voilà donc la fameuse adaptation qui valut à la belle Kate son oscar tout doré qui brille

pas lu le livre, la fiction littéraire contemporaine n'étant pas une préoccupation personnelle

donc le film : je le vois comme le portrait d'un homme, qui a connu cette femme à 15 ans, découvrit l'amour avec elle, mais aussi la perte, le premier chagrin
devenu étudiant en droit il découvre à travers son cas (elle fut employée par Siemens pour aller faire garde chiourme à...Auschwitz...) une forme de conscience morale (ou politique peut-être)...puis à l'âge adulte, avocat, il se donne pour mission d'apprendre à cette femme à lire alors qu'elle purge sa peine (pour une raison que connaisse ceux qui ont lu le livre ou vu le film)
puis le film se termine (entre autre) par les retrouvailles de cet homme avec sa fille unique, il se confie alors à elle (l'histoire secrète et intime étant un fondement du récit)

je ne souhaite pas dévoiler tous les ressorts du film si vous pensez aller le voir

mais toute la vie de ce Michael Berg (joué par Ralph) se construit autour de cette femme, illettrée, capturée par l'Histoire, celle de l'Allemagne contemporaine, cette nation qui a du surmonter le traumatisme que l'on connaît, qui a douté d'elle même, de son identité, la culpabilité et l'effroi des jeunes générations ayant participé à son édification d'après l'Occupation

niveau interprètes, pas grand chose à dire, c'est du costaud, des poids lourds comme Kate Winslet ou Ralph Fiennes assurent, le jeune comédien qui joue Ralph jeune est également très bon

niveau esthétique, l'image repose sur une palette de couleurs sobres qui s'harmonisent bien avec le ton doux et triste du film (sans être pesant), la musique est également très souvent présente mais....effacée, le hautbois est très présent comme couleur instrumentale un peu "chaude" (voix du personnage de Kate ?) mais le jeu respecte le ton feutré du film

un film à voir pour ses interprètes et son sujet, qui mêle la petite et la grande histoire, les sentiments intimes et les affres de la nation allemande, tout en nous conduisant dans sa dernière partie dans une sphère humaine belle et complexe, pleine d'émotions contradictoires et d'interrogations, pas si simple de se faire un avis définitif sur le destin de cette femme que Kate Winslet incarne avec courage

Il a l'air vachement chiant, ton film, là !

André Marek a écrit :Il a l'air vachement chiant, ton film, là !

ce n'est pas le cas (bon après il y encore Transformers 2 dans les salles pour exciter les pulsions pubères )

André Marek a écrit :Il a l'air vachement chiant, ton film, là !

Ah c'est sûr que ce n'est pas un film très "mad"...mais ça n'empêche qu'il est excellent, et Kate Winslet y confirme une fois de plus qu'elle est une immense comédienne.

Un très bon film qui ne se limite pas à l'histoire intimiste de cet homme marqué à vie par un amour de jeunesse.
Sous couvert de la première histoire d'amour d'un ado, The Reader traite avec beaucoup de justesse (je trouve) de la responsabilité personnelle (et ses limites) et du système de justice. C'est d'ailleurs pour cela que je l'ai trouvé aussi fort. Le personnage du professeur, interprété par Bruno Ganz, a je pense un rôle central mais si secondaire (j'ai pris en pleine figure sa grande tirade dans l'amphi où il explique la différence entre justice et morale).

On a là un type qui à un moment donné de sa vie fait un choix et devra vivre avec. D'un autre côté, on a une femme rattrapée par son passé, incarnant toutes les interrogations et les imcompréhensions du monde d'après guerre : comment un être humain normalement constitué a-t-il pu faire le choix d'aller "travailler" à Auschwitz ? Stephen Daldry n'apporte pas de réponses (qui pourrait ?) et comme tu le dis Walden, il est bien difficile de se faire une opinion définitive sur cette femme... tout comme il est très difficile de se mettre dans le contexte historique d'un peuple à la dérive, cherchant à tout prix des coupables et des boucs émissaires tout en oubliant que eux aussi savaient... où commence et où s'arrête la responsabilité de chacun ?

Indirectement, le film traite également de la misère intellectuelle et de ses dérives.

Et tout ça de manière très feutré, et très émouvante (sans être larmoyante heureusement).

Isaius a écrit :Un très bon film qui ne se limite pas à l'histoire intimiste de cet homme marqué à vie par un amour de jeunesse.
Sous couvert de la première histoire d'amour d'un ado, The Reader traite avec beaucoup de justesse (je trouve) de la responsabilité personnelle (et ses limites) et du système de justice. C'est d'ailleurs pour cela que je l'ai trouvé aussi fort. Le personnage du professeur, interprété par Bruno Ganz, a je pense un rôle central mais si secondaire (j'ai pris en pleine figure sa grande tirade dans l'amphi où il explique la différence entre justice et morale).

On a là un type qui à un moment donné de sa vie fait un choix et devra vivre avec. D'un autre côté, on a une femme rattrapée par son passé, incarnant toutes les interrogations et les incompréhensions du monde d'après guerre : comment un être humain normalement constitué a-t-il pu faire le choix d'aller "travailler" à Auschwitz ? Stephen Daldry n'apporte pas de réponses (qui pourrait ?) et comme tu le dis Walden, il est bien difficile de se faire une opinion définitive sur cette femme... tout comme il est très difficile de se mettre dans le contexte historique d'un peuple à la dérive, cherchant à tout prix des coupables et des boucs émissaires tout en oubliant que eux aussi savaient... où commence et où s'arrête la responsabilité de chacun ?

