Personnellement, je continue ma progression dans le film italien, qu'il soit réalisé pour le grand ou petit écran. C'est un peu par curiosité, parce que les sujets traités peuvent éventuellement m'intéresser, et savoir à quelles images se rapportent des extraits musicaux que j'aime beaucoup pour différentes raisons. J'ai, par exemple, regardé, en langue italienne,
Giovanni Falcone - L'uomo che sfido Cosa Nostra d'Andrea & Antonio Frazzi avec une partition d'
Ennio Morricone. En fait, j'en ai profité pour regarder deux autres films sur Giovanni Falcone, un réalisé par
Giuseppe Ferrara avec Michele Placido dans le rôle du juge, sur une musique que j'ai trouvé particulièrement insipide de
Pino Donaggio, puis
Excellent Cadavers de
Ricky Tognazzi, également connu sous le titre de "Falcone", avec Chazz Palminteri dans le rôle principal et sur une musique de
Michael Tavera qui m'a paru classique mais plutôt correcte. Pour en revenir à la version des frères Frazzi, réalisée pour la télévision sur une durée de trois heures environ, j'ai d'abord trouvé que Massimo Dapporto, acteur italien peu connu dans nos contrées, était celui qui endossait le mieux le rôle de Giovanni Falcone. Pour ce qui est de la partition d'
Ennio Morricone, tout connaisseur de son oeuvre constatera que ce dernier a assis son immense savoir-faire dans quelques thèmes d'action parfaitement rodés, cédant même à l'auto-plagiat sur "
Violenza nella città" (plage 6): Il reprend dans une orchestration plus "chargée" et sur un tempo qui m'a semblé plus lent un thème d'action qui provient de ce qu'il avait composé antérieurement sur la série TV
La Piovra, en particulier sur
La Piovra II, la N°1 ayant été mise en musique par
Riz Ortolani. Je m'attendais à l'entendre dans le film - sur trois heures, il y avait la place - mais nenni! Les autres morceaux les plus rythmés n'apparaissent pratiquement pas non plus, peut-être les premières mesures de "
Irruzione notturna" (plage7) et c'est tout! Comme le film insiste sur la relation amoureuse entre le juge et francesca, la dimension romantique de la musique de Morricone est mise en avant, principalement par le très séduisant "
Francesca e Giovanni" puis "
La madre" dans une moindre mesure. Le thème que je souhaitais réellement entendre s'intitule
Pietas. Sur le disque, il y en a deux versions, une version longue et une version plus courte. Chacune a son intérêt propre et je pense nourrir une préférence pour la seconde (plage 11). Dans le film, j'ai été servi car il est très bien mis en valeur, en ai eu des frissons: c'est le genre de thème dont on s'imbibe progressivement et dont seul Morricone en a le secret, un thème lent, solennel et extrêmement troublant, d'une grande beauté désespérée. En revanche, on y entend trop brièvement le thème qui s'articule autour d'une sirène de police. Je me demande au passage si ce n'est pas là que lui est venu l'idée de son oeuvre de concert construite sur le même principe et intitulée
Varianti su un segnale di Polizia pour orchestre...?..."
Infiltrati" (Plage 10) contient le générique-début. Il y a un autre morceau qui selon moi a une importance cruciale dans le film des frères Frazzi, un morceau dont la construction/élaboration très carrée me fascine. il s'intitule "
Da una vecchia casa" (plage 8) et "
Il giudice Borsellino" (Plage 14). Dans la seconde version, il démarre à la basse seule et se débarrasse du contrepoint, n'en demeure pas moins captivant et propose par ce fait une alternative intéressante. Je le perçois comme le thème d'investigation.
Dans ma lancée, je me suis fait
L'ultimo dei Corleonesi (2007) d'
Alberto Negrin qui relate l'ascension et la chute des Riina, Leggio & Provenzano, les commanditaires des assassinats de Dalla Chiesa, Falcone et Borsellino. J'ai toujours énormément aimé l'excellente partition d'
Ennio Morricone et il était donc normal de la redécouvrir dans son contexte, cela-même si j'en ai jamais eu besoin pour l'apprécier à sa juste valeur. Ca m'a en tout cas permis de constater que le thème principal était le thème d'action "
Senza respiro" qui intervient plusieurs fois dans le film, généralement sur les fameuses scènes décisives, principalement inscrites dans la violence, mais aussi en générique-début et en générique-fin. Un autre thème d'action aussi fameux et assez singulier dans son orchestration et construction, intervient à deux reprises, me semble-t-il, mais sans me paraître aussi bien exploité (à l'image) dans son entièreté. Il s'intitule, sauf erreur, "
Fuggiasco". Il y a deux autres extraits que j'aurais souhaité plus exploités dans le film de Negrin; "
Apparente calma" que l'on entend brièvement, une fois je crois, lors du transport d'un cercueil, et un thème plutôt inhabituel chez Morricone, "
Per tre", qui, lui, n'intervient nulle-part. Souvent, une idée musicale peut en évoquer plus ou moins une autre, sans qu'il s'agisse forcément d'un auto-plagiat comme celui que j'ai évoqué sur
Giovanni Falcone, mais, avec "
Per Tre", c'est autre chose, peut-être un morceau qui a été composé pour le plaisir ou n'a pas été retenu par le réalisateur parce que trop atypique, singulier...?...Ce morceau a été composé, comme son titre l'indique, pour trois instruments, le mandole, le piano et la flûte qui intervient un peu après. le thème est en réalité étrange et poétique, bien que la flûte y dessine une mélodie distincte et sifflable, presque un ovni en conclusion de la B.O. sur le disque. J'adore!
