Et en avant la musique !

[Misquamacus]

Sublime.

[Lee Van Cleef]

Alors que l'automne achève de se désagréger dans les méandres humides d'un impénétrable manteau gris, quoi de plus revigorant que la vision d'un champ de maïs dodelinant de tous ses épis sous un soleil princier ? Unique ombre à ce merveilleux tableau pastoral, un épouvantail on ne peut plus patibulaire, qui fraternise avec les corbeaux au lieu de les effaroucher. D'emblée, Bennett Salvay annonce la couleur, bien davantage branchée sur l'action pleine de cuivres teigneux que ne l'était sa musique pour le précédent Jeepers Creepers. Et le béophile inquiet de songer que le fin fond de l'Amérique n'est peut-être pas le refuge rêvé contre la sinistrose... Qu'à cela ne tienne ! Cap sur les sports d'hiver, Eden amoureusement convoité du citadin excédé de patauger dans les amas gluants de feuilles mortes ! Enfin, sauf quand l'agent le moins secret de Sa Majesté s'amuse lui aussi à dévaler la piste noire, des essaims de tueurs à ses trousses. Pas refroidi par l'idée de se ramasser une balle perdue, David Arnold fonce également bille en tête, abandonnant dans le double sillon de ses skis les notes rentre-dedans qui résument à la perfection l'estampille (quelque peu baveuse) dont il marqua autrefois le smoking de James Bond.

[Lee Van Cleef]

Tous les chemins mènent à Rome, si l'on accorde foi à l'adage de très ancienne constitution. Eh bien, à compter de maintenant, vous saurez également, sympathiques gentlemen, que les autoroutes toujours bondées de TikTok serpentent bille en tête vers la tanière du vieux Van Cleef ! Disons, pour être exact, que c'est ce qu'il m'a paru comprendre en parcourant la surréaliste galerie de commentaires flanquant l'un de mes bricolages maison, où s'ébattent les rejetons allergiques aux braies de Frazetta. Nom d'un katana aux dents de scie ébréchées ! Si l'on m'avait dit qu'un jour honni, je deviendrai le porte-étendard d'un haut lieu de la déliquescence inexorable du genre humain...

[Sam Lowry]

Mon vieux camarade, comme je fuis TikTok Badaboum comme la peste, je ne comprends rien à l'enchainement des posts qui émaillent ton "bricolage" o combien intéressant (dieu, que c'était en effet là une autre époque, je dirai même un autre système solaire)....
Donc des gens de TikTok ont collé un lien amenant à ta video et ensuite ?... je ne pige pas... Il y en a même une qui "blame" TikTok pour l'avoir emmenée vers le lien Youtube ? Mais pourquoi diable ? Serait-ce encore une émanation de l'hypocrite pudibonderie américaine ? Moi, personnellement, c'est pas pour ce genre de chose que je "blamerais" TikTok. On pourrait leur reprocher de rendre les gens complètement crétins, par exemple. A moins qu'il ne s'agisse d'une "génération spontanée" ??

[DarkCat]

. On pourrait leur reprocher de [/quote]
TikTok rend-il les gens complètement crétins ou TikTok (et les réseaux sociaux, en général) ressemble-t-il les gens complètement crétins, tel le bon berger, ses moutons ?
Vaste débat !

[Lee Van Cleef]

Un peu soupe au lait, nos amis les monstres ? S'il n'y avait que ça... Mais il s'avère que tous ont grave le seum ! Non sans raison, pour être honnête. Prenez par exemple Godzilla, ou plutôt son premier succédané hollywoodien, en train de fumer d'une vindicative rage après avoir découvert les "petits" corps inertes de sa progéniture. De courroux digne des plaies d'Égypte, il est tout autant question pour le disgracieux et squameux phacochère que voici, très contrarié qu'une Penelope Ann Miller mignonne à croquer dans sa robe du soir lui ait fait miroiter les prémices d'une inoubliable soirée, avant de le planter là comme le malpropre qu'il n'a jamais eu le sentiment d'être. Quant à notre cher Link, qu'on découvre le poil hérissé de contrariété, il ne décolère pas d'être tombé dans la chausse-trappe sournoisement tendue par de sombres malandrins, qui ont grimé la dernière opération de crowdfunding lancée pour le Plastic Duck vs. Porridge Shark de Chuck Cirino en projet de réenregistrement princier de Mr. Baseball, signé vous-savez-qui, et à l'endroit duquel notre anthropoïde poilu se sentait les plus voraces dispositions. Quelqu'un doit payer pour cette imposture !

