture, la relative isolation sonore étant suffisante pour certains styles de musique (je préfère mettre du rock, de la pop, parfois du jazz, j'évite le classique).

comment on écoute :
J'aime assez l'idée que l'écoute d'une partition de film puisse se faire sans avoir vu le film (dans certains cas, il est matériellement impossible de le voir !), mais le support filmique peut parfois manquer cruellement. Quand le style d'un compositeur m'est totalement familier, l'écoute en CD suffit amplement. L'écouter "dans" / "avec" le film se révèle être un bonus très agréable. Pour certains scores, l'attache émotionnelle peut augmenter en l'identifiant avec le film. Au sommet de la pyramide, il y a aussi les mariages idéaux, vivre un film superbe avec sa superbe musique, l'émotion est à son comble...je pense que nous sommes nombreux à rechercher cela ! Fondamentalement toute partition pour le cinéma ne peut être comprise que par rapport au film pour lequel elle a été composée, mais le plaisir musical qui est le nôtre nous fait passer une étape supérieure...la recherche du pur plaisir musical !
D'un autre côté, la découverte d'une partition dans le film peut être problématique (mauvais mixage, montage à la hache) et je suis dans ce cas bien content de me rabattre sur le CD ! Je ne parle même pas de ces superbes éditions qui présentent, souvent pour la première fois, le score tel que le compositeur l'avait conçu ! Il y a tant de beaux travaux de restauration de nos jours !
Enfin, je ne peux m'empêcher d'étudier à ma façon l'histoire de la musique pour approfondir mes connaissances de mélomane (l'éducation personnelle consomme encore bien du temps...), afin de remettre ce que font les compositeurs actuels dans un contexte. Ce contexte étant celui de leur éducation (plus au moins poussée), de l'étendue de leur maîtrise du métier, de l'écriture, de certaines familles d'instruments ; de leur talent authentique, de leur génie totalement unique, de leur honnêteté ou de leur roublardise (imitations / appropriations géniales ou pas des œuvres et des styles du passé, suivisme plus ou moins paresseux des musiques temporaires des collègues, recours à de l’enfumage technologique pour mieux faire passer leur côté cancre)

bref, qu'en est-il pour vous amis mélomanes / collectionneurs du début du XXIème siècle ?
BRAINSTORM main title (James Horner)
http://www.youtube.com/watch?v=HMj_80T6cyg
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Ballanmire
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Re: J'écoute donc je suis

Message non lu par Ballanmire »

Walden a écrit :je créé une nouvelle branche à partir d'un topic antérieur où l'on aborde ce qui me semble être un vrai sujet : celui de l'écoute
Je pense qu'avant toute chose il me semble nécessaire de définir pour chacun son rapport à la musique.
Pour ma part j'ai été "élevé" à la musique dès gamin par mon père. Grand mélomane il écoutait énormément de musique classique (des plus "classiques" au plus contemporain). Et très souvent je jouais et dormais à côté... quand à 5 ans on s'endort avec du Dvorak, du Bartok ou du Chopin on apprend l'éclectisme mais surtout on apprend à ressentir la musique. De fait j'ai appris à "écouter" la musique, à la vivre et souvent à l'associer avec des émotions.


LE TEMPS consacré à l'écoute :
Je te suis quand tu dis qu'entre la famille et le travail ce n'est pas toujours facile... alors j'ai appris à jongler entre les vrais moment de disponibilité (souvent tard le soir) et d'autres moments où je peux faire autre chose en même temps... j'essaye alors d'adapter mon écoute. Quelque chose que je connais par coeur va surement m'accompagner pendant une autre tâche alors que je si j’écoute une nouveauté je préfère être nettement disponible.
Cela peut dépendre également du style de score écouté... pour un Tyler plus énergique cela ne me dérange pas de faire autre chose... pour un Portman un peu plus de calme me convient mieux.
Quoi qu'il en soit un minimum d'1 heure est nécessaire... je déteste mettre un score juste pour 10 min... il faut que je m'immerge dedans pour me laisser porter. Cela peut demander plus ou moins d'effort selon le type de score. C'est pour cela que certains de mes achats restent parfois longtemps sous blister car il est dur de trouver un bon créneau pour tout écouter en une seule fois.

