His Name is Legrand, Michel Legrand...

[Taboulez]

Je me dois de vous faire un aveu ici. Je me suis rendu compte ces dernières années que pendant toutes mes jeunes années de beophile, tout en appréciant certains titres du bonhomme (Les thèmes des Marié de l’an II, Un homme est mort et Le Gang des otages étaient en particulier de ceux que j'écoutais religieusement sur mon poste à cassettes) j'avais traité Legrand avec beaucoup de condescendance, ne jurant alors que par Sarde et Delerue, pour m’en tenir aux compositeurs hexagonaux. Le coffret de Lerouge a pas mal changé la donne, et depuis j’avoue avoir été conquis et parfois même impressionné par certaines découvertes (les partitions rejetées de The Appointment et The Man who love Cat dancing) et re-découvertes (Wuthering heights). Comme quoi, faut jamais dire jamais (c’est pas dans Fievel ça, non ?)

Apparemment, t'es loin d'être le seul à avoir suivi exactement ce parcours, en ce qui concerne Legrand... Personnellement, j'avais eu la chance de le découvrir directement via les oeuvres les plus pertinentes (et au bon moment !), du coup j'avais adhéré de suite.

[DarkCat]

Pour info, samedi soir vers 0 h 10, France 3 diffusera le concert Michel Legrand et le cinéma.

Résumé: Pour célébrer ses cinquante ans de carrière, Michel Legrand proposait deux concerts exceptionnels à la salle Pleyel, à Paris : l'un le 27 février avec un orchestre symphonique, consacré à ses musiques de films, et l'autre plutôt jazz, le 28 février, avec le London Jazz Band Orchestra. Le 27 février, plusieurs artistes ont apporté leur concours au compositeur, notamment Liane Foly et Maurane.

Au programme: «Je ne pourrai pas vivre sans toi» («Les Parapluies de Cherbourg») ; «Les Moulins du coeur» («L'Affaire Thomas Crown») ; la musique du film «Les Trois Mousquetaires» ; «The Summer Knows» («Un été 42») ; «Summer Me, Winter Me» («The Picasso Summer») ; «I Was Born in Love with You» («Les Hauts de Hurlevent») ; la musique des films de Jean-Paul Rappeneau «La Vie de château», «Les Mariés de l'an II» et «Le Sauvage» ; «The Hand of Time» («Brian's Song»); la musique des films «Le Messager» et «La Bicyclette bleue» ; «Papa Can You Hear Me ?» («Yentl») ; «La Valse des lilas». Réalisation de François Goetghebeur.

[DarkCat]

Personne n'a regardé ?

[Edern]

Je sais pas, Félin des Sith, j'ai pas la télé
Et toi, tu l'as regardé ?

[DarkCat]

Et toi, tu l'as regardé

Enregistré, mais pas encore pris le temps de le voir vraiment. J'ai juste vu quelques passages, qui m'ont amené à me dire que je connais mieux l'œuvre de Joe Hisaishi (aucun morceau ne m'ait inconnu dans le live pour Miyazaki) que de Legrand, et surtout qu'il aurait pu se dispenser des chanteuses et chanteurs invités.

[Edern]

T'as un peu le même problème que Dave alors ? à 1:00 environ
(pour ce qui est de la comparaison Hisaishi/Legrand t'es pas tout seul)

[Lee Van Cleef]

et surtout qu'il aurait pu se dispenser des chanteuses et chanteurs invités.

Le chat du Cheshire n'a pas tort, j'ai moi-même manqué en faire une indigestion. D'autant que Legrand lui-même ne s'est pas privé de donner de la voix, faisant la preuve d'une santé qui pourrait en remontrer à bien des d'jeuns avachis sur leurs propres vertèbres, mais pas nécessairement, il faut bien l'avouer, d'aptitudes vocales hors du commun. La mise en scène m'a aussi quelque peu gêné par son montage frénétique, enquillant les plans parfois subliminaux en dépit du bon sens (c'est à peine si l'on a le temps de distinguer le visage concentré d'une charmante violoniste, caressant son instrument d'un archet délicat, avant de passer sans crier gare aux souliers de Legrand qui emplissent tout l'écran) et empêchant l'émotion de s'installer durablement. Il y a pourtant eu de sacrés moments, en particulier les suites réellement superbes de Wuthering Heights et The Go-Between (Le Messager), interprétées avec toute la fougue, la passion et la retenue qui s'imposaient.

[DarkCat]

Comme souvent, Lee a parlé d'or.
Bon, je viens d'en voir un peu plus d'une heure, et le constat est mitigé.
Par contre, je me suis surtout laissé transporter de bonheur à l'écoute de "Les Mariès de l'An II", "Le Sauvage" ou encore "Les Trois Mousquetaires".

