Un authentique festin, mes amis, que les musiques de Yasushi Akutagawa pour les films de Yoshitaro Nomura.
Yatsuhaka-Mura, Jiken et
Kichiku (
L'Eté du Démon, un drame cruel et sordide disponible en DVD chez l'excellent éditeur Wild Side) sont riches de thèmes superbement mélodieux et font se mêler de très élégantes orchestrations à de violentes flambées dissonnantes (
Kichiku est, de ce point de vue, des plus admirables). Et voilà qui me fait subitement penser à un de mes anciens posts, où je portais déjà aux nues la collaboration Akutagawa/Nomura. Permettez-moi donc de m'auto-citer :
Lee Van Cleef a écrit :Je n'irai pas par quatre chemins : la partition de Yasushi Akutagawa pour le bouleversant polar intimiste de Yoshitaro Nomura, Le Vase de Sable, est l'incarnation parfaite d'un vieux fantasme de béophile. Cette harmonie tant recherchée, mais jamais vraiment atteinte, entre la musique et l'image, ce moment presque irréel où le travail d'un compositeur s'impose comme un protagoniste à part entière, une voix essentielle au récit et à l'émotion qui s'en dégage... Ce tour de force quasi-miraculeux est ici accompli, et avec quel brio, quel lyrisme ! Un peu à la manière de Mr. Holland's Opus, où Michael Kamen avait investi beaucoup de lui-même, la musique est au coeur du Vase de Sable et de ses enjeux dramatiques, mais nantie d'un traitement extraordinairement plus subtil et signifiant. C'est ainsi que les trois derniers quarts d'heure (un immense flashback trouvant une résonance vertigineuse dans les événements du présent) doivent toute leur puissance émotionnelle, tout leur équilibre narratif, toute leur âme à la musique d'Akutagawa.
Couplée à de nombreuses et remarquables qualités (la réalisation aussi sobre qu'élégante de Nomura, le scénario une nouvelle fois admirable du grand Shinobu Hashimoto, les prestations fortes et dignes des regrettés Tetsuro Tamba et Ken Ogata), l'identité musicale hors du commun du Vase de Sable achève de faire de ce long-métrage une expérience mémorable. Je ne peux en tout cas que vous inviter, mes estimés compagnons, à vous y engager à votre tour, et tant pis si, après avoir jugé sur pièce, certains d'entre vous doivent conclure qu'il n'y avait pas de quoi en faire tout un foutu fromage et que ce bougre de Van Cleef, décidément, se paye une araignée velue et ventrue au plafond.
J'avoue avoir attendu avec anxiété une réaction qui n'est, hélas, jamais venue. Enfin quoi, camarades, un peu de curiosité et d'audace ! Il
faut voir
Le Vase de Sable, même s'il ne devait pas vous chavirer autant qu'il ne l'a fait avec moi. Allez, au risque d'entendre railler le chat du Cheshire (" Hé, mais c'est qu'il a l'air salement chiant, ton film, Lee "), voici
le trailer originel pour vous donner un léger aperçu de la chose.