Il aura suffi que BarryTheBest nous fasse tous frémir d'épouvante avec un chimérique Jaws 5 où Bruce irait chercher sa pitance jusque dans les nuages, pour que je sois pris du désir incoercible de mettre sur pied ce topic en forme de benne à ordures. Libre à vous d'y jeter négligemment les pires morceaux de cinéma et de télévision que vous ayez jamais eu le malheur (ou la joie primitive, qui sait) d'expérimenter. Et n'éprouvez surtout aucun scrupule à écraser le champignon, rien ne saurait être incongru en ce lieu !

Pour ma part, histoire de barboter encore un peu en compagnie de requins gloutons, j'ouvre le bal avec cette séquence " hénaurme " de Shark Attack 3, que nous devons aux têtes pensantes de Nu Image, grands pourvoyeurs de Z animalier.

Vous pensiez, forumeurs à l'esprit étriqué, que d'innofensifs (quoique gluants) gastéropodes ne sauraient être aussi néfastes pour la santé que les puissantes mâchoires d'un squale affamé ? Eh bien laissez-moi vous dire que vous vous êtes fourvoyés en beauté, et le grand Lucio Fulci, avec sa délicatesse proverbiale, va d'ailleurs vous le prouver séance tenante.

La malheureuse a dû sacrément en baver.

En hommage à la chaîne de feu la Cinq et à tous ces chefs-d'œuvre du genre, que l'on pouvait voir le soir, en première partie de soirée et qui vous forgent une cinéphilie.

Laissons nos amis les animaux à leurs mortelles exactions et allons jeter un oeil ébaubi sur les outrances candides de Bollywood. Un peu trop commodément réduit à ses numéros chantés bigarrés et son sentimentalisme guimauve, le cinéma indien en connaît aussi un rayon sur l'action pétaradante et les corps-à-corps virils. La preuve en images avec cet ahurissant mano a mano et cette empoignade à un contre vingt, dont les chorégraphies anti-gravitationnelles et le montage presque avant-gardiste feraient blêmir de honte tous les ténors du bourre-pif au cinéma. Sans parler des cascades out of this world dont les Indiens se sont fait une spécialité, n'hésitant pas, comme ici, à sacrifier pour la cause de fougueux étalons.

Après tant d'émotion, un petit remontant (en l'occurence, un pot-pourri aussi bref que jouissif des excentricités locales) serait de bon aloi. Ne reste plus, désormais, qu'à clore les festivités en judicieuse compagnie, celle, pour le moins imposante, de Sunny Deol, figure incontournable du film d'action indien. Et vous allez vite vous apercevoir que, dans sa folie vengeresse, notre homme ne fait pas les choses à moitié.

Des petites perle à ne pas manquer
Hitman, The Cobra à la Française

Du Kung Fu à l'état pure

Cool tous ces liens, et en plus ça donne envie de voir les films.

Perso, j'ai une grande affection pour le titanesque et sauvage Les Guerriers du Bronx 2, avec l'acteur shakespearien Mark Gregory, dans le rôle de "Trash".
C'est une véritable pépite, du début à la fin. Y a rien à jeter, c'est une ode à la bonne humeur.
Ce chef-d'oeuvre vaut bien trois extraits:
Quand Trash sort son flingue, ça fait mal
A bas le lance-roquettes, Vive le fusil (et puis, ça fait toujours plaisir de revoir Henry Silva).
Un film à gros buget (sympa le poster du héros chez ses parents, la buée sur la visière, la visière cassée... pas cassée, les uniformes des super-commandos, etc..... ).

Bref j'adore ce film (dû à un traumatisme humoristique dans ma jeunesse).

ça j'aime trop. Et ça se passe de commentaire...
C'est bien la peine d'avoir un silencieux :

J'aime bien aussi Fuga del Bronx, qui reste objectivement un naveton fauché mais parvient à être toujours distrayant, par son rythme carrément infernal (les sulfateuses n'arrêtent pour ainsi dire jamais de parler) et le savoir-faire indéniable d'Enzo G. Castellari. Même si ce dernier a déjà été plus à son avantage, c'est certain. Quant à la sélection de Biguimot, excellent choix, ma foi, que le second extrait, qui compile les moments les plus grâcieux du cultissime Story of Ricky de Nam Nai-choi; le premier, en revanche (Mike Abbott et l'impérial Richard Harrison font joujou avec leur artillerie sous la direction avisée de Godfrey Ho), vaut surtout pour son truculent doublage français. Et maintenant que j'y pense, ce serait une chouette idée de bricoler un post en l'honneur de cette vieille ganache de Godfrey...

