Je vous propose une liste et un bref exposé de quelques thèmes triés sur le volet - à chacun d'ajouter les siens - avec
une constante particulière : la plupart du temps, les motifs des méchants sont courts et concis, rares sont les compositeurs
à avoir écrit pour eux de longs thèmes mélodiques, hormis quelques exceptions. Voici pour commencer ceux qui me viennent
en tête (ce n'est pas exhaustif, j'en oublie certainement plein d'autre !) :
STAR WARS THE EMPIRE STRIKES BACK - Williams : évidemment, LE classique de tous les thèmes de méchant, la marche impériale est le symbole depuis très longtemps du mal au cinéma, et Williams s'est fait plaisir en écrivant cette marche cuivrée plus puissante et guerrière que réellement sournoise, même si les développements plus lents et plus nuancés du thèmes sont plus menaçants dans le score et dans RETURN OF THE JEDI ! A noter que si le thème de Dark Vador n'avait pas encore été écrit dans le 1er opus A NEW HOPE, on trouvait déjà une identité musicale pour Vador, associée aussi à l'étoile noire. Je pourrais aussi citer le thème de 5 notes de Kylo Ren pour THE FORCE AWAKENS, moins inspiré mais tout à fait reconnaissable dans le film, et indissociable de l'antagoniste principal du film de J.J. Abrams !
JAWS - Williams : impossible de passer à côté de ce célèbre motif de 2 notes et de son thème de tuba jouant dans l'aigu - très difficile pour cet instrument - associé au requin dans le film ! Un vrai coup de génie et peut être l'un des thèmes les plus célèbres du cinéma !
THE ROCK - Zimmer et compagnie - Le thème militaire de Hummel et son commando est probablement l'un de mes thèmes de bad guy favori au cinéma. Je me souviens encore de la claque la première fois où j'ai vu le film, j'ai adhéré immédiatement à la musique et à ce superbe thèem
PREDATOR - Silvestri : dans celui-ci, c'est plus compliqué, car la plupart des thèmes composés par Silvestri évoquent directement le predator d'une manière directe ou indirecte. On a déjà le motif de 4 notes ascendantes dans "Cut'Em Down" et surtout "The Waiting", qui évoque le mythe du predator et suggère sa présence lointaine de manière surréaliste. On a ensuite le motif de 4 notes décrit comme une sorte de "Dies Irae" dans le livret, évoquant les scènes où l'un des personnages affronte le monstre et va vers une mort certaine. On a ensuite ce fameux motif d'action de 7 notes entendu surtout dans la deuxième partie du film (et amplement repris dans PREDATOR 2), qui évoque les scènes d'attaque du predator. Enfin, on a un motif en notes descendantes sur fond de ligne chromatique descendante dévoilé pour la première fois vers la fin de "The Girl's Escape", et qui suggère la présence menaçante et invisible du predator. Le génie de Silvestri a été d'avoir su jongler avec tous ces motifs en les développant (parfois superposés) avec une richesse thématique incroyable, PREDATOR étant à coup sûr l'un des scores d'action les plus thématiques de son époque.
BROKEN ARROW - Zimmer : pour celui-là, c'est un contre-exemple, car le "Deakins's Theme" est très mélodique, reconnaissable à son riff de guitare baryton interprété par Duane Eddy, un motif plutôt fun et même un brin nostalgique, apportant un côté cool au méchant du film (Travolta), qui devient une sorte d'anti-méchant/anti-héros, volant même la vedette à Christian Slater dans le film. C'est probablement l'un des motifs de bad guy les plus reconnaissable des musiques d'action des nineties !
THE MENTALIST - Blake Neely : j'ai un faible pour celui-là, car, format série TV oblige, le compositeur a loisir de développer amplement son idée thématique pour le grand méchant et principal antagoniste de Patrick Jane, John le Rouge. Et contrairement aux exemples précédents, Neely évacue ici tout aspect mélodique et suggère John le Rouge de manière complètement mystique et angoissante, à l'aide d'un accord dissonant de cordes très reconnaissable dans la série, accompagné de percussions en écho (là aussi très reconnaissables dans la série) et d'un peu de sound design, dont quelques sons proches de waterphone. Mais le mélange de cet accord dissonant de cordes + percussions en écho est juste génial à l'écran, d'autant qu'il est entendu lorsque le nom de Red John est prononcé, ou lorsqu'un meurtre fait référence à lui ou qu'un personnage voit le célèbre smiley de sang sur un mur, ce qui renforce encore le caractère surnaturel du serial killer. Neely arrive avec très peu de moyens à évoquer Red John comme une entité mystique et maléfique, déshumanisant totalement son personnage, comme s'il évoquait davantage un démon plutôt qu'un être humain (le fait que l'on ne connaisse jamais l'identité de Red John ni son apparence contribue largement au statut mystique du tueur en série dans MENTALIST). Pour ceux qui ont l'album publié par WaterTower (encore un des foutus CD-R qui ne passe pas sur toutes les chaînes !), le motif est entendu dans des pistes comme "Your Worst Nightmare", "Flowers, Bodies and Smiles" ou surtout "Face to Face".
