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Quelle déchéance ! Quelle vertigineuse dégringolade dans le cloaque des bas-fonds ! Voici réduit le vieux Van Cleef à recourir, semblable à quelque bateleur de peu de prestance, aux plus criards artifices publicitaires, tapageurs et baveux, dans l'espoir d'appâter davantage que le lot efflanqué des habitués... Mais les complaisances de l'auto-apitoiement patienteront. Je ne veux dans mon repaire que sourires plein le faciès et sacs de voyage ventrus — car nous allons sillonner le globe en toutes directions, gentlemen !
Et ce sera en excellente compagnie, daignez le croire. Celle de compositeurs conviés à faire couleur locale, dans des contrées qui sont étrangères à leur propre nationalité. Si vous entendez piauler la cuica avec sa traditionnelle allégresse (je peux d'ores et déjà vous le dire : elle en sera), alors il ne s'agira nullement d'un inédit pour le grand écran d'Heitor Villa-Lobos ; si vous entendez s'ébattre un accordéon patelin (je peux d'ores et déjà vous le dire : il en sera), alors il ne s'agira pas le moindrement de Georges Auric en train d'assaisonner à la mode de chez nous le thème de La Grande Vadrouille. Ici, l'exotisme est de mise pour tous. Je ne saurais donc trop recommander à chacun de se munir d'un précieux Guide du Routard avant de lancer l'écoute des trente échantillons concoctés, à peu près équitablement (hé-hé-hé...), entre rengaines familières et fichues colles à se martyriser le cuir chevelu.
Comme à l'accoutumée, le barème réserve pour chaque titre deux points, l'un pour le titre du film, l'autre pour le nom de l'auteur. Parmi ceux-ci, il en est un (petit indice que ma mansuétude condescend à vous octroyer en guise de bienvenue) à qui j'ai réservé un bis repetita, alors qu'il est pourtant très loin de faire partie du gotha des compositeurs d'écrasante renommée. Tous les moyens de me faire parvenir le fruit de vos méditations musicales sont autorisés : MP, mails, téléphone arabe, télépathie, enveloppes cachetées, petites annonces cryptées dans la feuille de chou locale, talkie-walkies... Le choix des armes vous revient. Nous verrons, d'ici au week-end prochain, lequel de vous tous aura su tirer l'épingle la plus effilée de ce jeu retors.