Lee Van Cleef a écrit :
Qui ira prétendre en laissant pendouiller une lippe flasque que le thème de notre regrettée princesse, au cours de l'évasion pétaradante de la Cité des Nuages à la fin de The Empire Strikes Back, ne fait que pantoufler confortablement ? A l'instar de Leia courant arme au poing dans les longs couloirs blancs pour tirer d'un mauvais pas le gentil vaurien de son coeur, la mélodie surtout familière des variations délicieuses et des orchestrations plus scintillantes que le cristal se découvre alors une niaque batailleuse qui la projette avec tout l'élan d'une catapulte. Mais si j'en juge par la bobine bougonne du camarade Dadid, les cimes ainsi atteintes étaient encore bien loin de soulever l'ivresse des très hautes altitudes...
Bien sûr tu as raison, je ne voudrais pas minimiser car c'est un bel exemple - mais tu parles du L'Empire, là, du top, c'est bref et depuis, bin, pas grand-chose. Par exemple, dans Les derniers Jedi, Williams se contente plus ou moins de reprendre les arrangements de la version concert quand Leia flotte dans l'espace, c'est cela qui peut générer quelques déceptions. A sa décharge, un arrangement comme celui de G Love/N Ingman plaqué sur la dite séquence aurait pu prêter à rire.
Leary a écrit :
Après, on est en plein dans sa période un peu "cheesy" . C'est amusant, avant que son écriture se complexifie jusqu'à atteindre un son et un style à la fin des années 90, qui ne variera plus beaucoup après, il y a eu ce petit intervalle de temps à la fin des années 80 où ses mélodies et ses harmonies étaient un peu "faciles". Et ses orchestrations un peu ringardes, avec l'utilisation notamment de touches synthétiques. Mais bon, j'adore ! (c'est l'époque qui veut ça, où même Williams était contaminé par une musique Pop pas très heureuse globalement)
Euhhh... ah bon, loin de moi l'idée de vouloir tout défendre de Williams (voir ci-dessus), mais tu as l'air de t'excuser d'en aimer certains : "un peu ringardes", "cheesy", 'contaminé par la musique pop"... Je n'ai pas remarqué, tu es la réincarnation de feu Pierre Boulez ou c'est moi ?
1987 : Les Sorcières d'Eastwick (The Witches of Eastwick)
1987 : Empire du soleil (Empire of the Sun)
1988 : Voyageur malgré lui (The Accidental Tourist)
1989 : Indiana Jones et la Dernière Croisade (Indiana Jones and the Last Crusade)
1989 : Né un 4 juillet (Born on the Fourth of July)
1989 : Always
Alors, des touches de synthé un peu vieillissantes ici ou là je ne dis pas, mais... Il y a au moins deux de mes Williams préférés là-dedans (Eastwick et Empire du soleil) que je ne trouve en rien simplistes, ou alors adéquatement directs, auxquels j'ajouterai le merveilleux premier morceau de Always, sans compter que Voyageur n'a rien de simpliste non plus, si ?
Re: John Williams
Publié : mar. 29 mai 2018 21:06
par Leary
Je me doutais que j'allais susciter cette réaction. Je voulais ajouter l'adverbe "parfois", j'aurais dû. Je ne parle évidemment pas de Empire of the Sun, Indiana Jones ou Né un 4 juillet. Ni même d'Always que j'apprécie beaucoup. Mais je maintiens que certains morceaux de cette époque (sur Spacecamp, Eastwitck, Stanley et Iris, sans compter Heartbeeps si on ose remonter quelques années plus loin) sont gentillets sur le plan musical, et parfois un peu "cheesy" donc. Ce qui ne m’empêche pas d'aimer ! On peut peut être parler plus d'épure pour certaines partitions, c'est vrai aussi. Mais que penses-tu de Superman IV ?
