Two lovers

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Walden
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pfffiou, la classe le James Gray....Un grand maître le bonhomme, cette façon de scruter les êtres et les familles....Et le scénario, malin malin, finement écrit, voir le pauvre perso de Joaquin Phoenix faire tout comme il faut avec l'une et tout de travers avec l'autre, avec des résultats......logiques ! C'est bien vu, amusant et touchant ! Long live James Gray !
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Walden
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Re: Two lovers

Message non lu par Walden »

excellent papier de Jean-Luc Douin dans le Monde :

L'amour face à la loi familiale


James Gray délaisse le polar pour le drame existentiel, avec un Joaquin Phoenix tourmenté


Trois films ont fait acquérir à James Gray une solide réputation d'auteur de polars : Little Odessa (1994), The Yards (2000) et La Nuit nous appartient (2007). Il faudra dorénavant lui reconnaître la capacité de transformer une histoire d'amour en thriller ténébreux. Sur un scénario classique de romance sentimentale promise à l'eau de rose, il signe avec Two Lovers un film sombre, grave, stoïcien où, retourné comme un gant, le schéma de départ vire de la comédie romantique au drame existentiel.

Le tourmenté Joaquin Phoenix incarne à merveille ce héros dont une sourde fatalité entrave les idylles. Des cicatrices aux poignets indiquent qu'il est marqué jusque dans sa chair par une déception amoureuse. Trempé, toujours imbibé de pulsions suicidaires, il rentre chez lui après s'être jeté à l'eau d'un pont de New York.

" Chez lui " signifie chez ses parents, c'est une partie de la tragédie. A 30 ans, fils de juifs de Brighton Beach, Leonard est toujours otage de la bienveillance familiale, étouffé par l'affection dévorante de sa mère, grouillot dans la blanchisserie paternelle, suspect d'être en proie à des troubles psychologiques, un " machin bipolaire " qui le contraint à absorber des cachets. Epaules rentrées, gestes d'autiste, l'air un peu barge et le regard perdu, il traîne sa grande carcasse d'éternel fiston mal dans sa peau, déchiré. Un grand corps malade.

Deux jeunes femmes symbolisent les options de son avenir. La brune Sandra Cohen (Vinessa Shaw) et la blonde Michelle Rausch (Gwyneth Paltrow). La première est assurance d'union tranquille, de sagesse et d'équilibre. La seconde distille l'ivresse, l'aventure, la passion. Elles se définissent l'une et l'autre par leur rapport au père, à la loi familiale.

Epouser Sandra, compagne désignée, serait faire allégeance aux parents, accepter un rôle de monnaie d'échange, sceller une entente entre les clans, le père de Sandra s'apprêtant à racheter l'entreprise de blanchisserie. Choisir Michelle, une voisine rencontrée sur le palier alors qu'elle se disputait avec un papa coléreux, revient à opter pour la liberté, la démesure, l'insécurité. Car si Sandra ouvre ses bras, Michelle se drogue, vit une liaison tourmentée avec un homme marié.

AMBIANCES NOCTURNES


Le mélancolique James Gray échappe à la caricature, l'hésitation cornélienne entre le devoir et le désir, l'ordre imposé et la pulsion dionysiaque. Il évite de dépeindre la femme de raison en laideron. Son film, fiévreux et crépusculaire, baignant dans des ambiances nocturnes, confronte le héros à un dilemme d'autant plus douloureux qu'il est doublement épris. Two Lovers le ballotte sans cesse, au gré des caprices de celle qui semble hors d'atteinte.

Il s'agit pour cet homme complexé d'être ou de ne pas être conforme au rôle auquel il est prédestiné. Il s'agit d'échapper à la claustrophobie, à la naphtaline, à la " mélodie du bonheur " : c'est ce qui le fait basculer dans l'irrationnel, vers celle qui l'obsède, le rend fou, tout à coup volubile, frénétique sur la piste de danse d'une boîte de nuit, celle qui incarne l'évasion, la rupture, l'insensé.

Mais James Gray est le cinéaste du piège de la famille, du retour du fils prodigue. C'est le cinéaste des tristesses résignées. Two Lovers est un film fataliste, l'histoire d'une défaite, de la déroute d'une âme vaincue par sa communauté et par l'inconséquence d'une séductrice. C'est l'histoire de l'échec d'un pur.

