X-FILES : saisons, films et conspiration universelle.

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Alcibiade
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X-FILES : saisons, films et conspiration universelle.

Message non lu par Alcibiade »

N'ayant pas trouvé de topic dédié à Chris Carter et à sa créature hybride (produit d'une intuition habile et désormais œuvre moribonde) qui a, quand même, marqué le petit écran et la rétine de la plupart des téléspectateurs des années 90, une petite marge d'expression s'impose peut-être à la faveur de la nouvelle saison.
DarkCat a écrit :En deux épisodes de cette dixième saison de X-Files (à renommer Z-Files), je me suis retrouvé au début des années 2000, lorsque je comatais devant les saisons 7, 8 et 9 (remarquez bien que mon inintérêt pour la série avait peut-être même commencé un peu plus tôt).
Et puis, retrouver David Duchovny dans le rôle de Fox Muder, alors qu'il est, pour moi, devenu Hank Moody, c'est vraiment dur. A chaque séquence, j'attends qu'il balance une réplique cynique et/ou graveleuse et qu'il culbute tout le casting féminin... :lol:
Quant au premier épisode, c'est juste du gros foutage de gueule... justifiant juste le manque de vrais idées intéressantes. Le néant ! :roll:
Après avoir quitté aussi longtemps le FBI, ils reviennent juste et on leur rend leur plaque et leur job ? C'est vraiment cool ! :lol:
Les séquences avec Walter Skinner m'ont aussi paru étranges...

Bref, je n'attendais rien de cette nouvelle saison... et je ne suis donc pas déçu. ;) [...]
Lee Van Cleef a écrit :Il y avait sans doute mieux à faire que de réactiver, de surcroît avec une consternante mollesse, des antiennes devenues si mortifiantes d'ennui que tout le monde parait s'en tamponner souverainement, à commencer par un David Duchovny ânonnant tel un robot quelques strophes de l'éculé "On m'aurait menti ?"... Quant à Gillian Anderson, j'avoue avoir passé l'essentiel de la soirée à jauger, d'un oeil quand même un peu vitreux, le naturel des diverses ondulations de la perruque dont elle s'est affublée. On tue le temps comme on peut.
N'enterrons pas si rapidement cette dixième saison, et cette improbable résurrection ; il s'avère même que la Fox reconduise cette initiative anachronique et, en un sens, c'est un bien. J'avoue que le premier épisode était franchement faiblard (pourtant signé Carter), le deuxième anecdotique, le troisième parodique et distancié comme certains épisodes des anciennes saisons pouvaient être hilarants, le quatrième moyen
(la mort de la mère de Scully bien insipide, et l'homme-déchet comme projection des formes tibétaines de l'esprit et vengeance subliminale des sans-abris contre le parti républicain... bon certes indubitablement original, mais bon !),
, et ensuite... quand même cela s'améliore nettement sur les deux derniers. Et le dernier (une saison, 6 épisodes ?) donne véritablement envie d'en savoir plus, avec comme d'habitude le meilleur moment concentré dans les 5 minutes de fin.

Evidemment, rien de nouveau sous le soleil (mais comment était-il possible de renouveler une aussi longue et emblématique série après au moins 15 ans d'oubli pour les jeunes et de fantasmes pour les vieux sans décevoir ?), on surfe allègrement sur les passions conspirationnistes actuelles avec cette fois-ci la destruction progressive de l'éco-système (et a priori programmée par des forces extra-terrestres), l'idéologie consumériste comme stratégie politique délibérée pour abasourdir les consciences et rendre obèse (oui, bon, on le savait que le but du marché économique est de nous assourdir et de nous alourdir de superflu), la dangerosité des vaccins avec la fragilisation de l'immunité naturelle (cela ne va pas rassurer les généralistes français), etc. Bref, de la paranoïa à en revendre, avec un 5ème épisode impossible à diffuser en France.
(ou en fin de soirée, très tard ! Ou la question sempiternelle : M6 va-t-il vraiment diffuser cet épisode ? Chris Carter, future proie de l'islamisme radical ?) en raison du propos et même du parti-pris à la fin (je ne peux trop en dire du coup).
Bref, cela aurait pu être pire, cela aurait pu être meilleur, mais c'est toujours du X-files, avec en plus une nouvelle équipe de "djeunes" mignons tous pleins (et qui campent de très polis Scully et Mulder en herbe, la rousse et le tombeur en devenir) qui reprendront nécessairement le flambeau si la Fox rentabilise son projet et ceci afin de pouvoir clamer encore et toujours la même "vérité" : "Vous êtes tous manipulés !"
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DarkCat
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Re: X-FILES : saisons, films et conspiration universelle.

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Ou sinon, on peut juste se contenter de dire que les deux premiers épisodes, c'est tout simplement du caca. :mrgreen: :lol:
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Alcibiade
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Re: X-FILES : saisons, films et conspiration universelle.

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C'est confirmé ! Darkcat (mais on savait qu'il y avait anguille sous roche) est de mèche avec le gouvernement, a orchestré l'ouverture arbitraire des affaires non-classées (car on sait bien qu'il y a une raison à tout cela, et que Skinner n'a rien laissé au hasard), est en pourparlers avec l'homme à la cigarette pour obtenir son salut génétique et être parmi les élus (qui seront rares parmi les forumeurs), et veut bien entendu étouffer l'affaire en la faisant passer pour une non-affaire. :mrgreen:
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Re: X-FILES : saisons, films et conspiration universelle.

