peut être certains d'entre vous ne la connaissent pas encore
quoiqu'il en soit, connaisseurs ou nouveaux amateurs, qu'en pensez vous ?
pour ma part, c'est un peu la musique de concert idéale...belle, passionnée et superbement écrite
voici les enregistrements de ces œuvres avec le LSO :
Christus Apollo (Anthony Hopkins narrateur, remplaçant Charlton Heston dans la version originale)
Music for Orchestra :
Fireworks, a celebration of Los Angeles :
Re: la musique de concert de Jerry Goldsmith
Publié : sam. 17 avr. 2010 23:01
par Dadid
Avis mitigé.
D'un côté on a Fireworks qui est une ouverture franchement légère musicalement, résolument dans un ton "musique de film" (Explorer n'est pas loin !) plaisant mais qui ne risque pas de marquer les programmateurs de concerts ; de l'autre deux oeuvres à l'écriture bien plus moderne, mais qui pour tout dire ne m'ont jamais accroché... pour tout dire elles me semblent assez ordinaires dans leur genre, très en dessous question inventivité d'un POTA. Si Goldsmith avait fait éditer une version concert de cette oeuvre, ça pourrait donner ! Quoi que ça me paraisse difficile à produire, vu l'instrumentarium nécessaire - même si un tel concert a déja eu lieu.
D'autres musiciens de cinéma me font un peu la même impression : j'ai l'impression que, dés qu'ils se disent "faisons de la musique sérieuse", ils laissent une partie de leur imagination au vestiaire et se brident de peur de faire "facile". Sur ce point, Rozsa était vraiment une exception je trouve - sa musique de concert reflètait souvent celle écrite pour grand écran, sans volonté de coller à la mode.
Re: la musique de concert de Jerry Goldsmith
Publié : sam. 17 avr. 2010 23:43
par Janus
Dadid a écrit :'ai l'impression que, dés qu'ils se disent "faisons de la musique sérieuse", ils laissent une partie de leur imagination au vestiaire et se brident de peur de faire "facile". Sur ce point, Rozsa était vraiment une exception je trouve - sa musique de concert reflètait souvent celle écrite pour grand écran, sans volonté de coller à la mode.
Ne tombons pas dans la caricature non plus et des compositeurs comme SCHIFRIN,MORRICONE,TAKEMITSU,GOLDENTHAL,n'ont absolument pas manqué d'imagination dans ce domaine et ce ne sont pas des compositeurs qui se sont essayés à la musique dite savante,puisqu'ils en ont toujours fait et même avant de composer pour le cinéma. Ils viennent de là. GOLDENTHAL,d'une
certaine façon,je le trouve plus bridé pour le cinéma qu'en dehors où il développe davantage. Pour en revenir à GOLDSMITH, qu'a-t-il composé d'autre en dehors des pièces citées ci-dessus...Concertos,opéras,oratorios,musique de chambre? Ou alors a-t-il si peu composé pour le concert ? ( ce qui ne serait pas grave en soi et n'enlèverait rien à sa grandeur de musicien)
C'est juste une question.
Re: la musique de concert de Jerry Goldsmith
Publié : dim. 18 avr. 2010 12:10
par Julien
Dadid a écrit :D'autres musiciens de cinéma me font un peu la même impression : j'ai l'impression que, dés qu'ils se disent "faisons de la musique sérieuse", ils laissent une partie de leur imagination au vestiaire et se brident de peur de faire "facile".
C'est pas faux. Ça m'avait fait aussi un peu la même impression avec Nino Rota dont je trouve la musique de concert souvent assez terne par rapport à ses musiques de films qui sont souvent plus singulières au niveau des combinaisons instrumentales ("Satyricon" par exemple). Et récemment aussi Howard Shore c'est un peu plié aux conventions du genre avec son opéra "La Mouche", qui lorgnait un peu trop facilement vers la musique contemporaine. Il me paraît plus audacieux finalement de développer dans les musiques de concert, le langage audio-visuel propre à la musique de film parce que c'est une méthode qui est encore assez peu utilisée. Je pense aussi par exemple à la technique du Vidéo-Clip.
