Voilà,
The Batou écouté. Ça m'étonne que le score vous étonne. On est dans la droite lignée de sa collaboration avec Matt Reeves depuis maintenant quelques films (si on exclut le cas particulier
Cloverfield et son
Roar! de générique de fin). Rappelez-vous
Let Me In. Rappelez-vous les deux
Planet of the Apes. Des partitions qui sont loin d'être immédiatement accessibles mais qui regorgent d'idées, qui ont leur fulgurances, mais qui s'apprécient surtout dans la durée. Un peu pareil ici. On retrouve l'utilisation de petites percussions légères déjà présentes dans le dernier
Apes, si la filiation n'était pas assez évidente. Une musique plus minimaliste, plus atmosphérique, plus intérieure, et donc plus austère que la moyenne. Malgré tout, je la trouve très réussie.
Des thèmes identifiables (bon, les avoir écouté un paquet de fois au préalable parce que sortis en avance peut aider), qui s'entrecroisent, qui jouent au jeu de la chatte et de la chauve-souris :
- les deux facettes du Caped Crusader : la mélancolie de Wayne (
Funeral and Far Between,
For All your Pennyworth et une légère lueur d'espoir sur la fin avec
The Bat's True Calling et
All's Well That Ends Farewell ; et la colère du Bat, grondante, menaçante, toujours là, présente en sourdine (
Hoarding School), et qui parfois explose (
Highway to the Anger Zone,
A Bat in the Rafters, Pt. 2...)
- le mystérieux et manipulateur Riddler : ambiance éthérée, malsaine, les chœurs et le glockenspiel aidant... apparaît dès
Mayoral Ducting, et revient régulièrement planer sur le score, tel un marionnettiste qui se joue de ses personnages (
Moving In for the Gil,
World's Worst Translator, ou bien
Hoarding School déjà cité, quand le thème du Riddler fusionne avec celui du Bat) ; puis qui s'affole pour
A Bat in the Rafters, Pt. 1 jusqu'à une certaine démesure opératique
- la chatoyante et insaisissable Catwoman : thème à la Barry, tour à tour séducteur, triste, romantique (
Don't Be Voyeur with Me,
Meow and You and Everyone We Know... et sa sublime courte reprise au violoncelle !)
L'album se termine habilement par les suites concertantes déjà parues... et surtout douze minutes de bonheur avec la
Sonata in Darkness, qui joue habilement avec les thèmes de Wayne, du Batman, de Catwoman, bien sûr au piano.
Je pourrais en dire davantage mais il me faudrait le réécouter pour découvrir des choses qui m'auraient échappées. En une seule écoute, je suis néanmoins déjà conquis.
Ne faire que renvoyer encore et toujours aux partitions (superbes !) d'Elfman, je ne vois pas excessivement l’intérêt. Un certain JW fait un thème à deux notes pour un requin et tout le monde trouve ça génial (et ça l'est !). Il y a un peu de ça dans les notes du Bat, l'idée de menace permanente, planant sur tout le film. Ici, le grand méchant n'est pas une créature aquatique, c'est la colère. Ça a toujours été comme ça avec Batman, ses ennemis servant à mettre en exergue le côté ambivalent du personnage, toujours sur la tangente. L'ambiance est bien plus pesante, plus proche du polar urbain hardboiled, bien gritty, mâtiné de noir, que dans le gothique opératique de Burton. En l'état, cela me semble donc très approprié. Plus qu'à voir le film, qui m’intéresse grandement !