Bande annonce de True Grit revue et corrigé par les frères Cohen: http://tcmcinema.fr/actus/2010/10/01/tr ... r-trailer/ Jeff Bridges n'aura pas trop de mal à remplacer John Wayne cabotineur dans la première version.

Si tu as trouvé le Duke cabotin, Barry, je ne suis pas certain que l'interprétation bruyamment truculente de l'ami Jeff sera plus à même de te séduire... Quoi qu'il en soit, j'ai donc vu et grandement apprécié le nouvel opus des frangins surdoués qui, comme souvent avec nos deux lacars, se livre à un redoutable exercice de funambulisme sur un fil tendu entre la comédie picaresque et le drame âpre et violent, sans jamais basculer d'un côté ou de l'autre. Je reste ceci dit un peu circonspect face à la première partie du métrage, laquelle, passé un plan d'ouverture magnifiquement théâtral, se disperse un tantinet en bavardages souvent très drôles (il faut voir l'excellente Hailee Stenfeld, experte ès-négociations, mettre au supplice un propriétaire au bord de l'apoplexie) mais pas toujours très bénéfiques au rythme du film.

J'adore l'univers cinématographique des frères Cohen, je n'ai pas encore vu cette version mais me laisserai bien séduire par cette écriture si particulière aux deux frères...et surtout...revoir un Western !

De mon point de vue, un très bon Coen (mais d'ailleurs vas-t-on arrêter d'assassiner leur nom avec un H qui n'a jamais eu lieu d'être ???).
Simple et efficace, dans la tradition des grands classiques, sans autre prétention que de poser une atmosphère, une intrigue de vengeance tout ce qu'il y a de plus basique et dans le pur esprit du genre, et des personnages passionnants et truculents, sans esbrouffe mais avec grand maîtrise. Tous les comédiens sont au top, y compris Matt Damon dans un rôle pas évident et plutôt à contre-emploi. On est loin du très alambiqué NO COUNTRY FOR OLD MEN (plus passionnant et original mais plus pédant, pour le coup - j'adore ce film mais le scénario ça reste du grand n'importe quoi). Mais du coup cette simplicité est un plaisir de tous les instants, jusqu'à la dernière demi-heure du film, absolument extraordinaire d'intensité, de suspense et d'émotion. Du très grand cinoche comme on n'en fait plus beaucoup, même s'il faut reconnaître la forte influence dramaturgique du film 100 DOLLARS POUR UN SHERIFF dont il est le remake.

Accessoirement, j'avais écouté la BO de Carter Burwell hors film une première fois, j'avais trouvé ça convenu et chiant, même si très beau. Après avoir vu le film, je trouve ça magnifique. Comme quoi.

Lepithec a écrit :De mon point de vue, un très bon Coen (mais d'ailleurs vas-t-on arrêter d'assassiner leur nom avec un H qui n'a jamais eu lieu d'être ???).

C'est super important, ça ? Le terme "Assassiner" est peut être un peut fort, non ?

Pas du tout Mhisquhamascuhs, pas du tout.
Vive les frères Cohen, Dardhen, Wachowski (ah non, là ça marche...)

Lee Van Cleef a écrit : Je reste ceci dit un peu circonspect face à la première partie du métrage, laquelle, passé un plan d'ouverture magnifiquement théâtral, se disperse un tantinet en bavardages souvent très drôles (il faut voir l'excellente Hailee Stenfeld, experte ès-négociations, mettre au supplice un propriétaire au bord de l'apoplexie) mais pas toujours très bénéfiques au rythme du film.

J'ai eu un peu le même sentiment en pendant le film.
Il faut dire que les quatre premiers plans du film sont tellement forts que le reste ronronne un peu plus.
Mais arrive le dernier acte du film, et encore une fois j'ai été estomaqué par la maitrise narrative des Coen, capables de tendre leur récit sur un film entier- dans ce sens, et je n'ai pas été surpris de voir son nom au générique- ils me rappellent Spielberg, ou Proyas, dans une moindre mesure, mais qui a de beaux jours devant lui à mon avis.
Dans sa dernière ligne droite, True Grit bascule dans un registre de mise en scène très différent du reste du film, à la fois film d'action superbement écrit (l'enchainement des évènements provoqués par le croisement- au hasard remember No Country For Old Men- de la trajectoire de Chaney provoque cette bifurcation ) et drame lyrique ou l'homme se mesure à lui-même en se mesurant à la nature, thème profondément américain et coeur du western. L'épilogue serre le coeur à un point qu'on n'aurait pu imaginer en découvrant Cogburn effondré dans son saloir à saucisse. Je ne sais pourquoi, mais la dernière fois qu'il m'a semblé voir une telle audace narrative, et une telle émotion, c'était dans A.I, justement, de Spielberg.

Magistral, vraiment.

Dis-moi, Wyatt, en lisant le dernier Impact, je t'ai trouvé un peu dur avec le western des années 2000, lorsque tu affirmes en préambule à ta critique de True Grit que le genre n'a plus donné le moindre grand titre depuis Open Range. Les films ne se sont pas bousculés au portillon depuis, j'en conviens, mais tous ont de robustes arguments à faire valoir. 3:10 to Yuma et son rythme trépidant (même s'il n'arrive pas à la cheville du classique de Delmer Daves), Seraphim Falls et son efficacité brute digne du survival, The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford et son atmosphère funèbre... Cela dit, si un western récent mérite de chevaucher auprès du très beau film de Kevin Costner, c'est bien Appaloosa d'Ed Harris.

