Voilà plusieurs années que je ne suis pas intervenu dans un forum comme celui-ci car j'estime que les producteurs phonographiques n'y ont pas leur place. Il y a l'exception notable de Lukas Kendall, mais il est chez lui quand il s'exprime sur le forum de Film Score Monthly et il y parle en son nom, dans le but avoué de promouvoir ses réalisations. On ne peut pas l'en blâmer. Underscores est un espace de discussion qui se veut indépendant ; j'aurais trop l'impression de venir y faire de la réclame en parlant de mes propres contributions dans le domaine. Et comment pourrais-je en faire abstraction?
Cependant, ie crois nécessaire de déroger à ce devoir de réserve apporter des précisions concernant les deux récentes parutions consacrées à Jean Prodromidès chez Disques Cinémusique.
Commençons par l'objection soulevée à l'effet que la musique de MAIGRET ET L'AFFAIRE SAINT-FIACRE ne cadre pas avec le reste du programme de LA COMÉDIE SELON PRODROMIDÈS. Le terme comédie n'a pas ici un sens aussi restrictif que le laisse supposer la couverture du disque, centrée sur L'OURS. Ainsi, LE BATEAU D'ÉMILE comporte également un côté dramatique. Mon but était de regrouper les bandes originales du compositeur associées à des films plus grand public, par opposition au contenu du CD DANTON, beaucoup plus sérieux, pour ne pas dire prétentieux. De plus, en tant que producteur entiché de Prodromidès, je tenais également à rééditer toutes ses musiques de film parues ailleurs, en améliorant la qualité sonore - une cause qui me tient à coeur depuis toujours.
Ceci m'amène à l'autre motif de mon intervention. Certains parmi vous qui n'ont pas écouté - du moins récemment - la musique de DANTON sur album vinyle pourront s'interroger sur la présence de bruits insolites dans certains passages de notre édition. À l'évidence, le lieu de l'enregistrement n'était pas insonorisé à 100%. Au début d'une plage, nous entendons même ce qui semble être la circulation automobile sur une rue adjacente... Dans deux autres pièces, un espèce de soufflet accompagne un petit groupe d'instruments, semblable à un drone électronique mais qui aurait été généré par de manière acoustique. Le transfert numérique n'est nullement en cause ici; nous n'avons fait que reproduire avec le maximum de fidélité le son original et vouloir étouffer ces bruits et effets insolites - au demeurant peu gênants en regard de la richesse du matériau sonore, mixé avec brio - aurait au final desservi la musique.
Je suis d'autant plus à l'aise pour l'affirmer que je n'effectue plus moi-même la numérisation des enregistrements. J'ai trouvé plus expert que moi en cette matière en la personne de Louis Hone, dont la feuille de route comme technicien dans le domaine audio-visuel est des plus impressionnante (tapez son nom dans Goggle ou allez directement sur le site de Internet Movie Database.)
J'ajoute en terminant que pour se faire une idée la plus juste possible de la qualité d'un enregistrement, il est préférable d'aller sur le site du producteur. Ainsi, sur
www.disquescinemusique.com, vous pourrez écouter des extraits plus généreux que ceux offerts par Screen Archives Entertainment et dans une meilleure résolution, très proche de celle du disque. Vous avez même la possibilité de commander directement à un prix compétitif et avec une rapidité de livraison insurpassable.
Quand je vous disais que mon intervention risquait de tourner à la réclame! Une fois n'est pas coutume, heureusement.
Sur ce, je nous souhaite plein d'autres belles découvertes musicales parmi les compositeurs de chez vous, pour faire un peu contrepoids aux Américains qui dominent largement le marché, en France comme ailleurs.
Clément Fontaine