Dernières visions

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Sam Lowry
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Re: Dernières visions

Message non lu par Sam Lowry »

Le Yéti a écrit :En effet !

J'ai jeté un œil à la partition — j'ai commencé le piano il y a quelques mois — et punaise, mine de rien Barry c'est pas de la tarte…
ça a l'air, comme ça mais en fait c'est pas si compliqué que ça. Attends d'arriver à Horner, Williams ou McCreary, et là tu verras vraiment ce que c'est qu'un morceau pour piano "qui n'est pas de la tarte" ! ;) :mrgreen:
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Le Yéti
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Re: Dernières visions

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Je fais With Malice Towards None de Lincoln et je galère pas mal (mais ma prof est top !)… Mais Barry il aime beaucoup des accords bien espacés et je galère encore à me déplacer sur le clavier sans regarder…
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Sam Lowry
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Re: Dernières visions

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Le Yéti a écrit :Je fais With Malice Towards None de Lincoln et je galère pas mal (mais ma prof est top !)… Mais Barry il aime beaucoup des accords bien espacés et je galère encore à me déplacer sur le clavier sans regarder…
Oui, la marotte de Barry sont les accords arpégés sur plusieurs octaves. Mais tu vas voir, ça va venir, il s'agit de devenir indépendant main gauche - main droite... regarder le clavier tout le temps quand on débute, c'est normal, don't worry ! ça demande du temps et de la pratique. Sympa ta prof de te faire progresser sur de la musique de film !
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Le Yéti
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Re: Dernières visions

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Le deal c'est qu'on fait deux morceaux en même temps, un simple et un difficile. On alterne les petites pièces faciles ou les thèmes sympas et puis des choses plus chaudes. Là sur Lincoln… j'arrive pas la main gauche… y'a jusqu'à trois voix en même temps, c'est ardu… Mais passionnant. On a fait Syriana de Desplat, du Ravel, Mission: Impossible… on va commencer du Disney bientôt. Franchement elle est top <3
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Lee Van Cleef
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Re: Dernières visions

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Le Yéti a écrit :On a fait Syriana de Desplat, du Ravel, Mission: Impossible… on va commencer du Disney bientôt.
Et une fois toutes ces broutilles expédiées aux quatre cents diables, place aux choses sérieuses !
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Le Yéti
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Re: Dernières visions

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Lee Van Cleef a écrit :
Le Yéti a écrit :On a fait Syriana de Desplat, du Ravel, Mission: Impossible… on va commencer du Disney bientôt.
Et une fois toutes ces broutilles expédiées aux quatre cent diables, place aux choses sérieuses !
TOUT DOUX L'AMI !

Vu hier soir : BlacKkKlansman et c'était pas mal. Le propos est passionnant, la mise en scène très intéressante, mais le scénario patine du début à la fin tellement c'est tarabiscoté comme concept (un flic noir se fait passer pour un blanc au téléphone, envoie son collègue blanc à sa place) et ça ne décolle vraiment que lorsque Spike Lee percute la fiction et le réel sur les dernières minutes… La musique de Blanchard est très étrange, bizarrement placée sur le film, parfois à contre-emploi… ce qui perturbe encore davantage le rythme. Quelques très belles pistes cela dit. Et quelques superbes chansons !
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Re: Dernières visions

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Ce doit être la toute première fois que je découvre l'une des mille et une adaptations à l'écran de Simenon en ayant préalablement lu le bouquin dont elle est tirée. Le grotesquissime happy end, greffé sur The Brothers Rico avec un nécessaire de chirurgie mangé de vert-de-gris, ne m'est apparu dès lors que plus artificiel au regard de la noirceur que l'implacable plume du grand Georges poussait à l'ultime extrémité. N'empêche, ce vandalisme de dernière minute, ordonné par des encravatés froussards, ne doit pas rejeter dans l'ombre la formidable réussite qu'est le film de Phil Karlson. Porté de bout en bout par un sensationnel Richard Conte, qui aurait sans nul doute hérité du titre d'Homme le plus Classe du Monde si George Abitbol ne l'avait coiffé au poteau, étonnamment sobre quand revient en mémoire la stylisation musclée de Kansas City Confidential, ce Brothers Rico poignant et racé frappe à sa très particulière manière dans l'univers gorgé d'ombres inquiétantes de la série noire.
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Re: Dernières visions