Lee Van Cleef a écrit :La preuve en images avec cet ahurissant mano a mano

Celle-là est tout simplement énorme . Les biomans eux-mêmes pourraient en tirer des leçons de ringardise. Arf, la petite danse de victoire à la fin (surtout qu'elle surgit alors qu'on a pas encore eu le temps de se remettre du salto avec tatanes en lévitation !).

Alors là, camarades, je ne vous cacherais pas qu'il s'agit avant tout de me faire plaisir en effectuant cette petite virée au pays enchanté des ninjas. Et qui mieux que l'inénarrable Godfrey Ho, saint Patron des assassins en pyjamas, saurait nous servir de guide ? Ouvrez grandes vos esgourdes, faites fi des sarcasmes des esprits trop cartésiens et découvrez les noirs secrets de ceux qui arpentent les chemins sanglants du ninjitsu.

Attendant son heure, tapi dans l'ombre, le ninja prouve que sa dimension quasi-mythologique n'a rien d'usurpée en usant de facultés surhumaines, pour ne pas dire démoniaques. Pourtant, face à ses ennemis les plus coriaces, il n'a parfois d'autre alternative que de s'en remettre à sa science non moins légendaire du combat. L'occasion nous est alors donnée d'admirer des vêtements presque aussi colorés que l'arc-en-ciel (car oui, le ninja, de tempérament frivole, aime à se parer des toilettes les plus sophistiquées), occasion hélas trop brève devant l'assaut immédiat et fulgurant du terrible guerrier. Le katana, qu'il emploie avec une inconcevable dextérité, reste son outil de prédilection, mais quand le besoin s'en fait ressentir, il n'hésite pas à déployer une spectaculaire batterie d'armes peu orthodoxes, certes, mais d'une sidérante efficacité. Ce n'est qu'une fois sa mission accomplie que le ninja, s'autorisant enfin à rompre une impassibilité de tous les instants, laisse éclater la joie farouche qui embrase son âme.

J'espère, compagnons, que la balade vous a autant réjoui que moi (ah, tous ces souvenirs que m'ont laissés mes vieilles VHS crépitantes et grésillantes). Quoi qu'il en soit, cet excellent récapitulatif devrait vous aider à digérer au mieux la somme folle d'informations sur ce vaste sujet. Et maintenant que nous avons atteint le bout de la route, profitons-en pour adresser un vibrant salut au plus grand des combattants de la nuit, l'homme dont la seule évocation a, de tout temps, secoué de frissons glacés même les plus chevronnés et impitoyables des ninjas.

Je me permets de venir défendre
les couleurs françaises

Cocorico !!

Attention hein, il y a des amateurs de Jean Rollin ici sur ce forum. A mon avis y'a quand même pire dans le genre.

J'aime bien Rollin, mais il me semble aussi qu'il correspond à la définition "ridicule, risible, ringue et Dieu sait quoi".

Tu tombes mal, il se trouve que c'est l'un des réalisateurs dont je me sens le plus proche. Par-delà les aberrations de sa filmographie, il reste l'un des rares vrais poètes que nous ait donné le cinéma hexagonal.

Désolé de t'avoir froissé, mon cher Emissary, mais c'est sans doute parce que la frontière entre la poésie et le ridicule est parfois très mince. Et je pense que Rollin l'a traversé très souvent.
Quelqu'un est ridicule quand il fait rire involontairement, donc je continuerai de penser que cela correspond à Rollin, à moins que tu m'apprennes qu'il a toujours cherché à êtrre comique.
Et pour terminer, j'avoue que chez les Rollin, je me sens beaucoup plus proche de François.

Permets-moi de te rassurer, ma susceptibilité est pareille à mes costumes, infroissable.

J'ai moi aussi une certaine tendresse pour Jean Rollin et la sincérité naïve qui parcourt l'essentiel de son oeuvre. Mais, à l'instar d'un Jess Franco, le cinéaste a sombré plus souvent qu'à son tour dans les tréfonds du Z bourbeux, là où le cabotinage d'acteurs de quinzième zone, les effets décidément très " spéciaux ", l'indigence cataclysmique du script (lorsqu'il y en a un) et le je-m'en-foutisme nonchalant de la mise en scène finissent par avoir la peau de toutes les velléités poétiques du monde. Donc oui, ce cher Jeannot n'a pas volé sa place dans un topic aussi gouleyant que celui-ci.

