Sorcerer
Publié : jeu. 8 mai 2014 18:38
Délivré de 36 ans de purgatoire, considéré par Friedkin comme étant l'oeuvre dont il est le plus fier, "Sorcerer" nous vient des USA, sans bonus video, mais avec un livret d'une trentaine de pages (extrait des mémoires de Friedkin) qui nous livre les méandres de la création de ce remake (bien que Friedkin n'ait jamais adhèré à cette terminologie), de l'oeuvre de Clouzot.
La trame peut dans une simplicité lapidaire se résumer au convoyage à bord de 2 camions chargés de nitroglycérine instable, dans la jungle d'un pays imaginaire d'Amérique du sud, de 4 fugitifs (raisons criminelle, politique, financière..) afin d'éteindre par souffle explosif un puits pétrolifère en feu.
Lapidé majoritairement par la critique New Yorkaise brûlant ce qu'elle avait encensé (dithyrambes ayant accompagné "French connection" et "L'exorciste" ) , la sortie du film allait coïncider à ses dépens avec celle de "Star wars", et être vite éjecté du circuit de distribution.
Il est des films qui subissent une malédiction (voir le sort réservé à "Heaven's gate" de Cimino ), qui leur confère une aura, vérifiable à l'occasion de l'édition soit d'un "directors cut" pour le cas de "Heaven's gate", soit d'une version non laminée et au bon format dans celui de "Sorcerers".
La vision de "Sorcerers" est un véritable bonheur d'émotion, de fascination, d'intelligence. Peu d'oeuvres ont ce pouvoir de fascination qu'exerce Friedkin tout au long de ce voyage dans une jungle sud américaine hostile pour un parcours de 218 miles. Peu de morceaux de bravoure dans l'histoire du cinéma sont aussi "scotchant" que cette traversée de 2 camions sur un pont de lianes qui franchit une rivière en crue. Peu de films réalisent l'osmose parfaite du corps humain (ses sécrétions et ses viscères) et de la nature à la fois matricielle et inhospitalière. Peu de "casting" apparemment aussi hétérogène que celui qui associe "Roy Scheider", "Fancisco Rabal", "Amidou" , et "Bruno Cremer", (ce dernier aux antipodes des prestations offertes par les "Frenchy" de service) n'est aussi cimenté que celui ci pour ce trip sous "nitro". Rares sont également les préambules aussi bien écrits qui explicitent avec brio et retenue la nécessité tragique si classique du déracinement de quatre âmes damnées.
N'ayant pas revu récemment "le salaire de la peur" de Clouzot, je peux difficilement faire un parallèle entre les 2 oeuvres , sinon relever que "Sorcerer" dure une demi heure de moins que sa devancière, que la partition de George Auric me semblait plus discrète et minérale que celle de Tangerine dream, que figure également également au casting de l'adaptation Française de l'oeuvre de George Arnaud, Vera Clouzot, alors que la présence féminine est pour le moins minimaliste dans "Sorcerer" et peut être d'ailleurs dans toute l'oeuvre de William Friedkin. Autre interrogation de ma part, celle qui concerne les coupures demandées par la censure Américaine au moment de l'exploitation du film de Clouzot (1953) aux USA.
Je ne peux terminer sans donner l'origine du titre "Sorcerer", nom d'un des 2 camions , baptisé par Friedkin en hommage à un morceau musical de "Miles Davis". Mais plus qu'un titre lié aux passions immédiates du réalisateur, ce "Sorcerer" trouve sa représentation dramatique dans une figure de pierre (maléfique?) croisée au cours du périple, et qui renvoie certes à "L'exorciste" , mais également à des oeuvres plus récentes du réalisateur à l'image de "Bug", comme si la réalité s'évanouissait face à la magie.
La trame peut dans une simplicité lapidaire se résumer au convoyage à bord de 2 camions chargés de nitroglycérine instable, dans la jungle d'un pays imaginaire d'Amérique du sud, de 4 fugitifs (raisons criminelle, politique, financière..) afin d'éteindre par souffle explosif un puits pétrolifère en feu.
Lapidé majoritairement par la critique New Yorkaise brûlant ce qu'elle avait encensé (dithyrambes ayant accompagné "French connection" et "L'exorciste" ) , la sortie du film allait coïncider à ses dépens avec celle de "Star wars", et être vite éjecté du circuit de distribution.
Il est des films qui subissent une malédiction (voir le sort réservé à "Heaven's gate" de Cimino ), qui leur confère une aura, vérifiable à l'occasion de l'édition soit d'un "directors cut" pour le cas de "Heaven's gate", soit d'une version non laminée et au bon format dans celui de "Sorcerers".
La vision de "Sorcerers" est un véritable bonheur d'émotion, de fascination, d'intelligence. Peu d'oeuvres ont ce pouvoir de fascination qu'exerce Friedkin tout au long de ce voyage dans une jungle sud américaine hostile pour un parcours de 218 miles. Peu de morceaux de bravoure dans l'histoire du cinéma sont aussi "scotchant" que cette traversée de 2 camions sur un pont de lianes qui franchit une rivière en crue. Peu de films réalisent l'osmose parfaite du corps humain (ses sécrétions et ses viscères) et de la nature à la fois matricielle et inhospitalière. Peu de "casting" apparemment aussi hétérogène que celui qui associe "Roy Scheider", "Fancisco Rabal", "Amidou" , et "Bruno Cremer", (ce dernier aux antipodes des prestations offertes par les "Frenchy" de service) n'est aussi cimenté que celui ci pour ce trip sous "nitro". Rares sont également les préambules aussi bien écrits qui explicitent avec brio et retenue la nécessité tragique si classique du déracinement de quatre âmes damnées.
N'ayant pas revu récemment "le salaire de la peur" de Clouzot, je peux difficilement faire un parallèle entre les 2 oeuvres , sinon relever que "Sorcerer" dure une demi heure de moins que sa devancière, que la partition de George Auric me semblait plus discrète et minérale que celle de Tangerine dream, que figure également également au casting de l'adaptation Française de l'oeuvre de George Arnaud, Vera Clouzot, alors que la présence féminine est pour le moins minimaliste dans "Sorcerer" et peut être d'ailleurs dans toute l'oeuvre de William Friedkin. Autre interrogation de ma part, celle qui concerne les coupures demandées par la censure Américaine au moment de l'exploitation du film de Clouzot (1953) aux USA.
Je ne peux terminer sans donner l'origine du titre "Sorcerer", nom d'un des 2 camions , baptisé par Friedkin en hommage à un morceau musical de "Miles Davis". Mais plus qu'un titre lié aux passions immédiates du réalisateur, ce "Sorcerer" trouve sa représentation dramatique dans une figure de pierre (maléfique?) croisée au cours du périple, et qui renvoie certes à "L'exorciste" , mais également à des oeuvres plus récentes du réalisateur à l'image de "Bug", comme si la réalité s'évanouissait face à la magie.