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Un Hammer que je n'avais jamais vu jusqu'ici à franchi le sas de mon lecteur dvd : FRANKENSTEIN CREA LA FEMME. Et surprise, sans être le meilleur Terence Fisher (loin s'en faut), ce n'est pas le nanar soupçonné. La thématique, intéressante, ne va malheureusement pas jusqu'au bout de ses possibilités faute à un scenario trop sage qui se transforme vite en "film de vengeance"... Néanmoins, la photo est superbe, la musique (le thème de Christina !!! waouh !!!) de James Bernard non moins magnifique et puis bon, Peter Cushing quoi. Un bon moment.
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Re: Dernières visions

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A l'époque de fastueuse mémoire où la Shaw Brothers brillait d'une constellation de feux, les directeurs de combat pullulaient en nombre étourdissant. Beaucoup d'entre eux débordaient d'un insolent talent. Mais deux de ces braves, sans doute parce qu'ils furent les écuyers fidèles de Chang Cheh tout au long de son odyssée sanglante dans le cinéma de Hong Kong, parvinrent mieux que quiconque à cristalliser les féroces attentes des aficionados de la castagne pelliculée : Liu Chia-liang et Tang Chia. Inutile de revenir sur le parcours abondamment commenté du premier, que son retentissant passage à la mise en scène sacra plus grand héraut des arts martiaux à l'écran. L'infortuné Tang Chia, qui disparut de la circulation en même temps que les Shaw rendaient leur tablier, ne connut derrière la caméra qu'une carrière éclair : trois films, tous passés sous les radars pourtant perfor(m)ants des amateurs chevronnés. Je viens tout juste de visionner les deux premiers, réalisés au début des années 80, et que dire, mes bons amis — si ce n'est que Tang empapaoute le gros de la concurrence avec des avoinées maousses ! San Chuang Shaolin (Shaolin Intruders) et Shaolin Chuan Ren (Shaolin Prince) ont tout de classiques méconnus, formidablement rythmés et servis par une tétanisante virtuosité technique. A cent lieues de la pédagogie martiale et des chorégraphies "orthodoxes" dont Liu Chia-liang avait fait les ingrédients savoureux de son oeuvre, Tang Chia, qui fut aussi le maître d'armes privilégié des wu xia pian anti-gravitationnels et fantasmagoriques du génial Chu Yuan, imagine des morceaux de bravoure délirants parmi lesquels une algarade au sommet d'une pyramide de bancs mouvante et un palanquin hérissé de gadgets mortels terrassent par leur spectaculaire exubérance. Mordus des mornifles cinématographiques, sachez-le : ces films, outrageusement divertissants, sont un petit cadeau du ciel !
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Re: Dernières visions

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Qui eût cru que le vieux, cynique, phallocrate, rétrograde, égotiste, pisse-vinaigre et momifié Van Cleef disposait encore de quelques larmes à verser ? Ebahissant mais vrai, voici bel et bien ce qui s'est miraculeusement produit alors que, remué jusqu'à l'âme, je regardais le magnifique Mandy du grand Alexander Mackendrick. En d'autres mains que celles de cet exceptionnel cinéaste, dont la carrière trop courte et pleine d'errances aux allures de traversée du désert érige comme une muraille d'épais moellons entre la reconnaissance absolue et sa modeste personne, cette histoire d'une petite fille sourde et coupée du monde, que de gros morceaux de mélo corsent par surcroît, se serait probablement empalée contre les récifs dentus du navet pleurnichard. Il n'en est rien. Car Mackendrick n'était pas homme à cajoler la facilité et les recettes mâchouillées par un bon million d'autres maxillaires. Le beau coffret édité par Tamasa en fournit d'ailleurs la preuve par trois, grâce aux tribulations du rafiot hoquetant mais encore d'aplomb de The Maggie, que son équipage dépenaillé aime d'amour, et à l'épatante odyssée du gamin débrouillard de Sammy Going South, rendu brutalement orphelin par la guerre. L'enfance, dans ces grandes réussites fignolées avec une dévotion tendre, n'a pas grand-chose du havre d'ingénuité rose guimauve qu'on peut voir décrit complaisamment partout ailleurs, et Mandy, surtout, brosse les frustrations douloureuses de sa petite héroïne en un flot d'inventivité tempétueux : trouvailles sonores géniales et noir et blanc sculpté tout en expressive délicatesse par l'insolemment talentueux Doug Slocombe (trente ans plus tard, le gaillard, toujours vert, inonderait de son brio les Indiana Jones de tonton Steven) ventousent sans retenue l'adhésion.
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Re: Dernières visions