Les conditions d'écoute :
Là encore j'ai été nourri à la qualité étant gamin : une platine vinyle, une platine CD, etc... une vraie chaîne hi-fi... Partant de là difficile de ne pas être exigeant. Aujourd'hui j'ai eu la chance (et surtout la capacité financière ;) ) de pouvoir me doter d'un vrai système audiophile dans mon salon. L'écoute principale se fait donc sur ce système de jour comme de nuit (où je privilégie un bon casque hifi pour ne pas faire peur à mes voisins !).
Etant en région parisienne je me tape pas mal de transport également. Suffisamment pour faire des écoutes dans le métro avec du lossless et toujours un casque "in-ear" adéquat.
Pour la voiture c'est plus rare car je conduis assez peu...
Pour résumé je dirais donc qualité sinon rien...

comment on écoute :
Je renvoi à ce que je disais plus haut... j'ai besoin de vivre la musique, de la ressentir... et j'avoue qu'il m'est extrêmement difficile de la dissocier des images. On écoute de la musique de film à la base... ce que je recherche avant tout c'est revivre ce que j'ai eu comme expérience en regardant le film. Même si j'ai pas mal évolué ces derniers temps sur ce sujet, cela reste primordial. J'ai donc toujours du mal à comprendre comment on peut écouter des scores sans voir les films... on peut passer à côté de tellement de choses. Mais bon chacun ses goûts ;)
Comme mon éducation musicale est passée notamment par du classique j'attache aussi beaucoup d'importance à l'orchestration, à l'utilisation des instruments, etc... donc quand je me suis déjà bien approprié un score j'essaye de faire des écoutes plus analytiques... mais ça reste simpliste vu que je ne suis pas musicien :lol:

Walden a écrit :bref, qu'en est-il pour vous amis mélomanes / collectionneurs du début du XXIème siècle ?
Pour fini je dirais que je suis un mélomane audiophile sensitif. La musique ça excite, ça fait pleurer, ça apaise, ... surtout quand elle est écoutée dans de bonnes conditions.
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Dadid
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Re: J'écoute donc je suis

Message non lu par Dadid »

J'ai également été bercé au classique, principalement ! Pink Floyd et J.M. Jarre, aussi... la découverte de la musique de film fut naturelle à travers des scores comme Star Wars ou Star Trek. Il est clair que je ne dispose plus aujourd'hui d'autant de temps pour découvrir et savourer la musique que dans mon enfance et mon adolescence...

LE TEMPS consacré à l'écoute :

Donc, trop peu, évidement... et surtout trop peu à ne faire qu'écouter, car entre mes activités professionnelles et extra-professionnelles, il ne reste pas grand-chose. Donc je me retrouve le plus souvent à écouter tout en lisant, en faisant du montage, voire le ménage, ou en postant sur ce forum comme je le fais à l'instant (en écoutant le récent et excellent Legrand, La rançon de le gloire). Je dirai que je ne consacre qu'environ deux heures par semaine à une écoute seule, pas plus. Et hélas. Un album de moins d'une heure est donc idéal pour moi.