Message non lu par Scorebob »

"N'enterrons pas si rapidement cette dixième saison, et cette improbable résurrection ; il s'avère même que la Fox reconduise cette initiative anachronique et, en un sens, c'est un bien. J'avoue que le premier épisode était franchement faiblard (pourtant signé Carter), le deuxième anecdotique, le troisième parodique et distancié comme certains épisodes des anciennes saisons pouvaient être hilarants, le quatrième moyen..."
Il me semblait pourtant que n'ont été diffusés que les deux premiers épisodes de la nouvelle saison, les autres étant un best of d'épisodes anciens remastérisés avec en prologue le tout premier de la série.
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Alcibiade
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Re: X-FILES : saisons, films et conspiration universelle.

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Non, les 6 épisodes de la saison dix ont déjà été diffusés en Belgique, au Canada et bien entendu aux Etats-Unis, et les 4 derniers sont bien inédits. M6 effectivement n'a pour l'instant diffusé que les deux premiers, le 3ème étant ce jeudi.
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Lee Van Cleef
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Re: X-FILES : saisons, films et conspiration universelle.

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Indubitablement, il y avait du mieux, hier soir. Mais c'était pas Byzance non plus, hein ! Le troisième épisode, en tentant de ressusciter la veine loufdingue de certains classiques "autres" de la série, a su occasionner quelques sourires non feints grâce à la prestation tonique de Rhys Darby et à des dialogues swinguant allègrement. J'étais même à deux doigts, pour tour dire, de passer l'éponge sur l'indigence absolue de la mise en scène, qui me fit craindre à plusieurs reprises la mort cérébrale du vétéran Darin Morgan derrière la caméra... A l'inverse, l'épisode suivant fignolait son cadre et ses éclairages luisants d'humidité lors de deux ou trois séquences de démembrement perpétrées par un colosse, improbable mais réjouissant rejeton du street art et des excentricités (ici à base de pansements poisseux) d'un moralisateur bohème. L'intrigue, hélas, était expédiée en trois coups de cuiller à pot, pour mieux laisser place aux funèbres (et surtout moyennement passionnantes) lamentations du couple vedette. Pauvres Mulder et Scully, contraints une fois encore de tirer tant bien que mal le boulet qui, tout du long de l'épouvantable second film sorti en 2008, avait bringuebalé derrière eux...
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Alcibiade
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Re: X-FILES : saisons, films et conspiration universelle.

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Non, c'est vrai qu'il n'y a pas de quoi pavoiser, mais cependant tout n'est pas perdu. Il y a eu de mauvais épisodes d'X-files et, en revoyant quelques épisodes de la saison 1 comme "Le diable du New Jersey" ou même "Le fantôme dans la machine", je m'aperçois que la nouveauté jouait aussi à plein régime et rendait pour cela ces épisodes attrayants.

Quelques idées sont appréciables dans l'épisode 3 : le renversement de perspective par exemple : ce n'est pas un homme qui se transforme en lézard-monstre, mais un lézard qui se transforme en homme-monstre ; le début avec la fausse piste de la lycanthropie (un peu le procédé du "Macguffin") ; la peinture d'une humanité voyeuriste à travers des trophées de chasse comme une gueule de loup (avec le propriétaire du motel s'en léchant d'ailleurs les babines) donnant sur le corps rance de Mulder ou ce "lapin à la Lewis Caroll" donnant sur l'anxiété d'un être impatient de retrouver sa forme initiale de lézard (lapin & lézard, bestiaire de Caroll) ; le commerce du multimédia avec particulièrement la maîtrise de la vente des portables d'une facilité si déconcertante qu'il suffit d'un jour pour qu'un lézard devienne expert en arguments vendeurs fallacieux ; etc.

Dans l'épisode 4, et même si la morale est évidemment grossière (avec ces entrepreneurs véreux, ces associations d'aide aux sans-abris qui entendent les reloger mais, par contre, en dehors de certains quartiers résidentiels), on peut apprécier l'idée d'une forme spirituelle vengeresse qui se dérobe à la conscience d'un artiste de rue (ressentant épidermiquement l'injustice sociale) et qui s'incarne dans un être cristallisant toutes les phobies bourgeoises envers les laissés pour compte (puanteur, saleté, violence silencieuse et imprévisible). Outre cela, les démembrements (bien que trop sages) ont quelque chose de cette indignation passionnelle que l'on peut ressentir face à la misère sociale et à l'impuissance du politique (un épisode qui m'a un peu fait penser à Carpenter, et à son "Invasion Los Angeles" -comme l'épisode de la saison 1, "Projet arctique", était un hommage décomplexé à "The thing"-). Et puis aussi rien de mieux pour un bourgeois que de voir son beau parquet ciré souillé d'asticots poisseux et ceci avant de retourner finalement à la terre, c'est-à-dire à la déchetterie originelle ! Certes moralisateur, mais radicalement moralisateur.

