Dawn Of The Planet Of The Apes (Michael Giacchino)

La légende de César, seigneur des singes

Disques • Publié le 11/02/2015 par

Dawn Of The Planet Of The Apes DAWN OF THE PLANET OF THE APES (2014)
LA PLANÈTE DES SINGES : L’AFFRONTEMENT
Compositeur :
Michael Giacchino
Durée : 77:21 | 19 pistes
Éditeur : Sony Clasical

 

4 out of 5 stars

S’il y a bien un compositeur qui ne cesse de faire parler de lui ces dernières années, c’est le dorénavant très populaire Michael Giacchino. Ayant débuté dans le jeu vidéo (Medal Of Honor) et fait ses armes sur les séries TV (Alias, Lost), il a maintenant acquis une notoriété certaine grâce à son travail pour Pixar (un Oscar pour Up [Là-Haut]) et sa fructueuse collaboration avec le réalisateur J. J. Abrams (notamment les deux derniers Star Trek). Après feu Jerry Goldsmith, Danny Elfman et Patrick Doyle, il signe la musique du dernier épisode en date de la saga de la Planète des Singes, Dawn Of The Planet Of The Apes, et confirme son statut de compositeur incontournable.

 

On notera d’emblée le fait que chaque piste de l’album contient un jeu de mots et/ou une référence, ce qui tend à devenir une habitude chez le bonhomme quand on regarde ses précédents travaux. A titre d’exemple, le générique de fin de The Incredibles s’intitule The Incredits et celui de Ratatouille End Creditouille. Un petit peu d’humour ne fait pas de mal. Ici, on a notamment droit à Aped Crusaders (le « Caped Crusader » étant l’un des surnoms de Batman). Chaque titre est l’occasion d’une petite énigme à l’adresse du public, et l’initiative est assez rare et sympathique pour être signalée.

 

Il est possible de se faire une idée générale assez complète à la seule analyse de l’avant-dernière piste, Planet Of The End Credits (encore un jeu de mots), une suite de huit minutes qui résume parfaitement les différentes ambiances et apogées musicales du film, ainsi que les multiples références éventuelles à d’autres compositeurs de musique de film. Si la parenté avec la musique de Jerry Goldsmith pour le tout premier film sorti en 1968 est évidente, d’autres le sont peut-être un peu moins, ou alors il ne s’agit que de similitudes fortuites frappantes. Rien que la toute première piste de l’album, Level Plaguing Field, fait beaucoup penser à Jurassic Park (Hatching Baby Raptor) avec ses chœurs lointains et son petit piano durant ses deux premières minutes. La suite des pistes tend plus à instaurer une ambiance horrifique et tribale. En cela, la musique de Giacchino risque de déconcerter en écoute isolée, mais l’impact sur les images est d’une efficacité remarquable, surtout quand l’action prend le dessus.

 

Cesar

 

La partition réserve des ambiances touchantes tout en restant relativement minimaliste. On peut à titre d’exemple citer The Great Ape Processional, une jolie piste dans laquelle se dessine (à partir de 1:20) un thème (qui sera notamment réentendu dans Monkey See, Monkey Coup à partir de 0:46). Les connaisseurs ne s’y seront pas trompés en faisant le rapprochement avec une autre musique de Giacchino, à savoir Super 8. Il faut en effet avouer que pour tout ce qui touche de près ou de loin aux musiques accompagnant les séquences émouvantes ou intimistes, Giacchino ne fait guère dans l’originalité pour quiconque connaît Super 8 et ne fait qu’asseoir son style. Les mauvaises langues parleront d’auto-plagiat, et quand bien même cela serait avéré, Giacchino ne serait pas le premier à s’y livrer (Hans Zimmer, John Williams, James Horner, Elliot Goldenthal et bien d’autres l’ont fait avant lui de manière bien plus flagrante). Si l’on voulait aller encore plus loin, il serait possible de voir de nombreuses influences ça et là disséminées, récentes (Man Of Steel) ou pas (Predator avec Along Simian Lines entre 4:15 et 4:35), mais cela tiendrait plus de l’esprit pervers du rédacteur de ces lignes qui veut à tout prix meubler sa chronique alors qu’il y a d’autres choses plus intéressantes à dire.

 

De la même manière que le long-métrage qu’elle accompagne, la première partie de la partition est calme tandis que la seconde est plus énervée. La transition se fait dans Monkey See, Monkey Coup, à 2:20, lors d’un coup de théâtre inattendu. Inutile d’aller plus loin : rien qu’en lisant le titre des pistes suivantes et en faisant le lien avec les jeux de mots afférents (Gorilla Warfare et Apes Of Wrath). La musique se fait soudainement plus sourde, plus rythmée, plus déchaînée (et n’est pas sans évoquer Predator de Silvestri par moments). La guerre est déclarée. Les fans du travail de Giacchino sur Star Trek et Star Trek Into Darkness seront aux anges de retrouver des instruments similaires pour des musiques d’action véritablement sauvage.

 

L’apogée est bien évidemment atteinte vers les dernières pistes, dont Enough Monkeying Around et ses chœurs (à 2:14). Les choses se calment avec Primates For Life qui réserve le mouvement le plus émouvant du disque avec une très belle reprise du thème que nous avons évoqué précédemment. Une belle manière de conclure un divertissement de qualité, intelligent, grandiose et techniquement à la pointe, ce qu’était à son époque le premier film avec Charlton Heston. Continuité assurée alors que plus de quarante-cinq ans séparent les deux films. Michael Giacchino a accouché d’une bonne partition toutefois réservée aux auditeurs attentifs et amateurs de son style qui ne seront pas rebutés par l’aspect principalement atmosphérique de l’ensemble. Le compositeur, lui, poursuit tranquillement un parcours sans faute.

 

Dawn Of The Planet Of The Apes

Vincent Delhomme