Maintenant que j'y réfléchis, il y a, en matière de Z français résolument crétin et foutraque, deux véritables pointures dont la présence en ces lieux ne devrait soulever, je pense, aucune polémique. Accueillons donc par un tonnerre d'applaudissements messieurs Richard J. Thomson (au fait, Richie, à quand la suite universellement attendue de Time Demon ?) et Norbert Moutier.

Dans la glorieuse continuité du lien posté par Biguimot, tout entier dévoué aux bienfaits que peut exercer sur les zygomatiques un doublage au 36ème dessous (" Philiiiiippe ! "), voici un florilège de ce que nous à livré de plus extravagant et frappadingue la mythique version française de Hokuto no Ken, alias Ken le Survivant. Pour nombre d'entre nous, il flotte soudain dans l'air un doux parfum de nostalgie, au souvenir des incroyables sorties de piste d'une troupe de comédiens pour qui l'improvisation non-sensique n'avait plus le moindre secret. Ce pieux respect du texte original (puisqu'on vous le dit !) aura débouché, entre autres, sur le précieux chef-d'oeuvre dit de " La Rambarde et l'Architecte ", dont Jean de La Fontaine aurait certainement tiré une de ces morales savoureuses connues de lui seul (genre : " A trop vouloir conter fleurette, l'impudent s'en trouve fatalement rambardé ", ou quelque chose d'approchant).

Et puisque nous en sommes à parler couteau de cuisine, ayons aussi une pensée émue pour l'infâme adaptation live des sanglantes aventures de l'impitoyable Kenshiro, où se sont fourvoyés on ne sait trop comment Melvin Van Peebles, Malcolm McDowell et le regretté Chris Penn. Inutile de préciser, je pense, que le très expressif Gary Daniels, en revanche, ne dépare jamais au sein des ruines en carton-pâte de cet ersatz fauché comme les blés de Mad Max.

Un lien qui met de bonne humeur ! Merci Lee.
Et je les soupçonne d'avoir tellement mis d'argent dans les décors et les effets spéciaux, qu'ils n'avaient plus de pognon pour payer le "atatatatata..."

En effet, Gary Daniels exigeait un cachet faramineux pour étourdir les spectateurs de son timbre de voix si mélodieux. Du coup, il en est resté coi... Pas sûr, de toute façon, que la " valeur artistique " (à défaut d'employer une expression plus adéquate) de cet affligeant Fist of the North Star s'en serait soudain trouvé décuplée. Mieux vaut revenir dans le giron de la bonne vieille série animée, surtout avec une VF si incroyablement fertile en sidérantes pépites. Pour ne rien cacher, j'avais fini par oublier jusqu'à quel degré de surréalisme s'étaient hissés les comédiens en charge du doublage. M'est avis qu'à l'époque, ils ne lésinaient pas sur la consommation de champignons hallucinogènes et d'herbe-qui-fait-rire.

Notre ami Wyatt, qui, sur ce forum, a plus souvent qu'à son tour déchargé sa Winchester sur le somptueusement nul Truands, m'a fait me souvenir avec un sourire ému de l'aîné tout aussi branlant du naveton de Frédéric Schoendoerffer, Ne Réveillez pas un Flic qui Dort. Dans ce polar qui semble n'avoir d'autre but que servir la soupe au narcissisme d'Alain Delon, on assiste dans la joie et l'exubérance à des torrents d'une violence merveilleusement gratuite, des punchlines si délicates et fleuries qu'elles arracheraient des hennissements de rire à tout Misquamacus digne de ce nom, des scènes d'action torchées sans conviction par un José Pinheiro ankylosé et des numéros d'acteur qui valent leur pesant de dinars. A ce titre, si Truands peut s'enorgueillir du cabotinage surréaliste de l'inénarrable Philippe Caubère, Ne Réveillez pas un Flic qui Dort, lui, mise le paquet sur Michel Serrault. Aussi raide qu'un manche à balai, la trogne déformée par d'hilarants rictus et beuglant de temps à autre sa sentence favorite (" Tu vas payer, ordure ! "), l'acteur s'acharne à prouver à ses partisans les plus fanatiques que lui aussi, quand il l'a résolu, peut livrer des prestations en-dessous de tout. On le voit d'ailleurs ici, l'oeil morne aux côtés de Pierre Tchernia, évoquer le film d'une voix sans timbre; s'en foutant si éperdument, à dire vrai, qu'il ne cherche même pas à camoufler ses sentiments sous un discours promotionnel balisé.

Lee Van Cleef a écrit :Notre ami Wyatt, qui, sur ce forum, a plus souvent qu'à son tour déchargé sa Winchester sur le somptueusement nul Truands

aahh "Truands",un traumatisme ce film!