HARRY POTTER 1 et 2 : il me paraissait inconcevable d'évoquer les thèmes de méchant en passant à côté de ceux de Voldemort pour les deux premiers opus de John Williams ! J'ai même toujours beaucoup regretté que cette identité musicale ait été abandonnée par la suite dans la saga, car l'idée était géniale. En fait, Voldemort possède pas moins de 3 motifs dans les deux premiers films. Le premier est sans doute le plus remarquable, ce fameux motif de 3 notes mystérieuses et obsédantes, qui évoquent en fait dans THE SORCERER'S STONE la pierre philosophale de Nicolas Flamel. Puis progressivement, le motif grandit tout au long du film et devient plus clairement associé à l'obsession dévorante de Voldemort pour cet objet mythique qu'il convoite plus que tout. Dans THE CHAMBER OF SECRETS, il n'est plus question de la pierre mais pourtant, le motif de 3 notes devient plus présent, très présent même, et reste clairement associé à Voldemort. Détail intéressant : dans le film, on ne mentionne son nom qu'à la fin du film lors de la confrontation finale, et pourtant, son motif est présent à chaque fois qu'il est question de la chambre des secrets, des victimes du Basilik ou de l'héritier de Serpentard. En fait, Williams nous donne un gros indice musical depuis le début au sujet de cette énigme ! Le second thème de Voldemort est celui que l'on entend pour la première fois dans le 1er film lorsqu'Hagrid évoque comment Voldemort a tué les parents de Harry il y a plusieurs années. Enfin, le 3ème thème de Voldemort est reconnaissable à sa mélodie plus ample et aiguë qui se rapproche par ses intervalles de celui d'Harry, créant une affiliation et un lien intéressant entre les 2 personnages (reconnaissable surtout vers la fin de la mélodie). Ce motif explose dans "The Face of Voldemort", précédé du thème 2 quelques secondes avant, aussi entendu dans la scène du 1er film où le vendeur de baguette évoque le lien entre la baguette d'Harry qui aurait appartenu autrefois à Tom Jedusor, alias vous savez qui...
DEEP BLUE SEA - Rabin : j'aime beaucoup l'identité musicale des requins dans le film. On reconnaît très vite ce motif de 8 notes en intervalles disjoints souvent joué par un synthétiseur dans l'aigu, renforçant le côté surréaliste et surpuissant des requins, superbement développé dans l'énorme et épique "Anarchy" ! A noter quelques bonnes reprises sur des passages absents du Varèse (au fait Robert, c'est quand tu veux pour l'intégrale de ce Rabin, probablement l'un des meilleurs scores de toute sa carrière après ARMAGEDDON !).
DIE HARD - Kamen - Pour ce film, Kamen a joué la carte de la parodie en détournant une mélodie classique célèbre - l'hymne à la joie de Beethoven - pour l'associer de manière caricaturale aux terroristes allemands d'Hans Gruber dans le film. Le motif de Beethoven se transforme alors en thème menaçant entre les mains de Kamen, une superbe idée que le compositeur reprendra pour DIE HARD 3, où il détournera cette fois l'air américain traditionnel "When Johnny's Coming Home" pour en faire un thème militaire guerrier pour les terroristes de Simon Gruber - faisant ainsi subtilement le lien avec le 1er film -
CLIFFHANGER - Jones - le motif de 8 notes des criminels de Qualen (superbe John Lithgow, l'un de mes méchants préférés dans un film, un bad guy bien pourri qui n'hésite pas à tuer sa copine et à marcher sur son cadavre pour prouver que c'est lui le boss !) est omniprésent dans le score, développé avec brio par Trevor Jones qui n'hésite pas à le superposer avec le thème principal ou d'autres motifs pour les besoins du film, une vraie réussite !
THE EDGE - Goldsmith - la présence du grizzli qui attaque les survivants dans le film est largement suggérée par ces glissandos dissonants de trombones dans le film, Goldsmith évitant l'aspect mélodique au profit d'une identité sonore forte et reconnaissable.
