James Horner, le topic

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Alcibiade
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Re: James Horner, le topic

Message non lu par Alcibiade »

Oui, et on a certainement tous fantasmé à l’idée d’un retour en arrière avec la partition originale de North (la reconstruction de Goldsmith est, au passage, phénoménale) incrustée sur les images de Kubrick, mais l’histoire est faite, et la mémoire veut que 2001 soit désormais inséparable de « Ainsi parlait Zarathoustra » et du « Beau Danube bleu » des deux Strauss.

Quant au score de « Honey, I schrunk the kids », on pourrait parfaitement faire la même remarque au sujet de « Batteries not included » ou de « Cocoon », mais tout cela est déjà bien connu comme l'influence de l’"Amarcord" de Rota.

Est-ce que cela retire une qualité au score de Horner (et à toutes les partitions de Horner) ? Je n'ai pas l'impression d'ajouter une quelconque once de nouveauté lorsque je dis cela tellement cela a été débattu sur le forum, et il suffit d'un clic au hasard pour vérifier toutes les importations hornériennes. On peut toujours polémiquer sur un tel ou un tel qui s'est auto-plagié, sur un tel ou un tel qui s'est "librement" inspiré de tel ou tel morceau, ou d'un tel ou d'un tel qui mérite une action en justice pour avoir puisé dans sa mémoire un air familier innervé dans son être, etc. Le tout, c'est de voir la cohérence de la citation, l'intégrité de la partition elle-même et la place du score dans l'œuvre finale.

Pour ma part, « Honey, I schrunk the kids » n'est pas un score de Horner que j'écoute fréquemment (il va falloir que je le réécoute prestement, je l’ai délaissé je ne sais vraiment pas pourquoi), mais il s'agit cependant d'un score que je considère sans conteste comme portant l'empreinte de Horner qui n'a jamais été avare en citations et autocitations spontanément ingurgitées et savamment dégluties ; le mode de fonctionnement créateur passant ici (et à la manière d'un Morricone) par un broyage désinhibé de l'ancien en vue d’un développement personnel irrépressible.

Je ne sais plus dans quel ouvrage didactique sur la musique de films j’avais croisé cette idée (que je trouvais à l’époque remplie d’un certain bon sens) que, pour un artiste et s’il ne peut vitalement s’en empêcher, tout est bon à prendre pour créer tant que l’impulsion initiale le lui commande.
Pour ma part, « Willow » ne sonne même plus comme du Schumann, « Testament » ne résonne plus comme du Arvo Pärt, « Aliens » et « Patriot Games » ne font plus partie du ballet de Kachaturian, « Star trek 2 & 3 » n’ont nul rapport avec le « Battle on the ice » de Prokofiev, « Something Wicked this way comes » ne pompe nullement John Williams, « Le nom de la rose » n’est pas une reprise littérale de « Where the river runs black », « The chumscrubber » n’est pas une photocopie du « Casanova » de Rota comme « Glory » ne contient même pas l’hymne païen de Carl Orff constamment cité, etc. La réappropriation a été faite de façon si naturelle qu’il n’y a même plus à parler de plagiats, d’hommages, de contrefaçons, de clins d’œil, etc.

Et on pourrait en écrire des pages et des pages sur Horner et ceci à dessein afin de montrer toute l’étendue de sa culture classique et toute l’ignorance de ceux qui se pâment bêtement d’émerveillement devant un score de la « photocopie » Horner comme le répétait constamment à l’époque et d’une façon horripilante « S.F.X. » dans sa rubrique « musique de films » (le pôle fanatique inversé, pour ainsi dire, de « Dreams to dream…. s »).

À chaque fois cependant, c’est toujours la même évidence qui s’impose : un style se nourrit d’influences diverses et s’il parvient à les revendiquer, à les digérer, à les « consumer » pour en faire le moteur d’une identité en constante évolution alors il y a certainement bien autre chose qu’un simple montage artificiel de motifs préexistants comme on en trouve pléthores aujourd’hui dans le « copier-coller » d’échantillonnages extraits passivement d’une banque de données sans souci d’une quelconque incorporation vitale, sans mouvement spontané d’appropriation stylisée et personnelle, sans pulsion créatrice libre et décomplexée.
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Re: James Horner, le topic