Re: John Williams
Publié : mar. 29 mai 2018 21:22
par Dadid
Il faut que je réécoute Sup IV, mais de toutes façons il ne compte pas vraiment pour un Williams, en particulier les arrangements, et l'orchestre n'était pas terrible je crois. Sinon, évidemment, si tu remontes à Heartbeeps et au morceau d'entrainement de Spacecamp, je suis d'accord avec toi, mais pour Eastwitck ou Stanley et Iris, tu n'y arriveras pas ! Sauf à parler de musiques plus simples à appréhender, plus mélodiques et directes que d'autres des années 90, mais sinon... T'es sûr de ne pas avoir par erreur classé certains Goldsmith sur ton étagère Williams, parce que comparativement, là oui, il y a dire !
Re: John Williams
Publié : mar. 29 mai 2018 23:12
par Leary
Je refais un point prochainement sur tous les morceaux auxquels je pense. Mais ça ne va pas très loin, je suis d'accord. Il s'agit d'une petite tendance sur une très courte période. Rien à avoir avec :
Dadid a écrit : T'es sûr de ne pas avoir par erreur classé certains Goldsmith sur ton étagère Williams, parce que comparativement, là oui, il y a dire !
Là oui, on est d'accord. Lui il y est allé franchement, et j'ai eu parfois du mal... Mais les pro-Goldsmith vont me tomber dessus, donc chut !
Re: John Williams
Publié : mer. 30 mai 2018 00:31
par Bespin
Presumed Innocent... côté flirt avec les synthés, on aime!
Sleepers aussi d'ailleurs je crois non?
Cette période fut brève et malgré tout, toujours de bon goût!
Hey, c'est John Williams!
Re: John Williams
Publié : mer. 30 mai 2018 00:53
par Leary
Oui tout à fait, Presumed Innocent, pour moi là typiquement, les petites touches synthétiques sont inutiles et viennent un peu gâcher mon plaisir. Dommage, le thème est très réussi (l'envolée des cordes me file toujours des frissons), mais ça suffit à le ringardiser. Je préfère réécouter la version du End credits enregistrée par le City of Prague. Concernant Sleepers en revanche, je trouve que c'est bien mieux gèré, ça ne me dérange pas. De même que le celesta ou la boîte à rythme synthetiques dans Home Alone. Ça marche formidablement bien sur un morceau comme Setting the Trap, mais la partie orchestrale derriere est juste extraordinaire.
(Et puisqu'on parlait de Presumed innocent, dans le genre morceau "gentillet", Family life est pas mal quand même. Même veine que Stanley and Iris.)
Re: John Williams
Publié : mer. 30 mai 2018 01:43
par Bespin
Chaque BO de John Williams, malgré son « intemporalité », est toujours malgré tout un peu de son époque...
Et si on parlait maintenant de Images?
Re: John Williams
Publié : mer. 30 mai 2018 01:57
par Leary
Bespin a écrit :
Et si on parlait maintenant de Images?
On t'écoute ! L'ovni de Williams. Bon moi je suis hyper classique donc j'adore Dogs, Ponies and Old Ruins et Blood Moon sans surprises, mais j'ai beaucoup plus de mal avec le reste, même si je ne doute pas que le caractère expérimental mérite des applaudissements. Ce n'est juste pas mon truc.
Re: John Williams
Publié : mer. 30 mai 2018 07:12
par Ballanmire
Bespin a écrit :Et si on parlait maintenant de Images?
Oui ! Un délice ce travail pour Altman.
Re: John Williams
Publié : mer. 30 mai 2018 09:24
par Jimbo
C'est amusant, avant que son écriture se complexifie jusqu'à atteindre un son et un style à la fin des années 90
Tu confonds complexité d'écriture et homogénéité de style. Dans les années 90, Williams évolue vers un nouveau style, mais a tendance à trop homogénéiser ses partitions. Je trouve plus complexes Rencontre du 3ème Type, E.T., L'empire contre-attaque ou Indiana Jones et le temple maudit, le sommet de sa carrière, objectivement. Et surtout, aucune de ces partitions ne ressemble à une autre. Dans les années 90 il a gagné en homogénéité de style ce qu'il a perdu en éclectisme aussi, à l'image de James Horner à la même époque.
