The Descent (David Julyan)

Voyage au centre de la terre

Disques • Publié le 13/06/2010 par

The DescentTHE DESCENT (2005)
THE DESCENT
Compositeur :
David Julyan
Durée : 49:35 | 20 pistes
Éditeur : Cooking Vinyl

 

4 out of 5 stars

Du chef-d’œuvre de Neil Marshall au navet de Jon Harris, le seul ingrédient du diptyque The Descent et The Descent : Part 2 à maintenir un niveau de qualité constant est la musique signée David Julyan. Ce dernier, dont les collaborations avec Christopher Nolan (les atmosphériques Memento, Insomnia et The Prestige [Le Prestige]) constituent ses principaux titres de gloire, se verra hélas écarté de Batman Begins puis de The Dark Knight car jugé trop peu commercial. Pourtant, au vu du résultat, on se dit qu’il aurait pu faire au moins aussi bien, voire mieux, que le tandem Zimmer/Howard. The Descent lui offre donc une bonne occasion de diversifier sa palette en abordant un genre a priori plus démonstratif et exigeant une musique à l’avenant.

 

À l’image du film, le score de The Descent est d’une noirceur presque insondable, triste jusqu’au mélodrame, agressif jusqu’à l’hystérie, traversé de rares rayons de lumière. Entre synthétiseurs et orchestre de cordes, les premiers morceaux sont plutôt atmosphériques, pleins de mystère et de mélancolie, depuis l’accident et le cauchemar de l’héroïne jusqu’à la découverte des montagnes, majestueuses mais inquiétantes, plombées par un temps brumeux et humide. Un beau thème lyrique, censé évoquer l’amour filial, l’amitié et la paix, apparaît au détour de The Mountains et de Reunited With Juno mais disparaît fugitivement. The Descent, vrai-faux finale, connaît même une envolée triomphale époustouflante mais rapidement suivie d’une replongée dans l’angoisse et le désespoir. À partir de Drive To The Cave, les ténèbres s’épaississent peu à peu pour emplir tout l’espace, entre adagios dépressifs évoquant Howard Shore et nappes synthétiques obsédantes rappelant John Carpenter.

 

La tension est alors savamment entretenue par un compositeur qu’on n’aurait pas cru si doué pour susciter la terreur, et lorsque le danger survient, il est accompagné de dérives orchestrales si violentes, de cordes si fortement malmenées, de cuivres et de timbales si furieux que l’empathie avec les personnages devient complète. Hélas, ces brusques élans de fureur dissonants et virtuoses se font presque trop rares, et l’on aurait aimé que David Julyan ait encore plus l’occasion de se déchaîner, à l’instar d’un Christopher Young ou d’un Elliot Goldenthal (mais précisons tout de même que l’album ne retient pas toutes ces flambées de rage et que le film en contient davantage). Pour compenser, la fin du film, véritable survival, a droit à une musique tribale et percussive rythmée en diable, illustrant le retour à l’état sauvage des dernières survivantes. Remarquablement orchestrée, à la fois sombre, majestueuse, dramatique et d’une prodigieuse densité, la musique de The Descent est un must qui constitue une excellente invitation à découvrir l’univers du compositeur.

 

The Descent

Gregory Bouak
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