13 Hours : The Secret Soldiers of Michael Bay

[Lee Van Cleef]

Terminé, les conneries ! Le divin Michael est de retour, et avec lui la grâce cinématographique trop de fois molestée par d'indélicats malandrins. Dans son sillage, cavalent au pas de charge les gros bras héroïques, mangés de barbe et de biceps d'acier, ruisselants de sueur, lestés d'à peu près autant de gros méchants flingues que Schwarzy dans le grand final de Commando, pour qui Bay a toujours nourri les sentiments les plus tendres. Et comme à l'accoutumée sous l'égide de leur cicérone, les bougres ont du pain sur la planche : en ce jour anniversaire des attentats du 11 septembre, les vils insurgés (silhouettes spectrales qui pourraient presque sortir du Assault on Precinct 13 de Carpenter) dont pullulent les ruines de Benghazi ont sorti l'artillerie lourde pour prendre d'assaut la base diplomatique américaine. A peine le temps de dérouler de lourds rubans de guimauve lors des inévitables appels vidéos à destination de leurs familles bien-aimées, et voilà nos bidasses partis sur le sentier de la guerre, façon Alamo au pays des turbans. Ne s'embarrassant bien entendu d'aucune des multiples considérations éthiques, politiques ou économiques que recèle pareil sujet, l'homme du bouleversifiant Bad Boys II se lance à corps perdu dans un jeu de massacre qu'il marque de son estampille chauffée au rouge. Autant dire que ça n'est pas encore pour cette fois qu'il drainera un peu de l'indulgence de ses légions de détracteurs. Quant au vieux Van Cleef, vous aurez sans doute déjà compris qu'il a passé les presque deux heure trente de la projection dans un état second, éructant et bavant, le gosier surchargé de rauques aboiements de bonheur. Gloire à toi, Michael ! Ton katanesque thuriféraire te salue !

[Alcibiade]

C'est une plaisanterie ?
Moi qui pensais indûment que les films-fleuves ne pouvaient être que les Chan comme "le marin des mers de Chine", que les Bruce Lee comme "Opération dragon", que les Leone comme "Le bon, la brute et le truand", que les Kurosawa comme "Kagemusha", que les Petroni comme "La mort était au rendez-vous", que les Carpenter comme "Vampires", etc. Me voilà tout penaud d'apprendre que Cleef a des penchants de cette nature et peut aussi aduler "Armageddon", "Rock" et "Transformers" ! Il s'agit très certainement d'une considération à prendre au pénultième degré... ?

[Krull]

Même pas Il prend vraiment son pied

[Lee Van Cleef]

Même pas Il prend vraiment son pied

Et comment ! Plutôt deux fois qu'une ! Méfiance, Alcie, je suis tout bonnement intarissable sur Michael Bay et ses chefs-d'oeuvre tout de guingois !

[Alcibiade]

Dans mon infini dogmatisme et aimant me prononcer sans avoir jugé sur pièce de la valeur intrinsèque d'un nouveau Bay (car oui, je suis un vrai détracteur de la chose, gardant mes préjugés au chaud comme mécanismes de défense), je dirais à l'instar d'un Gandalf ébaubi : "Quand Saroumane le sage a-t-il abandonné la raison pour la folie ?"
Il faudrait des pages entières (plus que ne pourrait supporter le site qui imploserait sous la tonne de justifications sophistiques) pour me convaincre d'une seule lueur d'intelligence même fugace et ombragée dans le spectacle pyrotechnique que nous a toujours offert un certain Bay dont les "œuvres" ne me sont pas inconnues ! Après s'il s'agit de "se défouler" dans un moment d'égarement, dans un moment de régression fœtale, je ne vois aucune objection à émettre (il m'arrive de regarder un ancien Emmerich) mais ne parlons pas de "grâce cinématographique" par pitié ! Il y a parfois de telles provocations que mon cœur fragile risque un jour de vaciller !

[Lee Van Cleef]

Il faudrait des pages entières (plus que ne pourrait supporter le site qui imploserait sous la tonne de justifications sophistiques) pour me convaincre d'une seule lueur d'intelligence même fugace et ombragée dans le spectacle pyrotechnique que nous a toujours offert un certain Bay

Je lui parle Michael Bay, il me parle finesse et acuité d'esprit ! En vérité, gentlemen, je vous le dis solennellement, d'intelligence il n'y a jamais eu dans le cinéma hypertrophié du divin Michael, et si les déités des ténèbres le veulent, nous n'en verrons jamais poindre le plus minuscule et obscène tortillon ! Manquerait plus que ça, tiens. Nan, parce que si le gars, pour une raison empoisonnée ou une autre, se mettait tout d'un coup à réaliser de vrais bons films, moi c'est clair, hein, j'arrête de les mater direct ! On déconne pas avec les vaches sacrées du vieux Van Cleef !

[Alcibiade]

Ouf ! Mes doutes sont balayés sur-le-champ ! J'avais la crainte irraisonnée qu'on prenne un certain Bay comme un réalisateur spirituel ayant une intention artistique ! Chose qui est honnie lorsqu'on recherche la pure distraction ! Je consens donc à dire que pour la lobotomie frontale c'est un bon faiseur ! Nous pouvons donc poursuivre sans malentendu (enfin sans moi puisque je n'ai pas grand chose à dire sur un cinéma décérébré qui se vit plutôt qu'il ne se pense) !

[Chapichapo]

Dernier film vu : "Sunset song" de Terence Davies, tout en retenue. Prochain "13 hours", histoire de s'affranchir de la retenue..