Je trouve les deux suivants beaucoup plus intéressants : le cinquième pour sa nature subversive pour nous français, le sixième pour la relance plutôt habile de la théorie ufologique du complot.
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DarkCat
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Re: X-FILES : saisons, films et conspiration universelle.

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L'épisode 3 faisait assez bien illusion, jusqu'au passage dans le cimetière... non mais, c'est quoi ce dialogue pourri qui ne fait pas avancer le Schmilblick !! :shock: J'ai juste eu l'impression que cet interminable dialogue a été pensé uniquement pour rallonger la durée de l'épisode... le scénario étant finalement assez léger.
Après en avoir parlé avec des potes, je pense que beaucoup n'auront finalement retenu qu'une chose de cet épisode : Dana Scully en mode "hot" chez le vendeur de téléphone. :lol:

Quant au 4ème épisode... ennui, ennui et encore ennui.
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Alcibiade
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Re: X-FILES : saisons, films et conspiration universelle.

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(j'ai évité les spoilers pour le 5 et le 6, il s'agit d'un ressenti global et non d'une narration précise)

C'est vrai que pour ce troisième épisode la confrontation entre Mulder et le "lézard" est longue, explicative, mais en même temps avec les flash-back, il s'agit de ce moment crucial où nous pouvons certes découvrir les courbes "érotiques" de la nouvelle Anderson, mais surtout où nous saisissons que le monstre peut avoir le visage de l'humain, et que bien souvent le "monstre" est plus humain que l'humain. Rien de bien nouveau après tout, et la séance psychanalytique caricaturale le disait déjà : les monstres gisent toujours en nous, lorsque nous nous pensons les plus humains, les plus normaux, les plus irréprochables.

Par contre, il faut bien reconnaître que dans cette saison les épisodes les plus faibles sont ceux qui tournent autour de la mythologie, à savoir « la vérité est ailleurs 1&2 », autrement dit les épisodes initiant et clôturant la saison pourtant signés par Chris Carter lui-même. Même si le cinquième épisode, « Babylon », reste, pour moi, le meilleur de cette saison (avec une certaine sympathie pour le trois néanmoins, parce que la série, quand même, ne se prend pas au sérieux, et qu'il s'agit prioritairement non de nous faire croire en une vérité autre mais de nous interroger sur notre désir de croire en une autre réalité, plus enchanteresse, que celle atteinte et décrite par la raison et les sciences), où Carter parvient enfin à filmer de façon nette, fluide, en retrouvant le ton décalé (parfois très drôle et en même temps parfois très grave, l'un et l'autre de ces tons pouvant être carrément associés en une seule image) de certains épisodes passés, on peut être cependant frustré de la façon dont il s'y prend pour amorcer le nouveau tournant conspirationniste de cette saison. Le premier épisode était très laborieux avec cette fin expéditive de rayon bleuté mettant fin à la courte apparition de Sveta. Le dernier l'est tout autant (même si la fin de l'épisode m'a indubitablement et magistralement intrigué), mais parvient par contre à intéresser non pas en raison d'une quelconque virtuosité dans la mise en scène (indigente, avec une volonté de susciter de façon factice l'urgence de la situation avec un montage saccadé, des accélérations d'images dignes du « 300 » de Snyder, des dialogues alambiqués car elliptiques qui reposent sur la seule autorité immédiate de la génétique), mais plutôt en raison du développement ingénieux de la trame complotiste.

Il y a certainement un trait commun entre Carter et Lucas : ils sont bien meilleurs dans les intuitions scénaristiques que dans le rendu cinématographique de ces intuitions.
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Re: X-FILES : saisons, films et conspiration universelle.

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Les derniers épisodes lorgnent vraiment vers la passation de flambeau aux clones de Mulder et Scully , je vois bien nos deux acolytes enlevés dans les cieux par la providence du scénario et laisser la place à leurs rejetons spirituels pour continuer le combat.
Il fallait bien que Carter teste son public avec cette "amorce" (économique) pour voir si les fans de la grande époque allaient en redemander même avec "des têtes nouvelles" , ça c'est du marketing !
Quand a l'épisode sur les Djihadistes je ne vois pas en quoi l'argumentaire pouvait être "perturbant" pour le public Français?
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Re: X-FILES : saisons, films et conspiration universelle.

Message non lu par DarkCat »

Ouais, moi non plus, surtout qu'en plus l'épisode n'était pas super passionnant. Et pourtant, j'étais sûr que ce serait d'la bombe...
Et puis, mettre une scène de drogue dans X-Files, alors même que je "vois" déjà Hank Moody et non Fox Mulder, n'est pas une super idée. :lol:

Quant au dernier épisode, c'est étrangement presque le plus intéressant.... même si ça ressemble à un prologue de "Walking Dead". :mrgreen: Comme toujours, c'est un peu n'importe quoi, comme Monica Reyes qui débarque par magie pour faire des révélations, le Smoking Man plus méchant et immortel que la Mort, etc.
En ce concerne les clones fades du fameux duo, ils sont... euh... fades.
Et toujours ce problème récurrent de dialogues qui ne sonnent pas vrais...

Bref, je n'attendais pas la saison 10, je n'attends pas non plus la saison 11. 8-)
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Alcibiade
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Re: X-FILES : saisons, films et conspiration universelle.

