Je permets, pour ceux que ça intéresse, de copier coller ici mes impressions sur la musique entendue dans le film :
Dix sept mois… C’est le temps qu’il nous a fallu attendre depuis The Karate Kid pour écouter une nouvelle partition de James Horner. Une attente longue comme une traversée du désert. Toutefois, dès le début du film, notre patience est récompensée par un moment envoûtant : les noms du générique défilent sur un fond noir, et ce durant plus de deux minutes, laissant la musique seule s’exprimer. A travers le développement de celle-ci, James Horner nous empreigne petit à petit de l’univers du film comme s’il nous ouvrait une fenêtre sur celui-ci. Tout se joue dans le contraste entre la chaleur de la voix de Fahad Al Kubaisi, proche de celle déployée par Rahat Nusrat Fateh Ali Khan dans Frères Du Désert, et le son cristallin, fragile du piano. La première image n’est pas encore arrivée mais les émotions apparaissent déjà. Les vingt cinq premières minutes du film confirmeront ce premier ressenti positif : la musique omniprésente mise en avant aide le réalisateur à présenter ses personnages et son histoire. L’absence de silence ou de pause s’avère significative tant elle démontre sa confiance envers le compositeur.
Puis, tout comme The Karate Kid qui présentait à chacun des premiers morceaux une grande diversité dans les orchestrations, James Horner nous offre également ici au cours des 100 minutes qui semblent avoir été composées pour le film, tout un panel de couleurs : la gravité (à travers un long et magnifique solo de cor), quand les deux fils Saleeh et Auda sont séparés de leur père, la douceur quand ils grandissent dans les jardins de la cité d’Hobeika, la beauté des grands espaces lorsque un avion survole cette dernière, l’ironie pour représenter les dépenses désintéressées de Nesib (Antonio Banderas) qui s’enrichit en trahissant le pacte passé avec son rival Amar (Mark Strong), père des deux garçons…
C’est donc le premier élément à retenir : James Horner, en grande forme, porte magnifiquement toutes les émotions qui traversent chaque scène du film, et cela même si des moments de musique se retrouvent repris et collés à l’identique à plusieurs endroits : les violons entendus dans la bande annonce (à 1’26), sont ainsi repris près de quatre fois afin d’illustrer un moment tragique, tout comme les cordes agitées (1’03) suivies de trombones grondants (1’14) interviennent dès qu’une menace surgit.
L’autre point important à retenir est que Or Noir est peut être la partition de James Horner qui se base le plus sur l’utilisation répétée d’un même thème tout au long du film. Ce thème, reprise obsédante de notes malheriennes (présentes dans Les Experts, Balto, Apollo 13 et Titanic), et qui s’épanouissait déjà pleinement au sein du chaos de Stalingrad, poursuit ainsi sa migration au sein de l’œuvre hornerienne. Sa signification identique suivant les films évoque la souffrance des corps et des êtres, le point de rupture entre espoir et désespoir. De tels moments se retrouvent fréquemment ici, notamment quand les personnages égarés dans le désert meurent de soif les uns après les autres. Toutefois, Or Noir pousse encore plus loin cette migration thématique, puisqu’à travers ses multiples variations James Horner s’approprie encore plus largement ce thème, l’intègre à son langage et développe avec lui des nouvelles couleurs : l’amour entre un prince et une princesse, la joie éprouvée suite à la découverte d’une source d’eau, une chevauchée épique… Ainsi, à la sortie du film, cette mélodie presque addictive nous reste à l’esprit et nous rappelle toute la gamme des émotions ressenties durant la séance.
Deux autres thèmes, secondaires, sont à signaler : dès que l’enfance et la perte d’un être cher sont évoquées, des notes jouées par un piano ou un violon soliste, évoquant Casper’s Lullaby, accompagnent la voix plaintive du chanteur qatarien, instaurant ainsi une musique intimiste et mélancolique du plus bel effet. Puis un motif hérité de Troie (pour l’entendre il vous faut réécouter par exemple The Wooden Horse And The Saking Of Troy de 8’56 à 9’16) résonne à plusieurs reprises quand l’enjeu se concentre sur la conquête du pouvoir.
« Tout ce qui a de la valeur ne se gagne que par l’amour ou par le sang. » dit le personnage principal du film. Tombé amoureux des images réalisées par son ami Jean-Jacques Annaud au cours des longues semaines que celui-ci a passé dans les dunes des déserts tunisiens, James Horner signe avec Or Noir une nouvelle musique majestueuse et de grande valeur, en symbiose avec les messages et les idées du film.
Note : le thème à 4 notes fait une apparition très discrète (comme celle à la fin de Harry’s Resignation dans Frères Du Désert) lors de l’annonce de la mort d’un personnage au cours de la deuxième scène du film.
Source :
http://jameshorner.fr/or-noir-de-james- ... j-j-annaud
Si vous cliquez sur le lien vous pourrez lire et entendre Jean-Jacques Annaud qui s'exprime sur sa collaboration avec le compositeur.
Merci de m'avoir lu.