Pierrebrrr a écrit :Sans doute, mais ce que tu ne peux pas nier c'est que ces fanfaronnades de cuivre pour salle de gym on quand même une énergie qui fait taper du pied et sautiller sur son fauteuil

C'est d'une voix tonnante de baryton, bien au contraire, camarade Pierrot, que je nie les vertus énergisantes accordées un peu trop généreusement aux occasionnelles bourrinades de King Arthur. Quand Pemberton, digne d'éloges tant qu'il se marre à tourner les codes hollywoodiens en bourrique, se laisse aller aux boursouflures à l'évidence incontournables du tout-venant, je n'y entends plus que bastringue chaotique et crash test acoustique. C'est verruqueux, c'est gras à lard, c'est aussi ingrat que chez le voisin... Non, vraiment, je préfère le compositeur en maverick jamais à court d'idées extravagantes qu'en affréteur sans état d'âme de gros son.

T'es vieux, c'est tout.
Allez, cite-moi une zique un peu basique carrée trois accords une rythmique en 4/4 qui t'ai excité les mollets mmmh ?

Si on met de côté le sexisme maladif de Guy Ritchie, ce King Arthur est un joyeux bordel plutôt réussi qui remixe la légende plus qu'il ne la réinvente. Pemberton assure grave et mes amis en sortant me demandait "c'est qui le compositeur ? trop bien la musique ! ah la la les voix trop cools !" Ce que je note surtout c'est qu'à la différence des derniers gros blockbusters — orchestraux ou pas —, Ritchie sait rythmer son film avec de la musique et la mettre au niveau qu'il convient. Le délire électro-rock-percussif-je-souffle-dans-le-micro (par Pemberton himself) est une vraie réussite pour moi.

Pemberton et Ritchie se sont bien trouvés. Les deux ont de l'énergie à revendre et plein d'idées (quitte à parfois se disperser).

La musique de Pemberton fonctionne du tonnerre à l'écran et a vraiment été composée en fonction des séquences et montées comme il le faut (ça devient rare...). Alors certes Pemberton n'est pas spécialiste de l'écriture thématique (ici il y a quand même un thème / motif - contrairement à Man from UNCLE - qui aurait pu être plus développé d'ailleurs) mais son alchimie avec les images file un barreau d'enfer ! Autant Pemberton m'emmerde profondément dans les autres films autant chez Ritchie il y a truc qui se passe. Et j'adore le film au passage.
Hail to the King !

Bah tu sens qu'il a dû se calmer en passant sur des films sérieux... Ses débuts à la télé anglaise ou dans les jeux vidéo sont des joyeux bordels bourrés d'idée, frais et passionnants (The Game, Dirk Gentle, Little Big Planet). Du coup Ritchie et Pemberton, ils vont bien ensemble. Je l'aurais pas forcément vu sur le Alien: Covenant ou l'Exodus de Scott après leur excellente collaboration sur The Counselor.

J'adore son Steve Jobs aussi. Quelle partition !

Le Yéti a écrit :Bah tu sens qu'il a dû se calmer en passant sur des films sérieux... Ses débuts à la télé anglaise ou dans les jeux vidéo sont des joyeux bordels bourrés d'idée, frais et passionnants (The Game, Dirk Gentle, Little Big Planet). Du coup Ritchie et Pemberton, ils vont bien ensemble. Je l'aurais pas forcément vu sur le Alien: Covenant ou l'Exodus de Scott après leur excellente collaboration sur The Counselor.

J'adore son Steve Jobs aussi. Quelle partition !

Peut-être pas effectivement sur Exodus - pas sûr que son style puisse se fondre dans une fresque historique "classique". En revanche, je pense qu'il aurait pu apporter quelque chose à Alien : Covenant, des sonorités autres que celles que l'on peut entendre habituellement, genre The Thing (je cite The Thing car je trouve que Pemberton se fait entendre parfois comme le fils spirituel d'Ennio Morricone, surtout sur The Man From Uncle).

Rien que ça !

"Fils spirituel" est peut-être un peu fort. Un émule si tu préfères.