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Le O Fortuna des Carmina Burana en a inspiré plus d'un au cinéma mais il faut avouer que James Horner ce l'est approprié avec talent dans une charge triomphale ;)
On a beaucoup glosé sur son opportunisme ou son manque d'originalité mais sa manière de digérer les classiques est unique en son genre , sa patte n'en est pas moins reconnaissable à chaque album.
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Perciflette
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Re: James Horner, le topic

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Merci à tous pour ces éléments. Je n'ai aucun problème à reconnaître des "classiques" dans une musique de films, au contraire je trouve passionnant d''essayer de décrypter les influences !
A la base mon message n'était pas un tâcle contre Horner, au contraire un compliment pour le générique dont je me suis aperçu une fois de plus qu'il n'était pas de lui. Je ne nie pas que cela se fasse parfois mais c'est une déception.
(J'ajoute qu'outre les histoires de plagiat en effet longtemps débattues et contre lesquelles il n'est plus là pour se défendre, c'est pourquoi j'ai voulu couper court, je ne suis pas emballé du tout par les scores qui ont fait la gloire de ce compositeur, c'est pourquoi j'essaye de découvrir d'autres choses ici. A la rigueur Le petit Dinosaure contient de jolies choses, mais ce n'est non plus le genre de choses que j'écouterais régulièrement.)

Alcibiade, peut-être fais-tu référence à un livre à peu près intitulé "citations au cinéma" qui traite du plagiat, citation et pastiche.
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Alcibiade
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Re: James Horner, le topic

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Alors peut-être, mes souvenirs sont si lointains que je n'ai conservé que l'idée (ni l'ouvrage, ni l'auteur) mais c'était en tout cas une étude sur le processus de création propre à Horner avec la volonté de démontrer que cela n'avait rien d'un processus mécanique ou délibéré et que cela participait plutôt d'une poussée vitale avec le développement indéfini d'une identité propre. En tout cas, c'est ce que j'ai retenu. Quant à l'enchanteur "The land before time", il conviendrait peut-être (et cela a été évoqué précédemment), afin de t'éviter toute déception au cas où tu ne le saches pas encore, d'écouter préalablement l'ouverture du ballet "Le prince des bois" de Bartók ou de passer directement à la piste 2.
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Re: James Horner, le topic

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Alcibiade a écrit :Alors peut-être, mes souvenirs sont si lointains que je n'ai conservé que l'idée (ni l'ouvrage, ni l'auteur) mais c'était en tout cas une étude sur le processus de création propre à Horner avec la volonté de démontrer que cela n'avait rien d'un processus mécanique ou délibéré et que cela participait plutôt d'une poussée vitale avec le développement indéfini d'une identité propre. En tout cas, c'est ce que j'ai retenu. Quant à l'enchanteur "The land before time", il conviendrait peut-être (et cela a été évoqué précédemment), afin de t'éviter toute déception au cas où tu ne le saches pas encore, d'écouter préalablement l'ouverture du ballet "Le prince des bois" de Bartók ou de passer directement à la piste 2.
Merci, j'en profite pour découvrir la "paternité" du début de l'OST d'Interstellar (dont je trouve d'ailleurs le début plus proche de Bartok) :). Je plaisante, mais on a pour le coup exactement les mêmes notes au thème au début, même ton.

Mais encore une fois je n'ai rien contre les inspirations ; mais quand on lit "music composed by X" et en fait non, c'est dommage.
Juste sur Chérie... je me peut-être suis trompé, Powerhouse a été utilisé dans nombre de cartoons et c'est peut-être une demande de Disney. La BO procède de ce thème avec son sax solo omniprésent, assez sympa.
Après l'exemple le plus frappant est le main theme de SW, puisqu'on parle de générique : Lucas a demandé une BO évoquant des choses connues. Je ne sais pas si Kings Raw l'était à l'époque dans les esprits, mais l'intro en est un pastiche énorme (avec un peu de Holst ; autre ex, Home Alone), fait à peu de frais peut-être et ça fonctionne. D'ailleurs l'ensemble de l'oeuvre de Williams et sans doute de beaucoup, est un pastiche (j'exagère un peu) et ça ne me pose pas de problème.