Bouleversante, tout en méandres douloureux, hésitations, élans lyriques, cette épopée affective est inspirée par Les Nuits blanches de Dostoïevski (jadis adaptées par Luchino Visconti). Le loser maniaco-dépressif du romancier russe évolue dans un univers que James Gray a voulu également hitchcockien. Tout à sa quête d'une femme inaccessible, épris d'une image de femme fatale blonde et passionné par la photographie, Joaquin Phoenix est héritier du James Stewart de Vertigo et de Fenêtre sur cour, épiant l'objet de son désir de sa chambre, la scrutant au téléobjectif. Two Lovers est l'histoire d'un homme en proie au vertige, c'est-à-dire pris entre le désir et la crainte. Il doit redescendre dépité vers les siens, victime de la loi de la gravitation sociale.

Jean-Luc Douin
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Walden
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Re: Two lovers

Message non lu par Walden »

" Aucune ironie, aucune condescendance "

Entretien

James Gray, réalisateur



D'où viennent les deux personnages du film ?



Leur origine est double. J'avais lu Les Nuits blanches de Dostoïevski. Les personnages du film sont très proches de ceux de ce roman : seuls, perturbés, fracturés, pas à leur place. Ils sont des sortes d'exagérations de ce que nous sommes tous. J'avais adoré le livre, j'ai ensuite vu l'adaptation de Visconti, avec Marcello Mastroianni et Maria Schell. C'est un film formidable, mais très différent de Two Lovers, parce que la réalité y est sublimée.

L'autre point de départ est lié à la déception que m'inspire le cinéma contemporain. Les films peuvent être excellents techniquement, intéressants sur le plan des idées politiques, mais ils sont en retard pour ce qui touche aux émotions. L'émotion est ce qui compte le plus pour moi.

Je voulais faire un film authentiquement émotionnel autour d'une trame très simple. Un film dans lequel il n'y ait surtout aucune ironie, aucune moquerie, aucune condescendance envers les personnages. C'était une question d'éthique pour moi.



Pourquoi toujours revenir dans le quartier de Brighton Beach, à Brooklyn ?

J'ai grandi dans le Queens, mais mes grands-parents vivaient là. Je leur rendais visite, c'était comme replonger dans une époque ancienne. Le Vieux Continent, la Russie, sont plus présents là-bas. L'histoire de ma famille y devient plus claire pour moi.



Vous envisageriez de tourner ailleurs ?

Dès le prochain ! On peut refaire le même film toute sa vie, mais seulement d'un point de vue thématique. Je suis arrivé à un stade où il faut que je quitte New York.



Pourquoi le film se déroule-t-il dans des espaces confinés ?



C'est comme cela que l'on vit à New York. Et puis cette claustrophobie fait écho à l'histoire. Comme nous tous en un sens, ces personnages sont piégés par des facteurs qui les dépassent : la culture, l'environnement économique, et la manière dont tout cela interfère avec le désir.



C'est le troisième film que vous faites avec Joaquin Phoenix.



J'adore sa façon de jouer... C'est quelqu'un d'incroyablement intelligent, et de très réceptif. Il arrive à transmettre des conflits émotionnels intenses, une qualité très rare qu'avaient des acteurs américains comme Al Pacino, Robert De Niro, Jack Nicholson dans les années 1970. Avec Joaquin, nous partageons la même vision du monde. Nous sommes totalement en phase.



Il vient d'annoncer qu'il arrêtait le cinéma...



Cela fait trente ans qu'il est acteur, il a commencé enfant, et il a tous les droits de le faire. Mais pour des raisons très égoïstes, cette nouvelle m'a complètement démoralisé. J'espère le convaincre de sortir de sa retraite pour faire mon prochain film, mais je ne sais pas si j'y arriverai.



Comment avez-vous travaillé avec lui ?



Je lui ai parlé de Chaplin. Il n'a pas arrêté de faire des petites choses chaplinesques sur le plateau. J'en ai gardé quelques touches.



Pourquoi Chaplin ?

Parce que l'état amoureux est profondément comique. Le comportement humain change tellement... Avec la beauté et la grâce de Chaplin, nous voulions lui donner une forme.



Et Gwyneth Paltrow ? C'est surprenant de la voir dans un film si intimiste.



Je la connais depuis longtemps. Il y a un an, on s'échangeait des e-mails sur une recette de sauce de spaghettis. On a abordé le fait qu'elle ait quitté le métier après un certain nombre de films décevants, qu'elle ait eu des enfants, que maintenant qu'ils ont un peu grandi, elle ressentait à nouveau le besoin de s'exprimer artistiquement. Je lui ai dit qu'on pourrait faire un film ensemble, et elle a répondu : " Mais toi, tu fais seulement des films avec des mecs et des flingues... " J'ai pris ça comme un défi, et j'ai écrit le rôle pour elle, sans savoir à quoi m'attendre. Elle s'est révélée être une actrice d'une générosité incroyable.



Evoquait-elle pour vous la blondeur hitchcockienne ?



