On blague entre potes, mais étant donné le succès et le statut du film et de sa partition, tous les deux très influents, une édition aussi étoffée est une formidable nouvelle pour énormément de béophiles/cinéphiles. Ce qui est assurément une très bonne chose aussi pour un éditeur comme LLL
Comme DarkCat, j'ai pas mal écouté l'album à sa sortie (acheté par ma mère à l'époque, par contre, j'ai pas trop de regret

).
C'est une musique dont j'ai toujours une appréciation mi-figue mi-raisin.
Elle concentre deux aspects de la musique de HZ, l'un que j'apprécie (thèmes et motifs nombreux et très évidents, recherche d'une "alchimie" des sons, solistes de première classe, de l'énergie) et... l'autre (écriture qui manque trop souvent de finesse et de fioritures sur la longueur, le "gros son" qui écrase tout et le rendu orchestral que j'assimile à du McDo : c'est gras et lourd mais pas nutritif).
Au fil de quelques écoutes, mon intérêt s'est vite porté sur la première moitié de l'album uniquement. J'aime beaucoup la musique jusqu'à la 3e minute de la piste
The Might of Rome. Là (ça m'avait déjà fait grimacer au ciné), l'aspect très artificiel de l' "orchestre" donne un côté cheap/carton-pâte (surtout que ça me rappelle du Wagner).
C'est marrant d'ailleurs, mais j'accroche moins au film à partir de cette arrivée à Rome.
Et cette seconde moitié d'album souffre de ce choix esthétique, pour moi. Ce son "gonflé" artificiellement (genre "gros samples moches" pour remplacer l'orchestre) me rend tout plus lourd/pénible à écouter. Jusque-là, je trouve qu'il y a un bon équilibre entre son naturel/acoustique (
Earth Theme est magnifique par exemple) et ce qui tient plus de la manipulation en "post-prod" (mixage, importance donnée aux samples sur les musiciens humains).
Cette manière "moderne" de faire sonner l'orchestre me donne, paradoxalement, l'impression que c'est très pompier, mais du "pompier de contrefaçon"...
La différence de rendu sonore est frappante entre
The Battle (morceau que je trouve excellent*) et
Barbarian Horde, qui en reprend beaucoup d'éléments mais en les rendant à la fois lourds et creux, la faute, à mes oreilles, à un rendu sonore très artificiel et un manque de variation dramatique dans l'écriture.
Comme si, pour rendre le tout plus imposant ("épique" ?

), on avait simplement appuyé sur des boutons "volume à fond", "ralenti", "accélération" mais sans passer par des réarrangements intéressants (et je trouve que l'inspiration wagnérienne de la fin du morceau a un rendu sonore assez cheap aussi).
Ce n'est que lors de la conclusion qui amène à la chanson (réussie) que l'album respire à nouveau, à mes oreilles.
*et, contrairement à beaucoup, l'emprunt à Holst me paraît à la fois pertinent et malin avec sa guitare hispanique, mais j'aimerais quand même en entendre une version plus acoustique un jour...
(HZ peut aussi dire merci à Peter Gabriel, qu'on a pas encore cité ici
)