L'es choses pouvant marcher dans les deux sens, j'ai repéré dans la track 8 de Chérie un thème évoquant beaucoup Somewhere in my Memory du grand John W, sorti théoriquement un an plus tard.
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Misquamacus
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Re: James Horner, le topic

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Perciflette a écrit :D'ailleurs l'ensemble de l'oeuvre de Williams et sans doute de beaucoup, est un pastiche (j'exagère un peu) et ça ne me pose pas de problème.
Et Horner si ? Je ne comprends pas bien je dois dire... Et tu exagère beaucoup. Mets un peu d'eau dans ton pastiche. ;)
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Re: James Horner, le topic

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:lol: Beau !
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Dadid
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Re: James Horner, le topic

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Misquamacus a écrit :
Perciflette a écrit :D'ailleurs l'ensemble de l'oeuvre de Williams et sans doute de beaucoup, est un pastiche (j'exagère un peu) et ça ne me pose pas de problème.
Et Horner si ? Je ne comprends pas bien je dois dire... Et tu exagère beaucoup. Mets un peu d'eau dans ton pastiche. ;)
;) Si tu ressens ça à propose de Williams, Perciflette, c'est sûrement que ces emprunts sont le plus souvent parfaitement digérés, et que même si on reconnait la source, la musique qui en découle reste reconnaissable comme étant celle de Williams. Il faut dire que pour un musicien faisant métier de la BO, entre les inspirations naturelles, le besoin de trouver des idées nouvelles pour coller au climat recherché et les inévitables temp-track, le contraire serait étonnant. J'imagine que nous serons d'accord sur ce point ! Par ailleurs les "connaisseurs" de classique ont je trouve tendance à être très susceptibles sur ce point certes délicat, en oubliant de balayer devant leur porte (après tout 90% de la musique dite classique est largement basée sur les 10% restants). Dès qu'ils perçoivent une harmonie "empruntée" ils se sentent obligés de le signaler, et s'ils détectent une suite de 4 ou 5 notes similaires, même si les écarts entre elles sont différents, ils crient au plagia pur et simple. Je pense avoir un peu d'oreille mais bizarrement je reconnais rarement les emprunts mélodiques, surtout s'ils sont transposés ou un peu modifiés, en tout cas quand c'est (bien) fait par Williams... et le plus souvent ça ne me dérange pas le moins du monde. J'imagine que ça m'aide à aimer la BO ! :mrgreen: ça me gêne plus quand il s'agit de "citations" plus directes, orchestrations comprises. Ce qu'on retrouve sans doute plus souvent chez Horner, mais contrairement à d'autres bien moins doués, ces emprunts sont souvent développés dans une direction personnelle, parfois même plus marquante de le passage original. Enfin, cet éternel débat confirme finalement l'amour que l'on porte à la musique orchestrale, parce que si l'on appliquait les mêmes critères à la pop/rock (sous toutes ses formes) ou au jazz, il resterait bien peu de musique présentable. Reprendre directement des techniques d'écriture y est même considéré comme normal puisque ces éléments constituent précisément le genre ou le style musical... alors qu'avec un orchestre symphonique on est aussitôt taxé de plagia, ou au mieux de pastiche (avec souvent un peu de dédain). Quand on pense (par exemple) aux flopées de compositeurs d'opéra italien ou de valses viennoises qui écrivaient sur le même modèle, ça fait sourire ! :D

Pour le générique de "Honey...", j'ai eu jadis la même surprise que toi (par contre l'emprunt à Rota n'était pas loupable), mais comme c'est précisé au générique de fin, pourquoi pas ?
Maaza
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Re: James Horner, le topic

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Je découvre cette histoire de powerhouse... franchement il n'y a que moi qui trouve que ça ne se ressemble absolument pas ? :shock:

Ca n'a aucun espèce de rapport :shock: , l'orchestration n'a rien à voir, l'harmonie n'a rien à voir, l'histoire racontée par le morceau n'a rien à voir.

Le Main Title de James Horner même si il comporte vaguement une espèce de citation mélodique de Powerhouse et encore, il utilise plutôt le même interval mélodique
au niveau du démarrage du thème, mais là on est carrément au niveau d'un easter egg voir d'une citation cachée la :D

Oui la ressemblance sur le côté foufou - jazzeux , mais c'est une ressemblance stylistique, et encore Horner transforme ça totalement pour que ça sonne plus Hollywoodien que Cartoon.