THE 13TH WARRIOR - Goldsmith - comme dans THE EDGE, Goldsmith suggère la présence des Wendrols avec un simple motif de 2 notes, largement développé dans le cultissime "The Fire Dragon" !
TOTAL RECALL - Goldsmith - bien plus remarquable, l'entêtant motif de 4 notes de Richter et sa bande de bad guy dans le film est largement présent d'un morceau à un autre. Omniprésent, le motif est développé de façon obsédante, suggérant l'acharnement de Richter (superbe Michael Ironside et sa gueule de gros dur !) à poursuivre Quaid tout au long du film. J'adore la reprise enragée du thème à la fin de "Clever Girl" et surtout dans "The Hollowgram". Goldsmith joue avec ce thème malléable qu'il développe tout le long avec brio : en notes courtes, en notes longues, en canon, en contrepoint avec un autre motif, tantôt mélodie principale, tantôt en formule d'accompagnement (dans "Identification"), etc.
DEEP RISING - Goldsmith - dans le même ordre d'idée que TOTAL RECALL, le motif en tritons de la créature est omniprésent tout au long du film, à tel point qu'il s'agit bel et bien du thème principal du score. Le motif du monstre est reconnaissable dès l'ouverture à ses 5 notes descendantes de trombones sur un intervalle de tritons diabolique, un motif de "monster movie" très caricatural et un peu kitsch, mais que Goldsmith développe avec brio sous toutes sortes de variante diversifiées, comme dans TOTAL RECALL, à tel point que le motif finit par se glisser un peu partout, à l'instar de la créature !
THE QUICK & THE DEAD - Silvestri : j'aime bien le motif de John Herod (superbement campé par Gene Hackman, un méchant génial !), un thème construit en fait en 2 phrases : la partie A, sombre et menaçante avec son thème de 3 notes, puis une partie B avec ses 2 notes de vent plus mystérieux. A noter que la partie A sera reprise note pour note par Silvestri pour Imhotep dans THE MUMMY RETURNS !
THE MUMMY - Goldsmith : un autre grand thème de méchant, le motif de 6 notes d'Imhotep dans le film est ample et grandiose, évoquant aussi bien le caractère dangereux de la momie que ses pouvoirs surnaturels. Un motif de bad guy très réussi !
THE DARK KNIGHT - Zimmer : difficile de ne pas évoquer ce motif atypique pour le Joker, qui n'est pas une mélodie mais plutôt une note tenue de violon électrique/guitare électrique chaotique évoquant l'anarchie incarnée par le personnage de Heath Ledger dans le film. Une idée conceptuelle intéressante et brillamment exploitée par Zimm, JNH et sa bande dans le film ! Dans le même ordre d'idée, j'aime aussi beaucoup le thème de Bane dans THE DARK KNIGHT RISES, reconnaissable à ses choeurs masculins qui scandent "deshi, bashara!", choeurs pour lesquels Zimmer aurait paraît-il enregistré près de 10.000 internautes sur le net par le biais du site UJAM !
ROBOCOP - Poledouris : j'aime aussi beaucoup le motif de 6 notes ascendantes de Clarence Boddicker et ses bad guys dans le film de Verhoeven. Voilà un thème de méchant simple qui fonctionne admirablement bien dans le film et s'avère même très reconnaissable, un bon pendant à la marche héroïque et justicière de Robocop dans le film ! Je pourrais aussi mentionner le thème aux consonances asiatiques d'Otomo pour ROBOCOP 3, bien qu'il me semble beaucoup moins mémorable pour le coup !
ROBOCOP 2 - Rosenman : même s'il a échappé à beaucoup de monde, il y a bien un thème pour Robocop 2, que l'on entend vers la fin du film, lorsque l'OCP envoie le monstre faire le ménage dans l'entrepôt, ou durant la confrontation finale entre les deux robots. Sur le Varèse, on peut l'entendre essentiellement dans la piste "Robo I vs Robo II", alors que la plupart des allusions au thème n'ont pas été retenues pour l'album. Encore une fois, un peu comme dans DEEP RISING, Rosenman évoque Robocop 2 avec un thème de "monster movie" caricatural et kitsch, qui fonctionne parfaitement à l'écran !