Re: John Williams
Publié : mer. 30 mai 2018 10:51
par Leary
Peut-être, ça ne me paraît pas faux. Même si j'entends toujours autant de différences entre Le bon gros géant, Le dernier Jedi et The Post qu'entre les BO que tu cites, et que le mot "objectivement" me gêne un peu. Je vois ce que tu veux dire. Ça me fait penser à un commentaire que j'ai souvent entendu dans la bouche de Spielberg : En substance, beaucoup de compositeurs comme Bernard Herrmann ont un style à eux que l'on identifie immédiatement. Ce n'est pas le cas de John Williams qui est un véritable caméléon. J'ai vu Spielberg énoncer ça avec un grand sourire devant John Williams lui-même, et je me suis toujours demandé si dit comme ça, ce n'était pas un peu insultant. Car si Williams connaît ses classiques sur le bout des doigts, et ne s'est pas gêné pour emprunter tel ou tel style, il se les est toujours plus ou moins appropriés (je dirais même qu'il les a souvent transcendés), au point que l'on reconnaisse parfaitement ses tics de langage à lui. Mais il est vrai qu'il a fait évoluer son écriture jusqu'à trouver un style qui le rend sans doute plus identifiable, et cela aboutit peut être fatalement en effet à une certaine homogénéisation.
Je suis un musicien du dimanche, donc quand je parle de complexité d'écriture, c'est un ressenti à l'oreille basé uniquement sur de longues années d'écoute. Mais comme un certain nombre de mes camarades ici, je crois.
Re: John Williams
Publié : mer. 30 mai 2018 13:57
par Le Yéti
Je trouve plus complexes Rencontre du 3ème Type, E.T., L'empire contre-attaque ou Indiana Jones et le temple maudit, le sommet de sa carrière, objectivement.
C'est drôle, j'aurais justement dit qu'en vieillissant — et en travaillant sur des films plus "complexes", subjectivement — il s'est aventuré sur des terrains bien plus complexes : War of the World, voir certaines choses chez Harry Potter ou dans Star Wars III sont, je trouve, subjectivement, plus complexes que Indiana Jones 2.
(Rencontres c'est l'OVNI (sic) de cette époque justement)
Mais bon, j'ai lu l'autre jour sur FSM un type qui disait qu'après Munich, Williams n'avait composé que du "bruit" et ça m'a choqué, objectivement.
Re: John Williams
Publié : mer. 30 mai 2018 14:17
par Leary
Le Yéti a écrit :
C'est drôle, j'aurais justement dit qu'en vieillissant — et en travaillant sur des films plus "complexes", subjectivement — il s'est aventuré sur des terrains bien plus complexes : War of the World, voir certaines choses chez Harry Potter ou dans Star Wars III sont, je trouve, subjectivement, plus complexes que Indiana Jones 2.
Il semblerait que tu confondes aussi complexité d'écriture et homogénéité de style. J'aurais tendance à dire qu'il y a peut-être un peu des deux. Si on pouvait trouver un consensus ! Après, encore une fois, je me fie uniquement à mes oreilles, donc je m'en remets évidemment aux experts, compositeurs, analystes, musicologues...
Le Yéti a écrit :
Mais bon, j'ai lu l'autre jour sur FSM un type qui disait qu'après Munich, Williams n'avait composé que du "bruit"
Lui pour le coup, il a un gros problème avec ses oreilles je pense.
Re: John Williams
Publié : mer. 30 mai 2018 14:34
par Leary
Jimbo a écrit : Dans les années 90, Williams évolue vers un nouveau style, mais a tendance à trop homogénéiser ses partitions. Je trouve plus complexes Rencontre du 3ème Type, E.T., L'empire contre-attaque ou Indiana Jones et le temple maudit, le sommet de sa carrière, objectivement. Et surtout, aucune de ces partitions ne ressemble à une autre. Dans les années 90 il a gagné en homogénéité de style ce qu'il a perdu en éclectisme aussi, à l'image de James Horner à la même époque.
Enfin quand même, en repassant sa filmo au crible à partir du début des années 2000, je ne sais pas si on peut vraiment parler de perte d’éclectisme... Williams continue de faire migrer des éléments musicaux très disparates à son propre style... De AI à Munich, en passant par Catch me if you can, Harry Potter et Geisha, ça ne vient pas vraiment valider cette théorie. J'aurais tendance à dire que c'est finalement maintenant une période que mes oreilles trouvent beaucoup plus intéressante que celle que tu cites Jimbo. Concernant Horner sur la même période, c'est beaucoup moins le cas.
