J'ai Rencontré le Diable

[Lee Van Cleef]

... Et il avait les yeux flamboyants et le sourire empli de crocs acérés du bien nommé Hellboy, le terrible monarque d'UnderScores, prêt à tirer jusqu'à la dernière goutte de sang des veines bientôt desséchées de ses malheureux aides de camp. Mais peut-être s'agit-il en réalité du décidément génial Choi Min-sik (qu'il n'est plus guère besoin de présenter depuis Old Boy), une nouvelle fois déchaîné dans le rôle d'un ignoble serial killer soudain pris dans un étrange (et très douloureux) jeu du chat et de la souris ; à moins que le démon ne se dissimule sous les traits fermés de l'excellent Lee Byung-hun, que sa dévorante soif de vengeance va plonger corps et âme dans les méandres d'une spirale auto-destructrice. Mais à bien y réfléchir, le diable, ici, pourrait fort bien être le réalisateur Kim Jee-woon en personne, qui s'amuse à violemment chahuter son public (la salle dans laquelle j'avais pris place s'est d'ailleurs vidée de près de la moitié de ses spectateurs au cours de la séance) en faisant sauter le film des rails du vigilante movie "traditionnel" au bout de trois quarts d'heure, en saupoudrant d'un humour noir inattendu les séquences les plus extrêmes et en flirtant sans cesse avec une complaisance sordide qu'un petit miracle d'équilibrisme lui permet (presque) toujours d'éviter.

[Lepithec]

J'aurais aimé être du même avis, mais je n'ai jamais trouvé ça intéressant. C'est au contraire très complaisant et surtout très vain. Je suis assez friand de gore (qu'il soit potache ou très sérieux), mais quand il porte et enrichi une histoire. Ici, le seul fil rouge qui tient le film est une vengeance aveugle. Mais ce n'est jamais très intéressant. Les personnages sont creux, les motivations assez obscures (ou basiques), et la caractridation des personnages n'est pas adaptée : soit on en sait trop sur un personnage qui aurait mérité d'être plus radical (le tueur), soit on n'en sait pas assez sur un autre... Par ailleurs, je n'ai pas bien compris la relation entre le vengeur et la victime, puisqu'elle n'est explicitée nulle part. J'ai cru au début que c'était sa femme, mais j'ai cru comprendre après que c'était sa soeur. Mais RIEN dans le film ne nous le montre. Comment avoir ensuite la moindre empathie avec ce personnage si sa motivation profonde nous reste étrangère ? Il y a ici un énorme problème d'écriture, que la maîtrise de la mise en scène ne parvient jamais à éluder. Kim Jee-Woon confirme, avec DEUX SOEURS et LE BON, LA BRUTE ET LE CINGLE (deux films très bien foutus mais tout aussi creux), que c'est un cinéaste de la vacuité, un fanboy de plus, qui prend son pied à faire des films sans réellement penser au spectateur. Quand ce n'est pas foutraque, c'est prétentieux. Le plus incroyable est que la critique est quasiment unanime à vanter les qualité de ce film, alors que ce type n'est plus grand chose de plus à raconter que Michael Bay (j'exagère à peine). C'est incompréhensible. Promis, je sèche son prochain film.

Par contre, j'irai voir THE MURDERER de Hong-Jin Na, qui avait signé un vrai coup de maître avec THE CHASER.

[Soundtrackman]

Voila deux avis qui donnent envie de se faire sa propre opinion !!!
Je devrais, hélas, attendre la sortie en dvd/br puisque le cinéma qui le diffuse sur Metz :
- sent les chiottes
- n'a pas remplacé l'ampoule des projecteurs depuis 1985 (pour VYNIAN, on ne voyait qu'une partie de l'image...)
- Etant tenu par des étudiants, proposé des séances a des horaires d'étudiants (15h35 et 17h20 les jours de pluies sauf s'il y a de l'orage et si le projectionniste est levé)
- Etant fréquenté par des étudiants, on a droit aux commentaires a voix haute (ça change des multiplex ou ça mange)
- La péllicule étant fragile, au dela de 3 coupures, je finis par m'ennerver
- c'est bien de couper la radio d'ambiance quand le film commence
- De toute façon mon écran est a peine plus petit que celui de la salle dans laquelle il sera projeté.

Rendez vous dans 4-5 mois messieurs...

