Phantasm

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Lee Van Cleef
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Phantasm

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Phantasm, pour le vieux Van Cleef, c'était jusqu'alors l'inimitable rictus d'un Angus Scrimm à l'étroit dans sa panoplie noire de croque-mort et une petite poignée de fascinantes images, les seules que m'aient jamais laissé le visionnage tronqué (j'avais loupé toutes les bobines liminaires, du diable si je me rappelle pourquoi) de l'opus fondateur. Il y eut beaucoup plus tard la riche découverte sur disque de la musique de Fred Myrow et Malcolm Seagrave, forte d'un thème obsédant qui augurait, au coude-à-coude avec le Halloween de Carpenter, le meilleur des rengaines électroniques des années 80. Aujourd'hui, fini de rigoler : le coffret achalandé avec soin par Sidonis propose de (re)voir l'intégralité de la saga, flanquée pour l'occasion d'un épais livret truffé d'informations auquel on reprochera néanmoins de porter l'imbuvable signature de Marc Toullec.

A tout seigneur tout honneur, j'ai évidemment démarré par le premier film, dont la fascination brumeuse qu'il exerça naguère auprès des fantasticophiles ne l'ayant pas vu venir s'est révélée intacte. Phantasm est l'archétype du film possédant les précieuses qualités de ses défauts pourtant indéniables (casting en pleine léthargie, facture bricolée, scénario qui donne l'impression perpétuelle de jouer à colin-maillard), un de ces petits miracles où l'échec artistique, qu'on eût juré inéluctable dès les premiers tours de manivelle, se métamorphose soudain en expérience hérissée de stimuli, à même de donner un salvateur coup de fouet aux imaginations en sommeil. Me voici maintenant impatient d'attaquer la suite, gentlemen.
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Misquamacus
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Re: Phantasm

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Lee Van Cleef a écrit : flanquée pour l'occasion d'un épais livret truffé d'informations auquel on reprochera néanmoins de porter l'imbuvable signature de Marc Toullec.
:?:
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Lee Van Cleef
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Re: Phantasm

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Devant le style de ce type, auquel il n'a pas changé la moindre virgule depuis quelques décennies au bas mot, les bras m'en tombent de découragement. Entre la structure ridicule "complément, sujet, verbe" qu'il nous balance une phrase sur deux (Tarc Moullec, comme le surnomment ses camarades, ne s'est visiblement jamais remis de la découverte d'un certain petit gnome verdâtre dans The Empire Strikes Back), les figures de style malheureuses qu'il remet tout aussi fréquemment sur le métier (voir les inénarrables "Affirmatif" et "Négatif", c'est selon, ponctuant les nombreuses questions qu'il pose lui-même) et le fait que, nonobstant les anecdotes dont il dispose en quantités herculéennes, il n'ait fondamentalement rien à dire sur les films contraints de goûter à sa médecine, notre gaillard traîne, du moins en ce qui me concerne, une dissonante série de casseroles.
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Odelay
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Re: Phantasm

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Avec tout le respect que nous lui devons, Mr Lee y va un peu (beaucoup ?) fort quand même.
Je n'ai pas son Phantasm, mais ses écrits sur Michael Mann sur l'édition ESC de Manhunter étaient très buvables.
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Misquamacus
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Re: Phantasm

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Lee Van Cleef a écrit :Devant le style de ce type, auquel il n'a pas changé la moindre virgule depuis quelques décennies au bas mot, les bras m'en tombent de découragement. Entre la structure ridicule "complément, sujet, verbe" qu'il nous balance une phrase sur deux (Tarc Moullec, comme le surnomment ses camarades, ne s'est visiblement jamais remis de la découverte d'un certain petit gnome verdâtre dans The Empire Strikes Back), les figures de style malheureuses qu'il remet tout aussi fréquemment sur le métier (voir les inénarrables "Affirmatif" et "Négatif", c'est selon, ponctuant les nombreuses questions qu'il pose lui-même) et le fait que, nonobstant les anecdotes dont il dispose en quantités herculéennes, il n'ait fondamentalement rien à dire sur les films contraints de goûter à sa médecine, notre gaillard traîne, du moins en ce qui me concerne, une dissonante série de casseroles.
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Lee Van Cleef
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Re: Phantasm