Re: John Williams
Publié : mer. 30 mai 2018 16:32
par Julien
Bespin a écrit :En parlant de « version concert », souvenez-vous qu'il existe un superbe ré-enregistrement du thème des Sorcières d'Eastwick et du fameux Balloon Sequence.
J'ai toujours pensé qu'avec l'adjonction d'un chœur, ça rendrait le thème principal des sorcières encore plus pêchu et "satanique". Un peu comme la version chorale de la nuit sur le mont chauve de Moussorgski. Là par exemple, à 2'57, en contrepoint du motif au cor, à la place des percussions (des cymbales je crois), je sais pas pour toi mais moi j'entends bien des voix !
Parfois ce que je trouve dommage dans ces versions live c'est qu'elles sont trop fidèles à la partition originale. C'est souvent plus intéressant de s'en démarquer.
Re: John Williams
Publié : mer. 30 mai 2018 16:50
par Dadid
Personnellement j'ai plutôt ressenti, au film du temps, une homogénéisation au sein d'une même partition : c'est à dire moins de séquences très différenciées et aussi un abandon de ces pièces "de caractère" ou "à la manière de" qui enrichissaient ses albums : Cantina Band, le Gloria de Monsignor, "The Temple Of Doom", "The conversation", la séquence valse de Eastwick et d'autres. Bien sûr toutes les BO ne s'y prêtent pas, et il a continué d'en écrire quand c'était nécessaire (par exemple dans son dernier Harry Potter qui est riche à cet égard), mais par exemple dans Tintin il se sont contentés d'une pièce existante pour la Castafiore, là où j'espérais un air original. J'en demande beaucoup !
Re: John Williams
Publié : mer. 30 mai 2018 16:56
par Julien
Franchement un thème original ça aurait était mieux. Ce qui est curieux c'est qu'ils ont même pas repris le fameux air des bijoux. Un peu trop désuet peut-être. C'est le même morceau que chantait (en play back !) Asia Argento dans "Le Fantôme de l'Opéra". Ça fonctionnait mieux d'ailleurs dans le film d'Argento, même si le film était assez loupé. De toute façon cette adaptation de Tintin était vouée à l'échec. Il y a des livres comme ça qu'il convient de ne pas toucher. C'est comme "Le Voyage au bout de la nuit" de Céline.
Re: John Williams
Publié : mer. 30 mai 2018 22:18
par Jimbo
Leary a écrit :
Jimbo a écrit : Dans les années 90, Williams évolue vers un nouveau style, mais a tendance à trop homogénéiser ses partitions. Je trouve plus complexes Rencontre du 3ème Type, E.T., L'empire contre-attaque ou Indiana Jones et le temple maudit, le sommet de sa carrière, objectivement. Et surtout, aucune de ces partitions ne ressemble à une autre. Dans les années 90 il a gagné en homogénéité de style ce qu'il a perdu en éclectisme aussi, à l'image de James Horner à la même époque.
Enfin quand même, en repassant sa filmo au crible à partir du début des années 2000, je ne sais pas si on peut vraiment parler de perte d’éclectisme... Williams continue de faire migrer des éléments musicaux très disparates à son propre style... De AI à Munich, en passant par Catch me if you can, Harry Potter et Geisha, ça ne vient pas vraiment valider cette théorie. J'aurais tendance à dire que c'est finalement maintenant une période que mes oreilles trouvent beaucoup plus intéressante que celle que tu cites Jimbo. Concernant Horner sur la même période, c'est beaucoup moins le cas.
