Portrait de Michael Kamen

Cher Michael...

Portraits • Publié le 18/11/2013 par

Cher Michael,

 

À tous ceux qui douteraient encore que le temps file à folle allure, entraînant inexorablement dans son sillage chacune de nos vies, il est des dates qui se chargent parfois de nous remettre les idées en place.

 

Dix ans donc, dix ans déjà, depuis que vous nous avez quittés un traître jour de novembre 2003, quelques semaines seulement après avoir rendu publique la maladie qui vous rongeait depuis des années. Bien sûr, nous ne nous doutions pas que cette perte soudaine marquait alors en quelque sorte les départs successifs et rapprochés d’autres figures majeures du monde du cinéma comme celui de la musique, telles que Jerry Goldsmith, David Raksin, Elmer Bernstein ou plus tard Basil Poledouris. Alors peut-être n’avons-nous plus aujourd’hui pleinement conscience de l’émotion suscitée par l’annonce de votre décès, et pourtant Dieu sait qu’elle fut palpable partout dans le monde tant votre notoriété dépassait largement le seul cadre cinématographique, à une époque où nul réseau social n’avait encore envahi nos quotidiens.

 

Pour nous autres passionnés français, la nouvelle eut indéniablement une résonnance particulière. Par deux fois en effet, vous nous aviez fait l’honneur d’une visite, d’un concert, alors même que les grands évènements consacrant la musique au cinéma dans notre pays semblaient encore voués à demeurer dans les limbes d’un lointain avenir. Grâces en soient rendues aux efforts et à l’opiniâtreté d’une petite école de musique de Lorraine qui organisait alors son propre festival mais aussi, évidemment, à votre inestimable générosité : une telle invitation ne pouvait bien sûr que vous enchanter, vous qui veniez quelques temps plus tôt de créer la fondation Mr. Holland’s Opus en faveur de l’éducation musicale aux Etats-Unis.

 

C’est ainsi qu’après le simple rendez-vous inattendu de 1999, qui aura pris au dépourvu pas mal de monde, il n’est pas exagéré d’affirmer que notre petite communauté était fin prête, deux ans plus tard, à célébrer pleinement cette fois votre venue. Pour la première fois depuis fort longtemps, nous venions de tous les coins de France, convergeant vers la même destination pour partager une même expérience. Et lequel d’entre nous en vérité ne se souvient pas avec un mélange de fierté et de nostalgie de son court séjour dans la charmante ville de Lunéville ? Car au-delà de l’événement lui-même, du frisson musical ressenti à l’écoute des premières mesures de votre Robin Hood ou de votre poème symphonique que vous dirigiez là pour la première fois, de cette joie et ce plaisir que vous partagiez avec nous d’un simple regard malicieux croisé sur scène ou dans les coulisses, combien de rencontres entre passionnés eux-mêmes se sont jouées pendant ces quelques jours de février 2001 et cela avant tout, même indirectement, grâce à vous.

 

Alors UnderScores, qui par la plume qui officie ici s’est placé sous votre tutelle spirituelle il y a maintenant cinq ans (en témoigne notre tout premier éditorial), ne pouvait bien entendu rester en marge de cet anniversaire. Et comme nous nous refusons à céder à la tristesse, c’est au contraire avec joie que nous vous rendons hommage dès aujourd’hui, vous dont chaque partition nous émeut toujours comme à la première écoute, vous qui dix ans après votre disparition êtes toujours dans nos cœurs.

 

It’s all for you, Michael.

 

Affectueusement,

L’équipe d’UnderScores

 

Florent Groult
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