Pain and Gain (Michael Bay)

[Lee Van Cleef]

Gentlemen, vous commencez à sérieusement m'inquiéter avec toutes ces louanges, délestées à l'évidence du moindre petit grain de sarcasme. A la seule pensée que Michael Bay en personne, le Grand Vizir de la putasserie balancée gaiement sur pellicule, le Gourou Souriant de la bouillasse esthétique élevée au rang des beaux-arts, l'impitoyable Shogun du découpage dadaïste, l'Ayatollah du barouf pyrotechnique à t'en faire imploser l'écran... à l'idée, disais-je avant de perdre mon souffle, que le divin Michael ait pu renier ses propres fondamentaux pour mettre en scène ce que nul n'aurait cru possible venant de lui, à savoir un vrai bon film, je me sens défaillir. Tu n'as pas pu me faire un coup pareil, Michou ! Que va devenir le vieux Van Cleef, ton plus fervent zélateur depuis le n'importe quoi gouleyant de Bad Boys, si tu t'estimes désormais trop bien pour continuer à explorer les f(r)anges les plus tourbeuses du 7ème art ?

Moi aussi j'ai vu Pain and Gain, tous comme d'autre

A croire que tout le monde, moi excepté, a déjà visionné le foutu machin. Au multiplexe de Palavas-les-Flots, peut-être ?

[Apocaly]

Lee tu prend quoi ?

Non, de façon...heu douteuse. Mais j'irais le revoir de façon pas douteuse

Ouais, rien avoir avec les Transformers. Quand même bien plus sérieux.

[Lee Van Cleef]

à supposer que nous n'ayons pas tous disparu demain dans d'infernales profondeurs, le film déboulera dans les salles américaines en avril prochain... mais se trainera ensuite tel un escargot blessé à mort pour ne nous parvenir, à nous malheureux froggies, que le 28 août ! Ô rage ! Ô détresse abyssale ! Ô infortune d'un calendrier cruel !

Horreur païenne, malédiction impie et pestilentielle putrescence ! J'apprends maintenant que dans l'intervalle, de dangereux irresponsables ont choisi de repousser la tant attendue sortie française d'encore deux foutues semaines ! Le chef-d'oeuvre prophétisé ne débarquera donc pas dans les salles ce mois-ci mais plutôt... le 11 septembre. Tiens, tiens. Peut-être s'agit-il là d'une toute nouvelle stratégie marketing, visant à persuader notre subconscient que Pain & Gain n'est pas un "petit" film à 25 millions de dollars mais une giga-production aux puissants miasmes uchroniques, dans laquelle les Twin Towers seraient déracinées par une horde de Decepticons en rut. Là, forcément, ça serait le carton assuré.

[Sam Lowry]

Mince ! Lee, j'ai cru que tu nous annonçais que ce nouveau Bay allait me faire la joie d'un Direct-To-Video en France...... Raté...

[Austin Powers]

J'aime bien Michael Bay (hormis Pearl Harbor).

Ses films sont cons, voir totalement mongoloïdes (Bad Boys 2 Forever !), mais généreux et francs du collier.
Il n'a jamais eu la prétention de faire grimper le QI du spectateur.

Mais ce Pain & Gain est un film à part dans la filmo de Bay, même si sa patte est présente de la première à la dernière image.

Tiré d'un fait divers réel aussi absurde qu'horrible, le film retrace donc le parcours sanglant de 3 bodybuilders.

Et tout les défauts inhérents au cinéma du bonhomme (mauvais goût, virilité de pacotille et patriotisme naïf) se transforment en qualité tant la débilité (hélas vraie) de l'histoire sied à à merveille au style de ce bon vieux Michael. Le bonhomme a enfin trouvé un sujet à sa démesure.

Pain & Gain , c'est un peu du Brett Easton Ellis filmé par le Oliver Stone de U-Turn et le Tony Scott de Domino.

Un film aussi boursoufflé que ses interprètes, mais dont chaque idée de mise en scène colle parfaitement au récit.

Si je parle de Ellis, c'est qu'il aurait pu très bien pu être l'auteur du scénar.

Les 20 premières minutes (incroyables) où le réal suit le personnage interprété par Wahlberg fait immédiatement penser à American Psycho.
Bay démarre le film "dans" la tête de Damien Lugo et triture sa psyché tordue. A savoir celle d'une espèce de Michael Vendetta sous anabolisants nous narrant sa vision de la vie et sa passion pour la gonflette qu'il considère comme un acte patriotique!

Et c'est là que Bay excelle et livre un film autre. Le mec est sacrément doué dans sa façon de dessiner les persos, tous à la ramasse (Affreux, Sales et Méchants à la sauce bayesque en quelque sorte)

L'histoire est tellement abracadabrante et les protagonistes tellement dégénérés (pas que le trio), qu'un deuxième bandeau ("ceci est toujours une histoire vraie" !) est nécessaire tant le récit parait invraisemblable.