Indirectement, le film traite également de la misère intellectuelle et de ses dérives.

Et tout ça de manière très feutré, et très émouvante (sans être larmoyante heureusement).

bravo chère Isaius pour cette réflexion, on est loin des pensées fugaces de ce barbare populiste de André !

haaaaa, la responsabilité personnelle, en effet, c'est un débat, jusqu'où parle t-on de responsabilité personnelle ? Jusqu'où parle t-on de déterminisme ? Ou nous situons nous dans le maelström de l'Histoire ? Ce Michael Berg est initié aux choses de la vie par le pur désir sexuel adolescent et ne les voit que par lui...C'est plus tard que sa conscience se forge, par la douleur, le déchirement, mais la conviction qui en résulte est plus forte....

mais comment juger ces gens ? Devons nous nous draper nous autres jeunes générations nées dans l'abondance et la paix dans des manteaux de vertu trop larges pour nous ? Tout en ayant des convictions bien sûr....

la misère intellectuelle et ses dérives, et oui, c'est vrai, mais cela n'a pas empêché des êtres très éduqués de soutenir et de nourrir ce système

tu as raison de mettre en valeur ce professeur de Droit non dogmatique qui de façon pédagogique, nous propose cette différence entre Loi et Morale....il nous rappelait que seul le droit pouvait mener à ces actions en justice expiatoires, la Morale n'étant finalement qu'un contexte...variable...Le procès de Nuremberg est un cas d'école, il s'agit de la façon qu'avait les nations victorieuses (l'impérialisme de l'Amérique des affaires, la dictature stalinienne...) de définir jusqu'où allait le bien...selon elles...ce procès n'a pas empêché ni les États-Unis ni l'Union soviétique de commettre juste après des crimes contre l'Humanité...selon la définition admise ...à Nuremberg...


après tout, quand on pense à toutes les saloperies que des sociétés comme les nôtres font au nom de la "démocratie" ou des "droits de l'Homme", notions morales très estimables qui ne servent qu'à couvrir notre rapacité, notre volonté animale de survivre...que la mécanique du Droit pourrait aisément justifier...La Françafrique, pour la nation gauloise, c'est l'exemple ultime...La France a besoin d'uranium pour ses centrales nucléaires, de pétrole et de gaz pour son industrie ? Les partis politiques ont besoin de financement ? Hé bien, entretenons de bonnes relations avec des despotes de l'Afrique francophone, qui s'enrichissent grâce à leurs relations privilégiées avec Paris, qui gonflent leurs comptes en banque, qui achètent de l'immobilier à tout va, tout en laissant la majorité de la population (désormais indépendante n'est ce pas ? C'est la loi qui le dit...) dans une forme de sous-développement très inégalitaire (Congo Brazzaville, Gabon, etc), ne la laissant pas profiter des richesses de leur sol...et voilà comment la "nation des droits de l'homme" couvre ses immondices et son inhumanité de pseudo-morale, à travers l'arnaque de la "coopération", du "culturel", et surtout, de l'indifférence ou de l'ignorance de sa population...(on pense à cette femme illettrée de THE READER mais aujourd'hui"hui, avec une population "lettrée", au ventre plein, gavée de JT les choses sont-elles si différentes ?) le droit ? oui, outil efficace s'il est utilisé par les puissants et leurs avocats grassement payés, sachant profiter du système, disposant de moyens de pression et de ressources pouvant faire plier les roseaux

de l'autre côté de la chaîne, il suffit de voir comment les plaignants africains qui ont tenté de mettre en cause les dirigeants de leurs pays pour détournements de fonds publics (achats de propriétés luxueuses en utilisant l'argent destiné à être investi pour soutenir le développement) ont été gentiment repoussés par le système judiciaire français....Après la France se permet de donner des leçons de morale à l'Iran, à l'Afrique, au reste du Monde ("l(homme africain n'est pas rentré dans l'Histoire" selon Sarko et son âme damnée Guainot...)...je ne parle même pas de nos convoitises du pétrole irakien (doublés par les amerloques intégristes nous fûmes...) ou de l'Asie centrale (haaa oui, nous menons une guerre juste en Afghanistan, narco-état....comme le fit Alexandre, l'Empire britannique, les Soviétiques, avec le succès que l'on connaît...)

bref, comment sous couvert du vernis de la civilisation nous nous comportons comme les dictatures que nous stigmatisons, parfois pire, dans le grand concerts des nations....

Homer a écrit :

André Marek a écrit :Il a l'air vachement chiant, ton film, là !

Ah c'est sûr que ce n'est pas un film très "mad"...mais ça n'empêche qu'il est excellent, et Kate Winslet y confirme une fois de plus qu'elle est une immense comédienne.

J'adore Kate Winslet...Mais le type qui a réalisé The Reader est celui qui a fait The Hours, et ça, ça me freine méchamment.
Je crois que je vais plutôt aller voir Young Victoria, qui pour le coup n'est pas très Mad non plus (Homer, si tu voyais ma DVDthèque, tu serais surpris du peu de films Mad qui s'y trouvent...).

André Marek a écrit :(Homer, si tu voyais ma DVDthèque, tu serais surpris du peu de films Mad qui s'y trouvent...).

Je me doute bien, je te taquinais en fait...