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Blade Runner 2049 - 2049, c'est justement le nombre de minutes que m'a semblé durer ce film. :lol: L'adage "Plus c'est long, plus c'est bon" ne fonctionne pas tout le temps et ce film en est un bel exemple.
D'un autre côté, je le trouve bien dans l'esprit du Blade Runner de Ridley Scott, que je n'ai jamais vraiment apprécié. Je reconnais qu'il y a plein de bonnes choses (univers, ambiance, etc.), mais je m'y ennuie malheureusement sévèrement. Alors oui, vous pouvez m'insulter et me vouer aux gémonies, cela ne changera rien à ce que je pense de ce film "culte". Même pas peur ! :mrgreen:
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Re: Dernières visions

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C'est BLADE RUNNER 2049 que tu traites de film culte ??? :mrgreen:
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Re: Dernières visions

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Il faut vraiment être méga-fan de John Woo, à l'instar du vieux Van Cleef lui-même, pour réussir à dénicher quelques miettes valant la peine qu'on les mâchouille dans Manhunt, vendu comme le flamboyant retour du maître au polar opératique et ultra-saignant qui fit son mythe alors que le résultat fleure bon le navet tristoune. Fusillé par une direction artistique toilettée jusqu'à devenir transparente, par des comédiens que foudroient régulièrement des crises de narcolepsie, par un script inepte dont on a peine à croire qu'il soit l'oeuvre de pas moins de sept (!!) bonshommes, et par une foultitude d'autres choses où trainaille la musique souvent bateau de Taro Iwashiro, le (télé)film en est réduit à draguer sans conviction les thuriféraires de la première heure. Une envolée de piafs par-ci, une pirouette flingue à la main par-là, un arrêt sur image tapant l'incruste entre les deux, ce bon vieux Yasuaki Kurata, légende martiale à lui tout seul, qu'on a quand même plaisir à retrouver toujours en forme... A force de séances répétées, cette maladroite danse du ventre donne parfois lieu à quelques plans glamour et spectaculaires. Lesquels sont impuissants à changer quoi que ce soit à l'affaire : en lieu et place de résurrection, Manhunt ne préside qu'à la déprimante mise en bière d'un cinéaste qui fut naguère unique et génial.
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Re: Dernières visions

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A défaut de pouvoir prendre la clef des champs, destinations des royaumes exotiques et inconnus, il subsiste toujours le moyen de s'évader par le truchement de nos précieux écrans. C'est ce qu'a fait récemment le vieux Van Cleef, parti d'un pas nonchalant à travers les monts gibbeux et les accortes campagnes du Japon. Arigatō-San (Monsieur Merci), mis en scène en 1936 par le noble monsieur Hiroshi Shimizu, nous bringuebale ainsi à bord d'un bus dont les sinueux trajets le poussent tantôt vers le néoréalisme sans fard, tantôt vers le road movie ensoleillé et plein d'humour. Tous les pièges de la carte postale filmée sont habilement contournés par le chauffeur, sourire vissé aux lèvres, qui met un point d'honneur à remercier les passants (et même une volée de poules en maraude !) chaque fois qu'ils lui ouvrent le chemin. L'Archipel d'alors, durement fragilisé par la crise boursière, jetant sur les routes de pauvres hères prêts à se soumettre aux besognes les plus ingrates, poussant les mères à prostituer leurs filles, n'incline pas à la franche rigolade... Et pourtant, l'on ressort euphorique d'une oeuvre dont les sautes d'humeur et les nombreux caractères brossés avec une profonde tendresse composent le plus attachant des kaléidoscopes.