Non là vraiment je ne comprends pas comment légalement ça a pu passer cette histoire :o
Non parce que si le main title de Honey I shrunk the kids est un plagiat de Powerhouse, j'espère que HZ a préparé son armée d'avocats pour Interstellar ainsi que John Williams.
Non vraiment je trouve ça complètement injuste :D j'imagine que Horner a du être dégouté un temps par cette plainte. Je veux dire, ça remet en cause totalement l'esprit même de composer de la musique si faire ce qu'à fait Horner constitue un plagiat.
Il n'y a même pas plus de 4 notes qui se ressemblent entre ces deux morceaux...sérieusement.
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Ratatouille
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Re: James Horner, le topic

Message non lu par Ratatouille »

Le thème de POWERHOUSE est associé au papa (Rick Moranis) quand il construit la machine. Tu entends les percussions comme si il tape avec un marteau. Dans Powerhouse tu l'entends vers le milieu du morceau... tu peux l'entendre à partir de 1'00" dans cet extrait https://www.youtube.com/watch?v=qqPq9d2 ... adio=1&t=0

De plus on entend le thème d'Amarcord de Nino Rota aussi... on entend la reprise à la trentième seconde https://www.youtube.com/watch?v=us3Kgy52XAg...

Bonne journée [cd]
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Ratatouille
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Re: James Horner, le topic

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Mais quand un autre gars qui adore Rota s'emmêle... on se met au petit déjeuner ?

https://www.youtube.com/watch?v=gyCDLW7n53A

https://www.youtube.com/watch?v=dSthMye ... vs&index=2

Et qui dit que ce ne serait pas un coup des Fratelli ?

https://www.youtube.com/watch?v=c9bwWK_ ... s&index=10

https://www.youtube.com/watch?v=gjtkXM994QE
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Perciflette
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Re: James Horner, le topic

Message non lu par Perciflette »

Misquamacus a écrit :
Perciflette a écrit :D'ailleurs l'ensemble de l'oeuvre de Williams et sans doute de beaucoup, est un pastiche (j'exagère un peu) et ça ne me pose pas de problème.
Et Horner si ? Je ne comprends pas bien je dois dire... Et tu exagère beaucoup. Mets un peu d'eau dans ton pastiche. ;)
Bien vu. A la tienne :)


Oui Dadid, John W. est un véritable jukebox. Après je ne parle pas de pastiche avec dédain, par exemple la scène où les parents ne se sont pas réveillés dans Home Alone, c'est la danse Russe de Casse-Noisette mais qui devient une pièce unique de haute volée, mais je pensais aussi à des musiques moins humoristiques. Disons que beaucoup de compositeurs composent "à la manière de" pour telle scène, car le langage est difficilement renouvelable.

Pour Powerhouse il s'agit de la deuxième partie à partir de 1'30, mais à la rigueur je retire ce que j'ai mis sur cette citation, si Dadid dit qu'elle apparaît au générique de fin. Je me demandais en effet si cet emprunt apparaissait sur la jaquette ou autre.  


Ce qui me gêne plus moi aussi encore une fois, c'est que les citations de ce que j'ai lu, ne sont pas toujours aussi assumées. Je ne voulais pas relancer la polémique mais pour finir je vais m'asseoir sur le divan et expliquer mon traumatisme James Horner ^^. Je ne m'intéresse sérieusement aux BOs que depuis peu et il est certain en effet que j'aurai d'autres déconvenues.
La première BO que j'ai appréciée de lui est Troy il y a bien longtemps. Pour le coup on peut m'accuser d'avoir des goûts de merde mais à la rigueur ce n'est pas le propos ^^. Je sais qu'elle est considérée comme faible et composée en 5 semaines, avec les difficultés pour trouver l'inspiration que cela occasionne, et de nombreuses inspirations, c'est archi connu mais si on exclut le thème d'amour et des clichés antiquisant, une orchestration à la va-vite, elle est assez agréable et à mon avis sert le "neo-péplum" bien plus que par exemple Gladiator. 
J'ai un peu vécu avec et un moment je découvre qu'entre autres un extrait musical aurait juste été prélevé des Pins de Rome de Respighi, si me souviens bien vraiment tel quel. Je croyais avoir mis la main dessus mais n'y arrive plus. Désolé je n'ai pas le temps de tout vérifier et à la réécoute des Pins de Rome je ne l'ai plus. 
Il s'agissait par exemple je crois de l'arrivée triomphale d'Hélène à Troie, où on a les cuivres qui égrènent 5 notes en mode Lydien, montantes descendantes suivi de la transposition du motif à la tierce supérieure. On l'a à 1' 13. Je trouvais que ça en jetait vraiment à la base. 