[BigJ.]

J'ai parlé à un neveu (16 ans) du concert que Michel Legrand va donner à Genève, et il m'a demandé ce qu'il avait composé.
Je me suis instantanément rendu compte que, contrairement à un Williams (STAR WARS, HARRY POTTER...) ou un Goldsmith (THE MUMMY, STAR TREK, etc...) pour lesquels je pouvais facilement lui sortir des références familières, avec Legrand, c'était "Mission:Impossible" (oui, de Schifrin).

En cherchant plus loin, je me suis rendu compte que TOUTES les références mythiques/très connues/populaires liées à la production de Legrand datait des années 60 et ... du tout début des années 70, que je peux d'ailleurs conclure avec SUMMER OF 42 en... 71.

Que trouve-t-on après? Quelques titres de films connus à l'époque (mais non "passés à la postérité" pour la plupart, et les musiques non plus), des générique de séries TV, un James Bond renégat (NEVER SAY NEVER), et... c'est tout

Alors la question spécifique que je pose ici, c'est: Legrand a-t-il composé des choses remarquables après le début des années 80? Et surtout dans les années 90 et 2000?

Je crois que le dernier score intéressant que je connaisse de lui est justement NEVER SAY NEVER, de 1983, et je sais que YENTL, aussi de 83, est un titre qu'on mentionne dans ses notices biographiques, et qui figure dans des compiles.

Alors?

[Taboulez]

J'ai du mal à saisir le rapport pré-établi entre le fait qu'un film soit connu et la qualité de sa musique. Par chance il y a plein de films célèbres avec de grandes musiques mais il y en a tout autant avec des partitions médiocres. Idem pour les films plus confidentiels.
En tous cas parmi ce que je connais du Legrand de ces 30 dernières années il se détache souvent des opus majeurs, notamment:

- La Bicyclette Bleue (2000), chef d'oeuvre souvent impressionniste
- Madeline (1998), pas loin, par moments, de John Williams (celui de Hook ou de Potter)
- The Ring (1996), romantique et superbe
- Le Monde est un grand Chelm (1995), une belle surprise sous certains aspects, même s'il reste un peu plus mineur

J'ajouterais d'ailleurs que, souvent aux allergiques (supposés) à Legrand, je propose de tenter des scores de ces 15 dernières années, et je dois dire que ça fonctionne plutôt bien en général.

[BigJ.]

Mon post se voulait en 2 parties distinctes:

1° Les musiques pour lesquelles Legrand restera dans la conscience populaire (à mon avis uniquement des titres d'avant 72) et
2° L'avis de spécialistes/fans sur sa production plus récente.

Après, j'ai l'espoir que certaines musiques peu connues du grand public seront un jour "révélées", comme c'est le cas pour des films, des romans, des tableaux, etc...

Merci pour tes suggestions.

[Walden]

dans le genre qui ne reste pas dans la conscience "populaire", mais qui est sublime

les partitions de l'album concocté par le génial Stéphane Lerouge, sorti chez Universal

LES 4 MOUSQUETAIRES de Richard Lester et le score inédit de ROBIN & MARIAN

de la grande, très grande musique de film, superbement écrite et interprétée

les 4 Mousquetaires, partition composée en 2 semaines, explose par sa vitalité, son inspiration mélodique et rythmique, lorgnant du côté de Stravinsky (les adaptations de Dumas inspirent les compositeurs car la partition de Jean-Claude Petit est également une splendeur !)

Robin & Marian, partition plus désenchantée, qui n'a pas plu à Richard Lester, évoque plutôt Chostakovitch, et reste une des partitions les plus profondes du compositeur français

[BigJ.]

Je reviens à l'instant du concert genevois, et c'était très très chouette!

Legrand a en fait joué un mélange de morceaux hétéroclites: une longue suite des PARAPLUIES DE CHERBOURG, une plus courte de YENTL, plusieurs morceaux de pur Jazz, et sinon: "Les Moulins de mon Coeur" (THOMAS CROWN AFFAIR), SUMMER OF 42, une chanson de HAPPY ENDING, BRIAN'S SONG, etc...

Certains méga hits ont par contre été complètement ignorés: LES DEMOISELLES DE ROCHEFORT, LE MESSAGER, PEAU D'ANE, par exemple. Aucun air de séries télé, au grand dam d'un client.

L'ensemble n'était pas très long, 1h45, en une traite.

J'ai pu aborder Legrand à la sortie, lui faire signer un vinyl, mais sinon, il n'avait pas vraiment envie de causer.

