The Prestige (David Julyan)

Le Grand Bluff

Disques • Publié le 22/07/2011 par

The PrestigeTHE PRESTIGE (2006)
LE PRESTIGE
Compositeur :
David Julyan
Durée : 48:13 | 17 pistes
Éditeur : Hollywood Records

 

2.5 out of 5 stars

Pour le score de The Prestige, Christopher Nolan retrouve David Julyan, son compositeur de Memento et d’Insomnia, débarqué de Batman Begins car jugé trop peu commercial et parti entre-temps explorer avec brio les cavernes terrifiantes de The Descent. Observons tout de suite que dans le film, la musique fonctionne à merveille, renforçant son aspect ténébreux et chargé de mystère, envoûtant peu à peu le spectateur à l’aide de longues plages atmosphériques et dépressives. Le problème, c’est que l’écoute isolée ne garantit pas un tel succès et risque même d’en dégoûter plus d’un. Le drame du score de David Julyan, qui fait précisément sa force dans le film, est qu’il présente un aspect totalement monochrome, pour ne pas dire monocorde : quasiment athématique, la musique semble évoluer de façon erratique ou bien ne pas évoluer du tout, comme si le compositeur ne faisait que maintenir son doigt appuyé sur une seule touche de son synthétiseur trois quarts d’heure durant. Un grand orchestre est crédité dans le livret du disque mais il est bien difficile de faire la différence entre des violons et des sonorités électroniques lorsqu’aucun instrument – ou presque – ne se distingue d’une masse opaque et souvent lénifiante.

 

A l’écoute de ces longs crescendos aux orchestrations nébuleuses faisant parfois intervenir des cuivres à la solennité résignée, on pense tantôt à Howard Shore, déjà abondamment cité dans le score d’Insomnia, tantôt à Hans Zimmer, d’ailleurs producteur exécutif de l’album. Très planante, la musique se rapproche davantage d’un design sonore destiné à recouvrir et à imprégner les images, réduisant tous ses effets à une tristesse langoureuse et irrémédiable. Les fans du compositeur ou du film, de même que les auditeurs concentrés exclusivement sur les atmosphères, pourront trouver leur compte dans le score de The Prestige. Quant aux autres, s’ils ne pourront nier complètement l’impact du travail de Julyan, ils lui reprocheront de recycler un peu trop ses partitions précédentes et de s’avérer déjà ennuyeux : au sein d’une carrière aussi brève, c’est tout de même assez gênant ! Cependant, pour ne pas être taxé d’injustice, on retiendra l’efficacité de The Transported Man et de The Real Transported Man, d’une étrangeté radicale conforme à l’expérience tentée par les personnages, ainsi que la beauté fragile et poignante de quelques passages issus de la partie The Turn, notamment le splendide No, Not Today, complainte mélancolique pour cordes et piano. Quel dommage que tout le score n’ait pas été de ce niveau !

 

The Prestige

Gregory Bouak
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