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Je trouve, pour ma part, cet épisode 5 très malin, hilarant et délibérément mais incroyablement subversif, ce qui est pour moi une grande qualité (le 6, j'ai eu beaucoup plus du mal -et je ne me remettrai pas de cette séquence de lutte entre Mulder et l'envoyé de l'homme à la cigarette filmée avec ce style qu'on qualifie aujourd'hui d' "esthétique" parce que l'on ne voit plus rien que des mouvements accélérés qui s'enchaînent dans un misérabilisme factice flattant les sens-, et ceci même si, je me répète, le renouvellement de la théorie du complot est ingénieux).

"Babylon" est très insidieux et très sérieux derrière cette présentation volontairement inoffensive. Il est évident que cet épisode est passionnant (au-delà de l'introduction intéressée des agents Miller et Einstein qui, très certainement, bâtiront l'avenir de la série).

Premièrement, l'élément fantastique de l'épisode n'est pas le problème de la communication éventuelle avec un "mort" ou plutôt un terroriste à l'état comateux (il s'agit véritablement d'un prétexte pour ceux qui attendent l'élément surnaturel caractéristique de la série). L'élément fantastique fait en réalité corps avec le "djihadisme" ou le terrorisme islamiste, et je n'avais d'ailleurs jamais envisagé le fanatisme sous cet angle, à savoir le problème métaphysique (pourtant vieux comme le monde et de nature cartésienne) de la relation entre l'esprit et le corps.
Si Mulder répète à l'agent Einstein que "les mots ont un poids" ou que "les pensées ont une masse", c'est surtout pour sortir d'un matérialisme strict qui voudrait que l'homme n'agisse toujours que selon des stimulations purement extérieures comme une impulsion du corps, comme un traumatisme d'enfance devenu réflexe, comme une excitation de chaleur ou de fraîcheur, etc. Avec le fanatisme, nous avons effectivement "une preuve" (X-files n'est que la recherche de preuves indubitables de l'existence d'objets surnaturels) que les mots (et en l'occurrence ici non pas des mots anodins, mais littéralement -et c'est cela le fondamentalisme- la parole de Dieu. Et le "qr'an" n'est autre que la récitation de la parole d'Allah) peuvent agir sur le corps et pousser à l'acte.
Autrement dit, les mots ont une masse puisqu'ils s'insèrent dans la réalité en libérant des événements inexplicables : comment des choses aussi spirituelles que les mots ou les pensées peuvent-ils s'insérer dans la réalité (c'est la même thématique des fantômes ou des extra-terrestres -qui se dérobent pourtant à toute observation- qui peuvent pourtant se manifester) ?
Le "djihadisme" relève bien de l'inexplicable et donc du surnaturel, car il engendre des événements qui sortent du cours naturel des choses. La réplique de l'agent Einstein est, dans ce sens, assez dérisoire (et drolatique) : "lorsque je pense à une glace et que je suis sur un pèse-personne, mon cul ne grossit pas !". La réponse de Mulder est tout aussi percutante : "Vous avez déjà mordu dans un citron ? Cet effet d'amertume mesurable ?".
La sensation est une motion spirituelle, puisqu'elle est ressentie par l'esprit et pourtant ses effets sont objectifs sur le corps qui y réagit immédiatement avec un froncement de sourcils, un serrement de la mâchoire, une crispation des muscles, et une variation d'intensité quantifiable par un instrument scientifique de mesure. Les effets de la sensation citronnée sont "mesurables" c'est-à-dire objectifs, et pourtant la sensation est, en elle-même, de nature spirituelle. Autrement dit, une idée, un mot, une sensation ressentis par l'esprit engendrent un effet sur le corps : l'esprit (qui est une réalité immatérielle) se manifeste dans le corps (qui est une réalité matérielle).
Les sourates du coran psalmodiées déterminent le passage à l'acte.

Deuxièmement, le "trip psychédélique" est un joyeux « bordel ». Au passage, reste la question de savoir si l'agent Einstein lui a bien donné des champignons hallucinogènes ou s'il ne s'agissait que de placebo. L'interrogation (à la fin) de l'agent Miller laisse présager que, malgré les prétendus dires d'Einstein à Skinner, Einstein a bien contrevenu aux règles déontologiques du service : elle ne répond pas à l'agent Miller lorsqu'il affirme, comme une certitude acquise, qu'elle lui a bien procuré des psychotropes. À moins de supposer un pouvoir extra-sensoriel développé par Mulder pour communiquer avec les esprits perdus, l'hypothèse que l'agent Einstein lui ait bien trouvé des champignons semble la plus plausible. On pourrait prétendre aussi que Mulder est ouvert au sens de la suggestion, et qu'un placebo ait pu produire sur lui l'effet le plus impressionnant qui soit, mais cela n'explique pas le fait qu'il ait effectivement bien eu cette vision (très belle) du djihadiste lui confiant le repère terroriste en langue arabe avec, à son chevet, sa mère transfigurée en Sainte-Vierge. Soit Mulder a bien pris des champignons hallucinogènes, soit il a acquis un don de spiritisme ! Dans tous les cas, cela chaloupe bien au royaume des champignons avec Miranda Lambert, Ray Cyrus (surtout) et tous ces vieillards dans le circuit « dance », Skinner et surtout la bande de joyeux profilers dilettantes du surnaturel (dont le moustachu costard-cravate manque tristement à l'appel). Mais surtout quel trait de génie que d'avoir utilisé le Tom Waits, « Misery is the river of the world », pour la vision de Charon, et de cette barque infernale emmenant très certainement ces terroristes vers les Enfers ! Là arrive cette vision totalement décalée mêlant (pour ma part) l'hilarant et le tragique, la musique et l'image : une Vierge-Marie tenant le Christ-terroriste dans ses bras. L'image est vraiment belle, et renvoie aux plus beaux tableaux de Rubens. Mais surtout, c'est le mélange des genres, l'antinomie des contraires, la contradiction absolue qui m'a intéressé : du Waits sur du christique, du musulman sur du christique, du terroriste sur du pacifique, de la haine sur de l'amour.

