Sam Lowry a écrit :Il est important de comprendre ce qui l'a amené à penser ce qu'il a pensé.
Pour ça il y a son "Mein Kampf" qui explique absolument toute sa pensée sans ambages. J'avais eu l'occasion de le lire au lycée dans le cadre d'un grand projet de fin d'année autour de la seconde guerre mondiale. Ce qu'il est intéressant de noter, c'est qu'à la base sa volonté d'extermination (bel et bien présente dans son bouquin, et pas seulement en filigrane d'ailleurs, n'en déplaise aux révisionnistes, même si en effet je n'ai pas souvenir qu'il y ait déjà décliné en détail la manière de s'y prendre) ne se porte pas sur un peuple, ni une ethnie, ni une religion particulière,.. et c'est d'ailleurs pourquoi il n’envoie pas que des juifs dans les camps, loin de là.
Sa volonté initiale est d'exterminer à tout jamais
une idéologie qu'il a identifié comme mortifère, à la fois pour la patrie Allemande, mais également pour les pays du reste du monde (et finalement son délire néo-nietzschéen, un Nietzsche qu'il aura fort mal interprété d'ailleurs, tout son charabia à propos du sur-homme et de la race supérieure, n'est qu'un folklore relativement périphérique à son projet profond).
De ce fait, il juge que pour parvenir à ses fins il lui faut remplir 2 conditions: faire naitre une contre-idéologie qui viendrait démontrer au grand jour la supercherie de l'idéologie qu'il cherche à éradiquer, puis fort de cette nouvelle légitimité, traquer et exterminer tous les tenants passés, présents et futurs de cette pensée qu'il dénonce. S'il se fait un impératif absolu de créer une contre-idéologie c'est qu'il s'est mis dans la tête qu'exterminer les tenants de la pensée qu'il abhorre, sans au préalable une légitimité profondément ancrée dans les esprits, feraient d'eux des martyrs.
C'est d'ailleurs là que l'on se rend compte de l'échec absolu de son projet: au final, même en ayant pris la précaution de s'armer d'une contre-idéologie, ses solutions sont si extrêmes et délirantes qu'elles ont fait des victimes des camps (pas seulement les juifs d'ailleurs, loin de là) les martyrs des martyrs dans l'imaginaire collectif contemporain.
Cette idéologie qu'il dénonce n'est d'ailleurs pas tant le marxisme (car Hitler est un socialiste lui-même qui emprunte beaucoup aux constats et aux solutions marxistes, même si j'imagine qu'il ne l'aurait absolument jamais reconnu en ces termes) qu'une sorte de "globalisation mondialisante par la diversion sociale", tout du moins c'est ce que ses arguments laissent parfois penser ou interpréter (d'où le fait qu'il s'en soit pris aux juifs d'ailleurs qui représentaient à ses yeux le prototype de la diaspora mondialisée et sans attaches).
Au final son échec est tellement cuisant qu'il a jeté l'anathème et un discrédit (lui et Staline aussi d'ailleurs) extrêmement durable sur tous les gens qui pensent que les solutions les plus efficaces pour répondre aux enjeux du monde moderne reposent sur un projet à la fois social et relativement protectionniste. Je pense d'ailleurs que tous les souverainistes, voir même les nationalistes, de gauche comme de droite, doivent vouer une haine absolument éternelle à Hitler, tant son action et ses dérives leur a rendu la tâche ardue, sinon impossible, à mener une lutte sociale et culturelle nuancée (dans un monde où la caricature, l'amalgame et la réduction par l'anathème hors sujet est devenu la norme: en gros de nos jours dès que tu es souverainiste, de droite comme de gauche, on te traite de facho).
S'il se rendait compte que de nos jours son nom et son action sont devenus l'outil le plus commode et le prétexte le plus efficace à légitimer les propos et projets de ceux qu'il avait voulu faire taire à tout jamais... En ayant eu recours à des solutions délirantes d'un jusqu'au boutisme aveugle il a carrément donné le bâton pour se faire battre et il ne s'en est même pas rendu compte.
Sam Lowry a écrit :Si je n'étais pas si foncièrement athée
Personnellement je me définirais davantage comme un agnostique, et je pense à la vérité que dans l'état actuel de nos connaissances sur la création de l'univers (en gros on en sait rien et nous n'avons pas grand chose de mieux à proposer qu'une théorie certes intéressante, mais qui vaut ce qu'elle vaut,... ce n'est rien d'autre qu'une théorie), personne ne peut se dire réellement athée sur notre chère planète. Car que l'on considère que la création de l'univers relève d'un gigantesque procédé physique et chimique (qu'il s'agisse du Big Bang ou d'un tout autre mécanisme), certes, c'est sans doute le cas, mais cette formule physique et chimique n'est finalement rien d'autre qu'un code qui contiendrait en germe les règles de l'univers tout entier (de la même manière qu'un brin d'ADN contient les caractères d'un être): sans aller jusqu'à envisager que ce code ait été élaboré de toute pièce par une entité consciente, on peut tout simplement considérer que ce code est une forme de pensée en lui-même (une pensée car ce code est finalement structuré: la preuve, ça marche, l'univers et ses conditions sont bien là). Et cette pensée, puisqu'elle est à l'origine du monde pourrait être renommée Dieu.
Bien sûr pas le Dieu des trois religions du livre* qui ne voient pas au-delà du simple cadre de l'homme de la planète Terre (qui reste un épiphénomène à l'échelle de l'univers...) et de ce fait ne cadrent pas avec les conceptions contemporaine du domaine spatial (bien entendu, si l'on considère que ces ouvrages furent écrit par les hommes, ils ne pouvaient pas voir dans l'avenir),.. à moins bien sur de pratiquer le contorsionnisme eschatologique et de considérer que si l'homme s'est finalement retrouvé échoué sur un misérable grain de poussière dans l'immense univers, c'est précisément parce qu'il fut banni de l'Eden et qu'il fallait marquer le coup en l'envoyant balader dans un recoin perdu au milieu du néant... ou bien que les religions du livre sont avant tout une gigantesque allégorie de la création et la bonne gestion des affaires du monde,... c'est aux croyants de s'arranger avec leur foi respective.
* qui sont globalement les mêmes puisque toutes trois reconnaissent l'ancien testament, toutes trois mettent en scène exactement les mêmes personnages importants (Jésus, Dieu, etc,...) même si elles se chamaillent sur quelques points en particulier: le caractère divin du Christ, l'usure, etc,...)