Re: La musique de concert de Jerry Goldsmith
Publié : dim. 18 avr. 2010 12:16
par Walden
La musique de concert de Jerry est aussi imaginative et intense que sa musique de film, il n'y a pas de fossé entre les deux, pareil avec Goldenthal par exemple, c'est le même compositeur qui s'exprime
ces partitions n'ont ni la thématique ni la dramaturgie des partitions pour l'écran, c'est une évidence, mais on sent bien que Music ou Christus sont plus abouties que Planet of the Apes, partition qui n'est pas conçue pour le concert, sauf après aménagement autour de quelques pièces majeures
les références à Stravinsky ou Bartok y sont d'ailleurs peut-être trop explicites, contrairement aux deux pièces de concert
Il se trouve qu'à l'époque de Christus et Music for Orchestra, le style atonal était plus à la mode et reflétait aussi son état d'esprit (Music a été composé à un moment difficile de sa vie)
je préfère écouter ces rares œuvres de Jerry pour le concert (il n'y en a pas eu beaucoup plus à ma connaissance, si ce n'est une version ballet de Capricorne One je crois et la toccata pour guitare qui est en téléchargement depuis quelques mois...) que les concertos de John Williams par exemple, qui sont certes importants pour comprendre son art, mais manquent d'intensité et de force comparés à Close Encounters, Minority Report, War of the Worlds, etc
contrairement à Christus ou de Music for Orchestra (deux chef-d'œuvres absolus en ce qui me concerne) qui ont la même force expressive que nombre de partitions pour l'écran
Fireworks est écrite dans un genre plus populaire, car l'époque n'est plus la même, il s'agissait d'un hommage à sa ville natale, pas question de faire dans l'académisme pseudo-intellectuel, il est certain que l'on pense plus à Air Force One qu'à The Mephisto Waltz
Goldsmith reconnaissait bien que le style atonal qui prévalait depuis les années 50 et 60 était complétement daté. Il a eu une lucidité que j'aurai aimé voir partagée par les milieux académiques en France comme ailleurs...
Re: La musique de concert de Jerry Goldsmith
Publié : dim. 18 avr. 2010 12:56
par Taboulez
Je rejoins assez Walden au sujet de Music for Orchestra, ainsi que Christus, que j'ai toujours beaucoup apprécié... À mon avis des pièces importantes dans le parcours musical de Jerry.
En revanche, Fireworks ça reste quand même de la commande assez anecdotique d'un point de vue "musique de concert"... Même si ça reste bien sympathique à écouter.
Concernant Williams je ne suis pas tellement d'accord tout de même. Son Concerto pour Flûte, ainsi que Soundings m'apparaissent des pièces majeures dans la globalité de sa carrière (films + concert). Le second (Soundings), ça fait très longtemps que je ne l'ai pas réécouté, mais dans mon souvenir (peut-être me trompe-t-il, faudrait que je me repasse le morceau pour vérifier) c'était du niveau des meilleurs John Adams.
En ce qui concerne les propos de Dadid et Julien au sujet des corpus classiques de compositeurs de cinéma, je dirais qu'on ne peut pas vraiment généraliser, y a tous les cas de figures: des musiciens qui ont été plus audacieux au cinéma, d'autres plus méticuleux au concert, d'autres encore, aussi bons dans les deux domaines,... Y a pas de règles .
Re: La musique de concert de Jerry Goldsmith
Publié : dim. 18 avr. 2010 14:05
par Janus
Taboulez a écrit :En ce qui concerne les propos de Dadid et Julien au sujet des corpus classiques de compositeurs de cinéma, je dirais qu'on ne peut pas vraiment généraliser, y a tous les cas de figures: des musiciens qui ont été plus audacieux au cinéma, d'autres plus méticuleux au concert, d'autres encore, aussi bon dans les deux domaines,... Y a pas de règles
300% d'accord avec ça! Je pense effectivement que des compositeurs se sont montrés plus audacieux et intéressants dans le domaine de l'image...je pense à ROTA,à WILLIAMS,quoique Taboulez a raison de mentionner son excellent concerto pour flûte,mais si je trouve que Lalo SCHIFRIN a pu exceller dans l'usage de petites et moyennes formations pour le cinéma,lorsqu'il usa du grand orchestre symphonique comme sur AIRPORT 80 ou ABOMINABLE,et bien je trouve le résultat bien plus fonctionnel que poétique. Vaut mieux alors se référer à ses ouvrages symphoniques pour le concert qui sont d'une inspiration bien supérieure et offre une dimension,une couleur assez différente,complètement libérée de l'image. Je pense notamment à sa
magnifique "Sympnony-LILI'UOKALANI",pleine de couleurs et d'émotions.