Et enfin, troisièmement, si l'élément fantastique concerne bien le terrorisme islamiste, la description de l'islam est foncièrement RADICALE (et n'aurait pu voir le jour, il me semble, dans une série française). Raison pour laquelle je maintiens que cet épisode a largement pu gêner les spectateurs français (et je reste dubitatif concernant cette interdiction au moins de dix ans seulement) et pourrait même (j'exagère certes, mais pas tant que cela en fait) engager des poursuites pénales (moi en tout cas, j'ai été étonné de l'absence de prudence dans la description de l'acte terroriste et de l'envers du décor). Les premières minutes m'ont semblé interminables au sens de « difficiles » , et la fin même m'est apparue comme suspecte (d'où d'ailleurs la valeur d'un regard extérieur, "américain", pour oser décrire le phénomène djihadiste sans fioritures, sans précautions, sans « pincettes »).
Cela débute directement (sans "préliminaires atténuants") par un jeune musulman qui entonne le chant de l'appel à la prière (qui est aussi un cri de guerre), cela se poursuit par des regards qui en disent long sur ce jeune musulman observant la faune texane sur un fond musical arabisant bien balancé (deux femmes séduisantes qui ne répondent pas aux critères voilés de la pudeur et qui pourtant parviennent à éveiller le désir et un sourire coquin du jeune musulman ; un conducteur texan rustre qui toise du regard avec deux nymphettes ce musulman "pecno" directement ciblé comme étranger avec une réaction immédiate du musulman : une crispation et une fermeture dans la résolution terroriste). Ensuite, les retrouvailles avec un frère d'armes qui va se faire aussi martyr pour la grande cause de Dieu. Au passage, un lien de solidarité fraternelle entre ces deux musulmans produit un effet de complicité tacite avec l'acte à venir, de sorte que nous sommes de plain-pied engagé avec eux dans le terrorisme (vu aussi la déliquescence des valeurs américaines aperçue précédemment). La suite est attendue, et inévitable.
Quelques passages au milieu évoquent la préparation de charges explosives, avec la minutie des amorces et des jonctions de fils, avec aussi cette foi convaincue dans une mission sacrée.
Mais c'est la fin qui est véritablement ambiguë, et je m'interroge encore sur le sens de ce dialogue entre Scully et Mulder (qui pourrait apparaître de prime abord comme une simple conclusion arbitraire pour rallonger la durée de l'épisode).
De quoi s'agit-il au juste ? S'agit-il d'une dénonciation en règle de l'islam et du judaïsme (pourtant Scully avait elle-même pris soin dans l'hôpital -face à un responsable de la sécurité dont le sens de la nuance n'était pas le point fort, l'efficacité dans l'action impliquant nécessairement les amalgames- de faire la différence entre un musulman et un islamiste, entre un croyant et un fanatique) ? Ou s'agit-il plutôt d'une réhabilitation d'une foi encadrée par la raison ? S'agit-il peut-être de dire que l'amour des mères peut triompher d'une idéologie religieuse transformant les enfants en bombes humaines ? S'agit-il enfin de renvoyer dos à dos la raison et la foi en gardant le secret quant à savoir de quel côté se situe exactement l'amour et la haine ?
Le dialogue commence par Mulder qui parle d'amour inconditionnel (la mère qui aime d'un amour sans limite son enfant devenu terroriste ; un amour "terroriste" donc, qui ne peut plus voir, un amour pur de sacrifice comme celui que pourrait ressentir celui qui aime Dieu plus que lui-même) et cela continue avec la haine terroriste. Si le mythe de « la tour de Babel » est évoqué, c'est pour montrer que les différences et l'incompréhension entre les cultures sont évidemment LES facteurs de désordre. En soi, cela serait, je pense, réducteur de limiter cet épisode à son titre, à savoir un simple problème de communication entre les cultures ! Et les propos qui suivront (tenus par Scully) seront très inquiétants quand même, et d'autant plus subversifs qu'avérés (mais fallait-il oser le dire ?) ! La haine des hommes entre eux est « la même haine que celle de Dieu dans le Coran, celle qui incite à tuer les infidèles ». « Faut-il donc vénérer un tel Dieu ? » se demande Mulder. Le Dieu de l'Ancien Testament est en effet un Dieu de colère et l'islam (comme le judaïsme) fait bien de Dieu l'être irreprésentable et « Tout autre » (« ganz andere », Rudolf Otto) qui menace et qui châtie, fait bien de Dieu l'être absolument transcendant qui exige de ses créatures une soumission absolue sous peine de représailles implacables. Contrairement au christianisme où Dieu s'est fait chair, et a souffert avec l'homme, le Dieu de l'islam et du judaïsme est au-delà de l'homme et, pour cela, commande à sa créature et ceci sans partager sa faiblesse et son désarroi. Face à un tel Dieu de haine, la parole divine a un « poids », celui de l'engagement entier au-delà des principes moraux terrestres étriqués : « pour Dieu, et seulement pour Dieu ! ». C'est la figure fidéiste d'Abraham qui n'hésite pas à répondre à l'injonction divine de sacrifier son fils unique (même si ce dernier sera finalement sauvé). À ce moment-là, nous avons une conception ouvertement islamiste de l'islam (et sans nuances du coup) : Allah détermine à la haine et au meurtre ! Voilà pourquoi, à mon sens, à ce moment précis, l'épisode atteint le paroxysme de la subversion ! Ensuite, Mulder évoque inévitablement « le pouvoir de la suggestion », ce poids de la parole divine dont on ne saura pas s'il est réel (est-ce de vrais champignons qu'Einstein a donné à Mulder?) ou fictif (l'effet placebo). Pour ma part, je dirais (et en suivant le mouvement général de l'épisode) que ce poids est réel, et que la parole de Dieu est concrète et détermine matériellement, ce qui relève proprement du miracle et du surnaturel. L'acte terroriste, un miracle ? Encore une fois une subversion impossible à formuler (et pourtant dite implicitement) ! Revient ensuite la thématique de l'amour maternel, comme si la tendresse des mères pouvait suffire à abattre la parole divine qui détermine au meurtre ! Chose d'ailleurs à débattre ! La mère du terroriste a-t-elle véritablement sauvé son fils en lui confiant sur un mode subliminal son désespoir et en lui réitérant sa confiance de mère (« Tu es mon fils, tu n'as pas pu tuer des innocents, tu t'es égaré, ce sont les autres qui t'ont vaincu avec leur parole de haine ! ») ? A-t-il entendu ces mots tendres de sa mère invitant à la rédemption ? Probablement, puisqu'il trahit bien la cellule terroriste et, une fois cela accompli, la mort survient, et la paix aussi : « les mots ont du poids, même dans l'au-delà ! ».
Finalement, la conversation entre Mulder et Scully s'achève d'une façon inattendue avec un nouveau retournement dans la réflexion : pour réconcilier l'amour et la haine qui font partie de la nature humaine, il faut « écouter le prophète et écouter vraiment ce que Dieu dit ». Ici, tout semble redevenir apparemment consensuel et.... en même temps revêt un parfum encore plus polémique : si le Dieu de l'islam est bien un Dieu de colère, quelle est donc l'ordonnance du Coran ? Faut-il entendre un Mohamed qui parle d'amour en ouvrant son cœur (et en ne voyant donc pas ce qu'est véritablement Allah), ou faut-il entendre Allah lui-même ? Faut-il entendre le prophète qui a du cœur (et qui dévoie donc la parole d'Allah par cette raison morale trop humaine) ou faut-il entendre Allah lui-même (dont la parole s'adresse à ceux qui ont vraiment du cœur, qui font taire leur raison, et qui tuent pour sa gloire) ?

