Personnellement, sur la question, je me sens plutôt solidaire de BigJ. (aussi bien en ce qui concerne l'Europe, l'Amérique ou l'Asie, qui évoluent pareillement, pile poil aux mêmes périodes).
Je trouve qu'à travers les compositeurs s'étant fait connaître avant 1980 (la première salve ayant inventé la musique de film à partir des années 20-30, et la seconde salve ayant déployé la discipline durant les années 60-70), compositeurs souvent issus de l'univers du classique/jazz (et y exerçant en parallèle), la musique de film est façonnée comme une belle équation, noble et assez parfaite, entre musique savante (qui irradie de son influence formelle, de son esprit d'initiative, et de son raffinement l'univers de la BOF...) et musique populaire...
Alors qu'à partir du moment où débarquent les compositeurs émergeant durant les années 80 (musiciens qui n'entretiennent plus beaucoup de liens avec la musique savante et qui commencent donc à imiter la musique de film), avec des gens comme Poledouris ou Silvestri par exemple, la discipline perd globalement tout de même beaucoup de sa maestria formelle, et par-là même une bonne part de son raffinement (car je crois que ces 2 facteurs sont assez liés, du moins en musique et en littérature: la précision et les fulgurances de la forme structurant fatalement la dimension de la pensée émise), pour finalement se transformer en une sorte de musique pour geek (ce qui n'est pas spécialement un reproche d'ailleurs: ça peut être tout à fait bien, et parfois même passionnant, la musique geek). De cette manière l'esprit de la musique de film se rabougrit (sa pensée se simplifie en quelque sorte) et devient beaucoup plus autiste qu'auparavant, ce qui me gène tout de même un peu, en fin de comptes.
Évidemment, tout ceci est une vision très très globale des choses, qui ignore donc les exceptions et autres cas particuliers les plus brillants
(et en ce qui concerne l'Amérique, que vous évoquiez, pour moi les débuts de carrière décapants de Horner ou Shore sont de ces fabuleuses exceptions, une époque où ils n'hésitaient pas à se lancer dans Brainstorm ou The Brood, qui exploitaient alors pleinement l'esprit de leurs enseignements respectifs...).
Il est également évident que durant les années 80 (et même après... même jusqu'à aujourd'hui !), certains compositeurs ayant débuté dans les années 60-70 sont encore en plein état de grâce et délivrent nombre de leurs oeuvres les plus fabuleuses et indispensables

!
Wyatt Earp a écrit :Je suis sûr qu'il y avait autant de scores médiocres que dans les années qui ont suivi.
En fait, en ce qui concerne la période 1930-1959, je ne trouve pas vraiment. En général, quand je regarde des films de cette époque (et j'en regarde énormément), dans les bons jours on a droit à des BO de qualité... et dans les pires moments on tombe rarement en dessous d'une BO, fort peu passionnante certes, mais presque toujours assez bien foutue (un minimum quoi) et signée par quelqu'un qui connaît le métier de compositeur (même si c'est pas très inspiré et qu'on baille)...
En tous cas, généralement, il ne s'agit jamais de soupe ou de trucs hideux, ni fait ni à faire, et complètement médiocres (comme on peut en trouver dans les pires productions des décennies qui suivront)... J'ai beau faire des efforts, je trouve pas

!
PS: sinon à titre perso la décennie que je préfère reste 1975-1985... Car pour un fan de Williams, Sarde et Goldsmith tel que moi, cet intervalle représente une sorte d'apothéose durant laquelle il est proprement jubilatoire de les voir dans une telle forme, délivrant chefs d'oeuvres et grandes partitions les unes à la suite des autres !