AIR FORCE ONE - Goldsmith : j'adore le thème des terroristes russes dans le film. Gary Oldman et ses gars possèdent une mélodie aux consonances slaves évidentes, avec ce thème en tierces parallèles largement développé dans le film. Le petit plus, ce sont ces moments où Goldsmith parvient à apporter un peu de mélancolie à ce thème menaçant, le transformant même en véritable hymne russe lorsque le choeur entonne la mélodie de manière grandiose et dramatique pour la libération de Radek à la fin du film : un grand moment de musique (honteusement absent du Varèse) ! Dans le même ordre d'idée, Richard Marvin avait repiqué ça (et d'autres idées) dans U-571, ironiquement surnommé parfois AIR FORCE TWO !
THE USUAL SUSPECTS - Ottman : un exemple intéressant de thème non mélodique. Dans le film, la présence mystique de Keyser Soze - grand méchant culte et emblématique des thrillers 90's - est évoquée à plusieurs reprises par une succession d'accords mineurs menaçants et grandioses, y compris d'un thème en notes ascendantes entendus lors des scènes de flashbacks, où la caméra suggère - sans le montrer - les crimes de Soze sur le bateau à la fin du film. Comme le fera des années plus tard Blake Neely sur MENTALIST, John Ottman a su évoquer le personnage du tueur en série Keyser Soze avec une identité musicale restreinte et pourtant très mémorable dans le film, indissociable des images !
X-MEN FIRST CLASS - Jackman : le thème de Magneto dans le film est à coup sûr l'un des motifs de bad guy les plus fun de son époque. Le thème, plutôt simple, fonctionne parfaitement grâce à sa cellule de 3 notes et sa guitare électrique conférant ce côté cool au personnage de Michael Fassbender dans le film !
X-MEN - Kamen : c'est Kamen qui fut le premier à écrire un thème pour Magneto dans le film - il y a aussi celui de John Powell pour X-MEN THE LAST STAND - et qui s'avère très réussi dans son genre, bien que plus nuancé et moins reconnaissable que dans le score d'Henry Jackman.
WILLOW - Horner : impossible de ne pas évoquer ce célèbre motif de 4 notes indissociable des oeuvres de James Horner, et qui évoque clairement les guerriers de la reine Bavmorda dans le film ! A noter qu'Horner n'a jamais été un spécialiste des thèmes de méchant dans les films...on pourrait aussi évoquer les clusters dissonants évoquant la créature dans KRULL, mais à part ça, ce n'était pas vraiment son fort, hormis peut être les motifs dans STAR TREK II et III, ou dans WOLFEN...
GREMLINS - Goldsmith : le rag time des Gremlins, reconnaissable dans le générique de fin du film, est un classique de Goldsmith, et un superbe thème de bad guy, plutôt cartoonesque et sournois ! Dans GREMLINS 2, Goldsmith va plus loin en créant un thème humoristique pour le gremlin débile et farfelu, ou comment faire de l'humour en évoquant les antagonistes d'un film ! Dans le même ordre d'idée, David Newman procédait un peu de la sorte dans le premier CRITTERS !
THE MATRIX - Davis : là aussi, voilà un motif non mélodique mais plutôt une identité sonore forte dans la trilogie. Don Davis évoque l'agent Smith avec ce même sample électronique évoquant un bourdonnement informatique étrange, et très reconnaissable dans les trois partitions, illustrant l'aspect "virus informatique" du personnage brillamment campé par Hugo Weaving !
ALIENS VS PREDATOR REQUIEM - Tyler : dans le film (peut-on appeler cette bouse un "film" ???), Brian Tyler suggère la présence des aliens avec cette même déferlante de trompettes aléatoires et stridentes qui apportent aux monstres ce côté organique et monstrueux très reconnaissable dans le film, de la même façon qu'il évoque à contrario le Predator avec les percussions tribales, les rythmes à la Silvestri et les orchestrations plus carrées, un bon résume de l'esprit des deux sagas du point de vue de leurs musiques respectives d'origine !
BLACK CAULDRON - Bernstein : j'aime bien le thème du sorcier maléfique dans le film ! Voilà un thème de méchant kitsch et un peu caricatural, mais qui fonctionne parfaitement grâce à son caractère menaçant et puissant qui grandit tout au long du film !
VAN HELSING - Silvestri : le thème de Dracula est très réussi dans le film. Silvestri concocte un thème maléfique comme il sait si bien les faire en évoquant sous la forme d'une marche puissante les pouvoirs de Dracula, le tout accompagné de ces choeurs latin gothiques et ténébreux : un très bon thème de bad guy !
Il y a certainement plein d'autres exemples, à vous de proposer les vôtres !