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Il avait l'air sympa, feu Angus Scrimm. Pas du tout comme son mortuaire alter ego, avec le concours duquel on le voit se livrer, dans une vidéo prise à la diable d'une convention datant de la fin des eighties, à un réjouissant numéro de schizophrénie. A l'époque, où le second Phantasm venait de surgir sur les écrans, le doute n'avait plus lieu d'être : le sinistre Tall Man, malgré ses apparitions rationnées au compte-goutte, est la véritable star des films de Coscarelli, guetté à chaque tournant ourlé de ténèbres pour le savoureux plaisir que procurent son sourire de guingois et l'écho caverneux du "Booooyyyyy !" dont il nargue à l'envi sa victime favorite. Le fétichisme stylisé que commence à arborer la série avec le numéro deux, décrié pourtant par son géniteur, fait tout son sel et console en partie du travail de sape qu'a effectué, inévitablement hélas, un tournage friqué sur la poésie sans le sou de l'original.
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Lee Van Cleef
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Re: Phantasm

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Nulle envie de m'attarder outre mesure dans les sinistres parages du numéro III, qui n'est qu'un B médiocre au sein duquel tous les familiers de la saga, du maître d'oeuvre Coscarelli aux acteurs, tous frappés d'hébétude, en passant par l'ultra-ringue compositeur Christopher L. Stone, récitent leur texte sans avoir l'air d'y croire ne fût-ce qu'une micro-seconde. Reste malgré tout, en guise de minuscule lot de consolation, le nunchaku véloce et le capiteux parfum de blaxploitation que l'affriolante Gloria Lynne Henry, ici tendrement prénommée Rocky, promène dans son barda. Pas étonnant que le bon samaritain Reggie, en manque cruel d'affection féminine, mette tout en oeuvre pour la dévorer aux fines herbes et en salade...
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Lee Van Cleef
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Re: Phantasm

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Après un troisième épisode à peine aussi crucial qu'un pense-bête punaisé à une porte de placard, Phantasm reprend du poil de la bête grâce à Oblivion, dont la grande idée, qui aurait rimé chez beaucoup d'embobineurs de foire avec nostalgie frelatée et remplissage à peu de frais, soulage les rouages internes de la saga de l'épaisse rouille qui commençait à les consteller. Considérant l'attachement toujours vivace des fans au film fondateur, la décision de s'accaparer plusieurs de ses séquences écartées au montage pour les incorporer à cet opus IV témoignait, forcément, de quelque vilénie commerciale. Mais en faisant de chacune d'elles une caisse étrange de résonance, un écho lointain abolissant les stigmates des ans pour nouer présent et passé dans une même et énigmatique étreinte, Coscarelli est arrivé à quelque chose de secrètement remarquable. Le suicide avorté du héros, auquel répond au point de s'y fondre la superbe scène coupée de la pendaison du Tall Man dans le premier film, est sans doute la plus belle démonstration de la maestria que déploie le cinéaste à touiller d'insaisissables émotions. Du coup, l'on regrette que les sempiternelles mésaventures tragi-comiques de Reggie, épargnées par le nouvel essor architectural du maître d'oeuvre, viennent à intervalles fréquents tirer des ficelles râpées.
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Lee Van Cleef
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Re: Phantasm

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Les fans qui s'autoproclament exégètes solaires peuvent être la pire des plaies. Donnez-leur les rênes de l'objet à la gloire duquel ils ont érigé un totem fabuleux, et bien souvent leur zèle sans borne éclipsera en eux, telle une lune boursouflée et noire, toute faculté de discernement. Voilà l'écueil contre lequel Ravager, cinquième et espérons-le dernier épisode de Phantasm, s'est fracassé en mille morceaux. A la recherche de sang neuf, ou plus exactement d'un regard neuf qu'il souhaitait vierge de toute oeillère inhibitrice, Don Coscarelli a donc refourgué son célèbre bébé au zélateur transi David Hartman. Lequel, ravi jusqu'à l'éblouissement de l'aubaine, est parti au charbon sans autre arme qu'une dévotion de gamin bafouillant pour les sinistres méfaits du Tall Man. Quelque philanthrope n'ayant pas la dent trop dure arguera à la décharge du cinéaste débutant que le film, happé par un incessant mouvement de balancier qui le catapulte d'une ère à une autre, d'un hospice blafard à une apocalypse écarlate, ne manque pas d'ambition. Soit. Mais il ne faut pas dix minutes à cette somme d'éléments fragiles pour périr écrabouillée sous le fardeau de SFX chipés aux pires productions Asylum, d'un casting dramatiquement exsangue (Angus Scrimm à l'article de la mort, le désormais septuagénaire Reggie Bannister qui continue à se coltiner autant de flingues et de cartouchières que Rambo lui-même) n'ayant pour os à ronger que des dialogues miteux, enfin d'une mise en scène rongée par l'amateurisme, qui semble s'être fixée pour but, à grand coups de cadrages obliques et de spots de night-club, d'annihiler les ultimes miettes de l'étrangeté poétique du Phantasm liminaire. Y'a vraiment des coups de katana qui se perdent...
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