Walden, on a compris, que tu étais vachement plus cultivé que nous tous et qu'on était des ignares, hein... C'est amusant comme ton discours me rappelle l'esprit puant d'une certaine publication pro-Horner...
Cela dit, je reste persuadé que beaucoup de béophiles sont passéistes.
N'empêche, j'en ai de plus en plus marre des béophiles qui trouvent systématiquement que tout ce qui n'est pas symphonique est forcément nul...
Pourquoi tant de véhémence ? Y a-t-il vraiment une croisade à mener contre ceux qui préfèrent le symphonique à l'électronique ?
Pourquoi des gens dont les chroniques cd sont par ailleurs souvent si convaincantes en sont réduits à ce genre de propos rageurs et complètement à l'emporte-pièce ?
D'un côté on rejette le soit-disant "esprit puant" de certains mais de l'autre on attaque sans raison et avec une vigueur suspecte les béophiles dits "passéistes".
Pour moi c'est d'un niveau d'intolérance égal au propos qui consiste à dire "tout ce qui sort de chez Zimmer & Cie c'est de la merde". Match nul donc, et non je ne fais pas l'arbitre !
Si je réagis ici, c'est parce que j'estime faire partie de ceux qui préfèrent le symphonique, et que j'aimerais bien casser un peu ce cliché qui consiste à dire que ceux-là sont "passéistes"...
Pour moi le débat ne se situe pas à ce niveau-là, c'est tout simplement une question de goût. Personnellement j'ai une nette préférence pour la musique symphonique parce que c'est ce qui me plaît, point, et a priori je serai moins motivé par une musique synthétique ; mais je ne pense pas pour autant que tous les gens qui ont ce goût considèrent que tout ce qui n'est pas symphonique est nul. Je suis le premier à défendre via mes critiques des musiques à dominante électronique lorsque je les trouve de qualité et efficaces (depuis John Carpenter jusqu'à Tyler Bates, Charlie Clouser, et même certains compositeurs issus de Remote Control !) et j'apprécie les compositeurs qui savent bien marier l'électronique à l'orchestre classique (James Newton Howard par exemple, mais aussi Hans Zimmer dans ses bons moments et lorsqu'il est bien secondé) ; il y a donc largement moyen de dépasser cette rupture symphonique/électro.
A propos de ce mot "passéiste" : il est clairement péjoratif, mais là encore le problème n'est pas de se sentir personnellement attaqué, c'est plutôt l'idée de la musique de film que ce mot véhicule qui me dérange. Cela voudrait dire que c'est vraiment dépassé de faire des musiques symphoniques, que ce n'est plus dans le coup et que pour être au parfum, "in the move", il faut forcément faire (et se mettre à préférer, par conséquent) des musiques électro. Je ne veux pas croire à ça, d'abord parce que mon genre musical préféré disparaîtrait, mais ensuite parce que ce ne serait pas forcément le meilleur traitement pour chaque film. Le plus important c'est de faire le bon choix en rapport avec le film, et ça me paraît assez compréhensible que pour un film de l'ampleur de ROBIN HOOD, les béophiles aient peur qu'un compositeur comme Marc Streitenfeld, jusque là parfaitement insipide (c'est mon avis et je l'assume), ne soit pas le bon choix et constitue une faiblesse plutôt qu'un atout. Mais je n'ai ni vu le film ni entendu la musique donc je suis tout à fait prêt à être détrompé s'il le faut (la critique de Cédric Delelée sur le site donne envie, c'est sûr).
Enfin, à propos de la musique électronique ou synthétique : elle n'incarne pas plus l'avenir de la BO que la musique symphonique, surtout quand on sait qu'elle a eu ses grandes heures durant des décennies généralement considérées comme le summum du kitsch. Je pense que le meilleur moyen d'être vite démodé, c'est précisément de vouloir être à la mode et que toute vogue peut passer très vite...
Il y a bon nombre de compositeurs aujourd'hui qui prouvent que l'essentiel n'est pas dans cette dichotomie de genre musical ou d'époque (avec les vieux cons vs. les jeunes dans le coup), mais dans l'exigence de qualité et de sophistication, dans des choix originaux mais surtout personnels et qui font mouche : là-dessus je partage tout à fait les avis de Lepithec, de Dadid et de Denshaotoko. Je pense particulièrement à Alexandre Desplat, capable d'œuvrer dans le classique mais aussi dans l'expérimental, faisant preuve d'une culture musicale et d'une capacité de ressources et de renouvellement sidérante ; on ne sait jamais vraiment ce qu'il nous réserve à chaque nouvelle musique mais ça se révèle toujours parfaitement adapté au film et passionnant. Après, chacun est libre d'aimer des musiques plus "light" et plus fun même si elles sont moins mémorables (j'adore IRON MAN 2, par exemple), mais à quoi bon se crêper le chignon à leur propos ? Je trouve que ça n'en vaut pas la peine : tous les John Debney et les Marc Streitenfeld de la terre n'en sont pas dignes, et tant pis si c'est méchant pour eux !
