Inferno, le mal-aimé ! S'il est verni, l'on se contentera de l'assimiler à un résidu grand-guignolesque des fausses couches de
Suspiria, dont il récupère, il est vrai, une bonne part de l'extravagant clinquant graphique. Keith Emerson n'est pas logé à moins rébarbative enseigne que le film. Fatalement comparé à l'inoubliable grand-messe de Goblin, le prog-rocker, qui venait alors de s'aventurer à tremper un orteil dans la petite mare à l'abri des regards de la musique de film, vit ses ahan studieux ravalés au stade de vulgaire petite frise décorative sur les murs éclaboussés par Argento de rouge et de bleu — une sentence qui continue aujourd'hui de faire tyrannique autorité. Évidemment, en incurable snobinard toujours partant pour faire bande à part, le vieux Van Cleef n'est pas d'accord. Rien que pour
sa psalmodie déjantée à la gloire du mystérieux trio de Mères imaginé par l'ami Dario,
Inferno aurait déjà droit à toute mon affection. Mais ces stridentes exclamations jetées au fin fond des cercles de l'enfer peuvent se vanter d'être en bonne compagnie : atmosphère chargée d'électricité et tempêtes de suspense, où l'élégance d'un piano solitaire fait souvent office de prélude à des déflagrations sans inhibition, fusionnent en un cocktail bien moins apathique que le bock empli de lavasse qu'on s'obstine sous le joug d'un réflexe pavlovien à dénoncer. Pour ma part, en tout cas, je m'en délecte encore et toujours avec une joie préservée de la moindre ombre dépréciatrice.