[Ratatouille]

Une petite balade en hélicoptère ?

[DarkCat]

Sur le replay d'Arte, le grand Thierry Jousse nous parle de ses B.O.
Je mets évidemment la vidéo consacrée au génial et sublimissime Joe Hisaishi, mais il y en a plein d'autres.

[Lee Van Cleef]

"Mais dis voir, le greffier, t'aurais pas tourné du mauvais côté du rond-point,
des fois, avec ton post hors-sujet ? Allez zou, du balai et en vitesse !"

[DarkCat]

Ah zut ! Et en plus, me faire dégager par un mec qui s'est retrouvé la tête coincée dans le cul d'un cheval, c'est un peu la honte. Mahoney, au secours !!

[Sam Lowry]

Je ne remercierai jamais assez mon camarade Lee pour avoir mis en lumière l'exceptionnelle qualité de ce morceau du regretté (en tout cas, par moi) James Horner !
A l'heure où ce score ressort dans une énième version remastersée, je ne saurai trop vous conseiller d'acquérir cette merveille si vous ne l'avez pas déjà..... pauvres fous.

[Patrick59]

Je l'ai acheté en juin 2013 à Intrada.

[Sam Lowry]

Je l'ai acheté en juin 2013 à Intrada.

Et je ne pense pas que tu dois regretter ton achat. A mes yeux, ce score (écrit et enregistré en 15 jours !!!!!) contient des morceaux absolument fabuleux.

[Patrick59]

Je l'ai acheté en juin 2013 à Intrada.

Et je ne pense pas que tu dois regretter ton achat. A mes yeux, ce score (écrit et enregistré en 15 jours !!!!!) contient des morceaux absolument fabuleux.

Je confirme.

[Lee Van Cleef]

Je ne remercierai jamais assez mon camarade Lee pour avoir mis en lumière l'exceptionnelle qualité de ce morceau du regretté (en tout cas, par moi) James Horner !

Pour être franc, compagnon, la joie pas le moins du monde apocryphe que me confère pareil mets de choix, sans conteste partie intégrante des sommets d'action que mit en train le Horner des années 90, ne brasille que très timidement face au reste de Clear and Present Danger. Une dichotomie, tangible et franche comme la cicatrice serpentant tout contre la joue d'un viril baroudeur, que je pourrais apposer aussi à The Fugitive, entre autres : musique à suspense troussée avec les honneurs, forte d'au moins un mémorable morceau de bravoure, mais un rien languissante et qui, hors ces rares frénésies de bagarre, n'aiguillonne guère mon intérêt.

[Lee Van Cleef]

Notre coureur d'embrouillaminis fétiche étant de retour, pas forcément bon pied bon œil à 80 balais, mais toujours partant quand s'esquisse l'occasion d'arracher à la poussière des siècles quelque fabuleux artefact, un petit coup d'oeil sur ses exploits rétrospectifs semblait aller de soi. Bien sûr, dans Kingdom of the Crystal Skull, Indy n'était pas beaucoup moins crevassé de rides qu'il n'y apparaît aujourd'hui, et son fidèle écuyer John Williams avait déjà laissé mourir de nombreuses flammèches du feu sacré qui fit de lui un titan de la musique de film. N'empêche que la partition de cet épisode bossu ne s'est pas engagée cul nu pour autant sur les sentiers de la grande aventure ! Ainsi qu'en témoigne cette longue course-poursuite aux confins d'une jungle en plastoc. La hideur assez redoutable du décor saute au visage, faisant montre d'ostensibles désirs d'énucléation, mais les oreilles sont à bien plus laineuse enseigne. Grâce aux patients efforts de reconstitution d'un internaute téméraire, c'est un festival de trépidations au millimètre, et de pupitres tous engagés dans la cavalcade avec un égal bonheur, qui s'offre à nous.

[Edern]

Merci, Lee, y a pas mieux pour redonner l'envie de se replonger dans l'écoute de cette quatrième partition pour Indiana Jones.

