Mais existe t-il quelqu'un sur ce forum pour trouver que ce brave Eric Serra a réalisé un bon travail en donnant un nouveau souffle à l'univers musical bondien ?
Si oui, qu'il se dénonce...
Je me dévoue
Je n'irais pas jusqu'à dire que c'est un chef d’œuvre, ni que c'est une partition qui s'écoute avec délectation (ce n'est effectivement pas Barry et Arnold), mais lorsque je l'ai écouté la première fois, c'est à dire quelques années après sa sortie, j'avais trouvé très intéressante l'approche de Serra.Je suis intimement persuadé que l'unanimité contre ce score est davantage le fruit d'une certaine idée de la musique de film qu'une réalité objective. J'imagine aussi que cela va de paire avec le peu d'estime que l'on a vis à vis du style du compositeur en général, style qui reste malgré tout unique en son genre et très marqué par son époque (les années 90).
Ce qui est donc intéressant à mon sens dans
GoldenEye, comme souvent chez Serra (ce dernier n'a jamais eu d'idées préconçues sur la musique de film et jusqu'à Arthur, ne s'est jamais glissé dans le "moule" de la musique dominante), ce sont ses efforts pour trouver des sonorités nouvelles (le travail des voix dans cette partition est intéressant par exemple, les percussions électroniques delayées également), des combinaisons instrumentales inédites et résolument modernes parce que bourrées d'électronique. Ce n'est pas une partition orchestrale, ce n'est pas une partition jazz, ni même une partition jazz-rock, c'est une partition hybride, inclassable, d'ailleurs visiblement desservie par son mixage dans le film (selon les dires de Serra). En tant que compositeur, je trouve qu'il y a matière à trouver des idées, même si indubitablement, l'ensemble sonne très daté (ce qui n'est pas le cas des autres partitions!).
GoldenEye est surtout une BOF en rupture totale et radicale avec ce qu'ont fait précédemment Barry ou Kamen (je ne vous apprends rien

): j'imagine donc que le rejet de cette partition est très fortement lié à l'attachement des fans à ce qui a été composé auparavant sur la franchise. Ce que je peux comprendre car la saga nous a toujours vendu James Bond comme un aventurier gentleman et séducteur, ce que la musique de Serra, contrairement à celle de Barry, ne reflète absolument pas! Et pour cause... cela participe des efforts des producteurs pour moderniser le personnage.
David Arnold marque certes un retour à l'esthétique précédente - somme toute timide car beaucoup plus punchy et beaucoup plus moderne. Mais Serra a tout de même ouvert une porte à mon sens: si l'on écoute bien ce que fait David Arnold (et Thomas Newman aussi d'ailleurs), l'électronique y est très présente. Certaines approches initiées par Serra se retrouvent ainsi associées à la flamboyance orchestrale d'Arnold.
Quant à
Skyfall, j'ai beaucoup aimé l'approche de Newman dans le film. Dans
Quantum Of Solace, on découvre un James Bond faillible, beaucoup plus sombre. Dans
Skyfall, il est carrément, affaibli, vieillissant, presque désabusé. La musique de Thomas Newman, athématique, reflète à mon avis très bien cette évolution. Comme Wyatt Arp, j'ai été agréablement surpris car je pensais vraiment que Newman allait se rater (les musiques épiques de
Wall-E ont beaucoup de mal à passer en ce qui me concerne). On retrouve le style de Newman, mais également, les passages d'action sont réellement des passages d'action
