Encore une fois la boîte à malices de Pixar concocte le divertissement idéal, mêlant tendresse et poésie, loufoquerie incongrue totalement assumée, sens du conte philosophique et de la légende, des séances d'action trépidantes, un soin formel que l'on ne présente plus, et un Michael Giacchino qui redonne encore une fois à la musique de film ses lettres de noblesse et sa générosité...
Adventure is up there !
BRAINSTORM main title (James Horner) http://www.youtube.com/watch?v=HMj_80T6cyg
Film composer great Elmer Bernstein (Magnificent Seven, To Kill A Mockingbird) once said to me, “The dirty little secret is that we’re not musicians – we’re dramatists.”(Michael E Levine)
Ca me fend le coeur d'avoir à te le dire, Walden, mais j'ai peur que nous soyions irréconciliables, pour cette fois. Up, ce projet, comme toujours avec Pixar, d'une fabuleuse ambition, m'a laissé un sentiment aussi tristement mitigé que le surestimé Wall-E. De même que l'incroyable exercice de style de 40 minutes ouvrant ce dernier film m'avait cloué d'une béate admiration, le premier acte d'Up m'a enchanté et ému jusqu'aux larmes. Poignant, sincère, empli d'une subjugante poésie et choyé par le très beau thème de Giacchino, ce merveilleux prologue n'a aucun mal à s'imposer comme l'une des plus belles choses que nous ait jamais offertes Pixar.
Hélas, le film abandonne bien trop vite cette délicate singularité pour s'engager sur des chemins plus balisés. Après les aimables bibendums de Wall-E qui avaient grand peine à nous convaincre de la décadence de l'humanité (c'était quand même pas bien apocalyptique, tout ça), Up flanque dans les pattes de son septuagénaire bougon un gamin bavasseux (pas tout à fait le modèle du sidekick abruti dont on a envie de botter l'arrière-train, non, mais pas si loin non plus), des clébards tout aussi expansifs et un volatile crétin. A maintes reprises, j'ai été tenté de me pincer pour me convaincre que je n'avais pas été téléporté face à une production Dreamworks, dont la finesse éléphantesque n'est plus à prouver deuis longtemps. Bref, le beau récit tendre, drôle et nostalgique s'est mué en un film d'aventure certes bien troussé, mais remplissant le cahier des charges sans plus aucune audace.
haaaaaa, mon Lee, certes comme toi je ne vois pas le dernier Pixar comme l'œuvre sacrée de Michel Ange, cependant, l'aspect trépidant, le récit d'aventure, doivent dynamiter ces petits récits poétiques admirablement concoctés !
J'avoue ne pas comprendre cette réticence souvent entendue à propos de la deuxième partie de WALL-E, car le film est pour moi un mélange chimique parfait entre l'abstraction assez gonflée (et cachée peut être du grand public...) et l'aventure qui la suit, il ne faudrait pas à mon sens que le petit Wall-E se contente d'airer tel un objet mécanique dans un vide auteuriste à l'européenne, il faut que Wall-E trouve une raison à son existence, par l'action, l'accomplissement d'une geste héroïque
même un Kubrick savait rendre son sens formel abstrait, hérité de l'histoire de la Renaissance et très poussé passionnant à travers le récit (souvent cruel) de ses personnages pathétiques, l'identification du spectateur...
les gros lards du vaisseau spatial de Wall-E, c'est une charge plus poussée que l'on peut imaginer sur la société de consommation à l'occidentale, à l'américaine !
Concernant UP, j'ai aimé ce que les créateurs de Pixar peuvent de permettre de faire avec leurs succès..."alors...heu...c'est l'histoire d'un vieux ronchon qui veut faire un voyage en ballons dans une contrée totalement imaginaire, accompagné d'un volatile hystérique, d'un petit gros gentil et d'un chien qui parle"....ces types peuvent se permettre de mélanger une forme de goût pour la poésie "désuète" (sentimentalisme de l'âge d'or), leur passion pour l'art pictural, leur désir irrésistible de créer un spectacle capable d'unir parents et enfants (pour nous autres, le nombre de références à Lucas et Spielberg dans la dernière partie est...éloquente !)
regard interrogateur de l'executive ..."So, what the f...is this ? Do you have a public target or what ? Do we sell the derivative products, the dolls and figurines or what ? And...you want a "traditional" orchestral score for this ??? Come on, dude, we've got Hans Zimmer and his gang for this shit !" haaa, ok, you guys are weird, but you're gonna lose so much money someday and we won't help ya
que ce soit le MONSTERS VS ALIENS ou UP, je pense que les créateurs de dreamworks et Pixar se permettent à travers l'animation de créer des mondes totalement incongrus, à la fois contre la mode et sachant remplir le cahier des charges pour exciter le spectateur...mais le spectacle n'étant pas une science exacte, leurs œuvres rencontrent-elles un succès financier outrancier ? Si elles rencontrent le succès, celui ci est-il compris ? Hmmm...maybe not...
BRAINSTORM main title (James Horner) http://www.youtube.com/watch?v=HMj_80T6cyg
Film composer great Elmer Bernstein (Magnificent Seven, To Kill A Mockingbird) once said to me, “The dirty little secret is that we’re not musicians – we’re dramatists.”(Michael E Levine)
Mais qu'est-ce à dire, Walden ? Que les plus belles idées, les envolées les plus poétiques, le pessimisme le plus glacial, doivent en fin de compte être sacrifiés sur l'autel de l'entertainment roi ? Encore une fois, j'ai beaucoup d'admiration pour l'effervescence créatrice des trublions de Pixar, mais leurs derniers films, témoignages d'une ambition thématique que l'animation US semblait avoir oubliée, m'ont terriblement frustré. A quoi bon nous offrir ces concepts géniaux (un robot errant sur notre planète agonisante part à la rencontre d'une humanité déliquescente, un vieil homme, hanté par ses souvenirs, effectue le dernier voyage de sa vie à bord de sa maison flottant dans le ciel) pour, sans crier gare, les saborder (j'en conviens, le mot est tout de même un peu fort) en invoquant le bien fallacieux prétexte du divertissement à tout crin ?
Sans compter que Up, en matière de rythme, d'humour et d'action, n'est vraiment pas la plus aboutie des productions Pixar. Ratatouille, par exemple, est à mon sens l'un de leurs films les plus conventionnels, qui ne brille pas d'une folle originalité malgré une idée de départ rigolote (un rat gastronome !), mais il faut lui reconnaître cette qualité : c'est une comédie épatante, aussi innofensive que brillamment réalisée, ce dont Up, tiraillé entre ses fulgurances intimistes et son côté " blockbuster familial " un peu forcé, ne peut pas réellement s'énorgueillir. Bref, le studio semble se tordre dans les affres d'une étrange schizophrénie qu'il lui faudra bien un jour résoudre, s'il ne veut pas finir par brader son unique et merveilleuse inventivité.