[Lee Van Cleef]

À l'exception notable d'Air Force One, maître Jerry avait sévèrement lâché du lest dans la confection, devenue au cours des années 90 inhabituellement pantouflarde pour lui, des musiques de suspense et d'action contemporaines. Les porte-flingues patibulaires et les courses-poursuites en voitures ne l'aiguillonnaient de toute évidence plus des masses... Par contre, des super-types costumés et des monstres friands de carnage y parvenaient avec une aisance tout autre ! Des reliefs de la léthargie susdite demeurent, j'en conviens, mais The Shadow et Deep Rising, pour n'évoquer que ces séries B rigolotes, exhibaient des atours criards en nombre suffisant pour que le désir de ficeler vigoureusement son ouvrage revînt à notre suzerain à tous. Feu Treat Williams en baroudeur de l'épouvante, grommelant des "Now what ?" à n'en pas finir, est la sympathique figure de proue de la furia "goldsmithienne", aussi téléphonée que joyeusement distrayante. À la fin, la chose des profondeurs finit le tentacule dans l'eau tandis que tout pète en morceaux et en esquilles électroniques. Voilà qui ressemble à s'y méprendre à un happy end, gentlemen.

[Dadid]

Où comment la musique de Goldsmih parvient (presque) à faire oublier des CGI préhistoriques, en martelant le spectateur sans omettre la dimension musicale.. et cette échappée finale ! Il était fort. Merci du rappel !

[Ratatouille]

C'est de la tension pure et simple...

[Lee Van Cleef]

D'ordinaire, me faire kataniser l'herbe sous le pied est quelque chose que mon amour-propre, aisément inflammable, ne songe même pas à encaisser avec stoïcisme et philosophie. À dire vrai, les heures de l'importun, coupable d'avoir fait monter une volcanique moutarde à mon nez, s'avèrent chaque fois comptées. Sous l'empire de mon ire, j'aurais donc dû partir en chasse immédiatement après avoir découvert que les vidéos musicales que je comptais réaliser autour du Dracula de Williams existaient déjà, mises en ligne à peine un an auparavant par un internaute rival ! Mais j'ai décidé, tout bien soupesé, de ne pas attenter à ses jours. En premier lieu, parce que le choix de cette merveille, qui forme avec The Fury du même Big John une sorte de diptyque ruisselant de passion, atteste un goût musical très sûr ; et ensuite, parce que mon concurrent n'a pas fait les choses à moitié, illustrant (à vue de nez) toutes les scènes du film où le compositeur intervient, là où je projetais plus humblement de m'en tenir à une poignée. Ci-dessous, quelques morceaux choisis, où l'on constatera que notre cher Williams, plutôt que de se laisser déconcerter à la vue d'un Frank Langella moins prince des ténèbres que sosie à la chemise échancrée de Bernard-Henri Lévy, ouvrit torrentielles les vannes d'un romantisme funèbre.

[Dadid]

le choix de cette merveille, qui forme avec The Fury du même Big John une sorte de diptyque ruisselant de passion (...) mon concurrent n'a pas fait les choses à moitié (...) Williams, plutôt que de se laisser déconcerter à la vue d'un Frank Langella moins prince des ténèbres que sosie à la chemise échancrée de Bernard-Henri Lévy, ouvrit torrentielles les vannes d'un romantisme funèbre.

Ô combien ! Séparés par un requin électrophage et un réfugié d'outre-espace, ces deux opus mineurs (les films) ET majeurs (leurs musiques) forment c'est vrai une sorte de diptyque opératique où l'on entend un Williams en pleine force de travail et inspiration, en plein big bang professionnel, décidé à tout donner pour faire de chaque film un exploit à la hauteur de sa légende déjà en formation... quitte à puiser au-delà des images, de l'hommage à Herrmann pour The Fury, du brushing seventies et col pelle à tarte de Dracula, quitte à puiser en lui et en son bagage musical une force lyrique propre à satelliser des images qui en d'autres mains seraient restées plus banales, pour certaines (bien que ces deux films aient leurs bons moments). On limite parfois Williams à Lucas/Spielberg, mais il est plus généralement fait pour l’expressionnisme permis par le Fantastique et la SF. Nous avons eu tout comme lui beaucoup de chance que sa carrière croise la résurgence de ces genres, à une époque ou la BO renaissait à fond les ballons en Dolby stéréo.

