Succéder au maestro Casino Royal n'est pas une mince affaire. Martin Campbell, technicien solide, avait confectionné un petit bijou, comme le premier Zorro, comme son très singulier Beyond Borders. Désormais la question est : où va la nouvelle franchise ?
belle machine bien huilée et sans temps mort ce QUANTUM OF SOLACE, Bond n°22, on y prend un plaisir certain mais....exercice creux ? Episode intermédiaire ? Collation après un délicieux repas ? Le "main credit", ingrédient attendu, n'est pas le plus sensuel de la série...la palette de couleurs et le rythme des formes (centré sur le désert) me semblaient bien modérés, nocturnes, manquant de chaleur (la photo d'ailleurs est plutôt terne, c'est un choix après tout)....
Tout le film est basé sur une poursuite. Le montage sera donc souvent rapide, le rythme implaccable, sans être hystérique. Avec une étrange dichotomie....D'un côté la mise en scène "neutre" de Marc Forster, qui n'est pour l'instant célèbre que pour des films sympathiques à l'académisme bon teint, ici rythmé par le montage. Et l'étrange contamination des films d'espion survoltés qui font aujourd'hui jurisprudence......je veux parler bien sûr de mister Jason Bourne...Et ce, dès les premières secondes.....La fameuse séquence pré-générique est une poursuite en bagnoles directement inspirée de la "méthode" Greengrass : montage hyper-rapide de plans "parkinsoniens" illisibles, avec caméra portée instable, censée produire un effet d' "hyper-réalisme", pour un spectateur plongé "au coeur de l'action". Pour autant, le film n'abuse pas de cette technique (thank God). Elle est utilisée dans la séquence pré-générique, puis dans une séquence de poursuite en bateaux. Après la terre, la mer, le style se dilatte un peu, pour la prochaine séquence d'action, une poursuite aérienne, les plans deviennent alors plus....aérés, tiens donc. Difficile lors du film de ne pas penser en effet aux Bourne 2 et 3....
Lors de l'affrontement final, besoin de retrouver l'excitation nerveuse du début....Mais on ressent tout de même moins, en proportion de la totalité du film, cet aggacement de formules...à la mode....qui pouvaient superbement servir tout le propos d'un Bloody Sunday, mais qui irritent dans des films à grand spectacle de facture "traditionnelle", parce qu'elles expriment plus un effet de mode paliant une incapacité à maîtriser la logique d'une séquence d'action dans son entier, que, au contraire, une forme d'élégance de la scène d'action, celle maîtrisée de bout en bout par des maîtres du genre, un Cameron, Spielberg, etc.
d'où par ailleurs le côté frustrant de Bourne 2 et 3, intégralement soumis à cette mode, ou quelques séquences illisibles du beau 13th Warrior de Mc Tiernan (cinéaste époustouflant qui a peut être miné son talent par ce genre d'effets de mode)
Donc, QUANTUM OF SOLACE : Le sentiment d'avoir visionné une belle carrosserie linéaire et lisse, vient aussi de la trame à laquelle on assiste : Bond veut se venger. Il rencontre une jolie poupée qui veut se venger. A deux, ils vont assouvir leur vengeance en unissant leurs efforts sans vraiment affronter l'adversité la plus....contraignante....Ou sont les enjeux ? Quelles sont les vraies tensions dramatiques ? Pour passionner le spectateur, pour qu'il/elle se sent(e) pris(e) par le spectacle, il faut un drame heurté de reliefs et de contrastes, d'aspérités, vu que le film est sans humour aucun, il faut de la psychologie, des sentiments, des personnages touchants et attachants.....Avec QUANTUM OF SOLACE, malgré les voyages incessants et l'exostisme, la tension et le relief manquent....Amalric est une très bonne idée sous-employée....Olga Kurylenko est ma foi bien jolie (miam miam



Enfin, dans le plus pur respect du cahier des charges, nous nous retrouvons assez vite dans le repaire de l'ennemi, il est temps d'en finir, Amalric trépasse, la belle Olga est épargnée des flammes de l'enfer (elle est supposée dépasser un traumatisme d'enfance, haaa l'hommage fugace au western que voilà)....James, impassible, indécrottable et fidèle agent de Sa Très Grâcieuse Majesté, surmonte le moindre obstacle...."sans transition" comme dit l'autre
nous aurons droit à une brève scène entre Daniel et Olga, dans laquelle celle-ci nous fait connaître ses vraies motivations, avec des tremblements dans la voix, seule scène où la petite Olga peut exprimer le moindre sentiment convaincant pour nous faire aimer son personnage, mais c'est insuffisant
Je conseille le film, si vous aimez Bond, si vous avez envie de passer un bon moment en territoire connu (ou moins connu) seul ou en bonne compagnie, mais, une fois le générique passé, vous sentirez que le fameux James Bond will return veut aussi dire, James Bond reviendra, certes avec plaisir, mais d'ici là en il nous aura gardé sur notre faim, car on attend du prochain Bond un évènement qui nous surprenne comme le fit Casino Royal !!!
niveau musique, pas grand chose à dire, le mixage ne servant pas souvent la partition. Arnold s'ingéniant d'autre part à nous faire regretter Barry dans quelques séquences, tout en ne proposant rien de bien passionnant, tout comme la chanson du générique dont il n'est pas l'auteur. Le truc électro qui sert de générique de fin n'est pas très excitant non plus.....la petite fée musicale n'est pas sortie de son coma pour magnifier l'action trépidante de l'agent 007...