Mais Bay ne se contente pas de narrer les péripéties de ses bras cassés, il dresse également un tableau de l'Amérique des années 90 qui fait froid dans le dos.

Le slogan du film est "leur rêve américain est plus gros que le vôtre". Et c'est un rêve perverti, stupide que nous propose Michael Bay.

En ce qui me concerne, et comme l'a souligné Wyatt, Bay signe ici son meilleur film, voir son chef d'oeuvre.

[Lee Van Cleef]

Mince ! Lee, j'ai cru que tu nous annonçais que ce nouveau Bay allait me faire la joie d'un Direct-To-Video en France...... Raté...

Ah, Sam, Sam, Sam... Qui crois-tu donc tromper avec d'aussi peu convaincantes carabistouilles ? Nous tous ici savons pertinemment que, le jour même de la sortie du monstre, Misqua et toi vous disputerez un strapontin comme des chiffonniers.

[Misquamacus]

Même pas en rêve, Old friend !

[Krull]

...(comme Marine avec la politique)...

Bay comparé à Marine? ... IL fallait oser

Au passage, faudrait quand même éviter de l'appeler par son prénom...

[Sam Lowry]

Ah, Sam, Sam, Sam... Qui crois-tu donc tromper avec d'aussi peu convaincantes carabistouilles ? Nous tous ici savons pertinemment que, le jour même de la sortie du monstre, Misqua et toi vous disputerez un strapontin comme des chiffonniers.

Trop pas.

Ceci étant, vous m'intriguez un peu avec vos critiques : meilleur film de Bay à ce jour (remarquez, c'était pas difficile....), fini la caméra hystérique, dialogues savoureux et j'en passe. Le "divin Michael" (comme le surnomme ce bon Lee) aurait-il enfin arrêté de prendre le spectateur pour un débile ? Vais-je devoir casquer 10 euros (parce que ma femme, pour rien au monde, mais alors vraiment pour rien au monde hein....) pour m'en rendre compte par moi-même ? En aurai-je seulement le courage ?

Au passage, faudrait quand même éviter de l'appeler par son prénom...

Oui, c'est pas faux. D'autant que je ne voudrais en aucun cas que l'on pense que j'ai une quelconque affinité avec les idées politiques de cette dame !

[Lee Van Cleef]

Ceci étant, vous m'intriguez un peu avec vos critiques : meilleur film de Bay à ce jour (remarquez, c'était pas difficile....), fini la caméra hystérique, dialogues savoureux et j'en passe. Le "divin Michael" (comme le surnomme ce bon Lee) aurait-il enfin arrêté de prendre le spectateur pour un débile ?

Absolument pas, ma chère aberration bicéphale ! Michael Bay demeure plus que jamais Zeu Greatest of All Time avec cette monstrueuse pantalonnade défoncée à la poudre blanche et gonflée aux hormones, qui s'avère d'autant plus jouissive qu'elle recycle à tour de bras (ou devrais-je dire de biceps) l'autre chef-d'oeuvre céleste du grand homme, j'ai nommé Bad boys II ! Les mots me font défaut pour l'instant, mes trois hémisphères cérébraux (oui, c'est de l'or en barre qui palpite sous ma calotte crânienne) étant encore sous le coup des vagues d'euphorie qui m'ont submergé l'une après l'autre durant deux heures. Mais en attendant de m'étaler avec force détails sur ce qui est d'ores et déjà le plus redoutable morceau de cinoche de l'année, je peux affirmer une chose d'une voix de stentor : je suis foutrement hot, je suis big comme personne, et bordel de nom de Dieu, moi aussi je crois au fitness, merde alors !

[Sam Lowry]

Je suis pétrifié. Totalement pé-tri-fié.
Lee, rassure moi, tu ne t'es pas claqué le muscle cortexical (ça n'existe pas, et alors ?...) ?

[Lee Van Cleef]

Je tiens à chasser les doutes qui te torturent, Sam : oui, je vais bien. Ou, en tout cas, nettement mieux que je ne l'étais plusieurs jours encore après avoir reçu en pleine poire le mastodonte débraillé du divin Michael. Et maintenant que mon esprit s'est éclairci et que l'écume a séché aux commissures de mes lèvres, j'en profite pour affirmer de nouveau, plus solennel que jamais, que contrairement à ce que vous avez pu lire ou entendre un peu partout, Pain & Gain ne représente en aucune manière l'âge de raison pour son turbulent géniteur. On prétend donc que le sujet du film (des bodybuilders crétins, des salles de fitness suintant la testostérone, Miami et ses mirages bling bling) était taillé à la mesure de Bay ? C'est lui attribuer une férocité ironique à laquelle son intellect puéril est totalement étranger. Le second degré, la causticité mordante, le sens de la satire, toutes ces belles choses n'ont résolument rien en commun avec le cinéaste, qui a tout de même jeté ses filets sur un fait divers sanglant et sordide pour le passer à son habituelle moulinette.