Dommage, mais un beau moment de musique tout de même.

Merci, l'artiste!

[Darthdav]

Je reviens à l'instant du concert genevois, et c'était très très chouette!

Je confirme

[Julien]

Dommage en effet qu'il n'est pas joué la suite orchestrale du Messager. Avec l'accompagnement au clavecin et à la harpe je trouve que c'est vraiment somptueux.

[Walden]

pas du tout convaincu par le NEVER SAY NEVER AGAIN, que je découvre.....ça lorgne trop du côté du Sacre du Printemps dans les scènes d'action...pas revu le film mais je comprends à l’écoute que la musique joue a fond le second degré !

la chanson, elle, reste très sympa

[Lee Van Cleef]

Le coffret Demy/Legrand est une véritable bénédiction ! Je l'ai à peine entamé que déjà, il a réussi le petit exploit de sensiblement diluer mes sentiments mi-figue mi-raisin envers Les Parapluies de Cherbourg. La vision du film, totalement sous la coupe du parlé-chanté imposé contre vents et marées par les sieurs Jacques et Michel, m'avait toujours laissé dubitatif. Quelle ne fut pas ma stupeur en découvrant, à l'écoute de la partition complète, ces trésors de mélodies tantôt acidulées et tourbillonnantes, tantôt tristes et imprégnées de renoncement, auxquels j'ignore quel foutu snobisme m'avait fait demeurer hermétique... Et le chat du Cheshire qui se tâte encore ! Oublie tes viles réticences, compagnon, et plonge toi aussi, en riant à gorge déployée, dans ces flots ourlés d'écume rose.

[Pierrebrrr]

Rose et noire, tout de même. Car une bonne partie du génie particulier de Demy (Au sommet, à mon sens, dès Les parapluies) fut de faire chanter aussi les sentiments les plus banals, les plus gris aussi bien que les sommets de joie ou de tristesse. A ce titre, les chansons mettant en scène les garagistes sont particulièrement révélatrices, mais aussi la chanson de la femme coupée du plus solaire Demoiselles de Rochefort, ou les célèbres réprimandes affectueux de la bonne marraine de Peau d'âne ("on n'épouse pas son papa ... ça fait des enfants tout gâtés" !!!!)

[Scorebob]

...une progéniture altérée donc

[Kevin95]

A noter donc que sieur Lerouge à annoncer quelques-unes des ses trouvailles : Vivre sa vie (11 titres donc 10 inédits), Oum le dauphin (annoncé dans l’excellente émission Paul fait son cinéma) et une version plus longue de La Piscine (annoncé sur FIP).

[Pierrebrrr]

...une progéniture altérée donc

C'est ça, texto.

[Walden]

A écouter sur le toitube

Natalie Dessay chante Michel Legrand - December 10, 2012

[Fancini]

A noter donc que sieur Lerouge à annoncer quelques-unes des ses trouvailles : Vivre sa vie (11 titres donc 10 inédits), Oum le dauphin (annoncé dans l’excellente émission Paul fait son cinéma) et une version plus longue de La Piscine (annoncé sur FIP).

oooou pinaise!

A voir sur le toitube

Natalie Dessay chante Michel Legrand - December 10, 2012

j'y étais - exceptionnel, inoubliable

[Lee Van Cleef]

Force m'est d'avouer qu'entre la fameuse Chanson des Jumelles des Demoiselles de Rochefort et moi, il n'a jamais été question d'entente cordiale. Rien qu'à subir les gazouillis attendris des donzelles au sujet de leur génitrice et de ses satanées frites, je me vois immanquablement dégainer mon katana d'un geste vengeur et partir à la chasse à la bécasse. Heureusement, le coffret de Stéphane Lerouge est tombé à pic pour me rappeler que le formidable travail de Legrand était loin, mais alors bougrement loin de ne se limiter qu'à un tube exploité ad nauseam par les médias.

[Lee Van Cleef]

Francis Huster is in the place ! Avec son bandana rouge aussi seyant que celui de John Travolta dans Staying Alive et ses vocalises à faire se recroqueviller d'horreur Patrick Topaloff, il torpille sans pitié l'ambitieux Parking, dont la belle matière mélodique était déjà mise à mal par d'affreux arrangements pop. Trois ans plus tard, c'est carrément l'inverse qui se produit : Yves Montand est infiniment plus à son aise dans Trois Places pour le 26, mais doit se coltiner une partition bâclée par un Michel Legrand qui n'avait encore jamais fait preuve de pareil je-m'en-foutisme sur un film de Demy. Hélas, l'occasion de se racheter auprès de son vieil ami ne viendra jamais.