Re: La musique de concert de Jerry Goldsmith
Publié : dim. 18 avr. 2010 18:31
par Taboulez
Janus a écrit :sa magnifique "Sympnony-LILI'UOKALANI",pleine de couleurs et d'émotions.
Qui est probablement l'oeuvre de Schifrin que je préfère dans toute sa carrière (cinéma, classique et musique populaire) .
Pour les raisons que tu as évoqué d'ailleurs: je retrouve dans cet opus une certaine ampleur telle qu'on ne l'observe pas vraiment dans ses meilleures bandes originales (souvent plus réduites).
Re: La musique de concert de Jerry Goldsmith
Publié : dim. 18 avr. 2010 20:10
par Dadid
Taboulez a écrit :En ce qui concerne les propos de Dadid et Julien au sujet des corpus classiques de compositeurs de cinéma, je dirais qu'on ne peut pas vraiment généraliser
Certes, certes, que Crom (ou un autre) me préserve de cette erreur ! J'en ai d'ailleurs profité pour réécouter l'enregistrement DENON de Goldsmith (je n'ai les enregistrements antérieurs qu'en report CD Tsunami, au son médiocre), et je me dois de tempérer ma (déja relative) déception : l'empreinte du compositeur de musique de film y est bel et bien sensible, en particulier dans certains aspects rythmiques (fin de Music for orchestra par exemple) et du traitement des coeurs annonçant La Malédiction (Christus Appolo) !
Bref, tout ça se défend très bien, même si je continue de penser que Goldsmith aurait pu créer une oeuvre de concert plus originale (et marquer son époque dans ce domaine ?) s'il avait su, non pas moins intellectualiser car ce n'est pas le problème, mais se détacher un peu plus de ses modèles et laisser parler la poudre - comme il savait si bien le faire au cinéma.
Taboulez a écrit :
Janus a écrit :sa magnifique "Sympnony-LILI'UOKALANI",pleine de couleurs et d'émotions.
Qui est probablement l'oeuvre de Schifrin que je préfère dans toute sa carrière (cinéma, classique et musique populaire) .
Pour les raisons que tu as évoqué d'ailleurs: je retrouve dans cet opus une certaine ampleur telle qu'on ne l'observe pas vraiment dans ses meilleures bandes originales (souvent plus réduites).
Là tu m'intrigues, je vais devoir me la procurer ! Sur un mode choral, de Schifrin, j'ai un bon souvenir de ses Cantos Aztecas. Je vais m'empresser de réviser mon DVD !
Re: La musique de concert de Jerry Goldsmith
Publié : lun. 19 avr. 2010 13:23
par Julien
Taboulez a écrit :En ce qui concerne les propos de Dadid et Julien au sujet des corpus classiques de compositeurs de cinéma, je dirais qu'on ne peut pas vraiment généraliser, y a tous les cas de figures: des musiciens qui ont été plus audacieux au cinéma, d'autres plus méticuleux au concert, d'autres encore, aussi bons dans les deux domaines,... Y a pas de règles .
C'est vrai. Mais en fait je parlais aussi d'un concept différent de la musique de concert traditionnelle qui inclue notamment la vidéo. Un peu comme ce que fait par exemple Robert Ashley avec ses installations ou Philip Glass dans certaines de ses pièces; l'opéra en 3D Monsters of Grace par exemple. Bernard Parmegiani a fait quelques expériences je crois aussi... Mais finalement j'ai pas l'impression que les compositeurs de films qui font de la musique de concert ou des opéras soient très intéressés par ce dispositif hybride qui mélange la musique et les techniques du multi-média. Pourtant, vu qu'ils composent pour l'image, ça devrait les inspirer.