Il y a beaucoup de littérature là-dessus. J'ai vu des tas de plaidoyers et réquisitoires contre Horner. Beaucoup défendent ce compositeur comme talentueux et critiquent le rapport conservateur qu'ont les mélomanes connaisseurs au sujet du plagiat, je vais donc continuer à chercher et essayer de moins intellectualiser.
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Re: James Horner, le topic

Message non lu par Scorebob »

Bah si tu as commencé par Troy aussi :roll: Le Bonhomme avait commencé fort en plagiant sur l'ordre de Roger Corman quelques trucs du Star Trek de Jerry Goldsmith pour Battle beyond space, mais c'était cool et jouissif puis il explose en composant Star Trek 2 et arrache tout avec Krull , son écriture est reconnaissable entre mille même s'il cite à tours de bras on s'en fout , c'est fichtrement bon.
Qui n'a pas frémit sur les accords de Wolfen ou sauté d'enthousiasme sur son énorme Migthy Joe Young aux pétaradantes percussions ?
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Adequacy
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Re: James Horner, le topic

Message non lu par Adequacy »

Content que ce topic revive! :D

Ayant interviewé pendant 20 heures Jim Henrikson, le monteur musical de JH, je connais à présent les raisons des nombreuses similarités sur Honey. Et aussi j'explique dans le livre que le procès de la famille de Nino Rota est un mythe. Jim se souvient parfaitement d'avoir noté le nom de Nino Rota sur la feuille qui recensent toutes les licences. J'en parlais début décembre lors de la dernière réunion Zoom. En effet, une fois par mois je détaille la progression de l'écriture du livre avec les mécènes du projet. Les enregistrements sont accessibles sur la page Patreon de JHFM.
Pour résumer grossièrement, Jim Henrikson appelle cela le "temp love", l'amour de la musique temporaire, quand il devient impossible pour le compositeur de s'éloigner de la musique avec laquelle le réalisateur a monté sa scène. Les demandes de Joe Johnston étaient très précises et James Horner a répondu "Ok mais il faudra acquérir la licence". Pour Powerhouse il ne se sont pas méfiés car cette mélodie est utilisée très fréquemment dans les cartoons de Warnerbros. Steven Spielberg avait demandé une approche similaire un an plus tôt sur Batteries Not Included. C'est Matthew Robbins le réalisateur qui nous l'a dit.
Et sur Glory c'est la même chose. Syndrôme "Temp Love". Le réalisateur Ed Zwick n'arrivait pas à se défaire de Carmina. JH a du écrire sous la contrainte de nombreuses versions jusqu'à atteindre une limite au delà de laquelle il y aurait eu des problèmes de plagiat. Ed Zwick a du se résoudre à accepter cette version.
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Misquamacus
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Re: James Horner, le topic

Message non lu par Misquamacus »

Adequacy a écrit :Ed Zwick a du se résoudre à accepter cette version.
Cette version fabuleuse ! Il en existe d'ailleurs une autre plus proche de "Carmina..." sur une compil il me semble. De toute façon, très nombreux sont les compositeurs qui ont utilisé ce morceau classique, d'une manière ou d'une autre. Il faudrait faire la liste, mais elle est très longue.
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Re: James Horner, le topic

Message non lu par Misquamacus »

Perciflette a écrit : je vais donc continuer à chercher et essayer de moins intellectualiser.
Et c'est tout à ton honneur. ;)
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Perciflette
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Re: James Horner, le topic

Message non lu par Perciflette »

J'ai bien fait de faire ma remarque finalement, j'ai appris des choses passionnantes. La notion de musique temporaire semble en effet primordiale. 
Pour ceux que ça intéresse le livre dont je parle est de Michel Andrieu, Réinvestir la musique. Autour de la reprise musicale et de ses effets au cinéma. Il ne parle cependant pas de James Horner a priori.
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Alcibiade
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Re: James Horner, le topic

Message non lu par Alcibiade »

J'ai retrouvé finalement mes sources, il s'agit de l'excellent ouvrage de Pierre Berthomieu "La musique de film" avec le chapitre 26 : "Le compositeur de cinéma construit-il une œuvre ?" où un long paragraphe est consacré à Horner et évidemment je comprends pourquoi j'ai retenu particulièrement ce passage puisqu'il est justement fortement "intellectualisé" (et je préfère le mot "conceptualisé", car sont posés dès le départ les concepts d'"œuvre" et de "style" avec pour point de chute la manière dont se développe une identité musicale) et se réfère, presque mot pour mot, au bergsonisme :