Résultat, les gags trashouillo-débiles pleuvent (l'obèse impotent qui décore les toilettes de l'hôpital aux couleurs de ses excréments), les comédiens sont trop heureux de succomber à l'hystérie générale (Tony Shalhoub n'a rien à envier aux pétages de fusible de John Turturro dans Transformers) et ce qu'on nous a vendu comme une peinture au vitriol du rêve américain vire en deux temps trois mouvements à l'auto-célébration du système Michael Bay dans toute sa glorieuses dégénérescence. Une aubaine pour le pervers même pas honteux que je suis, qui a festoyé tout au long de No Pain No Gain (ou Pas de Pain, Pas de Gains, retitrage définitivement et 100 % français proposé par votre serviteur) sans dissimuler son plaisir. Mais que les ligues de cinéphiles anti-MIchou, d'ordinaire jamais à court d'arguments assassins, aient pu trouver autant d'intérêt à ce foutoir fluorescent... J'en reste assis.

[Misquamacus]

Ok, je vais le voir alors !

[Lee Van Cleef]

Je l'aurais parié, Grand Sachem ! Allons, avoue que tu n'attendais que le premier prétexte derrière lequel camoufler plus ou moins ingénieusement ton addiction (dont tu as profondément honte, sans pouvoir néanmoins te résoudre à y solutionner) aux joyeux délires de Michael Bay.

[Forrester]

Enfin vu: les bras m'en tombent

[Misquamacus]

Vu ! Et ce film m'a autant terrifié que le récent "Spring Breakers" car il montre une facette pitoyable du monde occidental. Pour moi c'est le meilleur Bay MAIS c'est facile, j'aime aucun de ses autres films. J'ai apprécié aussi car j'ai vu ça comme un hommage à certains films du regretté Tony Scott ("Domino", "True Romance"...) dans la façon de filmer.
Je pense que ça fonctionne parce que les acteurs ne sont jamais dans le second degrés et font ça très sérieusement malgré l'incroyable sujet. Mention spéciale à Tony Shalhoub et Dwayne Jonhson de plus en plus à l'aise dans la comédie. Et bien sûr le personnage du génial Ed Harris là avec un regard distancié, spectateur de ce spectacle épouvantable.

Donc Bay prend un sujet frappadingue et le traite avec sérieux. Tout le contraire de ses autres films !

[Rik Spoutnik]

Le mensuel So film revient dans l'un de ses numéros qui a inspiré le film.

[Lee Van Cleef]

Donc Bay prend un sujet frappadingue et le traite avec sérieux. Tout le contraire de ses autres films !

Vous voyez, ces types en règle générale pas commodes et bardés de tous les attributs clinquants d'une virilité outrancière, qui s'adonnent sans compter à une homophobie gueularde pour refouler au plus profond d'eux-mêmes l'inavouable désir de s'encanailler avec un bel éphèbe ? Eh bien, je trouve que ce procédé pas précisément subtil se retrouve à l'identique chez les adversaires coutumiers de Michael Bay (comme ce bon vieux Misqua, donc), qui ont fabriqué de toutes pièces une bien étrange respectabilité à l'hippopotamesque Pain & Gain et s'en servent désormais comme d'un paravent, derrière lequel ils peuvent planquer en douce les penchants coupables qui les tenaillent depuis le premier Bad Boys mais qu'ils n'ont jamais pu admettre sur la place publique. M'enfin bref... Rendez-vous l'an prochain pour Transformers 4, Grand Sachem !

[Misquamacus]

On pourrait croire ça, vieille baderne, mais "no way" ! J'ai écouté ton conseil de vieux sage, je ne le regrette pas (même si, comme je l'ai dit, ce film m'a mis mal à l'aise par certains côtés). Je ne lui donne pas un cachet particulier, et non, rien à faire, je n'irai pas voir Transformers 4 !
Même si on m'offre la place, même si ton pote Michaël est là.

[Lepithec]

Vu aussi. J'ai été agréablement surpris et en relisant ce topic je n'ai pas grand chose à rajouter. Moi j'aime bien THE ROCK mais c'est un "péché de jeunesse" (quand j'étais fan de Sean Connery), je reconnais que le film est assez crétin. Mais moins que ses films suivants qui m'ont presque tous consternés (quant aux TRANSFORMERS, j'ai trouvé le premier fun grâce à sa "Spielberg touch", mais le 2 épouvantable, et je me suis arrêté là). Ici rien à voir, il y a un vrai sujet (hélas, terrible), mais traité avec - disons-le franchement - intelligence, et un excellent dosage du second degré et des différents niveaux de lecture. Il se permet même un mélange de genres et de tons, entre la comédie grinçante et le trash cocaïné (on pense effectivement à Tony Scott). Cette fascination pour le rêve américain est au coeur du film et Michael Bay excelle dans ce sujet.