Non, vraiment, je ne sais pas (la vérité est ailleurs pour le coup), mais je trouve cet épisode plus qu'embarrassant, et ceci même si les problèmes agités sont passionnants, car la résolution de la question terroriste est tout aussi équivoque, dirais-je, que le statut de l'islam.

C'est pourquoi, à mon sens, cet épisode est une belle réussite et le meilleur de la saison.
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Re: X-FILES : saisons, films et conspiration universelle.

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Au moins, on sait que les champignons hallucinogènes n'ont pas été perdus pour tout le monde. :lol:
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Alcibiade
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Re: X-FILES : saisons, films et conspiration universelle.

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DarkCat a écrit :Au moins, on sait que les champignons hallucinogènes n'ont pas été perdus pour tout le monde. :lol:
Bah ! Dans l'épisode, il n'est pas sûr qu'il ne faille pas en prendre (deux gélules concentrées suffisent amplement) pour pouvoir entrapercevoir la vérité ! :mrgreen:
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Lee Van Cleef
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Re: X-FILES : saisons, films et conspiration universelle.

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Alcibiade a écrit :et surtout la bande de joyeux profilers dilettantes du surnaturel (dont le moustachu costard-cravate manque tristement à l'appel)
Ma vigilance s'est trouvée pareillement prise en défaut. Peut-être parce que Bruce Harwood, alias le très distingué John Fitzgerald Byers, apparaissait aux côtés de ses éternels compères un tantinet moins rouquin que ce dont nous avions gardé le souvenir (et aussi, sans doute, par la faute des cadres nauséeux et floutés faisant office de mise en scène). De toute façon, les crédits du générique de fin étaient formels quant à sa fugace apparition. Ces mêmes crédits qu'à chaque nouvelle livraison de ce revival plus que médiocre, il m'a fallu scruter d'un air incrédule pour me persuader que le pauvre gars, mollement assoupi au fond du placard à balai lui tenant lieu de studio musical, était bel et bien Mark Snow. N'enjolivons point la réalité : les anciennes heures de la série l'avaient surpris plus souvent qu'à son tour avec le pilotage automatique enclenché. N'empêche que l'entendre ainsi violenter le fameux son X-Files à grand renfort de loops arthritiques, comme s'il avait cru devoir musicaliser les épisodes passe-partout d'un énième show policier (une impression qu'à sa décharge, j'ai moi-même très fâcheusement éprouvée), m'a porté au coeur un coup rude. Une preuve, parmi tellement d'autres, du stupéfiant je-m'en-foutisme qui a présidé plus que tout autre considération à la mise (à mort !) en route de cette dixième saison.
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Alcibiade
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Re: X-FILES : saisons, films et conspiration universelle.