C'est clair. Il y a bien sûr la référence à Fenêtre sur cour dans le film. Mais nous avons aussi regardé Vertigo. Dans la chambre, Kim Novak dit à Jimmy Stewart : " Je vous rappelle quelqu'un d'autre, c'est ça ? " Une fois qu'il est parti, elle fixe la caméra, et il y a ce flash-back sur l'homme qui jette Madeleine du haut du monastère. Hitchcock atteint là le sublime : alors qu'elle est une vision idéalisée par Jimmy Stewart, Hitchcock touche à sa propre tragédie. Je voulais que Gwyneth comprenne qu'elle n'est pas seulement le rêve de Joaquin, mais qu'elle est aussi un personnage à part entière. Sur le toit avec Joaquin, je lui fais regarder la caméra en hommage à Vertigo.
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Re: Two lovers

Message non lu par Starfe »

cher Walden, à moins que tu ne sois l'auteur de cet interview, peux-tu en indiquer, au moins, la provenance. et le lien qui va avec.
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Walden
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Re: Two lovers

Message non lu par Walden »

Starfe a écrit :cher Walden, à moins que tu ne sois l'auteur de cet interview, peux-tu en indiquer, au moins, la provenance. et le lien qui va avec.
Le Monde du 19/11

entretien dispo sur le site du Monde :

http://www.lemonde.fr/archives/article/ ... 051_0.html
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Lepithec
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Re: Two lovers

Message non lu par Lepithec »

Pour faire court, TWO LOVERS est pour moi le film de l'année.
Donc voilà. Bonne projection ! 8-)
Indiana
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Re: Two lovers

Message non lu par Indiana »

Très grand film en effet. J'avais adoré La Nuit Nous Appartient et là je dois dire que Gray m'a surpris avec cette romance touchante, tragique et excellemment jouée par un Joaquin Phoenix habit par son personnage.

Le film de l'année sans aucun doute qui vient pour moi juste avant THE DARK KNIGHT et WALL-E. Un film comme Hollywood n'en faisait plus depuis des lustres !
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Re: Two lovers

Message non lu par Dark Vador »

j'en reviens également bouleversé.
au fait, qui a composé la musique?
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Re: Two lovers

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Dark Vador a écrit :j'en reviens également bouleversé.
au fait, qui a composé la musique?
il s'agit en fait d'arrangements de pièces prééxistantes dirigées par un musicien dont j'ai oublié le nom

syndrome du director's score !
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Re: Two lovers

Message non lu par Dark Vador »

ok merci

as tu réussi à identifier les passages à la guitare? ou est-ce une reprise à la guitare du morceau de TOSCA (je crois) utilisé dans le film? (pcq quand les deux étaient rapprochés dans les end credits, il m'a semblé que c'était assez similaire)
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Re: Two lovers

Message non lu par Walden »

Dark Vador a écrit :ok merci

as tu réussi à identifier les passages à la guitare? ou est-ce une reprise à la guitare du morceau de TOSCA (je crois) utilisé dans le film? (pcq quand les deux étaient rapprochés dans les end credits, il m'a semblé que c'était assez similaire)
je t'avoue ne pas avoir fait le rapprochement, j'ai le souvenir de passages de harpe, de l'utilisation maline du bel canto, mais la bande originale ne m'a globalement pas marqué... :? Encore un superbe film à qui il manque un vrai beau score
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Re: Two lovers

Message non lu par Dark Vador »

oulala oui c était peut-être bien de la harpe et pas de la guitare! :? :)

sur le manque de vrai beau score, je ne suis pas d'accord. Ca ne me semble pas indispensable : un truc simple de Kilar sur WE OWN THE NIGHT, ou de Santaolalla sur BROKEBACK MOUNTAIN (donc une composition toute simple quand le film est excellent et ne nécessite qu'un soutien musical de cet acabit), c'est parfait pour moi!

l'utilisation de la musique dans TWO LOVERS m'a semblée optimale.
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Re: Two lovers

Message non lu par Gizmo »

et l'utilisation du sublime "Lujon" de Mancini est un autre exemple magistral d'utilisation de la musique : une scène intemporelle touchée par la grâce
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Re: Two lovers

Message non lu par Indiana »

et l'utilisation du sublime "Lujon" de Mancini est un autre exemple magistral d'utilisation de la musique : une scène intemporelle touchée par la grâce
C'est à quel moment?
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Re: Two lovers

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quand Leonard (J.phoenix) va au restaurant
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Wyatt Earp
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Re: Two lovers

Message non lu par Wyatt Earp »

Très joli film...Moi qui n'aime guère Paltrow, ici, elle m'a conquis. Plusieurs scènes très touchantes...Et il y a longtemps que New York n'avait pas été aussi bien filmé.
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