Ne te détrompe pas, mon bon Lee, il m'arrive encore de parler "Morricone" en d'autres lieux et avec succès!
Je l'ai fait découvrir à une amoureuse de Mozart et Beethoven, et elle accroche complètement! Bon, je parle de beaucoup d'autres compositeurs également et pas seulement de ceux qui composent pour le cinéma. Ici, je suis plutôt rare car on y parle surtout de compositeurs qui m'intéressent moins, voire pas du tout, peu importe d'ailleurs qu'ils constituent ou non l'actualité musico-cinématographique du moment.
arnaudspell a écrit :C'est vrai que mes coups de coeur vont plus souvent vers ses musiques tonales, mélodiques voire pop au sens large.
Mais c'est une approche intéressante et j'aime bien évidemment aussi cet aspect-là de sa musique. Si Morricone n'avait composé des partitions que dans une forme bien classique et contemporaine, il aurait été selon moi moins riche et moins intéressant. Ce qui est particulièrement fascinant chez ce compositeur c'est justement cette rencontre parfois fusionnelle, pleine de fantaisie et d'invention, entre musique légère et musique savante, entre musique accessible et musique expérimentale, entre minimalisme et luxuriance, entre musique "illégitime" et musique "légitime", et même entre musique appliquée et musique absolue. Au sein d'une même B.O., le thème le plus mélodique, le plus sensuel, voire le plus sentimental ou le plus pop, peut côtoyer le thème le plus ascétique, le plus austère, voir le plus élitiste. Personnellement, mon goût musical s'est forgé autour de la musique classique, d'hier à aujourd'hui (contemporaine),
Johannes Sebastian Bach nettement en tête, puis un peu le jazz qui occupe quand même une certaine place dans mes écoutes. Avec le rock, je me suis rendu compte que j'y suis moins réfractaire que je le pensais même si je n'en écoute pas souvent. J'aime
Tendersticks,
Deep Purple-Jon Lord,
Rokia Traore, Santana. J'ai plus de mal finalement avec l'électronique pure et dure, peu importe le style emprunté. J'ai mes limites.
arnaudspell a écrit : mais aussi les films noirs ( Un Uomo Da Rispettare, Revolver, Copkiller...) et même des scores plus difficiles pour moi ( L'Attentat , L'Ultimo Treno Della Note, le Foto Proibite Di Una Signora Per Bene, Rappresaglia , la Faille, Sans Mobile Apparent...)
J'adore tous ces titres auxquels j'aurais volontiers rajouté
Peur sur la ville, La Classe ouvrière va au Paradis, Un coin tranquille à la campagne (seconde édition), U-Turn...La liste est trop longue...
Elle traite de la violence de la Mafia sur la société italienne avec une grande implacabalité. Je comprends tout-à-fait que l'on aime pas car c'est une musique très spéciale et tellement inventive en même temps. Je ne suis pas sûr que l'on accepterait une telle approche sur le cinéma d'aujourd'hui. Peu importe, il y a une ambiance de folie. Cette partition me fascine! On est loin d'une approche qui cherche à séduire, à plaire d'emblée, on est dans le domaine d'un parti-pris, d'une approche conceptuelle qui exprime la terreur et le chaos, mais pas de manière symbolique, ni de manière très illustrative, plutôt dans une forme de brutalité viscérale et presque bruitiste par moment. Ne néglige pas trop les partitions plus illustratives comme Orca, par exemple, qui développe une grande virtuosité et expressivité de l'orchestre dans les passages les plus atonals. Le mieux est peut-être de regarder le film d'abord et tu observeras que la partition de Morricone ne se limite pas à de simples qualités illustratives bien que lorsqu'il décrit la glace et le froid par une superbe écriture des cordes, je fonds comme neige au soleil.