Faisons maintenant un bond de vingt ans en avant, où nous attend Harikomi, réalisé par un Yoshitaro Nomura s'adonnant ici à son péché mignon : adapter à l'écran un texte de Seicho Matsumoto, qu'on a coutume de présenter, sur un plan littéraire, comme le frère siamois de Simenon (il faudra d'ailleurs que je m'y attelle un jour, eu égard à mon intense admiration pour le grand Georges). Et il doit y avoir du vrai là-dedans, car l'humanité, si cabossée soit-elle, que les oeuvres de Nomura s'ingénient à débusquer derrière les crimes les plus vils et les faits divers les moins ragoûtants, évoque sans conteste le regard très particulier du père de Maigret. Dans le film qui nous intéresse, deux flics s'engourdissent en planque, épiant le très ordinaire quotidien d'une ménagère soumise (nulle autre qu'Hideko Takamine, l'inoubliable égérie de Naruse) qui, sont-ils enclins à croire, les conduira malgré elle vers son ancien amant coupable de meurtre. Il y avait toutes les (mal)chances qu'Harikomi nous donne à éprouver d'un peu trop près l'ennui ankylosant notre trio de protagonistes... Au lieu de quoi, il se révèle du début à la fin passionnant, grâce aux attentions véristes dont font l'objet une paisible balade le long de sentiers solitaires, une sortie impromptue sous de torrentielles hallebardes, ou un farniente moite comme seul remède à la canicule asphyxiant la ville. Là encore, les forêts et les reliefs ancestraux du Japon offrent un décor de toute première importance aux déambulations des personnages, qui, en leur sein, s'autorisent à laisser fleurir des sentiments trop longtemps réprimés. Jusqu'au dénouement, dont l'inéluctabilité présagée très en amont ne le rend pas moins amer et triste.
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Hell on the Border

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"Hell on the Border" (2019) - Faire une nouvelle adaptation de l'histoire du marshal Bass Reeves était une idée intéressante. Hélas, le résultat ne l'est pas vraiment. Déjà, le film nous balance un "Based on a true story.", mais prend d'énormes libertés, finissant carrément par réécrire l’Histoire. Bon, passe encore cette sorte de licence poétique.
Le plus gênant reste tout de même la façon de filmer, terriblement plan-plan, cumulant les longues scènes inutiles, voire parfois ridicules. Entre les mains d'un bon réalisateur, le film aurait sûrement été très sympa... mais en l'état, c'est juste totalement ennuyeux.
La chronologie semble aussi laisser à désirer, puisque le film s'ouvre en 1875, mais que Dozier est mort en 1878 et que Belle Reed ne deviendra Belle Starr qu'en 1880.
En parlant de Belle Starr, son apparition aux côtés des frères Frank et Jesse James n'a aucun intérêt (étrangement, c'est pourtant la scène que j'ai préféré dans le film), sauf celui de préparer une éventuelle suite.
En effet, le film est sous-titrè "Les chroniques de Bass Reeves Vol. 1", ce qui laisse supposer que les producteurs/réalisateur ont la volonté de faire au moins une suite.
Pour ma part, seule la musique de Sid De La Cruz résiste au naufrage.

A noter, pour ceux qui veulent lire une bonne adaptation de la vie de ce marshal noir, que je conseille très chaleureusement la BD "Marshal Bass". Tant qu'à s'affranchir de la réalité historique, autant le faire avec intelligence et talents.
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Re: Dernières visions