Re: La musique de concert de Jerry Goldsmith
Publié : lun. 19 avr. 2010 16:37
par Janus
Julien a écrit :
Taboulez a écrit :En ce qui concerne les propos de Dadid et Julien au sujet des corpus classiques de compositeurs de cinéma, je dirais qu'on ne peut pas vraiment généraliser, y a tous les cas de figures: des musiciens qui ont été plus audacieux au cinéma, d'autres plus méticuleux au concert, d'autres encore, aussi bons dans les deux domaines,... Y a pas de règles .
C'est vrai. Mais en fait je parlais aussi d'un concept différent de la musique de concert traditionnelle qui inclue notamment la vidéo. Un peu comme ce que fait par exemple Robert Ashley avec ses installations ou Philip Glass dans certaines de ses pièces; l'opéra en 3D Monsters of Grace par exemple. Bernard Parmegiani a fait quelques expériences je crois aussi... Mais finalement j'ai pas l'impression que les compositeurs de films qui font de la musique de concert ou des opéras soient très intéressés par ce dispositif hybride qui mélange la musique et les techniques du multi-média. Pourtant, vu qu'ils composent pour l'image, ça devrait les inspirer.
Peut-être que justement les "compositeurs de cinéma" qui éprouvent le besoin d'écrire pour le concert,éprouvent parallèlement le besoin d'échapper complètement à l'image. Souviens-toi du propos de Cronenberg et Shore qui refusèrent
l'usage de la vidéo dans la version opéra de LA MOUCHE,car ils voulaient se débarrasser de tout rapport à l'image,de tout lien
avec le cinéma. Il ne voulait pas d'une oeuvre hybride entre l'opéra et le cinéma. Maintenant,je ne dis pas qu'ils ont eu raison,mais je peux comprendre un tel choix.
Re: La musique de concert de Jerry Goldsmith
Publié : mar. 20 avr. 2010 13:29
par Julien
Oui mais c'est justement ce que je me suis dit d'ailleurs après coup. C'est vrai que l'on peut comprendre qu'ils préfèrent composer leurs musiques comme ils l'entendent sans avoir un réalisateur sur le dos. D'ailleurs j'avais entendu Morricone une fois dire qu'il préférait faire des concerts de ses musiques sans utiliser les images du film, pour avoir une plus grande liberté dans la direction de l'orchestre. Il y en a un quand même qui avait tenté pendant un concert, de synchroniser sa musique avec les images du film, c'était Maurice Jarre avec La Route des Indes, et j'avais trouvé ça vraiment intéressant. Là on assistait vraiment à un concert de Musique de Film. D'autres l'ont sans doute fait aussi d'ailleurs.
Re: La musique de concert de Jerry Goldsmith
Publié : mar. 20 avr. 2010 15:22
par Dadid
Julien a écrit :Il y en a un quand même qui avait tenté pendant un concert, de synchroniser sa musique avec les images du film, c'était Maurice Jarre avec La Route des Indes, et j'avais trouvé ça vraiment intéressant. Là on assistait vraiment à un concert de Musique de Film. D'autres l'ont sans doute fait aussi d'ailleurs.
Williams l'a fait sur l'intégralité de E.T. Une performance intégralement écoutable sur le DVD anniversaire.
Re: La musique de concert de Jerry Goldsmith
Publié : mar. 20 avr. 2010 17:07
par Janus
Dadid a écrit :
Julien a écrit :Il y en a un quand même qui avait tenté pendant un concert, de synchroniser sa musique avec les images du film, c'était Maurice Jarre avec La Route des Indes, et j'avais trouvé ça vraiment intéressant. Là on assistait vraiment à un concert de Musique de Film. D'autres l'ont sans doute fait aussi d'ailleurs.
Williams l'a fait sur l'intégralité de E.T. Une performance intégralement écoutable sur le DVD anniversaire.
Et Ennio Morricone l'avait fait à Gand avec l'intégrale de sa partition pour le film muet RICHARD III,diffusé en live. Personnellement,je n'ai même rien retenu du film ou si peu,bien trop concentré sur la musique. Si je suis dans une salle de
concert,tu peux y faire défiler toutes les images que tu veux,même celles de jolies femmes nues,si la musique est bonne,je ferme les yeux où je fixe les instruments. Dans les deux cas,ce qui se passe sur un écran blanc va vite m'indifférer
Re: La musique de concert de Jerry Goldsmith
Publié : mer. 21 avr. 2010 16:37
par Stephane
Ce Fireworks, franchement, je trouve ça vraiment pas bon, c'est très banal et tellement moins brillant que certaines pages de ses musiques de film. Drôle d'idée d'avoir inclus ça sur le CD.