Comme le souligne Dadid, il s'agit aussi d'une homogénéisation au sein même d'une oeuvre, c'est à dire à la constance d'un style d'écriture du début à la fin d'un score. Les partitions y gagnent en cohérence, mais y perdent en richesse. Evidemment que Williams traite des genres musicaux disparates d'un film à l'autre, après 2000, c'est la nature même du cinéma (qui permet de voyager dans tous les pays et d'aborder toutes sortes de récits) qui l'impose. Mais tout-de même on peut toujours rattacher ces scores par une constance stylistique, même s'il n'y a pas de jazz dans Munich ou d'instruments asiatiques dans A.I.. C'est plus difficile de constater une constance stylistique entre Rencontres du 3ème Type et E.T. (qui ont pourtant le même sujet !) par exemple. J'admets qu'entre Star Wars et Superman, on peut sentir une grande connivence de style d'écriture, même si elle est plus dictée par le fait qu'on a engagé Williams sur Superman pour "faire du Star Wars".
Re: John Williams
Publié : mer. 30 mai 2018 23:49
par Leary
Jimbo a écrit :
Comme le souligne Dadid, il s'agit aussi d'une homogénéisation au sein même d'une oeuvre, c'est à dire à la constance d'un style d'écriture du début à la fin d'un score. Les partitions y gagnent en cohérence, mais y perdent en richesse. Evidemment que Williams traite des genres musicaux disparates d'un film à l'autre, après 2000, c'est la nature même du cinéma (qui permet de voyager dans tous les pays et d'aborder toutes sortes de récits) qui l'impose. Mais tout-de même on peut toujours rattacher ces scores par une constance stylistique, même s'il n'y a pas de jazz dans Munich ou d'instruments asiatiques dans A.I.. C'est plus difficile de constater une constance stylistique entre Rencontres du 3ème Type et E.T. (qui ont pourtant le même sujet !) par exemple. J'admets qu'entre Star Wars et Superman, on peut sentir une grande connivence de style d'écriture, même si elle est plus dictée par le fait qu'on a engagé Williams sur Superman pour "faire du Star Wars".
Je suis de moins en moins convaincu par tes arguments. D'abord parce que la diversité au sein d'une même œuvre est également dépendante de la nature du film, et non pas de son année de composition. Des BO des années 2000 comme A.I., Harry Potter ou Tintin ne sont pas plus ou moins homogènes que celles de Rencontres, Empire strikes back, ou Indiana Jones... Tandis que dans les années 80, les partitions que nous citions hier, comme The accidental tourist, Presumed Innocent ou Stanley & iris étaient déjà elles parfaitement homogènes, par exemple.
Ensuite, parce que tu as beau pointer une constance stylistique entre Catch me if you can, Munich, Geisha, AI (alors même "qu'il n'y a pas de jazz dans Munich ou d'instruments asiatiques dans AI", dis tu... mouais, pour le coup le jeu des différences est ici un peu plus compliqué que ça, mais on y reviendra), je peux pointer les mêmes constances stylistiques entre The Fury, Dracula, Empire Strikes Back, ou entre Le temple Maudit et Le retour du Jedi, etc., etc... En réalité, comme pour bon nombre de compositeurs, à chaque période de l'œuvre de John Williams correspond des effets stylistiques que l'on retrouve d'une partition à l'autre (des morceaux se font échos, a tel point qu'en découvrant aujourd'hui n'importe quelle BO, on pourrait presque à coup sûr la resituer chronologiquement les yeux fermés) Effets stylistiques qui se sont peut être davantage figés, et c'est bien normal, les dernières années.
Enfin, tu compares Rencontres du 3ème type avec E.T., en louant la différence de style alors même que ces sont 2 films d'extraterrestres, comme si c'était un argument en ta faveur. Mais à part les extraterrestres, je ne vois vraiment pas ce que les films ont en commun sur le plan narratif et de leur traitement. Ils ne pouvaient nécessiter que des approches très différentes de la part de Williams, en tout cas jusqu'à leur final respectif, qui n'est lui pas si différent évidemment, visuellement, et donc musicalement...
Re: John Williams
Publié : jeu. 31 mai 2018 17:15
par Bespin
Une des forces de John Williams est je crois, sa capacité à produire des musiques qui collent à l'époque et qui conviennent au style de chaque film. Et les cinéastes ont toujours su qu'ils pouvaient demander à John Williams à peu près n'importe quoi et qu'il était capable de livrer la marchandise. Et il est aussi capable de faire du grand Hollywoodien romantique dans l'espace, nous faisant oublier du coup qu'on est en plein dans les années 70...
