Quelle est la meilleure musique pour un film Mission Impossible...

[Ratatouille]

D'abord, je me demande pourquoi dePalma n'a point été rechercher Lalo Schifrin pour le premier opus...

Alors... à vous de décider...

Pour ma part j'ai trois coups de coeur... Elfman, Giacchino et Kraemer... qui sont dans une superbe lignée de la série...

[Dadid]

Mon avis est biaisé. Les films sont contraints d'aligner des scènes d'action spectaculaires, là où M:I la série reposait sur un espionnage plus discret. Ce que j'aime dans la série et la musique de Schifrin, c'est le côté feutré. Suspense. Low key. Les films sont différents, on est au cinoche, il faut que ça tape. De ce fait, sauf reprises des deux thèmes principaux, ça ressemble à d'autres films d'action, plus ou moins élaborés, mais l'esprit est assez différent.

En résumé: pour moi M:I c'est d'abord la série et schifrin.

[Ratatouille]

Je comprends très bien... et comme tu le pointes bien, c'est pour le cinéma et non pas pour la série qui je pense n'aurait jamais eu un meilleur thème...



En fait je crois que Graeme Revell et la "pas très bonne adaptation" du film The Saint respectait mieux.... où alors je reprends un Valium et je vais me coucher... surtout avec un thème très proche de Midnight Cowboy...

[DarkCat]

Bien d'accord avec Dadid.
Quant on voit le rôle de M. Phelps dans le premier film, on comprend vite que la volonté a été de s’affranchir (chier ? ) sur la série.
Pour moi, c'est juste une série de films d'action comme tant d'autres, ayant seulement le titre en commun avec la série.

[Dadid]

Oui, le premier film était co-produit par Tom Cruise à sa propre gloire, pour se repositionner sur le devant de la scène : loin des l'esprit d'équipe de la série, il fallait recentrer le récit sur son personnage et donc sur sa personne. Néanmoins, surtout grâce à De Palma, c'est un des meilleurs opus ciné ; Elfman a produit un score adéquat, intéressant mais en retrait dans le film, car c'est bien le thème de Schifrin et rien d'autre qui déclenche la jubilation du spectateur à quelques moments clefs. Ce fut relativisé par la suite, heureusement. C'est un peu le problème général pour les compositeurs de M:I, ou une facilité si l'on veut, difficile de se démarquer mais on peut compter sur le thème pour relancer l'action.

Comme Williams pour Indiana Jones, Jaws, Star Wars, Superman ou Harry Potter, Schifrin a tué le jeu thématiquement. Rien ne pourra le faire oublier, les successeurs n'ont plus qu'à se faire modestes et le citer.

[Ratatouille]

Oui... on est bien loin de la subtilité de Schifrin...

[Haricolin]

Bon, vu que vous commencez à un peu trop vous auto-valider ici, et que ce n'est pas bien une discussion sans débat ( ), j'interviens tel Ethan Hunt sautant sur un avion en marche.
Chaque compositeur a eut une approche différente de la saga qui est intéressant d'analyser (comme le fera surement Total Trax à la sortie du 8). Allons y joyeusement donc et n'oubliez pas que ce message s'auto détruira dans 5 secondes.

Tout d'abord, prenons le temps de nous pencher sur le peu de la BO de Silvestri qui fut rejetée par De Palma pour le premier film. Une approche déjà assez atypique, un peu rock et avec un peu d'électro, en rupture conséquente avec l'approche de Schifrin et qui privilégie l'action jouissive. Sûrement jugée hors sujet, elle fut donc rejetée. N'empêche que c'est une approche atypique qui n'était peut être juste pas dans l'air du temps, on y reviendra.


Ensuite, toujours sur le premier film on a donc la BO d'Elfman, dans un genre réellement différent pour un premier film opératique. Elfman concocte une musique d'une efficacité folle, très élégante et un peu romantique dans l'approche, une approche d'une subtilité très opposée à la proposition de Silvestri qui reprend habilement le thème de Schifrin. Un must pour sûr, mais ça tout le monde le sait.

(On va occulter les chansons autour du thème qui ont été faites tout le long de la saga, car flemme)

Poursuivons ensuite sur le deuxième film réalisée par John Woo avec à la musique notre teuton préféré (mais siiii ) qui, à l'image du film, prend un virage drastique par rapport à Elfman avec une approche très rythmique, un peu lyrique sur les bords pour Nyah et très rock, très empreint de son époque. Loin d'être désagréable, loin d'être subtil aussi, on retient tout de même des moments d'action bien burnés et un premier degré amusant sur tout le film. Un témoin de son époque pour sûr, la première BO qui ose poser une musique radicalement différente de Schifrin.


Troisième film réalisé par JJ Abrams, et qui dit Abrams dit Michael Giacchino pour un film clairement en dessous du reste (on va pas se mentir). Vu que cette saga n'a aucun sens musicalement, retour en arrière (ou en avant) avec le style très classique de Mike-Gic qui revient à un orchestre symphonique. Grand fan des histoires d'espionnage (comme le montrait déjà Incredibles et ses grosses influences Barryesque), Giacchino retourne proche du style de Schifrin dans un genre évidemment plus actioner et dans des tonalités plus sombres pour coller au film. Peut être, à mon gout, la BO la plus Schifrin mais pas forcément la plus mémorable, Giacc ratant un peu l'occasion d'introduire de nouveaux éléments marquants. Mais l'exercice est très bien réalisé (c'est Giacc quand même).