Les conditions d'écoute :

"L'audiophilie" est ou fut également une partie importante de ma vie. Entre deux salons de la hi-fi, j'ai d'ailleurs construit pas mal d'enceintes acoustiques dans ma jeunesse, en général des kits Audax ou Focal dont certains sont encore en activité. J'ai donc du très bon matériel d'écoute, mais vivant en appartement, mon tout petit salon au son affreux et la présence de voisins limite dramatiquement mes ambitions en la matière. En général, afin de pourvoir écouter à "niveau réel" sans trop de résonances nuisibles ou de plaintes, je limite donc l'écoute sur enceintes à des musiques acoustiques au volume naturellement restreint, là je peux en apprécier les timbres et la spatialisation - et ça tombe bien car c'est le terrain privilégié de mes JMR. Pour le reste, le dur, le spectaculaire... hors les écoutes à bas volume par exemple en lisant, le casque (un Stax ou mon vieux Sennheiser selon mes envies) est mon amis !

Comment on écoute :

Tout dépend de la situation, du coup. En écoute attentive, j'apprécie surtout soit "un bon vieux disque" que je connais certes très bien mais qui me fait voyager à coup sûr (dans le passé aussi, parfois), soit un disque dont je ne sais presque rien. J'achète la plupart de mes CDs comme ça maintenant, sur vos recommandations par exemple, à l'envie et sans en écouter le moindre extrait, pour préserver la découverte. Et ça fait souvent du bien. Je garde les disques plus "standard" pour mes écoutes en lisant par exemple, ou bien je sélectionne des morceaux, il m'arrive de faire des écoutes purement "compilatoires",
puisant à droite à gauche au fil de mon plaisir. Et ce plaisir est souvent plus sensitif qu'intellectuel, celui de voyager, celui de la virtuosité orchestrale (de la musique ou de la manière dont elle est jouée et dirigée), celui du rendu purement sonore d'un instrument, son aspect charnel et sa façon de résonner là, juste devant moi.
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Manu
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Re: J'écoute donc je suis

Message non lu par Manu »

Pour ma part, j'ai grandi dans la musique classique. ma mère était pianiste( non professionnelle) et depuis l'âge de trois ans, je la regardais jouer au clavier et j'y restais des heures... Mon père n'était pas musicien. Plutôt un audiophile (il adorait bang et Olufsen) et j'ai des souvenirs de ce dernier quand il achetait des vyniles pour ma mère. Bref dès gamin j'ai compilé le côté artistique de ma mère et le côté matériel de mon père.... La musique de film je l'ai découvert par mon oncle et ma mère: deux fondus de ciné qui ne connaissaient rien à John Williams ou autre... Sur ce plan là je suis autodidacte: ma première musique de film achetée: c'est empire of the sun. j'avais 12 ans.. J'ai commencé la musique à l'âge de quatre ans... Piano, puis orgue.

Temps consacré à l'écoute: le plus possible... Depuis deux ans j'avais la chance de devoir mettre deux heures par jour aller-retour pour le job.... Je viens d'avoir une nouvelle nomination à nouveau près de chez moi... Hygiène de vie meilleure promise mais moins de temps d'écoute à l'avenir... bref au moins deux heures de musique par jour à minima. je ne parle même pas de mes weekend... et le soir je m'endors en musique... Et mes nombreuses insomnies sont remplies des notes de mes compositeurs préférés

Conditions d'écoute: matos largement correct chez moi (audio analogue et autres enceintes de marque) mais je profite aussi de mon système audio de ma voiture et de mon casque lorsque je promène mon chien pendant des heures... Je suis très adaptable à ce sujet.

Comment on écoute: de manière concentrée... Sauf si je connais bien le CD je peux bosser. Sinon je ne dois faire que ça... En tant que musicien, la moindre note me déconcentre..; Je suis incapable de lire une ligne si il y a de la musique en arrière fond.... Je suis en maison: je peux augmenter le son sans emmerder les voisins.... Et j'ai trop tendance à décortiquer la composition.... Finalement c'est casse-pied cette volonté de comprendre comment la musique a été construite... Je fais d'ailleurs tout pour me laisser bercer sans chercher à comprendre la technique désormais.. Je me relâche quoi.
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Julien
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Re: J'écoute donc je suis

Message non lu par Julien »

