Emissary a écrit :Si l'on pense à des compositeur qui tiennent le haut du pavé dans les salles de concert - quoi que l'on pense de leur musique:
John Corigliano
Tan Dun
Elliot Goldenthal
Philip Glass
Bruno Mantovani
Pour Mantovani (également atonal "consacré" d'après ce que j'ai lu sur lui), apparemment, lui aussi n'a bossé que pour un film muet (sauf erreur de ma part) :
http://www.fluctuat.net/674-Bruno-Mantovani
j'adore les termes suivants :
En plus, je ne voulais pas faire une musique de film traditionnelle, une musique type où on donnerait un thème pour un personnage, une mélodie classique, et où on développerait ce thème-là, avec des retours très clairs, pédagogiques, illustratifs. Je voulais au contraire donner une certaine autonomie à la musique, en faire quasiment une musique de concert.
Notez bien là encore la "distance" qu'il place immédiatement entre lui (musicien "consacré" et "légitime"), et les "autres" qu'il n'ose pas nommer : musiciens "assujettis", "exécutants", presque des tacherons du leitmotiv et du "thème", évidemment lui ne mange pas de ce pain là !
ou aussi :
J'ai commencé la pièce en juillet 2002, et je l'ai finie en novembre. Après ça, j'ai écrit à une vitesse inimaginable : Quatre études pour piano, un concerto pour flûte et orchestre, une pièce d'orgue, un mouvement d'une cantate… Tout ça en cinq mois. Parce que j'étais tellement frustré de ne pas avoir pu être moi-même, de pas avoir eu une totale liberté sur le temps, parce qu'il y avait eu le film... J'avais vécu l'enfer de la durée.
là encore : conception d'un musicien "aristocratique" qui se sent (faussement) "libre" et qui s'opposerait avec le "tacheron" ou l'humble "serviteur" d'Hollywood, c'est presque le noble qui jugerait de haut le "valet" qui lui, serait assujetti au "temps" imposé du cinéma.
Par contre il dit des justes passionnantes et assez justes sur la musique sur "papier" qu'il oppose avec les inconvénients de l'écran :
Tu écris tout à la main ?
Oui, totalement. Dans la musique d'aujourd'hui, dite contemporaine, il y a toute une complexité de dynamique, d'articulation, etc. C'est d'abord un problème de page. Quand tu écris une pièce d'orchestre à la main, tu as un rapport à la matière, tu peux tourner les pages et voir la forme, tout de suite, tu as une vision beaucoup plus globale. Sur l'ordinateur, tu cliques, tu as une page qui succède à une autre, mais tu n'as pas tout, tu n'as pas cet aller-retour permanent. Des fois, tu as besoin d'avoir quatre-cinq pages côte à côte, de lire comme ça, de voir comment ça s'enchaîne... Ce que ne permet pas l'ordinateur. Même avec un écran 19 pouces. D'autant que les partitions d'orchestre sont écrites sur des formats papier immenses, souvent du B3.