Bonjour à tous,
Il y a bien longtemps, dans un espace temps aujourd’hui révolu, où les sons étaient produits par des cassettes, mes oreilles frémirent au contact des BO d’Ennio Morricone pour Sergio Leone. D’autres bandes magnétiques suivirent, avec avidité, et dans un désordre complet, de John Williams à Giorgio Moroder. Pour Williams – euh, je vous explique pas… ce qu’on pouvait écouter à ce moment là ressemble un peu à ce qu’on entend actuellement sur les écrans. Pour Moroder, c’est post-disco bien sûr (Cat people ou sa version de Metropolis). De Dire Straits, je ne connaissais que le Mark Knopfler à la croisée du celtique et de la pop de Cal ou Local Hero. De Toto, que Dune (ah… Dune, le Desert theme ou Take my hand...). Jerry Goldsmith mettait en musique le moindre film d’action de série Z avec un panache étourdissant… John Barry signait ses derniers Bond en modernisant ses thèmes. Bill Conti avait du punch – et Rocky un bon direct du droit.
Vous l’avez compris, j’ai croisé les BO au début des années 80, dans un méli-mélo total. Pour en savoir un peu plus sur les compositeurs, et leurs modes de création musicale, n’existaient alors que des fanzines, qui se distribuaient comme des revues interdites en République Démocratique Allemande. J’ai été un temps abonné à pas mal d’entre eux. Il y a en même eu un qui, grâce aux dollars des grandes compagnies discographiques qui lorgnaient le marché de la musique de film suite à Titanic (plus de 30 millions d’exemplaires vendus, quand même), a pu devenir à la fin un vrai magazine : Dreams. J’ai surtout été lecteur de début 80 jusqu’à la Malédiction finale due au grand méchant internet de ce qui demeure pour moi la référence de la musique de film de l’époque : Soundtrack (in french and in english, excellent exercice de langue vivante).
De là, des années d’écoute de B.O. diverses, de découvertes et de déceptions. Jusqu’à aujourd’hui.
J’ai été et je demeure, de leur premier disque jusqu’au dernier paru, fan de Basil Poledouris, de Patrick Doyle et de … Hans Zimmer (!).
Pour Poledouris, c’est inexact d’ailleurs. Je n’ai été fan qu’à partir de Conan, qui à l’époque n’était disponible qu’en vynil (on disait 33 tours), ce qu’il a fait avant n’était pas disponible en France. Poledouris, c’est l’exemple type du compositeur d’excellence, capable de tout mettre en musique, mais qui a été cantonné par les producteurs hollywoodiens aux films d’action musculeux et aux films des amis des bêtes. Et pourtant :Flesh and Blood, Farewell to the king, les Misérables...
Doyle, je l’ai découvert au Max Linder à Paris. Une projection en V.O. du Henry V de Branagh. Une sensation allant croissant durant le film : ouah quel score. Non nobis Domine. Brillant. Je sors de là en me disant que je vais de ce pas aller acheter tous les disques de ce compositeur, qui avec un tel talent et une telle science de la composition doit exercer depuis des années au Royaume-Uni et avoir fait des dizaines de musiques de film. Raté, c’était le premier. Depuis, rien de ce qu’a fait Doyle ne m’a jamais déçu.
Pour Zimmer, je préviens les membres de la ligne stalino – anti Zimmer de Underscore qu’ils peuvent passer les deux prochains paragraphes et aller jouer au rami. Ils vont faire une attaque.
J’ai vu Rain Man au ciné à Lyon lors de sa sortie, sans noter le nom du compositeur (un nom germanique, jamais lu avant sur un générique). Beaucoup de chansons quand même dans ce film. La semaine suivante, le projectionniste passe une musique pour attendre la séance. Un truc qui démarre calme et se déchaîne ensuite avec batterie et voix (Las Vegas / End credits). Et là je me dis, je connais, c’est Rain Man. Hop, un tour à la Fnac et depuis… Note pour les générations futures : il y a eu un temps où on achetait de la musique dans des magasins ; si, si c’est vrai, je vous jure.
Bon j’avoue, Zimmer a magnifié mes années 90 et le début des années 2000. Après, le gars a un peu perdu l’inspiration. Avec des moments de retours de flammes. Et un goût de plus en plus prononcé pour le gros son qui tâche. En simplifiant, pour ceux qui on vu son spectacle : la première partie était un rêve éveillé (pincez-moi, je suis là, Hans à deux pas, et ce qu’on entend est du nectar pour mes oreilles), la deuxième partie me parlait moins. Pourtant, je comprend le Hans. Ce qu’il veut faire maintenant, c’est se faire plaisir, se prendre pour le leader d’un groupe de pop-rock enchaînant les concerts dans des arena pleines. Enjoy mon pote, mais ce n’est plus exactement ce que j’attendais de toi.
Bonne année 2020 à tous et bonnes écoutes
![En écoute [cd]](./images/smilies/icon_cd.png)