Music for orchestra et Christus Appolo sont des oeuvres splendides. J'admire la maîtrise avec laquelle Goldsmith s'approprie le langage sériel pour en faire du Goldsmith. Toute proportion gardée, ça me rappelle un peu ce que Stravinsky faisait dans les années 50, dans le Canticum Sacrum ou Agon par exemple. Malgré la discipline d'écriture impliquée par la technique sérielle, il parvenait à faite sonner ça comme du Stravinsky et finalement à exprimer des qualités purement stravinskiennes: le hiératisme, le sens du sacré, la couleur "archaïsante" évoquant la musique du moyen âge ou de la renaissance, le style baroque, etc.
C'est un peu la même chose avec Goldsmith, on reconnaît son énergie féroce, son tranchant orchestral inimitable, la précision de son orchestration...
Et pour ce qui est des fameuses "influences" de Bartok et Stravinsky sur PLANET, je suis assez perplexe...ça ne saute pas aux oreilles quand même. A aucun moment on ne pourrait prendre ça pour du Bartok ou du Stravinsky. Et c'est dodécaphonique, ce qui n'oriente pas spécialement vers ces deux musiciens. Je trouve que ça ne ressemble à pas grand chose en fait. Toute cette vie rythmique foisonnante, ces timbres très "pointus", ciselés, ces sonorités primitives, ce travail sur les échos, la résonance, difficile de rapprocher ça d'une autre composition.
Re: La musique de concert de Jerry Goldsmith
Publié : mer. 21 avr. 2010 19:18
par Janus
Stephane a écrit : A aucun moment on ne pourrait prendre ça pour du Bartok ou du Stravinsky.
les confondre,non,car il me semble quand même que GOLDSMITH a sa personnalité propre,qu'il existe incontestablement un son "Goldsmith",mais cela n'empêche pas les influences,malgré tout. Disons,qu'avec un compositeur de cet acabit,ces influences sont,en général,très bien mâchées,ingérées,digérées et régurgitées. On cite BARTOK,STRAVINSKY,pour LA PLANETE DES SINGES,ce qui n'est pas du tout saugrenu,mais pas VARESE,par exemple,alors que je pense qu'il put être aussi une influence dans le cas qui nous intéresse ici,sans rien affirmer cependant. Je ne sais plus si c'est en écoutant AMERIQUES ou ARCANA (voire IONISATION) que j'ai pensé un peu à LA PLANETE...de GOLDSMITH,ce qui,bien sûr,n'aurait rien d'anormal ni d'étonnant vu que VARESE ne fut pas une figure anodine dans l'histoire musicale du vingtième siècle...Le rapport aux
percussions,les sonorités vives,les piétinements furibonds de l'orchestre,cette sorte de sirène d'appel que VARESE emploie à l'identique dans "Ionisation" et "Amériques"...(GOLDSMITH en emploie une,différente certes - beaucoup moins urbaine et
évoquant une civilisation plus primitive et sauvage - dans le morceau "The Hunt")...le rythme d'"Arcana" secoué,contracté, tordu,finalement un peu aux antipodes de celui du SACRE de STRAVINSKY,un agrégat sonore aux extrémités souvent acérées,
aux timbres vifs où le son y est rarement arrondi,sans le moindre relent d'impressionnisme,à l'inverse d'"Amériques". L'oeuvre est sans doute plus rude et compacte que celle de GOLDSMITH,mais j'y trouve une parenté avec VARESE bien plus visible qu'avec BARTOK,par exemple. Quant au fameux travail sur les échos,nous mettons sans doute le doigt sur l'aspect le plus original de cette B.O..