"En envisageant la musique de film de cinéma comme genre, donc indépendamment du film, on ne s'étonnera pas des reprises de motifs et des similarités sonores. Cela s'appelle le style. Le compositeur poursuit sa recherche d'œuvre en œuvre, complétant une direction laissée inachevée, réutilisant telle pièce ou telle structure d'une pièce antérieure. Ce qui s'appelle une œuvre. Parmi les artistes contemporains, James Horner offre l'exemple parfait d'une œuvre en perpétuel ressassement autonome. Débarrassé de certains effets encombrants de citation et de répétition, le style de Horner impose de très longues phrases mélodiques, une tonalité contemplative, des sonorités vaporeuses, un goût des orchestrations synthétiques et exotiques (usage obsessionnel des bagpipes, uillean pipes, flûtes et flûtiaus irlandais, du shakuhachi). À l'instar de celle de John Barry, la musique de Horner varie peu d'un film à l'autre. Il préfère l'accompagnement émotionnel, l'atmosphère sonore, à la ponctuation synchrone, qu'il pratique moins souvent. Dès lors, écoutées en série, ses partitions apparaissent comme les pièces d'une même œuvre en devenir, obsessionnelle, lyrique par sa répétition et l'ampleur de ses pièces. De film en film, les ponctuations de cuivres et de piano, les chevauchements de sections de cordes, les effets de pédale, de cadence plagale, deviennent les repères systématiques d'une musique qui parfois s'épuise, mais témoigne d'une énergie propre. Nul doute que l'écriture de cinéma favorise la systématisation des figures de style, mais elles s'imposent simplement aussi comme l'identité de l'artiste." (etc. Et je ne vais pas tout citer).
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Dadid
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Re: James Horner, le topic

Message non lu par Dadid »

Perciflette a écrit :Pour Powerhouse il s'agit de la deuxième partie à partir de 1'30, mais à la rigueur je retire ce que j'ai mis sur cette citation, si Dadid dit qu'elle apparaît au générique de fin. Je me demandais en effet si cet emprunt apparaissait sur la jaquette ou autre.
(...)
J'ai vu des tas de plaidoyers et réquisitoires contre Horner. Beaucoup défendent ce compositeur comme talentueux et critiquent le rapport conservateur qu'ont les mélomanes connaisseurs au sujet du plagiat, je vais donc continuer à chercher et essayer de moins intellectualiser.
J’espère ne pas t'induire en erreur concernant le générique, j'ai pu confondre avec le thème de Rota (à vérifier), mais fondamentalement ça change peu de choses, d'autant plus qu'il ne s'agit pas d'une copie servile. Sinon je partage tout à fait ta conclusion temporaire, la nécessité aussi de "juger" un compositeur comme Horner dans le contexte de composition qui est le sien, en gros un cadre industriel où la personnalité doit se fondre dans un moule, intégrer les idées d’autrui, tout cela en un temps réduit. J'ai parcouru le même chemin : j'ai beaucoup aimé Horner à ses débuts (Krull, Brainstorm...), j'ai parfois été gêné par des emprunts trop nets ou systématiques, mais la beauté de nombre de ses partitions, l’émotion qu'il savait faire passer, et finalement sa personnalité musicale qui dépassait les emprunts ont eu raison de mes résistances. Il y a les influences et emprunts stylistiques que tout compositeur fait "naturellement" siens, éventuellement reconnaissables mais digérés pour former malgré tout un travail personnel, il y a les détournements ponctuels induits par le travail à l'image, le film lui-même ou par son temp track, et enfin il y a la possible dictature du temp track, ces cas choquants pour le connaisseur ou le compositeur a eu le choix entre copier de très près et aller composer ailleurs (voir les précisions documentées d'Alcibiade). C'est la loi d'Hollywood - pas seulement mais en particulier. D'autres compositeurs ont pu refuser dans une large mesure ces entorses à l'Art, mais ils sont très rarement américains, ou bien, refusant les compromis, n'ont composé qu'une poignée de BO. Et encore, même un artiste sérieux comme Corigliano n'oublie pas de s'inspirer de Stravinsky pour Altered State. Et même un Morricone, par nature plus individualiste (une exigence permise par son status et par le cinéma européen de sa grande époque) a dû grossièrement calquer Verdi pour son Kalidor, comme quoi on peut être prophète en son pays, et pas ailleurs. :D
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Jimbo
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Re: James Horner, le topic