[Lee Van Cleef]

Par ailleurs, je n'ai pas bien compris la relation entre le vengeur et la victime, puisqu'elle n'est explicitée nulle part. J'ai cru au début que c'était sa femme, mais j'ai cru comprendre après que c'était sa soeur. Mais RIEN dans le film ne nous le montre. Comment avoir ensuite la moindre empathie avec ce personnage si sa motivation profonde nous reste étrangère ?

Si tu ne t'étais pas abandonné, ô ! noble cochon romantique, à l'une de ces bruyantes somnolences que tu affectionnes tant, tu aurais alors très certainement entendu ce flic annoncer, peu après la découverte de la tête tranchée, que le héros et la victime étaient fiancés depuis tout juste un mois. Ce surcroît d'attention t'aurait aidé, par la même occasion, à réaliser que les rapports entre le père de la malheureuse et celui qui, donc, aurait dû devenir son gendre, n'étaient pas ceux unissant un père à son fils face à une tragédie familiale. Et peut-être que si tu n'avais pas passé l'essentiel de la séance à maugréer tout bas dans ta barbe, en couvant d'un oeil envieux les spectateurs déboussolés qui se hâtaient les uns après les autres vers la sortie, deux scènes en particulier auraient pu dissiper tes ultimes doutes : quand Lee Byung-hun, qui vient de découvrir l'antre du monstre, extirpe d'une gouttière la bague (de fiançailles, donc) dont il avait fait cadeau à sa promise, puis, beaucoup plus tard, lorsqu'un Choi Min-sik réjoui lui révèle que cette dernière était enceinte. Les larmes qui inondent à chaque fois son visage défait sont sans conteste celles d'un homme qui a perdu la femme qu'il aimait, ainsi que l'enfant dont il ignorait jusqu'à présent l'existence embryonnaire.

[Lepithec]

Merci pour ce rappel. Je précise que j'avais bien enregistré le coup des fiançailles jusqu'au milieu du film où un dialogue m'a mis le doute. A l'issue de la projection, je ne savais plus quoi en penser.

Quoi qu'il en soit, tout cela sont des détails narratif un peu faciles, je n'ai pas ressenti d'affection entre les personnages, car on ne voit rien de leur passé. C'est aussi un procédé un peu grossier comme les autres, mais au moins ça permet d'impliquer émotionnellement le spectateur. Je crois que j'aurais davantage ressenti l'horreur du film si j'avais eu une vraie empathie pour le héros. Or, il n'en est rien. Le jeu du chat et de la souris est divertissant, il y a des scènes très réussies, de bonnes idées, parfois un bon rythme, mais globalement le film est trop long et complaisant. J'avoue qu'il ne manquant pas grand chose, mais le cinéaste a visiblement eu trop confiance en lui et en son script, qui aurait mérité d'être bien plus solide. A titre de comparaison j'avais quand même le souvenir que OLD BOY était autrement mieux ficelé, et donc plus émouvant et plus choc.

Je reste convaincu que Kim-Jee Woon est un réalisateur de pétards mouillés.

[Lepithec]

Un avis qui résume bien mon impression du film : http://www.chronicart.com/cinema/chronique.php?id=12114

[Lee Van Cleef]

Le vigilante movie n'a de toute façon jamais été considéré avec beaucoup d'aménité, et quelque chose me dit que l'auteur de ce texte ne doit pas être très friand des relents extrémistes du genre. La fameuse Trilogie de la Vengeance de Park Chan-wook, qu'il qualifie sans ambages de "débilité", en prend elle-même pour son grade... Cela dit, je suis assez d'accord avec lui lorsqu'il reproche à J'ai Rencontré le Diable les mécanismes quelque peu répétitifs de son script (on finit par avoir le sentiment que Choi Min-sik croise sur sa route tout ce que la Corée peut compter de meurtriers dégénérés), avec à la clef un très étrange comique de situation dont il n'est pas toujours facile de juger s'il est volontaire ou non.

[Lepithec]

Oui, chez Chronicart ils ont des goûts tout à fait curieux (que je ne partage pas toujours, loin de là), mais il y a toujours un peu de lucidité dans leurs critiques, on ne peut pas leur enlever ça. Ils ont l'air blasés comme ça et on pourrait croire qu'ils n'aiment rien, mais heureusement non, y'a des choses qu'ils adorent, mais c'est souvent ce que tout le monde déteste !! J'ai le souvenir d'un certain film de Shyamalan sorti en 2010, par exemple...