J'aurais pas du tout pensé à Morricone... Mais soit. Peut-être qu'il ne répète pas assez ses thèmes pour que je vois le rapport ?

(je rigole bien sûr)

(non lâchez-moi !)

(mes poils ! ne touchez pas aux poils !)

Man From UNCLE a de nombreuses pistes dont l'inspiration est vraiment Morriconienne (notamment The Red Mist). C'est vraiment sur cet album que c'est flagrant (peut être à la demande de Ritchie d'ailleurs).

Pour moi c'est plus un hommage aux fameux thèmes de western de Ennio M.... mais soit. Je ne saurais dire.

Au passage y'a une petite pique dans l'Underscorama à notre encontre. Monsieur, la plèbe vous salue bien bas !

Le Yéti a écrit :Au passage y'a une petite pique dans l'Underscorama à notre encontre. Monsieur, la plèbe vous salue bien bas !

Pourfendre la cuirasse d'un brave compositeur par l'usage de l'exagération et du raccourci intellectuel est de bon aloi dans l'exercice de l'Underscorama. Rien de méchant, d'autant plus que Galliano a forgé son attaque dans un champ lexical tout ce qu'il y a de plus pertinent au regard du contexte de l'œuvre chroniquée.

2flicsamiami a écrit :Pourfendre la cuirasse d'un brave compositeur par l'usage de l'exagération et du raccourci intellectuel est de bon aloi dans l'exercice de l'Underscorama. Rien de méchant, d'autant plus que Galliano a forgé son attaque dans un champ lexical tout ce qu'il y a de plus pertinent au regard du contexte de l'œuvre chroniquée.

C'est Pazu qui ne va plus se tenir de bonheur ! Accoutumé de tout temps à entendre ses détracteurs (et même les gars qui l'aiment bien, maintenant que j'y pense) lui reprocher de s'épandre sans fin en galéjades stériles et autres nigauderies immatures, il va pouvoir enfin fréquenter les soirées huppées en exhibant ses biceps veinés et en louant auprès d'impressionnables pouliches la pertinence flambant neuve de son champ lexical ! Mec, le vieux Van Cleef est très heureux pour toi.

Le Yéti a écrit :Pour moi c'est plus un hommage aux fameux thèmes de western de Ennio M.... mais soit. Je ne saurais dire.

Je rebondis sur cette histoire Morricone/Pemberton parce que quand on demande à Pemberton si Morricone est une source d'inspiration pour lui, il répond:

"Morricone is a genius. So yes. The way he fuses unusual instrumentation with superb musicality is the ultimate goal for me."

Pemberton fait partie des rares compositeurs dont j'attends avec impatience chaque nouvelle oeuvre.

Après un King Arthur qui me laisse dubitatif (après un vrai rejet, je l'ai revu à la hausse après vision du film qui m'a bien éclaté, je sais, chacun ses dossiers!), j'ai écouté son Mark Felt: The Man Who Brought Down the White House.

Ouf, le Pemberton que j'affectionne is back avec un score qui ne fera peut être pas l'unanimité mais qui me passionne.

Très proche de The Game (sans le côté groovy), la musique du film narrant l'histoire de l'informateur du Watergate est une oeuvre anxiogène, qui résonne comme un hommage aux travaux de Shire ou Small dans le registre du thriller parano, sans pour autant verser dans la repompe servile.

Majoritairement atmosphérique, le score ne se limite pas heureusement au pur sound design, mais parvient à construire une vraie tension et un vrai malaise.

Sobre et austère tant dans ses orchestrations, que dans sa narration, ce Mark Felt (un nom prédestiné) peut également faire penser aux Syriana et The Ides Of March de Desplat.

Bref, pas forcément euphorisant mais imparable, ce Pemberton nouveau répond à mes attentes en ce qui concerne le bonhomme et s'inscrit parfaitement dans son oeuvre.

A ne pas écouter en passant l'aspirateur ou en cas de dépression, le score remplit son contrat et se montre carrément crispant sur la longueur (dans le bon sens).