Merci pour ce rappel, LEE... et aussi à celui qui t'a "doublé" !

[Lee Van Cleef]

Depuis le jour où ma modestie innée est parvenue à me faire renoncer aux ineptes vanités de notre existence matérielle, j'ai cessé d'employer le présent topic comme vitrine pour mes propres créations, préférant dorénavant jeter une lumière bienvenue sur les efforts peu fréquents mais dignes d'approbation d'internautes aussi mordus que nous le sommes de musique de film. Aujourd'hui cependant, la tentation m'est venue de conjurer la déception Dracula en entrebâillant le lourd couvercle strié d'éraflures de mon coffre à friandises. Dans le modeste rai tranchant ainsi les ténèbres, s'agite en une masse folle furieuse la vermine de The Food of the Gods, l'une des madeleines de Proust favorites du camarade Dadid, capable d'emperler ses yeux de larmes d'attendrissement. Un faible nostalgique qui ne l'a pourtant pas convaincu, ce me semble, de sauter le pas quand la musique réellement excellente d'Elliot Kaplan parut sous l'égide de Quartet. Il ne sait pas ce qu'il rate, le bougre ! Mais les échantillons ci-contre sont là pour éclairer sa lanterne — et peut-être l'exhorter à se mettre finalement en chasse du précieux, qui sait.

[sima83]

Je suis en train de revoir The Fury justement ! Williams y atteint des sommets, surtout dans les scènes avec Amy Irving. Sa façon d'orchestrer les pouvoirs psychiques avec les cordes et les choeurs, c'est du grand art.

Tiens, à propos de Donaggio pour Carrie, j'adore comment il utilise le thème principal au piano qui devient de plus en plus torturé au fil du film. Ça me rappelle un peu certains passages de The Fury d'ailleurs.

The Food of the Gods, je ne connaissais pas du tout la musique de Kaplan. Merci Lee Van Cleef pour la découverte ! C'est vrai que ça mérite vraiment plus d'attention, l'orchestration est super travaillée. Quartet fait un boulot génial avec ces rééditions de perles oubliées.

Au fait, quelqu'un a écouté la nouvelle édition du Dracula de Williams ? Je crois que La-La Land a sorti ça récemment...

[Dadid]

The Food of the Gods, l'une des madeleines de Proust favorites du camarade Dadid, capable d'emperler ses yeux de larmes d'attendrissement. Un faible nostalgique qui ne l'a pourtant pas convaincu, ce me semble, de sauter le pas quand la musique réellement excellente d'Elliot Kaplan parut sous l'égide de Quartet. Il ne sait pas ce qu'il rate, le bougre !

Oui, j'avoue une tendresse infantile pour ce film de rats géants (les autres animaux étant hélas sous-traités). Pas sûr que les rongeurs aient apprécié les baignades forcées et tirs de peinture rouge dans leur tronche, mais bon, quelques plans truqués (comme celui de la maison isolée dans l'eau) conservent une énergie brute, un réalisme efficace encore aujourd'hui. La musique de Kaplan est digne d'intérêt, c'est sûr, et puis j'apprécie l'absence d'effets de basses bourrins des scores d'horreur de cette époque : techniquement, il fallait que ça passe via les pistes optiques à la bande passante réduite, raison de plus pour privilégier l'atonalité et les stridences au centre du spectre (violons, flûtes...) afin d'agresser le spectateur ! ça me va, j'apprécie, simplement je ne suis pas sûr d'écouter régulièrement cette BO isolée sur mon canapé.

Je suis en train de revoir The Fury justement ! Williams y atteint des sommets, surtout dans les scènes avec Amy Irving. Sa façon d'orchestrer les pouvoirs psychiques avec les cordes et les choeurs, c'est du grand art.
Au fait, quelqu'un a écouté la nouvelle édition du Dracula de Williams ? Je crois que La-La Land a sorti ça récemment...

The Fury, BO remarquable et album (entièrement réenregistré avec le LSO) encore plus remarquable : chef-d’œuvre ! Pour le Dracula, tu dois parler de l'intégrale parue chez Varèse il y a quelques années ? Plus que recommandé, évidemment !