La première musique de film à m'avoir marqué, je m'en souviens, elle provenait d'un film soviétique assez obscur de Evgueni Evtouchenko, intitulé Le Jardin d'Enfant. C'était un thème lyrique interprété au violon, un peu dans le style simple et poétique de Wojciech Kilar. J'appréciais aussi John Williams, Maurice Jarre et Bernard Herrmann mais je n'achetais pas leurs disques. J'étais plus attiré par le rock, la variété ou la musique synthétique. En fait comme pas mal de monde c'était surtout les thèmes qui retenait mon attention. Le reste de la musique je la captais pas vraiment. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai mis un moment à m'intéresser à Goldsmith parce que sa musique est un peu moins évidente à retenir ; surtout pour une oreille peu sensibilisé au classique. Mon intérêt pour l'orchestre est donc venu assez tard. (La faute aussi sans doute à une prof de musique totalement réac et absolument pas passionnée par son métier que j'avais eu au collège ! ) C'est surtout les minimalistes/répétitifs américains qui m'ont sensibilisé au langage de la musique classique/contemporaine, et ensuite plus tard Stravinski et le Groupe des Six.

En général j'écoute au casque dans le noir, sur mon ordinateur et je ne fais rien d'autres. Question son, je suis pas très exigeant, vu que je suis de la génération cassette audio. Je pense que j'ai connu le pire, à moins de remonter à l'époque des premiers disques micro-sillons... J'ai tellement était habitué à écouter un son de mauvaise qualité, provenant de copies de cassettes avec du souffle et un son détérioré qu'à côté, même un fichier MP3 moyennement compressé c'est de l'or ! Autrement j'aime bien écouter la radio en voiture, c'est souvent comme ça qu'on fait des découvertes surprenantes, comme par exemple la bo de Little Odessa que j'ai entendu il y a quelques jours dans ma voiture (j'ai pas encore vu le film), ou encore une superbe suite du Spellbound de Miklos Rosza pour Ondes Martenot et orchestre. Si vous êtes insomniaques, je vous conseille d'ailleurs d'écouter france musique le soir, ils passent souvent des trucs pas mal en musique de film. J'écoute pas de manière très régulière et beaucoup moins qu'avant. J’achète d'ailleurs assez peu de cd de musique de film et en général c'est surtout des vieilleries. Le cinéma actuel ne m'intéresse plus tellement.
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Janus
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Re: J'écoute donc je suis

Message non lu par Janus »

Julien a écrit :La première musique de film à m'avoir marqué, je m'en souviens, elle provenait d'un film soviétique assez obscur de Evgueni Evtouchenko, intitulé Le Jardin d'Enfant. C'était un thème lyrique interprété au violon, un peu dans le style simple et poétique de Wojciech Kilar.
J'ai toujours pensé et je le pense encore, en fonction de ma propre expérience musicale mais aussi en fonction de témoignages que j'ai pu lire ou entendre ci et là, que la première musique à nous avoir marqué, à avoir été Le déclic, fut déterminante dans notre goût musical et son évolution, même si, bien sûr, il put, avec le temps et selon les caractères, s'élargir, voire s'en éloigner...Pour ma part, il y eut deux premiers Déclics, quasiment dans la même période: le premier fut une musique de film, Le clan des Siciliens d'Ennio Morricone et le second un morceau classique de J. S. Bach attrappé au vol dans une radio que mon père avait oublié d'éteindre...(mes vieux méprisaient la musique, surtout instrumentale)... Les deux n'avaient aucun rapport entre eux dans l'absolu si ce n'est d'arborer un "petit" effectif, un sens de la combinaison instrumentale qui fait mouche, un instrument qui va être mis en avant, en soliste. Ce fut vrai dans le morceau de Morricone comme dans le morceau de Bach. L'incidence que ces deux compositions écrites à deux époques très différentes eurent sur moi, fut décisive puisqu'elles développèrent une forte prédilection pour les petites et moyennes formations, les combinaisons instrumentales singulières, la forme concertante ainsi que pour les sonorités étranges...par exemple la guimbarde dans Le clan des Siciliens...Si bien que, pendant longtemps, lorsque je décidai d'aborder un compositeur classique, moderne ou contemporain, je le faisais systhématiquement soit par sa musique de chambre, soit par ses concertos dans la mesure où il en avait composés. Je suis venu à la forme symphonique que bien plus tard et même encore aujourd'hui, alors que j'ai découvert bien évidemment des choses merveilleuses dans ce domaine, je voue toujours une préférence marquée pour la petite ou moyenne formation instrumentale. Disons, histoire de citer un exemple concret, que le Quintette pour piano et quatuor à cordes opus 57 de Chostakovitch m'est plus jouissif encore que n'importe laquelle de ses symphonies que je connais et apprécie.