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Voici le type de pantagruélique pochade dont on se dit, incrédule, que les réseaux antisociaux, les ligues de vertu, les néo-féministes et des nuées d'autres chiens enragés, tous congestionnés par le courroux divin, auraient fait leur quatre heures si elle avait eu l'idée saugrenue d'investir les écrans de nos jours — à l'époque, déjà, c'était pas triste. Certes, Bertrand Blier n'a jamais été du genre à marcher sur des oeufs. Mais avec Calmos, il atomise littéralement la bienséance d'une salve de lance-roquettes ! Prise au premier degré plutôt qu'au quarante-douzième, cette caricature de road movie où Jean-Pierre Marielle, Jean Rochefort et des hordes de mâles harassés tentent de mettre la plus grande distance possible entre eux et des amazones assoiffées d'amour, réussirait presque les doigts dans le nez à faire passer Michael Bay lui-même pour le nouveau "cinéaste de la femme". Un certain état d'esprit, à la fraiche disons, semble être la condition sine qua non pour se bidonner grassement devant un machin pareil, qui ne dévie pas d'un pouce de sa trajectoire kamikaze et projette en guise d'apothéose nos deux héros, prématurément vieillis après avoir connu l'enfer concentrationnaire d'une usine du stupre, dans les tréfonds de l'origine du monde.

Un qui n'a pas l'air de bouder son plaisir, fût-il outrageux et mal embouché, c'est bien Georges Delerue ! Sur un terrain où l'on ne le guettait pas forcément, celui de l'iconoclasme qui n'a peur de rien, il fait piauler la contrebasse et fredonner sur un mode grinçant un Slam Stewart qu'on jurerait victime d'une rage de dents. Les hommes libres (du moins le croient-ils, malheureux candides qu'ils sont) n'auraient pu réclamer de leurs voeux plus bel hymne à leur escapade champêtre ! Pas de doute, Calmos (que Blier tient pourtant en piteuse estime), c'est du bonheur ventripotent à voir et un délice hors des clous à écouter.
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Re: Dernières visions

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Même si elle ne fait pas partie des adaptations les plus notoires de l'oeuvre monstre d'Hugo, la version Riccardo Freda des Misérables, titrée en toute simplicité I Miserabili, n'est assurément pas la moins trépidante. Parole de Van Cleef ! L'hétéroclite collection de Jean-Baptiste Thoret, Make my Day !, la gratifie d'une copie de premier choix qui permet de profiter en toute quiétude d'un noir et blanc admirablement sculpté et du goût jamais renié du cinéaste pour les cascades de péripéties feuilletonnesques. Conséquence inéluctable, l'esprit quasi-démiurgique du roman fait profil bas dans ce super-divertissement, digne petit frère du Don Cesare di Bazan mis en scène par le même Freda. On peut s'en déclarer chagrin, non sans raison, ou bien hausser les épaules, décréter qu'il n'y aura jamais moyen de tout obtenir en ce bas monde et se passionner pour la quête rédemptrice de Gino Cervi, qui incarne Jean Valjean avec une sobre puissance.
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Re: Dernières visions

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Le beau spécimen de cinéma fantastique qui m'est presque fortuitement tombé entre les pattes ! Ayant résolu de m'intéresser de près à l'oeuvre de Thom Eberhardt, je me voyais déjà mordre à pleins crocs son Without a Clue d'élogieuse réputation, où Michael Caine interprète un Sherlock Holmes apocryphe. Mais, par le biais de circonvolutions que le destin lui-même doit avoir allègrement entortillées, mes travaux d'approche m'ont conduit dans le giron de Sole Survivor. Et laissez-moi vous susurrer, gentlemen, que ç'a été là une foutue bonne pioche. Plus ou moins inspiré, serais-je tenté de dire, par le chouette bouquin de James Herbert The Survivor et son adaptation à l'écran, le film exhale les mêmes capiteuses fragrances que des joyaux noirs tels Carnival of Souls et Messiah of Evil — à telle enseigne que je soupçonne David Robert Mitchell de l'avoir vu et de s'en être souvenu avec émotion au moment de réaliser son excellent It Follows. Vous aurez forcément compris qu'Eberhardt favorise une approche sourde et suintante d'angoisse du fantastique, peuplée de silhouettes pétrifiées dont l'inviolable mutisme en remontre à tous les pâteux amoncellements de latex du monde. A voir, si ce n'est déjà fait, toutes affaires cessantes !
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Re: Dernières visions