On enchaine avec Brad Bird et qui dit Bird dit Michael Giacchino. Tient, comme un sentiment de déjà-vu . Premier compositeur à revenir sur la saga, Giacchino développe pourtant une BO différente de celle du 3, nettement plus colorée, ethniquement parlant (les choeurs russes vivifiants du début du film) et en terme d'action également (c'est un feu d'artifice cette BO). Le style garde un certain attachement à Schifrin mais Mike-Gic prend un pas de côté qui est fort bienvenu et qui laisse cette BO durablement en mémoire. Une franche réussite.


Le prochain film introduit un élément qui marque un tournant dans la saga, Christopher MacQuarrie en scénariste et réalisateur, qui construit l'équipe qui restera sur toutes les suites et commencent à relier les différents éléments des précédents à une nouvelle histoire intriquée en diable, sorte de version moderne d'une intrigue d'espionnage saupoudrée de scènes d'action fort réussies. A la musique, Joe Kraemer, qui avait déjà travaillé sur Jack Reacher avec McQuarrie, qui est également dans un style symphonique. On revient à des touches plus Schifrin, toujours avec cet apport d'une action très rythmé. La tonalité alterne entre urgence et espionnage, avec des scènes d'action superbement ciselées. Mais à nouveau, ça manque un peu de touche spécifique et on ne retient pas de morceaux vraiment marquants.


On se rapproche de la fin avec Fallout et un fan favorite de ce forum, le bon Lorne Balfe évidemment . On retourne donc à RCP où Balfe développe son éternel style très direct. On assiste alors à une synthèse en quelque sorte du style de Balfe : une musique d'action centrée autour d'une idée unique (ici un ralentissement du thème de Schifrin avec une insistance trois notes pour un ton plus grave) sans deuxième lecture. Une musique très brut de décoffrage, primitive dans sa construction, qui t'expose clairement l'idée principale d'urgence et dramatisation sans que ça soit loupable par qui que ce soit, béophile ou pas. On tourne alors autour de très nombreuses variations de cette thématique, dans une orchestration RCPienne avec deux trois thèmes oubliables par ci par là. Troisième proposition en rupture, on est ici surtout dans une efficacité à l'image qui ne se croit pas plus intelligent qu'il ne se croit. Pas inintéressant, mais sur la longueur c'est évidemment compliqué.


Dernier film en date donc, Dead Reckoning retrouve Lorne Balfe qui parait désormais bien installé. Ici, toujours dans le style très direct de Balfe, on insiste sur les rythmiques avec les percussions et le thème de the Entity, qui prend alors beaucoup de place, et qui sans surprise est très évocateur en très peu de notes. A l'image du film, dans un enchainement de scènes d'action à couper le souffle dans une course contre la montre, la BO ne s'arrête jamais et les ficelles très évidentes de Balfe ont tendance, malgré une efficacité sans borne, à s'essouffler sur la longueur. Ces deux BO sont donc témoins de leur époque également, le style RCP ayant envahi les productions hollywoodienne, même si Balfe est loin de proposer son boulot le plus ingrat.



Marrant donc d'analyser toutes les BO qui témoignent des luttes d'une époque de la musique du film. Elles sont toutes intéressantes pour des raisons différentes. La saga se finira peut être sur le prochain film qui sort en mai, Final Reckoning, et donc sur une BO de Balfe, qu'on peut faire confiance pour nous proposer une BO très éloquente, sans seconde lecture ou complexité, mais d'une efficacité toujours diable à l'image. La grande question demeure : sur quoi Balfe insistera sur ce dernier opus ? Le débat est lancé.

[Ratatouille]

Très bon résumé Haricoln... pour le Zimmer j'adore le côté hispanisant mais le reste... help...
Et si on veut un peu Paul & Mickey... la musique qui a la plus mal vieillie... c'est bien celle de Zimmer... non ?

Autant Driving Miss Daisy reste intemporelle... autant l'électro de M:I 2 a pris un coup dans l'aile... et Badelt et Peirera sont crédités comme compositeurs supplémentaires mais pas sur l'album... et dès que j'entends la voix de Lisa Gerrard j'ai envie de chanter Gladiator...

Je me rappele avoir adoré le mettre en boucle quand je travaillais à la boutique de cinéma et le CD partait comme des petits pains... mais pas sûr que cela fonctionnerait maintenant...

[Lee Van Cleef]

A la musique, Joe Kraemer, qui avait déjà travaillé sur Jack Reacher avec McQuarrie, qui est également dans un style symphonique. On revient à des touches plus Schifrin, toujours avec cet apport d'une action très rythmé. La tonalité alterne entre urgence et espionnage, avec des scènes d'action superbement ciselées. Mais à nouveau, ça manque un peu de touche spécifique et on ne retient pas de morceaux vraiment marquants.

À défaut de mettre en exergue les variations multiples et parfois pêchues autour de The Plot, qui doivent évidemment trop à Schifrin pour s'accaparer seules les honneurs, l'on pointera résolument de l'index le vrai morceau de bravoure de ce Rogue Nation sans cela plus programmatique que vraiment inspiré : l'excellent, mystérieux et presque raffiné Solomon Lane, qui à l'époque arracha une exclamation admirative à nul autre que Janus himself ! C'est dire le petit tour de force accompli là par Kraemer.

[Dadid]

Excellent, en effet ! Une fois admis qu'il serait impossible de faire oublier la thématique originelle, sur l'ensemble j'aime bien Giacchino (qui en use pas mal en effet sur son premier essai), par contre je n'ai jamais écouté ce Kraemer, et visiblement c'est bien dommage !

- Dadid, ne tu manques pas d'air de critiquer sans savoir.
- Et ça, c'est manquer d'air ?