Un son tibétain, pas de problème! Un son Japonais, pas de problème! Un son hébraïque, pas de problème! Une bonne vieille fanfare à l'américaine, pas de problème? Le style irlandais, africain... nommez-les. John Williams est capable de tous les faire! Quelle culture musicale tout de même, avouez!
Ça lui vient je crois non seulement de ses début en tant que pianiste, où il a du jouer et orchestrer nombre de styles de musique différents, mais également à ses années de direction du Boston Pops.
C'est qu'il en a derrière la cravate notre John... et c'est le dernier des Mohicans!
Ensuite, côté style, il y a bien un John Williams avant 1974 et après 1974 (vous savez bien ce qui s'est produit en 1974 dans la vie de John Williams....), époque où selon moi il a atteint sa maturité artistique à l'âge de 42 ans, lorsqu'il a débuté l'écriture de son concerto pour violon...
Donc, si John Williams est le caméléon du style, on remarque cependant, d'une BO à l'autre, certaines couleurs... certains motifs... des types d'orchestrations, des « trucs » qu'il aime bien répéter ici et là et qui lui sont propres. Et bon, il y a eu des époques... l'époque clavecin, l'époque synthé, l'époque « le jazz est revenu », etc.
Là depuis quelques BO, il a un style assez fugué pour ses thèmes d'aventure, la mélodie est plus complexe, comme peut être complexe la mélodie principale d'un canon inversé de Bach par exemple... (ex. : March of the Resistance)
La question la plus fondamentale qu'il faut maintenant se poser... mais comment fait-il pour trouver encore toutes ces mélodies originales après 60 ans de composition???
Re: John Williams
Publié : jeu. 31 mai 2018 17:49
par Dadid
Bespin a écrit :
Un son tibétain, pas de problème! Un son Japonais, pas de problème! Un son hébraïque, pas de problème! Une bonne vieille fanfare à l'américaine, pas de problème? Le style irlandais, africain... nommez-les. John Williams est capable de tous les faire! Quelle culture musicale tout de même, avouez!
Ça lui vient je crois non seulement de ses début en tant que pianiste, où il a du jouer et orchestrer nombre de styles de musique différents, mais également à ses années de direction du Boston Pops.
Et puis, une grosse culture musicale en tant qu'amateur de musique, tout simplement ! C'est justement cette variété qui me manque un petit peu ces dernières années, sa capacité à écrire un Gloria, un Exultate Justi, un thème à la Rossini, à la Ligeti, à la Mancini, façon musique ancienne (HP III), du jazz, les chants lugubres de temple of Doom, ou même un Ewok Celebration (première version), et d'autres... Mais bon, j'aime toujours autant, comme tu le rappelles, après 60 ans de composition il est difficile de se réinventer. Et tu as raison de pointer du doigt l'écriture fuguée, qui a traversé toute sa carrière mais semble plus présente que jamais. Également, il a toujours montré un attirance pour la gamme pentatonique (sur laquelle il s'appuie souvent, reprenez-moi si je commets une erreur), qui donne facilement à certains de ses thèmes une résonance vaguement orientale ou hébraïque, même si elle n'est pas marquée. Sur un mode plus moderne je suis sûr qu'il apprécie la musique de compositeurs japonais comme Takemitsu par exemple, et l'Asie en général, voire son concerto pour flute et l'ambiance souvent méditative de ses musiques de concert...
Re: John Williams
Publié : jeu. 31 mai 2018 19:30
par Lee Van Cleef
Dadid a écrit :Bien sûr tu as raison, je ne voudrais pas minimiser car c'est un bel exemple - mais tu parles du L'Empire, là, du top, c'est bref et depuis, bin, pas grand-chose. Par exemple, dans Les derniers Jedi, Williams se contente plus ou moins de reprendre les arrangements de la version concert quand Leia flotte dans l'espace, c'est cela qui peut générer quelques déceptions. A sa décharge, un arrangement comme celui de G Love/N Ingman plaqué sur la dite séquence aurait pu prêter à rire.
Tu veux du lourd, du cuivré qui fout le boxon dans les brancards, ami Dadid ? Voilà de quoi combler tous tes désirs, me semble-t-il.