Ce qui est amusant,c'est qu'aujourd'hui j'ai écouté deux oeuvres pour grande formation de GUILLAUME CONNESSON,ATHANOR
et SUPERNOVA,la première avec soliste et choeurs mixtes,la seconde juste orchestrale,et,en écoutant,lors de certains passages,j'ai eu la nette impression que le jeune compositeur connaissait bien la musique de GOLDSMITH. J'ai déjà trouvé que sa pièce orchestrale d'essence mélodique faisait très "symphonique" de cinéma (dans le bon sens du terme) alors que le premier mouvement "Melanosis" d'ATHENOR m'a vraiment conduit à OMEN.
Alors,je m'en remets au grand sage de ce forum,Walden,pour qu'il me dise si son impression rejoint la mienne ou si j'ai trop
fumé le lino aujourd'hui?
Re: La musique de concert de Jerry Goldsmith
Publié : jeu. 22 avr. 2010 10:43
par Stephane
En général, je préfère éviter cette notion d'"influence" à laquelle on a si souvent recours et qui est tout de même bien floue et surtout impossible à argumenter de manière solide. Seul Goldsmith pourrait dire par quoi il a été "influencé", et ce n'est même pas certain. Et c'est supposer que l'on puisse toujours isoler clairement dans la création musicale des champs que l'on puisse rattacher de manière incontestable à telle ou telle école, tel ou tel musicien, ce qui n'a rien d'évident.
Je suis assez d'accord sur le rapprochement avec Varèse, mais s'agit-il d'une "influence" ? En terme de langage musical, ce n'est pas très évident non plus, peut-être dans la conception orchestrale, l'émancipation de certains pupitres. Je crois qu'il y a une parenté de tempérament artistique: Varèse était, comme Goldsmith, un artiste violent, sa musique exprime une force brutale, une rage, qui se traduit en particulier dans les rythmes et la force des percussions. Mais ces rythmes sont assez différents: celui de Goldsmith peut être cassé, brisé, irrégulier, mais d'une irrégularité ponctuelle qui s'appuie toujours sur une régularité d'ensemble (comme une dissonance peut être expressive dans un fond de consonnance), alors que chez Varèse, en effet, le rythme est cassé, tordu, sans schéma régulier, sans répétition qui permette d'anticiper un évènement sonore.
Re: La musique de concert de Jerry Goldsmith
Publié : jeu. 22 avr. 2010 13:23
par Walden
Janus a écrit :
Stephane a écrit : A aucun moment on ne pourrait prendre ça pour du Bartok ou du Stravinsky.
les confondre,non,car il me semble quand même que GOLDSMITH a sa personnalité propre,qu'il existe incontestablement un son "Goldsmith",mais cela n'empêche pas les influences,malgré tout. Disons,qu'avec un compositeur de cet acabit,ces influences sont,en général,très bien mâchées,ingérées,digérées et régurgitées. On cite BARTOK,STRAVINSKY,pour LA PLANETE DES SINGES,ce qui n'est pas du tout saugrenu,mais pas VARESE,par exemple,alors que je pense qu'il put être aussi une influence dans le cas qui nous intéresse ici,sans rien affirmer cependant. Je ne sais plus si c'est en écoutant AMERIQUES ou ARCANA (voire IONISATION) que j'ai pensé un peu à LA PLANETE...de GOLDSMITH,ce qui,bien sûr,n'aurait rien d'anormal ni d'étonnant vu que VARESE ne fut pas une figure anodine dans l'histoire musicale du vingtième siècle...Le rapport aux
percussions,les sonorités vives,les piétinements furibonds de l'orchestre,cette sorte de sirène d'appel que VARESE emploie à l'identique dans "Ionisation" et "Amériques"...(GOLDSMITH en emploie une,différente certes - beaucoup moins urbaine et
évoquant une civilisation plus primitive et sauvage - dans le morceau "The Hunt")...le rythme d'"Arcana" secoué,contracté, tordu,finalement un peu aux antipodes de celui du SACRE de STRAVINSKY,un agrégat sonore aux extrémités souvent acérées,
aux timbres vifs où le son y est rarement arrondi,sans le moindre relent d'impressionnisme,à l'inverse d'"Amériques". L'oeuvre est sans doute plus rude et compacte que celle de GOLDSMITH,mais j'y trouve une parenté avec VARESE bien plus visible qu'avec BARTOK,par exemple. Quant au fameux travail sur les échos,nous mettons sans doute le doigt sur l'aspect le plus original de cette B.O..