L'excellente utilisation de l'éléctro (qui renvoie souvent à The Game) typiquement pembertonienne montre que le type aurait un très bon choix pour Blade Runner 2049 (bravo à un Hans de plus en plus à la ramasse, ce qui n'engage évidement que moi).

Très très emballé par Mark Felt. J'y ai retrouvé un petit côté Goldsmith avec une magnifique trompette et un thème très discret, mais ultra efficace. Je conseille aux allergiques des percussions et des respirations de son (quand même excellent, hein) King Arthur.

On se demandait si The Counselor allait être la seule collaboration entre Ridley "I Hate Composers" et Daniel Pemberton et bien non, pas du tout. Sur All the Money in the World, il déploie ses fibres orchestrales voire opératique déjà croisées dans Steve Jobs, renoue avec un aspect thriller-percussif pas désagréable, mais surtout pose un thème bien surprenant, à la limite du lyrisme. Je crois qu'il va falloir que je vois le film pour comprendre pleinement sa démarche… Mais encore, ENCORE, une partition de qualité.

Pemberton est assurément le compositeur de la nouvelle garde qui m'intéresse le plus. Il cherche, explore et propose plein de choses.
On aime ou pas mais lui au moins se sort les doigts.... et que ce soit chez Scott ou Ritchie c'est à chaque fois un pur plaisir. Et c'est de la musique pas du sound design....
J'aime beaucoup son "All The Money in the World" même si le superbe thème s'inspire à mon avis d'un air de classique (je dirais Mozart mais je dois confirmer....)

Ballanmire a écrit :Pemberton est assurément le compositeur de la nouvelle garde qui m'intéresse le plus. Il cherche, explore et propose plein de choses.
On aime ou pas mais lui au moins se sort les doigts.... et que ce soit chez Scott ou Ritchie c'est à chaque fois un pur plaisir. Et c'est de la musique pas du sound design....
J'aime beaucoup son "All The Money in the World" même si le superbe thème s'inspire à mon avis d'un air de classique (je dirais Mozart mais je dois confirmer....)

Je me suis fait la même réflexion, me demandant s'il avait poussé l'audace jusqu'à imiter de la musique classique XVIIIe ou s'il avait puisé dans le répertoire. Pourtant, IMDB ne crédite jamais de compositeur classique sur ce film... Si tu trouves la réponse, je suis preneur.
En tout cas, c'est du plus bel effet !

En même temps si IMDB devait créditer les sources d'inspiration (même dans les cas proches du copier/coller), ils ne s'en sortiraient plus !

Dadid a écrit :En même temps si IMDB devait créditer les sources d'inspiration (même dans les cas proches du copier/coller), ils ne s'en sortiraient plus !

Ah ah ! En effet. Mais ici, si ça vient de Mozart, ça prendrait plus la forme d'une citation intégrée dans un morceau que d'une inspiration. Enfin, à confirmer...

Ballanmire a écrit :Pemberton est assurément le compositeur de la nouvelle garde qui m'intéresse le plus. Il cherche, explore et propose plein de choses.
On aime ou pas mais lui au moins se sort les doigts.... et que ce soit chez Scott ou Ritchie c'est à chaque fois un pur plaisir. Et c'est de la musique pas du sound design....
J'aime beaucoup son "All The Money in the World" même si le superbe thème s'inspire à mon avis d'un air de classique (je dirais Mozart mais je dois confirmer....)

J'aime beaucoup aussi ce qu'il fait, il est très audacieux. Sur ces derniers mois ma préférence va vers la musique de Gold

Interview de Pemberton sur… bah quasiment toutes les partitions de cette année http://www.filmmusicmag.com/?p=18378

Le Yéti a écrit :Interview de Pemberton sur… bah quasiment toutes les partitions de cette année http://www.filmmusicmag.com/?p=18378

Belle année pour lui, il explose vraiment. J'ai hâte d'entendre ce qu'il a fait sur USS Callister, ce qu'il en dit donne l'eau à la bouche !

En préparant mon top 10, je me suis rendu compte que Pemberton, Marianelli et Giacchino prenaient toute la place. Une belle année pour eux, alors que l'ancienne garde a un peu disparu (malheureusement).