Hugo Cabret
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Hugo Cabret
Je n'irai pas par quatre chemins, le nouveau film de Scorsese, supposé cristalliser son inaltérable amour pour le cinéma, est une déception absolument mortifiante. Sous couvert d'un inoffensif divertissement familial, "l'Italianamerican" ambitionnait rien moins que de payer son tribut aux merveilleux artistes qui, les premiers, ont dévoilé le potentiel infini du 7ème Art et sa fabuleuse aptitude à "nous mentir 24 fois par seconde". De cet excitant projet secret, ne subsiste hélas plus qu'une poignée de moments de grâce : deux gamins fascinés plongeant aux sources du cinématographe à travers les pages d'un livre, plusieurs paires d'yeux s'écarquillant de ravissement face à la science-fiction naïve du Voyage dans la Lune ou devant les acrobaties burlesques d'un Harold Lloyd suspendu à un clocher... Le coeur d'Hugo est bel et bien là, mais pris au piège de deux longues heures d'une espèce de fantaisie ripolinée, que je n'ai suivie que d'un oeil morne tant elle est artificielle et convenue.
Re: Hugo Cabret
Tu aurait du revoir Bad Boys 2 mon coco, 2h40 de plaisirs coupable.
Le film de Scorseses est excellent, mais il ma pas bluffé, hormis sa brillante 3D. J'ai pas eu beaucoup d'émotion, contrairement à certain, mais bon, sur 20 je lui donne un 16.

- Brother Cadfael
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Re: Hugo Cabret
En ce qui me concerne, j'ai trouvé le film sans doute un peu trop didactique mais tout à fait merveilleux par ailleurs. Je n'ai pas vraiment le temps ni le courage d'argumenter mais, pour résumer, il m'a tout simplement rappelé, si besoin en était, et avec une infinie tendresse, pourquoi j'aime tant le cinéma depuis toutes ces années. Disons que Scorsese a su toucher la part de l'enfant qui sommeille encore (en tout cas je l'espère !) en moi, celui qui à l'âge de 8 ans a découvert la magie du King Kong de 33. Et si l'adulte que je suis a trouvé son compte, je pense également qu'il ne s'agit pas d'un "simple" film pour enfants comme on le présente mais avant tout un film pour jeunes cinéphiles.
Give your love freely and look for nothing in return.
No man is measured by the love he gives to others, but by how much he is loved.
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- Pierrebrrr
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Re: Hugo Cabret
Comme j'ai pleuré du premier plan au dernier, tout en comprenant très bien qu'on puisse rester aux portes du film comme Lee, je m'abstiendrai de tout commentaire objectif. Je pense qu'on peut être touché par un film aussi fabriqué et conçu pour émouvoir que Hugo Cabret, mais aussi de trouver que c'est insupportablement mielleux et obscènement tire larmes. Un genre d'Amélie Poulain américain, quoi. Mention spéciale, tout de même, pour Sacha Baron Cohen, qui devrait abandonner ses pitreries et se consacrer à sa carrière d'acteur. La musique de Shore, dans le film, est parfaite. Mais c'est valse et accordéon, dans le sens le plus clichetonneux du genre. Si Delerue était encore vivant, c'est lui qui aurait du s'occupper de ce Cabret.
"Le cinéma, c'est comme l'amour, quand c'est bien fait, c'est merveilleux, quand c'est mal fait, c'est un petit peu merveilleux aussi." S.Donen
Octobre 2014: 31 jours, 31 films :http://trainfantome.blogspot.com/
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Re: Hugo Cabret
Je viens de voir le nouvel opus de SCORCESE et je dois dire que j'ai bien aimé.
Je trouve que c'est une belle déclaration d'amour au cinéma que nous fait Martin.Après je comprends que l'on accroche pas, c'est quand même très stylisé comme film.
L'aspect technique est vraiment réussi, l'esthétique est superbe (quelle photo) et surtout j'ai été surpris par l'utilisation de la 3D qui reste vraiment discrète (aucun effet de jaillissement qui ne servent à rien) mais avec certain plan à la profondeur vertigineuse (notamment lorsque les deux jeunes enfants montent et descendent les escaliers) mais sert le film (comme Avatar quoi, ça m'étonne pas que CAMERON est approuvé l'utilisation de cette 3D).
Je trouve que c'est une belle déclaration d'amour au cinéma que nous fait Martin.Après je comprends que l'on accroche pas, c'est quand même très stylisé comme film.
L'aspect technique est vraiment réussi, l'esthétique est superbe (quelle photo) et surtout j'ai été surpris par l'utilisation de la 3D qui reste vraiment discrète (aucun effet de jaillissement qui ne servent à rien) mais avec certain plan à la profondeur vertigineuse (notamment lorsque les deux jeunes enfants montent et descendent les escaliers) mais sert le film (comme Avatar quoi, ça m'étonne pas que CAMERON est approuvé l'utilisation de cette 3D).
Goldsmith Forever
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Re: Hugo Cabret
Pour reprendre Pierrebrrr, il est vrai que Sacha Baron Cohen est touchant en vétéran de la guerre 14/18 qui essaie de séduire une jolie emily mortimer.
