Oui, je vois. Cela dit, j'avoue que les histoires de notes, malheureusement, me restent absolument obscures. C'est fascinant de voir des gens qui arrivent à remarquer ce genre de choses, et ça donne sacrément envie. Cela étant, à mon niveau d'appréciation, je trouve quand même
Buckbeak's Flight nettement plus... comment dire?... abouti. Dans le sens où la mélodie qu'il présente me semble plus "développée" que celle de
Statues. C'est un trait caractéristique de Williams, d'ailleurs, je crois, que de savoir écrire des thèmes qui se déploie (HP est plein de beaux exemples) au lieu de micro-thèmes ou de mélodies cycliques.
Cela dit, je n'ai absolument rien contre
Statues, hein ? C'est même un des morceaux que je préfère sur l'album. Mais c'est vrai que je suis plus sensible à
Dragon Flight qui, pour le coup, renoue bien avec l'esprit de Williams, avec cette reprise magistrale du thème de Lily, une reprise si inattendue (quand on s'est mis dans la tête que ce thème, c'était la petite voix du premier morceau) que je n'ai pas capté immédiatement qu'il s'agissait du même thème... Et puis, ce n'est pas comme si l'album entier était construit sur des simplistes : l'instrumentation est très plaisante sur certains passages (cet attachement de Desplat aux bois et à la trompette n'est pas pour me déplaire).
Quant à l'idée selon laquelle on est naturellement plus tolérant à l'égard de Williams, je suis tout à fait d'accord puisque c'est mon cas. Quelque part en moi, alors que je suis loin d'avoir écouté tous ses scores (en fait, je m'en laisse à découvrir pour l'avenir... même si ça peut paraître bête comme idée...), je pars toujours du principe que je vais aimer. Je vais toujours tenter de trouver des points positifs à un score comme
Minority Report, par exemple, alors que ce n'est pas la facette du compositeur que je préfère... mais c'est du Williams...
Idem avec certains de ses morceaux d'action/tension : j'ai fini par m'y habituer. Avec un autre compositeur auquel je sois moins attaché, j'aurais sans doute laissé tomber plus facilement.
D'ailleurs, je veux bien reconnaitre qu'il y a des raisons sentimentales à cet attachement naturel à l'album d'
HP3, et notamment à
Buckbeak's Flight (mais pas que : j'adore à peu près tout l'album, que je considère comme un exemple parfait d'équilibre et de variété musicale) : c'est un des premiers à m'avoir fait aimer Williams, avec les
Starwars de la Prélogie (oui je sais, mais que voulez-vous, nous ne sommes pas tous de la même génération : la Trilogie m'attend et j'aimerai aussi),
Jurassic Park et
HP1.
Cet ordre de découverte a, je pense, une influence absolument considérable sur notre façon d'apprécier les musiques en question. Par exemple, j'ai découvert la Prélogie Starwars avant la trilogie. Mais plus important encore, c'est par le biais de Williams que j'ai eu les premiers contacts avec différentes esthétiques classiques : je pense par exemple aux ressemblances qu'il peut y avoir entre certains passages des SW/HP et, mettons, la musique impressionniste, le
Concerto pour orchestre de
Bartok (l'
Elegia) ou les
Planètes de
Holst (je pense plutôt à
Neptune qu'à
Mars, pour les sonorités aquatiques de harpe, de célesta,...). Du coup, même si je sais pertinemment que Debussy et Holst ont écrit avant Williams, il n'en demeure pas moins que dans ma tête, c'est comme si c'était Williams qui avait utilisé ça le premier et que Debussy et Holst, découverts plus tard, n'avaient fait que reprendre Williams. Alors que peut-être un grand nombre d'entre vous pense à Holst en écoutant Williams, je pense à Williams en écoutant Holst... C'est le monde à l'envers !
Cela signifie aussi que ce qui a été perçu comme original dans certaines oeuvres pour des gens de ma génération, ou qui ont approché la musique dans le même ordre de découverte, ne l'a pas forcément été pour vous. En réalité,
Buckbeak's Flight est peut-être pour des gens comme moi l'équivalent de ce qu'a pu être, je ne sais pas, le thème de
E.T. pour d'autres, ou certains passages de
Hook (une BO que je n'ai pas encore écouté, je l'avoue : je me la garde pour bientôt !
). Les puristes peuvent trouver qu'il y a un appauvrissement là dedans, en comparant avec leur propre expérience, leur découverte de la musique... mais cela ne change pas la force des émotions que des morceaux, banals pour certains, ont pu déclencher chez d'autres pour qui le contenu, l'instrumentation, l'esthétique en était
inouïe au sens fort du terme.