Oh oui ! Apaloosa n'a rien à envier à True Grit, je trouve. Le paradoxe du western des 10 dernières années étant, que si les productions sont très rares, leur qualité moyenne est inversement proportionnelle à leur nombre. Apaloosa réussissait le tour de force d'être un vrai western, un film politique, et le portrait d'un trio original et délicat. injuste, et étrange qu'Apaloosa ne fonctionne presque pas et que True Grit soit un vrai succès.

Lee Van Cleef a écrit :Dis-moi, Wyatt, en lisant le dernier Impact, je t'ai trouvé un peu dur avec le western des années 2000, lorsque tu affirmes en préambule à ta critique de True Grit que le genre n'a plus donné le moindre grand titre depuis Open Range. Les films ne se sont pas bousculés au portillon depuis, j'en conviens, mais tous ont de robustes arguments à faire valoir. 3:10 to Yuma et son rythme trépidant (même s'il n'arrive pas à la cheville du classique de Delmer Daves), Seraphim Falls et son efficacité brute digne du survival, The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford et son atmosphère funèbre... Cela dit, si un western récent mérite de chevaucher auprès du très beau film de Kevin Costner, c'est bien Appaloosa d'Ed Harris.

Je les aime bien tous, mais aucun d'entre eux ne m'a vraiment semblé du niveau d'OPEN RANGE, surtout pas APALOOSA qui pour le coup ressemble vraiment à du sous-OPEN RANGE (tout comme le téléfilm de Walter Hill BROKEN TRAIL, sauf que c'est plus réussi que le film d'Ed Harris). YUMA est vraiment très chouette, mais assez inégal selon les scènes. SERAPHIM FALLS m'a un peu ennuyé. Et JESSE JAMES est un très beau film, mais un pur western dans la tradition évoquée par Costner et les Coen ? J'en doute.

Pierrebrrr a écrit : injuste, et étrange qu'Apaloosa ne fonctionne presque pas et que True Grit soit un vrai succès.

Peut-être parce que TRUE GRIT est filmé comme du cinéma et pas comme un (beau) téléfilm de luxe ?
En outre il y a Bridges, c'est tiré d'un classique de la littérature US et d'un John Wayne très aimé là-bas, ça s'adresse à toutes les générations via les protagonistes... Ca joue.

Lee Van Cleef a écrit : Cela dit, si un western récent mérite de chevaucher auprès du très beau film de Kevin Costner, c'est bien Appaloosa d'Ed Harris.

+ 1

Wyatt Earp a écrit :aucun d'entre eux ne m'a vraiment semblé du niveau d'OPEN RANGE, surtout pas APALOOSA qui pour le coup ressemble vraiment à du sous-OPEN RANGE

Une comparaison quelque peu erronée, si tu veux mon avis. Open Range témoigne de bout en bout d'un classicisme noble et file comme le vent du point A au point B, dédaignant tout chemin de traverse, tandis qu'Appaloosa se distingue par d'audacieuses ruptures de ton qui ont probablement désarçonné les amateurs de western pur et dur. Renée Zellweger est à elle seule emblématique de la témérité de l'entreprise, puisqu'elle incarne avec beaucoup de courage et d'aplomb une héroïne qu'Ed Harris a voulu profondément antipathique, au risque de s'aliéner une bonne partie du public.

Enfin vu.
Quel plaisir ce film. Décidement, voila encore des cinéastes avec qui j'ai vraiment du mal à être déçu. Là c'est le top. Et effectivement, comme souligné par cette vieille baderne de Lee (Le terme "Vieille baderne" est pour moi un compliment respectueux, hein...) c'est un véritable numéro d'équilibriste. Du coup, voila ma fille (qui avait très envie de voir ce film qu'on avait raté au cinoche) carrément choquée par la scène de la cabane et sa violence surprennante ! Mais elle a adoré le film et surtout l'héroïne (en même temps ma fifille a à peu près le même carafon pour vous situer le style...)

Bon....




J'ai détestè... mais là je sens que je vais me faire lyncher...

en tout cas bon balissage des frères cohen... difficile d'être surpris...

Tiens j'ai revu Appaloosa hier, j'avais déjà beaucoup aimé au cinéma, ça m'a autant plu en video. Bien sûr la mise en scène est presque purement fonctionnelle, même si il y a quelques choix de cadrages que j'aime bien (certains echanges montrant les personnages en pied et jouant bien de leur immobilité ), c'est évidemment l'alchimie entre les trois personnages qui fait merveille, et le portrait de femme dressé par le cinéaste et Zelwegger, extrèmement touchant. Et puis, l'association Viggo/Harris fonctionne à merveille, quasiment comme si on était dans un Buddy-movie 80's (mais vraiment drôle et bien écrit !). Pas tape à l'oeil, mais plein de personnalité ce film, et un regard sur les personnages qui j'ai beaucoup aimé.

[quote="Vareche"]Bon... J'ai détestè... mais là je sens que je vais me faire lyncher...[quote]

Bin non, pourquoi ? Tu fais bien comme tu veux...