Ce qui est amusant,c'est qu'aujourd'hui j'ai écouté deux oeuvres pour grande formation de GUILLAUME CONNESSON,ATHANOR
et SUPERNOVA,la première avec soliste et choeurs mixtes,la seconde juste orchestrale,et,en écoutant,lors de certains passages,j'ai eu la nette impression que le jeune compositeur connaissait bien la musique de GOLDSMITH. J'ai déjà trouvé que sa pièce orchestrale d'essence mélodique faisait très "symphonique" de cinéma (dans le bon sens du terme) alors que le premier mouvement "Melanosis" d'ATHENOR m'a vraiment conduit à OMEN.
Alors,je m'en remets au grand sage de ce forum,Walden,pour qu'il me dise si son impression rejoint la mienne ou si j'ai trop
fumé le lino aujourd'hui?
l'influence de Varèse était bien sûr importante pour cette génération, et pour ce genre de partitions en particulier, celle d'Alex North aussi
quant au rapprochement avec la musique orchestrale de Guillaume Connesson, je suis très intéressé ami Janus, je me précipiterai sur ces œuvres dès que possible !
Re: La musique de concert de Jerry Goldsmith
Publié : jeu. 22 avr. 2010 13:56
par Janus
Stephane a écrit :Je suis assez d'accord sur le rapprochement avec Varèse, mais s'agit-il d'une "influence" ?
C'est effectivement une bonne question et c'est pour cette raison qu'à la fin de mon commentaire je lui préfère le terme "parenté" qui est beaucoup moins affirmatif. Sinon,je suis d'accord avec l'ensemble de ton propos. J'estime qu'en général,un
créateur,peintre,écrivain,musicien,subit des influences,des influences multiples,conscientes et inconscientes,certaines pouvant
paraître évidentes et d'autres plus discutables...qu'importe,au fond! L'essentiel étant ailleurs,dans ce qui constitue la singularité
d'un artiste non-transparent et inventif.
Re: La musique de concert de Jerry Goldsmith
Publié : jeu. 22 avr. 2010 14:58
par Julien
A mon avis, il y a tellement d'influences musicales chez Goldsmith qu'on finit par ne plus en reconnaître aucune. Christus est une œuvre assez composite. Ce n'est pas du dodécaphonisme radical comme chez Schoenberg. On sent que Goldsmith est aussi attiré par la tonalité. Dans les voix ça sonne très américain je trouve. Certains chants religieux traditionnels dans les églises... Le rapprochement avec le Canticum Sacrum de Stravinski est d'ailleurs assez pertinent parce que dans cette pièce, on trouve pas mal d'alternances entre la musique tonale et atonale. Stravinski d'ailleurs n'a jamais adhéré totalement au principe de la musique sérielle. Il l'a plutôt intégré à son propre style comme chez Goldsmith.
Re: La musique de concert de Jerry Goldsmith
Publié : jeu. 22 avr. 2010 19:01
par Alien7
Goldsmith ne s'est jamais caché de ses influences, qu'il s'agisse de Bartok (FREUD en particulier, qui cite quasi explicitement l'adagio de la "musique pour cordes, percussions et célesta", mais aussi ESCAPE FROM PLANET OF THE APES et THE SATAN BUG), Varèse (PLANET OF THE APES, mais aussi SEVEN DAYS IN MAY qui se rapproche pas mal du travail sur les percussions de "Ionisation"), Berg (FREUD encore une fois), Stravinsky ("Hot Water" de OUTLAND, TOTAL RECALL) ou même des impressionnistes français comme Debussy (ISLANDS IN THE STREAM ou bien encore "The Landing" de ALIEN) ou Ravel (LEGEND), et même d'autres musiciens français comme Roussel (INNERSPACE) et Messiaen (POLTERGEIST), sans oublier un peu de Prokofiev dans THE FIRST GREAT TRAIN ROBBERY ou SUPERGIRL, ou du Penderecki dans ALIEN ("The Droid") ou THE MEPHISTO WALTZ. Il y a aussi toutes les oeuvres dodécaphoniques du compositeur, comme THE ILLUSTRATED MAN, PLANET OF THE APES (le générique de début, avec une série de 12 sons trafiquée pour des raisons purement musicales) et THE SATAN BUG. En écoutant bien, on pourra même trouver un peu de Bernard Herrmann dans STAR TREK THE MOTION PICTURE (avec une vague ressemblance d'un motif avec celui de VERTIGO). Quand on sait à quel point Herrmann détestait Goldsmith, quelle ironie...