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On s'en fiche vraiment bien de qui a écrit quoi, tant que la musique est bonne ! Laissez-donc les histoires de copyright aux ayant-droits et aux avocats.
Si tu as kiffé en écoutant le générique de Chérie j'ai rétréci les gosses, pourquoi tu kifferais moins quand tu découvres qu'il n'a pas été écrit par un seul compositeur ? Cela me semble illogique de revoir son appréciation d'une musique juste sur ce critère non musical. Est-ce juste une question de principe moral ? Est-ce immoral qu'un artiste reprenne le travail d'un autre artiste (non contemporain de surcroît) ? Doit-on juger une musique sur des questions de moralité ?
À bien des égards, la tâche du critique est aisée. Nous ne risquons pas grand-chose, et pourtant, nous jouissons d’une position de supériorité par rapport à ceux qui se soumettent avec leur travail, à notre jugement. Nous nous épanouissons dans la critique négative plaisante à écrire et à lire. Mais l’amère vérité, qu’il nous faut bien regarder en face, c’est que dans le grand ordre des choses, le mets le plus médiocre a sans doute plus de valeur que la critique qui le dénonce comme tel.
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Re: James Horner, le topic

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Euhhh non, on ne s'en fiche vraiment pas ! Par dessus toutes les influences et citations que l'on voudra bien accepter, j'aime que la prose naisse de sa plume (et du cerveau) de l'écrivain, et la musique du musicien. Appelle ça de la morale, mais c'est toute la différence entre un artiste (ou un artisan si tu préfères) et un voleur. Après, ça n'empêche pas d’apprécier un "faux", il y en de remarquables et leur fonction est importante, mais puisqu'on parle de compositeurs et pas (seulement) de fabrication industrielle, l'histoire doit pouvoir séparer le créateur talentueux du copiste servile.
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Ratatouille
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Re: James Horner, le topic

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Le meilleur d'Horner c'est la reprise de la Cante dOctobre de Prokofiev pour Red Heat !
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Mortimer
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Re: James Horner, le topic

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Ratatouille a écrit : la Cante dOctobre de Prokofiev pour Red Heat !
Tu veux dire Cantate :D ? Oui là c'est carrément note pour note concernant les chœurs russes.
Plus on est nombreux à penser la même chose,
moins il vient à l'idée qu'on pourrait tous avoir tort.
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Dadid
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Re: James Horner, le topic

Message non lu par Dadid »

Pour le coup voilà l'exemple d'une citation intelligente, justifiée par le récit, dans la tradition des BO de l'âge d'or - où les hymnes nationaux et mélodies célèbres aidaient à planter le décor) -, et même du "classique" (Tchaïkovski, pour rester chez les russes). Rien à voir avec un quasi Carmina Burana qui déboule durant la guerre de sécession, par exemple. :D
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Jimbo
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Re: James Horner, le topic

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Raymond Scott sur Chérie n'était pas une citation intelligente ? Il faut savoir que James Horner fait surtout référence à l'usage que Carl Stalling faisait du morceau Powerhouse dans ses cartoons. Le morceau a vécu, a grandi, d'abord avec Stalling, ensuite avec James Horner, puis peut-être encore dans le futur avec un admirateur de Horner ? La musique est vivante et il ne faut pas l'enfermer dans le carcan de la propriété intellectuelle.

Pour Charging Fort Wagner, c'est le style liturgique de O Fortuna qui intéressa James Horner, puisque les paroles font référence au jugement de Dieu. Évidemment, on a droit à des ouh ! et des ah ! quand c'est Horner qui s'inspire, mais pas quand c'est Basil Poledouris...
À bien des égards, la tâche du critique est aisée. Nous ne risquons pas grand-chose, et pourtant, nous jouissons d’une position de supériorité par rapport à ceux qui se soumettent avec leur travail, à notre jugement. Nous nous épanouissons dans la critique négative plaisante à écrire et à lire. Mais l’amère vérité, qu’il nous faut bien regarder en face, c’est que dans le grand ordre des choses, le mets le plus médiocre a sans doute plus de valeur que la critique qui le dénonce comme tel.
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