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Lee Van Cleef a écrit :Ma vigilance s'est trouvée pareillement prise en défaut. Peut-être parce que Bruce Harwood, alias le très distingué John Fitzgerald Byers, apparaissait aux côtés de ses éternels compères un tantinet moins rouquin que ce dont nous avions gardé le souvenir (et aussi, sans doute, par la faute des cadres nauséeux et floutés faisant office de mise en scène).
Effectivement, mais alors même avec un arrêt sur image, il est méconnaissable, filmé de biais, la gorge déployée, la chemise rose-bonbon, apparaissant le temps d'une seconde ! Pour le coup, impossible pour un spectateur lambda de cibler son apparition.

Au passage, et en refaisant les comptes et en m'étant arrêté sur la saison 4 (une des meilleures), je me suis mis à redécouvrir des thématiques anciennes qui m'avaient beaucoup plu à l'époque, comme celle de l'épisode 13 intitulé "Plus Jamais" (aka "Never again") de Rob Bowman.

Un épisode davantage psychologique que fantastique qui met le doigt sur le vide affectif et les diverses compensations que l'on peut trouver pour le combler, que cela soit par le travail, l'alcool ou la distraction d'un tatouage fait dans le désœuvrement. Cet épisode fait immédiatement suite à "Régénérations" où Scully découvre de façon inattendue son cancer via une abomination génétique dévorant les organes nécrosés pour se régénérer. Mais déjà les deux personnages ont un certain vécu psychologique : Mulder ayant perdu son père assassiné et étant de plain-pied dans le doute quant au sort de sa sœur (qui n'aurait peut-être pas été enlevée par des extra-terrestres mais simplement tuée par un tueur en série) et Scully ayant perdu sa sœur. Cet épisode est intéressant au sens où il fait le lien entre la partie publique, superficielle du travail et la partie privée, profonde du vécu propre.

Or le propre de l'agent Mulder, c'est que sa partie publique fait corps avec sa partie privée. Pour ainsi dire, il n'a pas d'identité psychologique secrète, il est pour cela entier, et les soubresauts de sa vie personnelle relèvent toujours de l'enquête fédérale (le lien entre sa mère et l'homme à la cigarette, l'enlèvement de sa sœur, la figure du père ayant collaboré avec le complot universel, etc.). La semaine contrainte de repos qu'il doit prendre dans cet épisode pour se "mettre au vert" n'est même pas un retour dans sa sphère cachée, intime (chose qu'il prétend pourtant au début en parlant d'un pèlerinage spirituel pour se retrouver lui-même) : il s'agit d'un retour nostalgique à ses amours musicaux d'Elvis avec visite de musée et révélations superfétatoires ("Elvis a acheté tous ses meubles en une demi-heure").

À l'inverse, il y a chez Scully une prétention à la vie privée, à l'épaisseur psychologique inviolable qui ne doit pas se traduire dans le travail ou le plus discrètement possible, et c'est pourquoi elle reste pudique avec son collègue et ceci dans la mesure du possible (puisqu'il est difficile de toujours garder sa neutralité lorsqu'on est atteint dans son corps ou dans ses proches). C'est ce qui va se manifester, je pense, dans cet épisode de façon symptomatique et provoquer pour la première fois des heurts, des conflits privés et psychologiques entre les deux agents. Lorsque Scully refuse de reprendre une affaire qu'elle juge elle-même grotesque, Mulder lui fait le reproche que "ce boulot, c'est sa vie alors que pour elle, ce n'est qu'un boulot, elle n'est en définitive qu'une fonctionnaire !". En somme, un fonctionnaire fait son travail par contrainte extérieure (en gardant une certaine neutralité psychologique) et non par obligation intérieure (en se donnant psychologiquement). Ce qu'elle confessera alors, c'est que cette vie-là (où il y a une confusion complète entre le travail et le vécu mais sans affectivité) est devenue la sienne à son insu, et qu'elle n'est plus véritablement une fonctionnaire, elle est devenue véritablement trop impliquée. D'un certain côté, se joue ici l'aveu que Mulder n'est plus un simple collègue de travail mais un partenaire amoureux possible mais inaccessible (car trop pris par son travail), et c'est bien à ce stade de la série que la trame amoureuse entre Mulder et Scully s'initie. Mais la même ambiguïté se dessine aussi chez Mulder qui, durant son "pèlerinage", tiendra à recueillir des informations non seulement sur l'avancement de l'enquête mais aussi sur la vie privée de Scully : "T'as un rancard quelque part ?". Vu le silence de Scully, Mulder étonné (mais aussi d'un certain côté atteint) lui répond : "Tu veux rire ?".