Cette indroduction, certes un peu hors-sujet, me parut nécessaire avant de répondre aux questions de Walden.

Le temps consacré à l'écoute?

J'ai la chance d'avoir un métier qui m'accorde suffisamment de temps libre et une femme conciliante qui m'accorde l'isolement que j'ai besoin pour pouvoir justement écouter de la musique dans la meilleure condition possible. Si je considère l'écoute comme une activité à part entière, ce n'est pas forcément par esprit d'analyse ou volonté de "comprendre" la construction ou l'élaboration de telle ou telle musique qui, selon moi, doit conserver sa part de mystère. Je n'ai pas une écoute vraiment musicienne de la musique mais une écoute davantage spirituelle (religieuse) et onirique. Que je la découvre pour la première fois ou que je la connaisse par coeur, mon mode opératoire restera indéfectiblement le même. Je veux profiter de chacune des notes, de chacune des mesures, de toute la poétique de l'oeuvre que je suis en train d'écouter sans avoir la sensation d'en perdre une miette, une fibre, même microscopique, peu importe d'ailleurs qu'il s'agisse d'une musique légère ou savante à partir du moment où elle me procure un plaisir durable et donc renouvelé. Il me faut, par conséquent, une possibilité de m'isoler et du temps pour me consacrer à cet isolement spirituel. Je supporte de moins en moins cette société où l'on court tout le temps, fait plusieurs choses en même temps, où on écoute vite, juge vite, condamne vite, aime vite pour vite passer à autre chose.

Les conditions d'écoute?

Outre le besoin d'isolement que je viens d'évoquer, j'écoute généralement avec un casque de qualité par commodité, surtout s"il y a quelqu'un à la maison qui n'a pas forcément envie d'entendre de la musique au moment où je l'écoute. Sinon j'utilise un matériel en fonction de mes moyens qui, justement, sont moyens. :mrgreen: Comme Walden, je suis encore très attaché au support CD et n'écoute pratiquement jamais sur ordinateur, sauf lorsque je ne peux pas faire autrement.

Comment on écoute?

J'écoute une musique de film comme j'écoute un quintette, une symphonie, une musique de ballet, un opéra. C'est d'abord le plaisir de la musique pour la musique. Ensuite, lorsque l'on aime la musique de film, même si nous sommes nombreux à reconnaître en aimer beaucoup sans avoir vu les films auxquels elles se rapportent (parfois vaut mieux!), je reconnais volontiers nourrir une ambiguité à ce propos. A méditer...
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Walden
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Re: J'écoute donc je suis

Message non lu par Walden »

Janus a écrit :J'ai toujours pensé et je le pense encore, en fonction de ma propre expérience musicale mais aussi en fonction de témoignages que j'ai pu lire ou entendre ci et là, que la première musique à nous avoir marqué, à avoir été Le déclic, fut déterminante dans notre goût musical et son évolution, même si, bien sûr, il put, avec le temps et selon les caractères, s'élargir, voire s'en éloigner...Pour ma part, il y eut deux premiers Déclics


haaaa Le Déclic, quels souvenirs..... :mrgreen:
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heu....pour en revenir au réel, quels conseils me donneriez vous pour un équipement audiophile de qualité abordable ? :D
BRAINSTORM main title (James Horner)
http://www.youtube.com/watch?v=HMj_80T6cyg
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Ballanmire
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Re: J'écoute donc je suis