Cela n'enlève effectivement en rien la richesse et la personnalité musicale de Goldsmith, car de la personnalité, le bonhomme en avait à revendre !
Et de plus, chez Goldsmith, les influences ont toujours été maîtrisées et il a toujours su éviter le piège des citations faciles ou des pompes à tout va ! Cela reste toujours fait avec délicatesse et goût !
Pour info, je vous rappelle l'adresse de mon site sur Jerry Goldsmith, avec analyses très détaillées à l'appui (incluant extraits sur partition) de certains de ses plus grands chef-d'oeuvres :
Et pour en revenir à Varèse, il est vrai que l'on parle peu de ce compositeur, pourtant un musicien majeur dans le paysage américain du 20ème siècle, avec Charles Ives, John Adams, Phillip Glass, Aaron Copland, Steve Reich, John Cage ou les post/néo-romantiques comme Howard Hanson ou Samuel Barber. Varèse a laissé des traces chez Goldsmith, c'est sûr (PLANET OF THE APES est là pour en témoigner) mais aussi chez John Williams (je pense à un passage de HARRY POTTER 1, IMAGES ou même certains passages plus chaotiques et sombres de la THE EMPIRE STRIKES BACK ou de RETURN OF THE JEDI) ou même Alex North (DRAGONSLAYER se rapproche beaucoup par moment de l'esthétique de "Arcana" ou "Amériques"). Varèse a instauré cette façon d'émanciper les timbres, notamment dans le pupitre des percussions, qui a laissé des traces par la suite, un peu comme pour signifier que chaque instrument possède enfin son indépendance et n'est plus rattachée à une "hériarchie" sonore. C'est ce qui fait la force de "Arcana" et "Amériques", ou même de "Ionisation" ou, d'une façon plus nuancée, des pièces comme "Déserts", "Hyperprism" et le méconnu "Tuning Up". Je trouve que Varèse a pas mal influencé bon nombre de compositeurs par la suite. Je pense en particulier à Günther Becker avec des pièces orchestrales comme "Stabil-Instabil" qui se rapproche beaucoup des premières grandes partitions symphoniques de Varèse.
Re: La musique de concert de Jerry Goldsmith
Publié : jeu. 22 avr. 2010 19:34
par Janus
Il a l'air vraiment super ton site...visuellement,il en jette...
Re: La musique de concert de Jerry Goldsmith
Publié : jeu. 22 avr. 2010 19:40
par Alien7
Merci, mais le design est dû à mon ami Pascal Dupont, qui a aussi crée le site officiel de Georges Delerue.
Pour ma part, en plus des articles et des analyses musicales, j'ai aussi composé le petit arrangement musical d'intro du site, inspiré d'une ancienne musique TV de Goldsmith datant de sa période à la CBS.
Pour les analyses détaillées, rendez-vous à la rubrique "The Art" puis "Chef-d'oeuvres". J'ai fait des analyses avec extraits de partition pour FREUD, ALIEN et STAR TREK THE MOTION PICTURE. Pour les mois à venir, on va revoir un peu la frame qui est actuellement trop serrée, au milieu de l'écran, ça rend le texte trop tassé, trop compact, mais bon, étant donné que Pascal a dû y mettre de sa poche pour payer le programmeur du site, pas facile de faire des grosses modifs après...on y travaille !
Re: La musique de concert de Jerry Goldsmith
Publié : jeu. 22 avr. 2010 19:44
par Janus
Merci pour ces précisions car j'ignorais l'existence de ce site que j'irai approfondir dans les jours à venir. Pour la petite musique
que tu as composée,désolé,je suis un forumeur rendu sourd par un problème de son récurrent.
Re: La musique de concert de Jerry Goldsmith
Publié : ven. 23 avr. 2010 10:10
par Stephane
Je consulte régulièrement le site d'Alien 7 où on trouve beaucoup d'infos bien utiles. Très bonne base de données quand on écrit sur Goldsmith !