La rencontre de Scully avec cet homme séduisant et se trouvant également dans la faillite amoureuse (Edward Jerse qui vient d'essuyer un revers traumatique : rupture du contrat de mariage avec perte de la garde de ses deux enfants) sera pour Scully la façon de se détacher de la relation fusionnelle et professionnelle instaurée avec Mulder, une façon de se créer enfin une vie intime, une manière (avortée par avance) de redevenir une simple fonctionnaire. Et d'ailleurs, les premiers pas que Scully fera dans l'exploration de la vie privée seront maladroits avec un déballage familial et professionnel sans implication affective.

Le retournement véritable viendra lorsqu'irrationnellement, elle acceptera, séduite finalement par Edward, de se faire un tatouage pour communier avec lui et partager son vécu (très beau moment érotique d'ailleurs, soutenu par la musique instable de Snow, où les regards s'échangent et où le plaisir de Scully se faisant tatouer est à son diapason - je me demande d'ailleurs si le tatouage donne autant de plaisir orgastique ? :mrgreen: ).
Il y a enfin chez Scully une prise de risque érotique, un choix, une relation affective et sexuelle signée (même si cela n'est pas dit ou montré).

L'alibi fantastique (des tatouages faits à partir de pigments contenant l'alcaloïde de l'ergot, parasite du seigle engendrant des hallucinations) sert une intrigue foncièrement psychologique : les pigments font ressortir les pulsions intériorisées (comme le fait d'en découdre avec la gente féminine à l'origine du désordre du monde - ancien résidu de l'Inconscient collectif), et la Betty tatouée sur le bras d'Edward (dont la voix originale n'est autre que celle de Jodie Foster) n'est que la partie refoulée d'Edward : "Tu m'as dans la peau" lui dit Betty et cette Betty est jalouse et remplie d'une détestation épidermique envers les femmes ordinaires (toutes des "garces" comiques qui singent le dévouement et qu'il faut "dresser" par une violence toute "virile"). Il est d'ailleurs assez bien vu d'impliquer que la féminité symbolique, celle tatouée, n'est qu'un rejet de la féminité réelle qui agit dans l'ombre, dans le secret du droit et des petites procédures mesquines. La féminité symbolique est un déchaînement pulsionnel, une maîtrise des choses par l'action. La féminité symbolique est en réalité la masculinité symbolique. Dans le symbole, les contraires se confondent : l'animus devient anima et inversement. Si Edward ne peut aimer Betty, c'est parce que Betty n'est que sa part impulsive virile : pas assez réelle et féminine pour être aimée, trop symbolique et masculine pour être désirée.

Scully échappera au final à cet univers privé qu'elle tentait de se créer, et aussi in fine à cette emprise masculine meurtrière - pulsionnellement désirable (comme le polack Stanley, objet obscurément tentateur de Blanche) mais foncièrement mortelle.

Mais c'est inévitablement la fin de cet épisode qui en fait un des meilleurs de la saison : une fin en suspens, une fin qui en dit long en ne disant rien et en laissant les deux agents face à face dans leur sous-sol étriqué et ceci après leur exploration respective et lamentable de la sphère privée. On reprend le cours des affaires en ressentant toute la vacuité des enquêtes paranormales avec un Mulder qui n'y croit même plus, dont le regard est vitreux et qui finit son interminable conclusion de rigueur avec la dérision d'un tatouage NY qu'il pourrait se faire faire sur chacune de ses fesses pour célébrer la victoire des yankees, et avec une Scully qui, absente, scrute un pétale de rose flétri (avec le sentiment d'une existence qui s'achève : le cancer progresse, et la vie privée n'est qu'une vaste ruine affective).

Une nouvelle affaire est proposée par Mulder à Scully (un enfant recherché dont le visage est apparu sur un panneau publicitaire), puis.... le jeu s'arrête enfin, le masque des agents tombe et la tonalité devient "privée".
Comment expliquer l'indifférence de Scully, son silence, le fait qu'elle ne soit plus impliquée dans le travail ?

"Tout ça parce que j'ai un bureau et pas toi ?" lui demande Mulder. Un regard de surprise échangé : "Rassure-toi, tout ne dépend pas que de toi ! C'est ma vie !". "Oui, mais... ?" balbutie Mulder et... l'épisode s'achève.

Derrière cette préoccupation apparemment superficielle de ne pas avoir de bureau au nom de Scully au sous-sol (préoccupation qui a enclenché cette dispute du début et ce désintérêt soudain de Scully pour son travail) se cachait en réalité la demande amoureuse : "je n'ai pas de place dans ta vie, et ta vie n'est que ton travail". Et l'interrogation finale de Mulder "Oui, mais... ?" est en définitive l'acceptation de la demande amoureuse avec la réponse implicite : "oui, mais tu as une place dans ma vie". Ou dit différemment "nos vies privées sont pathétiques, mais nous avons une vie privée ensemble dans le public". Un bureau au nom de Scully semble désormais possible.

Sirupeux ? Certainement ! Mais habile et très bien suggéré !
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