Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.
Publié : mer. 22 juil. 2015 19:11
Je donne peut-être l'impression de nourrir une préférence pour la musique atonale alors qu'en réalité je ne préfère pas vraiment la musique atonale à la tonale. Elles me sont très complémentaires, peuvent-elles mêmes fusionner entre elles, ce qui arrive assez souvent chez les compositeurs écrivant pour le cinéma. En fait, de manière générale, j'écoute plus souvent de la musique tonale que de la musique purement atonale. Ce qui est sûr c'est que je peux écouter une oeuvre complètement atonale et athématique derrière une oeuvre qui va être son exact contraire, sans sourciller, avec le même enthousiasme. C'est justement Ennio Morricone qui m'a amené à la musique atonale, tout comme Lalo Schifrin m'a amené au jazz. Il y a très longtemps de cela. J'avais acheté un cd qui contenait sa musique de chambre, composée aux alentours des années 50, sans savoir qu'il avait oeuvré pour le concert. A l'époque, mes connaissances classiques se limitaient à Bach et Mozart, et chez Morricone, à sa musique la plus lyrique et mélodique. J'ai donc écouté pour la première fois une oeuvre atonale et même sérielle par endroits sans savoir ce qu'était la "révolution Schönberg" ni la seconde école de Darmstadt, sans savoir ce qu'était une musique atonale et sérielle! Le cd n'a pas volé par la fenêtre car je n'ai pas été rebuté par ce qui est passé dans mes oreilles, beaucoup déconcerté au début parce que très très différent à ce dont je m'attendais, mais pas rebuté. J'ai ressenti très vite une grande rigueur d'écriture et une certaine intensité que l'on retrouve aussi dans sa musique de film, du moins dans celle que je connaissais à cette époque. Petit à petit, je me suis familiarisé à cette esthétique, ce qui m'a conduit à en connaître davantage sur la musique sérielle et atonale, à savoir que la musique atonale n'est pas systématiquement sérielle. C'est par ce cheminement que certaines partitions expérimentales de Toru Takemitsu ne m'ont pas effrayé, bien au contraire...grâce à ce cheminement que je me suis intéressé à la musique contemporaine et si, aujourd'hui, je m'éclate avec les Notations pour orchestre de Pierre Boulez, c'est en partie grâce à ce cheminement et à Ennio Morricone.Leary a écrit :J'ai cru cerner tes préférences en consultant régulièrement ce forum. Je n'ai moi-même rien contre l'atonalité, mais toujours avec parcimonie, je dois bien te l'avouer. Cela dit, après avoir approfondi le versant plus mélodique de cette collaboration, je me laisserai sans doute tenter par Une Pure Formalité et La Sconosciuta...
Dans la collaboration qui unit Ennio Morricone à Giuseppe Tornatore, la B.O. que j'aurais tendance à privilégier est "La Migliore Offerta", bien que je n'ai pas encore vu le film, "Malena" étant celle qui m'intéresserait le moins dans l'absolu. Bien sûr, des partitions comme "Une Pure Formalité" et "Ils vont tous bien" sont beaucoup trop différentes pour être comparées. Difficile pour moi de marquer une préférence pour l'une ou l'autre qui soit définitive. Ca va surtout dépendre de mon humeur du moment. Côté cinéma, "La Légende du pianiste de l'Océan" est mon film préféré de Tornatore, bien que la première fois que je l'ai vu, c'était à Rome, en Italien. Je n'ai pas tout compris mais j'ai adoré.