Julien a écrit :Dans le genre hermétique, Un Tranquillo Posto di Campagna ainsi que Ecce Homo sont assez réputés. Deux scores que j'apprécient assez, mais où le style si caractéristique de Morricone est vraiment peu perceptible
Encore une fois, concernant
Un Tranquillo Posto di Campagna, je conseille la seconde édition (CD CLUB 7088), pas seulement parce qu'elle est un peu plus courte que celle avec la pochette bleue, mais parce que les morceaux sont beaucoup mieux agencés avec quelques inédits plus attractifs, alternant morceaux "lents" et morceaux "rapides". La manière dont sont compilés les extraits sur l'autre galette avec la suite d'une trentaine de minutes à la fin est une aberration, même si j'aime beaucoup cette suite d'une trentaine de minutes en elle-même. Le GDM paru en 2010, je vous assure, est mieux fait et plus abordable, change la perception de cette musique qui est selon moi l'une des plus inventives du compositeur de cette époque. En revanche, je trouve, contrairement à Julien, qu'elle annonce aisément une certaine facette de son style, justement, un style qui est assez polyvalent de toute façon.
Ecce Homo est effectivement une pièce à part dans son oeuvre, musique sérielle pour un film de science fiction. Il serait intéressant de la redécouvrir dans son contexte. Elle se suffit toutefois dans la suite de quinze minutes qui avait été proposée en complément de la première édition (incomplète) de
Leonor. Comme tu l'avais pressenti, Julien, je suis de ceux qui l'apprécient, ne serait-ce déjà par la formation instrumentale choisie.
Lee Van Cleef a écrit :Si le désir de soumettre à rude épreuve tes tympans capitonnés d'acier est aussi puissant que tu le prétends, je ne saurais alors trop te conseiller, si tu ne l'as pas déjà fait, de déclarer la guerre aux tendres petites friandises acidulées que sont L'Istruttoria è Chiusa : Dimentichi...
Alors là, tu viens très probablement de citer la musique la plus hermétique et difficile d'accès qu'
Ennio Morricone n'ait jamais composée pour l'image. Elle correspond idéalement à la conception qu'
Andrzej Wajda avait d'une bonne musique de film.

En fait, il ne s'agit même pas d'une musique difficile d'accès, mais d'une musique qui n'a pas réellement sa place sur disque mais qui trouve certainement toute sa raison d'être dans le film politique de
Damiano Damiani, film que j'aimerais voir, d'ailleurs. On est vraiment dans une expérimentation musicale pure et intègre, sans la moindre concession.
Julien a écrit :Contrairement à ce que je redoutais, je suis assez emballé moi aussi par l'extrait de The Hateful Eight ; en particulier cette ligne de basson au début du morceau. Cela dit on est quand même en terrain connu et Morricone renoue avec cette tendance (parfois un peu trop complaisante je trouve) à la répétition.
Le morceau auquel tu fais allusion ne se limite quand même pas à la répétition, il va au-delà de la formule. Il est certes très morriconien et pourtant...il a sa particularité propre. Impossible de le confondre avec autre chose. Pour ce qui est de la répétition, Morricone excelle dans ce registre, donc, oui il en a abusé, tout comme un Williams a pu abuser des scherzi trompetteux, et ce n'est sûrement pas ceux qui aiment sa musique qui vont lui reprocher! C'est vrai que ce thème principal me caresse complètement dans le sens du poil, je ne vais pas le nier, ce serait malhonnête, et j'espère qu'il en abusera encore un peu tant qu'il aura en lui un soupçon de feu sacré.

Tous les compositeurs prolifiques du cinéma finissent plus ou moins par se complaire dans ce qu'ils excellent; c'est humain et assez logique au fond. C'est aussi ce qu'on leur demande et c'est souvent aussi ce que l'auditeur qui y est particulièrement sensible espère...

Il ne faut pas trop se voiler la face: nous recherchons, malgré nous, toujours plus ou moins la même chose en musique: c'est juste inavouable.
Julien a écrit :Il y avait un score aussi hyper expérimental (un peu trop même !) qu'il avait fait avec le groupe de musique contemporaine Nuova Consonanza. J'ai oublié par contre de quelle bo il s'agissait. Ça ressemblait plus à de l'improvisation en fait.
Je suppose que tu fais allusion à
Gli occhi freddi della paura. Improvisation? Semi-improvisation? Pas ma musique de giallo préférée. Elle a toutefois le mérite de marquer mon seuil de tolérance en matière de musique expérimentale. Mon oreille y trouve quand même plus de trucculence que dans
L'Istruttoria è Chiusa : Dimentichi.