- Lee Van Cleef
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Re: Hugo Cabret
Il y a le sensationnel Peter O'Toole dans My Favorite Year (Où est Passée mon Idole ?), star de cinéma déchue qui noie son amertume dans des flots d'alcool. Ayant trouvé la force de dompter ses démons, le vieux lion, tel un Errol Flynn bondissant à qui il fait ouvertement référence, se jette dans un ultime numéro plein de panache. Puis s'incline, vaincu par l'émotion, sous les applaudissements crépitants d'un public qui ne l'avait pas oublié.
Il y a Jacques Perrin dans Nuovo Cinema Paradiso, seul spectateur d'une salle de cinéma qui semble inviter au recueillement. Face aux baisers mythiques qui se succèdent à l'écran en une sarabande passionnée, il sourit bientôt aux éclats, et son regard s'illumine de l'étincelle qui, des années auparavant, brillait dans les yeux d'un gamin qu'un projectionniste bougon avait convié à une fabuleuse aventure.
Il y a Chiyoko Fujiwara dans Millennium Actress, courant à perdre haleine dans le sillage d'un homme dont elle ignore à peu près tout, y compris sa véritable apparence. Lancée dans cette inlassable fuite en avant, galvanisée par des idéaux naïfs auxquels elle se refusera toute sa vie à renoncer, Chiyoko verra son existence se confondre jusqu'à l'indissociable avec plus de quarante ans d'un cinéma japonais au faîte de sa beauté.
Il y a John Goodman dans Matinee. Sourire enjôleur, cigare fiché au coin des lèvres et complet sombre impeccablement repassé, il présente tous les atours du producteur vénal et sans scrupule que le cinéma a maintes fois caricaturé. Mais sous l'apparente roublardise se cache l'inébranlable sincérité du plus ingénieux des forains, qui a réalisé que le public ne croirait à aucun de ses artifices si lui-même n'y portait pas une foi aveugle.
Il y a Jet Li dans Il Etait une Fois en Chine 3, qui toise d'un oeil méfiant cet étrange appareil monté sur un trépied, et orné d'une manivelle que l'on doit faire patiemment tourner. Une diablerie occidentale, à n'en pas douter. Mais ses réticences s'envolent face à l'admiration de son père qui, lors d'une projection privée, le voit exécuter à l'écran un kata dont la pureté préfigure la gestuelle souple et alerte des grands comiques du muet.
Et puis il y a Martin Scorsese, qui semblait plus apte que n'importe qui d'autre à perpétuer dans Hugo cet émerveillement primitif. Mais du temps a passé, les regards sont devenus plus blasés, moins enclins à chausser les oeillères que les spectateurs de jadis n'étaient que trop heureux d'accepter. Et peut-être était-ce pour stigmatiser cette innocence irrémédiablement perdue que le réalisateur, plutôt que de jouer jusqu'au bout la carte de la fantasmagorie, s'est soudain piqué de révéler l'envers du décor, projetant sur tous les tours de magie de Méliès un éclairage cru et, je persiste à le penser, pas le moins du monde adapté à cette célébration du cinéma "pur" à laquelle j'avais espéré assister.
Il y a Jacques Perrin dans Nuovo Cinema Paradiso, seul spectateur d'une salle de cinéma qui semble inviter au recueillement. Face aux baisers mythiques qui se succèdent à l'écran en une sarabande passionnée, il sourit bientôt aux éclats, et son regard s'illumine de l'étincelle qui, des années auparavant, brillait dans les yeux d'un gamin qu'un projectionniste bougon avait convié à une fabuleuse aventure.
Il y a Chiyoko Fujiwara dans Millennium Actress, courant à perdre haleine dans le sillage d'un homme dont elle ignore à peu près tout, y compris sa véritable apparence. Lancée dans cette inlassable fuite en avant, galvanisée par des idéaux naïfs auxquels elle se refusera toute sa vie à renoncer, Chiyoko verra son existence se confondre jusqu'à l'indissociable avec plus de quarante ans d'un cinéma japonais au faîte de sa beauté.
Il y a John Goodman dans Matinee. Sourire enjôleur, cigare fiché au coin des lèvres et complet sombre impeccablement repassé, il présente tous les atours du producteur vénal et sans scrupule que le cinéma a maintes fois caricaturé. Mais sous l'apparente roublardise se cache l'inébranlable sincérité du plus ingénieux des forains, qui a réalisé que le public ne croirait à aucun de ses artifices si lui-même n'y portait pas une foi aveugle.
Il y a Jet Li dans Il Etait une Fois en Chine 3, qui toise d'un oeil méfiant cet étrange appareil monté sur un trépied, et orné d'une manivelle que l'on doit faire patiemment tourner. Une diablerie occidentale, à n'en pas douter. Mais ses réticences s'envolent face à l'admiration de son père qui, lors d'une projection privée, le voit exécuter à l'écran un kata dont la pureté préfigure la gestuelle souple et alerte des grands comiques du muet.
Et puis il y a Martin Scorsese, qui semblait plus apte que n'importe qui d'autre à perpétuer dans Hugo cet émerveillement primitif. Mais du temps a passé, les regards sont devenus plus blasés, moins enclins à chausser les oeillères que les spectateurs de jadis n'étaient que trop heureux d'accepter. Et peut-être était-ce pour stigmatiser cette innocence irrémédiablement perdue que le réalisateur, plutôt que de jouer jusqu'au bout la carte de la fantasmagorie, s'est soudain piqué de révéler l'envers du décor, projetant sur tous les tours de magie de Méliès un éclairage cru et, je persiste à le penser, pas le moins du monde adapté à cette célébration du cinéma "pur" à laquelle j'avais espéré assister.