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Bien loin des films vus par notre décadent et décati patriarche ci-dessus, je me suis revu pour la, au moins, dixième fois le film "Empire Records". Il fonctionne toujours sur moi. Ce film est clairement un de mes feel good movies. :D [love] :D
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Re: Dernières visions

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Zorglub, Zigomar, Zemmour et autres diabolique empereur Zurg, numérotez avec soin vos abattis ! Il ne fait pas bon par les temps qui courent arborer à même son patronyme la lettre Z. Michel Hazanavicius (qui va devoir dans les meilleurs délais modifier en conséquence sa fiche d'état civil), mû par la conscience effilée de cette nouvelle tare, n'a pas trainaillé pour défenestrer le titre initial de son dernier-né, Z Comme Z, et le remplacer illico par Coupez ! (bof). Ça ne change bien entendu pas grand-chose au résultat final, qu'on dit servilement calqué sur le tout petit film japonais dont il est le remake presque pas avoué... Pas d'erreur, le moment était venu pour le vieux Van Cleef de partir à l'assaut de Kamera o Tomeru na ! (One Cut of the Dead), nimbé d'une sympathique réputation depuis sa sortie cinq ans auparavant. Réputation qu'après visionnage de la chose, je déclarerais tout à fait légitime.

Ça n'aurait peut-être pas été le cas si l'histoire n'avait tourné qu'autour du minuscule nanar d'outre-tombe dont on fit à l'époque son seul argument promotionnel. Néanmoins, en dire davantage serait revenu à déflorer la surprise du dernier acte d'un scénario tricéphale, bien mieux balancé qu'on ne l'eût pensé de prime abord, et qui donne in fine tout son sel à ce qui est foncièrement une relecture un rien potache et vraiment drôle de La Nuit Américaine. Je crois discerner dans Kamera o Tomeru na ! ce qui a séduit Hazanavicius, cinéaste-cinéphile jusqu'à la moelle des os, au point de le persuader de mettre sur pied un pastiche de pastiche — ou un truc de ce tonneau-là. Encore une fois, son remake passe pour être bien sage et scrupuleux, trop même. Je n'en suis pas imperméable pour autant à l'idée de lui donner sa chance, ne serait-ce que pour une Bérénice Béjo maculée d'écarlate et vociférant : "Pourritures de zombies ! J'vais tous vous ouvrir le cul !"
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Re: Dernières visions

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Vu "Presque"... film touchant au possible... mais un petit repiquage du 8e jour de Van Dormael...
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Re: Dernières visions

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Lee Van Cleef a écrit : sam. 21 mai 2022 19:31 une Bérénice Béjo maculée d'écarlate et vociférant : "Pourritures de zombies ! J'vais tous vous ouvrir le cul !"
Même couverte de sang, même grossière, cette actrice reste formidable.
« Je ne connais pas la moitié d’entre vous autant que je le voudrais et j’aime moins de la moitié d’entre vous à moitié moins que vous ne le méritez ! »
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Le Chat Botté

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Je viens de voir le dessin animé "Le Chat Botté", réalisé par Kimio Yabuki et animé (en partie seulement, si j'ai bien tout compris) par Hayao Miyazaki (1969).
Le film, de par sa place dans l'histoire de Miyazaki, son animation, ses ajouts par rapport à l'histoire de Charles Perrault et bien-sûr sa musique, reste somme toute attachant et charmant. Pas de quoi fouetter un chat, me direz-vous, ce qui déjà en soi est fort mal, mais le film a plutôt bien vieilli. La dernière partie, à savoir la course-poursuite dans le château, permet de déceler certaines influences du Maître (ah, le château, très "Le Roi et l'Oiseau") et d'y voir certaines orientations de ses futures œuvres.
Bref, j'ai passé un bon petit moment. =^..^=

Au fait, la musique de UNO Seiichirō a t-elle été éditée ?

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Re: Dernières visions

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Un de mes anime d'enfance préféré, la grande poursuite dans le château était époustouflante dans mon souvenir.
A noter le fameux chat est devenu l'emblème de la TOEI .
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Re: Dernières visions

Message non lu par DarkCat »

Tu fais bien de le préciser, car j'ai oublié de le faire.
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