Message non lu par Ballanmire »

Walden a écrit : heu....pour en revenir au réel, quels conseils me donneriez vous pour un équipement audiophile de qualité abordable ? :D
Qu'appelles-tu abordable ? La notion est subjective :)
File moi un budget et je peux te donner quelques pistes
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Walden
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Re: J'écoute donc je suis

Message non lu par Walden »

Ballanmire a écrit :
Walden a écrit : heu....pour en revenir au réel, quels conseils me donneriez vous pour un équipement audiophile de qualité abordable ? :D
Qu'appelles-tu abordable ? La notion est subjective :)
File moi un budget et je peux te donner quelques pistes
disons entre 2 500 et 5 000 euros pour voir large !!! :?
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Ballanmire
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Re: J'écoute donc je suis

Message non lu par Ballanmire »

Walden a écrit :
disons entre 2 500 et 5 000 euros pour voir large !!! :?
Oh oh oh de quoi s'amuser un peu alors :D
Je réfléchis et reviens vers toi (par MP peut-être ça sera mieux)
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Mortimer
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Re: J'écoute donc je suis

Message non lu par Mortimer »

Même avec la moyenne il y a déjà de quoi faire !
Et dire que j’écoute mes cd’s sur un lecteur DVD qui m’a coûté 40 euros. Un ampli Pioneer à 150 euros et deux haut-parleurs Aiwa trouvé dans une brocante pour 20 euros :mrgreen:
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Dadid
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Re: J'écoute donc je suis

Message non lu par Dadid »

:mrgreen: Au moins ce n'est pas prise de tête pour toi ! J'aurais du mal à donner des conseils en la matière, mon seul conseil c'est d'écouter ce qu'on veut acheter car la qualité sonore est très subjective et surtout de bien cerner ses envies et besoins (taille de la pièce d'écoute, disposition des enceintes... Acheter des super enceintes pour les coincer dans les coins de pièce et les écouter hors de l'axe c'est juste inutile)... Et plus on paye cher plus on risque la déception, la qualité n'étant pas forcément proportionnelle au prix - loin de là.

Donc, investir dans du matos de grande qualité n'a de sens que si l'on dispose d'un local permettant de l'implanter correctement et d'avoir un point d'écoute ok (c'est à dire pas un canapé collé au mur par exemple, sinon gare aux graves qui ronflent...) Tester les différents placements est aussi une question de temps pour trouver le meilleur compromis !
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Ballanmire
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Re: J'écoute donc je suis

Message non lu par Ballanmire »

Dadid a écrit : mon seul conseil c'est d'écouter ce qu'on veut acheter car la qualité sonore est très subjective et surtout de bien cerner ses envies et besoins (taille de la pièce d'écoute, disposition des enceintes... Acheter des super enceintes pour les coincer dans les coins de pièce et les écouter hors de l'axe c'est juste inutile)...
Pas mieux !
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Lee Van Cleef
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Re: J'écoute donc je suis

Message non lu par Lee Van Cleef »

Janus a écrit :Je supporte de moins en moins cette société où l'on court tout le temps, fait plusieurs choses en même temps, où on écoute vite, juge vite, condamne vite, aime vite pour vite passer à autre chose.
Ce que tu viens de dire là est très beau, ami Janus. Et d'une implacable véracité ! Tel était justement le gouffre infernal dans lequel ma participation encore fumante à l'UnderScorama m'avait précipité, et dont il était devenu absolument vital que je m'extirpe tant que je m'en sentais encore la force.
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